Chapitre 3

Une assiette vola jusqu’à Mal, chose qui fit siffler ses oreilles. Elle l’esquiva très facilement et le plat se brisa sur le mur juste à côté d’elle.

— Mais non maman ! Pourquoi veux-tu tellement que j’aille dans ce royaume pourri ? Je dois déjà supporter ton sale caractère de dictateur, il faudrait aussi que je laisse un prince me dicter ma conduite ?

Sa mère, la grande Maléfique, leva les yeux aux ciel, certainement exaspérée. Elle portait son éternelle robe noire, et les cornes sur sa tête étaient toujours aussi imposantes.

— Je veux que tu puisses gagner la confiance de ces débiles ainsi, tu seras plus proche de la victoire pour notre cause. J’ai lamentablement échoué quand la baguette était à ma portée, tu peux au moins me faire cette faveur !

Cette fois-ci, c’est Mal qui roula des yeux. Cette histoire de liberté commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Rien ne prouvait que libérer l’île de sa sphère magique les mènerait à une vie libre et sans encombre.

— Maman ! Je ne suis pas avide de pouvoir comme toi.

Sa mère mima un air outré. Elle s’assit de façon théâtrale sur l’une des chaises dans leur modeste salon, elles étaient toutes rongées par les termites, les murs étaient défraîchis et le toit était plein de petits trous qui fuitaient pendant la pluie.

— Mais ma chérie, le pouvoir c’est la chose la plus importante qui puisse exister dans ce monde. Je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas hérité de mon sens du pouvoir…
Cette réplique fut la goutte de trop et la colère de Mal explosa.
— Ah bon ! Eh bien sache que ma vie je la mène comme je le souhaite. Tu n’as pas à m’exiger d’être comme toi. Aigrie, avide de liberté dont on ne voit pas le bout du nez, méchante mais surtout mauvaise avec sa fille. T’es ma mère, putain ! Agis comme telle pour une fois.

Elle quitta la maison tout en claquant fortement la porte, faisant ainsi fuir les corbeaux réfugiés sur le toit. Sa mère l’exaspérait… Jour après jour, elle avait espéré recevoir autre chose que des recommandations et des interdictions. Sa mère ne faisait que ça ! Se plaindre, parler de la liberté, chercher à quitter l’île. Tout cela ne faisait qu’amplifier la douleur dans le cœur de la jeune fille. Elle ruminait tout en se dirigeant vers l’entrepôt désaffecté. Une grande bâtisse en ruine se présentait devant elle. Avant, les gardes y planquaient de la nourriture et donc, il y avait plein de bac superposés dans les recoins. La peinture défraîchie des murs ressemblaient de plus en plus aux écailles d’un crocodile. Cet endroit était leur repère, leur deuxième maison.

— Hey Mal, par ici, s’écria une voix masculine.

Elle rejoignit le coin qu’ils avaient occupé. A force de s’y rendre, certaines de leurs affaires avaient élu domicile dans ce lieu. Les livres de Mal était empilés sur une table noire, à côté des produits de beauté de son amie Evie. Une vraie adepte de la mode, malgré le peu qu’elle pouvait obtenir.

— Alors comment a réagi ta mère ? demanda Carlos à qui appartenait la voix masculine.

Il était d’un blanc assez pâle, comme s’il couvait une maladie. Ses cheveux en épis lui donnait un air sauvage et ses taches de rousseurs lui apportait un côté doux.

— Elle m’a encore fait une leçon de morale, comme quoi je dois devenir amie avec les gentils pour les détruire par la suite, répondit-elle en soufflant. Je ne suis pas avide de pouvoir, mais elle n’arrive pas à le comprendre.

Mal s’assit sur le sol poussiéreux, de sorte à déposer sa tête sur les cuisses de Jay. Le jeune aux longs cheveux noirs. Il portait un pantalon noir déchiré au niveau des genoux ainsi qu’un débardeur marron et une longue veste en cuir sans manche.

— Figurez-vous que ma mère veut que j’épouse l’un de ces princes grincheux et plein aux as, dit Evie.

Ils se tournèrent tous vers elle avant d’éclater de rire. Pour une femme qui souhaitait à tout prix devenir riche et célèbre, épouser un prince serait une bonne chose. Mais elle voulait réussir par ses propres moyens, être indépendante et ne pas vivre comme sa mère, la méchante belle mère de Blanche-Neige.

— Ah non ! Vous n’avez pas le droit de vous moquez de moi. Je vous signale que vous aussi avez eu des recommandations de vos parents. Ma mère à moi n’est pas avide de pouvoir, mais plutôt de richesse et de beauté.
Sa mine boudeuse les fit rire de plus belle.
— Pour ma part, ma mère m’a demandé de mener la guerre à tous les chiens qui se trouveront sur mon chemin. Surtout s’ils sont dalmatiens, ainsi elle se fera une nouvelle fourrure.
Carlos mit sa tête entre ses deux mains, il avait perdu son sourire et il avait l’air triste.
— Eh mec, pourquoi tu fais cette tête ? demanda Jay, en relevant la tête de Mal pour se lever près de son ami.
— Tu sais Jay, quand je regarde à la télé, je n’ai pas du tout l’impression que ces animaux soient dangereux. Ils m’ont plutôt l’air inoffensifs et tout mignon. C’est pas parce qu’elle n’a pas réussi sa mission machiavélique envers eux, qu’elle peut m’interdire de m’en approcher…

C’est vrai que Cruela était quelque peu cruelle, non mais que dis-je ? Elle était très cruelle ! Quand Carlos avait acheté une peluche à la foire l’an dernier, elle l’avait complètement détruite, croyant que c’était un chien qui voulait infiltrer la maison. L’incident avec les 101 dalmatiens l’avait sans doute traumatisé à vie et à présent, elle voulait briser son fils aussi. Quelle mère ?
— Eh bien moi, tout ce que veut mon père c’est l’ensemble des bijoux qu’il y a à Auradon. À croire qu’ils essayent tous de vivre la vie qu’ils désiraient tant à travers nous, bouda t-il.
— C’est quoi cette obsession pour les bijoux ? questionna Carlos.
— Pour les femmes, ça représente un ensemble d’accessoires. Mais ton père il a un problème avec l’or, les diamants et l’argent, lui répondit Evie la spécialiste.
On y réfléchissant bien, Mal se rendit compte qu’ils n’avaient aucune valeur aux yeux de leurs parents. Depuis toujours, ce qu’ils faisaient d’eux-mêmes n’avaient aucune importance. Malgré les efforts fournis, ce lien parents-enfants n’existait plus du tout.
— Les gars, trop c’est trop ! s’écria la jeune femme en se levant subitement.
Ils sursautèrent. Avouons qu’elle avait un peu crié... Ils la regardaient à présent avec de grands yeux.
— Qu’est ce qui te prend Mal ? s’exclamèrent-ils en chœur.
— Je viens de réaliser que depuis nos douze ans, nos parents ont commencé à nous façonner de telle manière que nous devenions comme eux. Ils veulent briser tout ce qui est de nous afin que l’on soit comme eux.
— Et tu veux dire quoi par là ?
Elle regarda Carlos qui avait posé la question et lui sourit. Un sourire à faire peur, telle une psychopathe. Rien qu’à voir sa tête, Mal compris qu’elle lui faisait peur. Elle devait s’expliquer sinon ils la prendraient pour une vrai folle.
— Je veux dire par là que nous irons à Auradon, mais pas pour faire plaisir à nos parents.
— Ton idée semble surréaliste, mais elle m’intéresse beaucoup. Explique nous ton plan.
En grand aventurier, Jay était toujours prêt à s’embarquer dans les plus grands pétrins.
— Tu racontes n’importe quoi Jay. C’est un plan foireux. Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, Mal. Allez à Auradon pour faire enrager nos parents ?
— Tu es toujours là, jouant à la sainte nitouche. Pour une fois tu peux te défouler un peu, Evie. C’est pas la fin du monde ! N’aimerais-tu pas vivre dans un endroit où t’apprendrais facilement la couture et devenir une vraie styliste ?
Un argument bien travaillé car Evie le voulait vraiment. Évoluer dans le monde de la mode lui ferait changer de vie sans l’aide d’un homme.
— Tu es vraiment tarée ! dit-elle en souriant, vaincue.
— Oui oui ! Je sais !
Mal se racla la gorge avant de pouvoir exposer son idée aux autres.
— Sur Auradon, nous n’aurons pas les parents sur notre dos. Plus d’ordres à suivre, plus de mauvais souvenirs. Cette escapade à Auradon sera notre moment de vacances à nous. Plus besoin de travailler pour aider nos parents. Même si nous sommes des enfants de méchants, ça ne signifie pas que nous le sommes. Mais les autres ne le savent pas et, on va bien s’amuser. Laissons les préjugés faire le reste du boulot.
— Eh bien ! s’exclama Evie, on a l’impression que tu mijotes cela depuis des lustres. Comptais-tu t’enfuir de l’île ?
— Mais bien sûr que non ! J’ai eu cette idée en pensant à l’aubaine que nous offre finalement ce prince.

Cela les fit à nouveau rire. A eux quatre, ils passaient toujours des moments agréables qui les permettaient de ne plus penser à leurs parents. Evie regardait autour d’elle pour retenir les coins et recoins de cet endroit. Elle vit le mur sur lequel Mal et elle avaient tagué leurs quatre noms. Un peu plus loin, il y avait la tonne de carcasses que Jay avait regroupé pour bloquer le passage aux intrus.

— Cet endroit va le plus me manquer, soupira t-elle.
— Ouais t’as raison, ajouta Carlos, j’aimais bien venir ici pour voir Mal et Jay se battre en duel.
Bip ! Bip ! Bip !
— Je vais devoir rentrer, annonça Jay, mon père risque de me tuer pour sa lampe.
— Eh bien dans ce cas, nous aussi on rentre. On a plein de choses à préparer avant le départ. Surtout toi Evie, se moqua Mal. Je parie que tu vas emmener toute ta garde robe.
— Ah ah ! Très drôle miss-je-m'habille-comme-un-mec.

Touchée ! C’était facile de la faire sortir de ses gonds car Evie était très sensible quand il s’agissait de ses vêtements.

— Bon les mioches, prochain rendez-vous au marché dans une semaine, décréta Carlos.
— Mais pourquoi ça ? demanda Mal. De toute la semaine, on ne se verra pas ?
— On a des choses à faire pour le voyage, répondit-il. Evie va très certainement s’occuper de ses vêtements. Toi et moi savons à quel point elle les adore. Et dans tous les cas, on doit se préparer pour subir les niaiseries d’Auradon.
— Oh je vois ! A la semaine prochaine alors !

Ils sortirent tous de l’entrepôt et Mal préféra s’attarder encore un peu. En y réfléchissant, ce fameux prince Ben avait réellement fait quelque chose de bien pour eux. Même si les deux autres groupes choisis ne lui plaisait pas du tout, au moins elle n’aurait plus à supporter les caprices de sa mère…

— Alors comme ça, madame ne veut pas être comme maman ? C’est très décevant de ta part ma petite Mal.

Elle n’avait pas besoin de se retourner pour savoir qui était là. Cette voix, elle la connaissait depuis… disons depuis le bac à sable. Une voix parfois douce, parfois méprisante. Une voix à doubles tranchants. Et le propriétaire de la voix n’était qu’un parfait petit connard.

— Que me vaut l’honneur de ta visite Harry ? Uma n’a pas bien attaché ta laisse, et voilà que tu t’échappes ?
Elle le regarda férocement, de façon à lui dire « Eloigne toi ou tu meurs ».
— Je vois que madame ne veut pas me voir.
— Si cela ne tenait qu’à moi, tu n’existerait même pas. Tu sais, t’es comme un parasite. Quand on est certain de t’avoir détruit, tu reviens en force.

Elle se releva et sortit de l’entrepôt, mais monsieur le connard de service ne l’entendit pas de cette oreille, il la suivi.

— Mal, Mal attend !
— Quoi encore ? demanda t-elle de plus en plus irritée.
— Tout doux mon petit dragon. Calme tes ardeurs, je viens en paix.

Par pitié, elle s’arrêta et lui fit face. Harry avait toujours le crochet de son père à son poignet, il portait un pantalon bleu nuit, un débardeur noir ainsi qu’une veste longue de couleur rouge et or.

— Bien, tu as cinq minutes. Parle !
— À vos ordres, Chef !

Il mima le salut des soldats et Mal dû résister au fou rire qui menaçait d’exploser. Harry était assez proche d’elle et ses yeux brillaient de cette lueur de malice qui l’irritait tant.

— Bon c’est pas que je m’ennuie mais je dois rentrer.
— Non attends !

Le jeune homme ne savait pas vraiment quoi lui dire. Il avait perdu cette habitude de lui parler aussi facilement car il savait qu’elle pouvait péter un câble à tout instant.

— Quoi encore ? Tu me saoules, s’emporta t-elle.
— Je voulais savoir si tu acceptais d’aller à Auradon.
— Et pourquoi cette question ?
Connaissant son défaut de fouineur, Mal aurait dû s’attendre à ce qu’il vienne lui demander ça. Mais elle ne savait pas qu’il le ferait aussitôt.
— Simple curiosité. Alors, tu y vas ??
— Attends la semaine prochaine si tu veux savoir. Bye !
— Après tout, j’ai entendu votre conversation, je sais que tu y vas… chuchota t-il, pensant que Mal ne l’avait pas entendu.

Il resta là à la regarder s’en aller, puis il s’assit sur le sol poussiéreux, la tête entre ses mains avec un sentiment de regret qu’il ne pourra peut-être jamais dissiper.

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Cc tout le monde. J'espère que vous allez bien. Moi ça va, en tout cas 🙂.

Bref, voilà le quatrième chapitre de génération méchants.

Une Audrey qui se sent mal, est-ce possible ?

Et un Ben qui se remet en question, ça ne sent pas bon hein !

Pourquoi douter d'une action déjà faite ?

J'ai l'impression que beaucoup de choses vont arriver et surtout changer dans la vie de tous nos protagonistes.

J'espère que le chapitre vous plaira.

Bonne lecture 🤗🤗🤗.

Je voulais aussi vous faire part de ma tristesse sur la mort de Cameron Boyce qui jouait le rôle de Carlos.

Je lui rend hommage même s'il est parti trop tôt, qu'il repose en paix.🤲🤲🤲

30 janvier 2022

Stéphanie 🖤

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