Chapitre 2
À partir du moment où le chauffeur demanda aux passagers de s’accrocher à quelque chose, les secousses commencèrent à se faire ressentir. Le prince serra subitement sa ceinture et se mis du côté de la portière pour s’y accrocher. En regardant à travers les vitres, il fut surpris de voir que la voiture roulait au dessus de la mer qui les séparaient de l’île de l’oubli. Ils filèrent soudainement à la vitesse de l’éclair, et là, Ben regretta d’avoir déjeuner avant.
En l’espace de cinq minutes, le chauffeur ralentit la cadence et la voiture se posa enfin sur le début du chemin sur l’île. Dès que la voiture s’arrêta, le prince sortit rapidement et vomit le contenu de son estomac dans les herbes. A ses côtés, Max se moquait de lui et de deux des gardes qui vomissaient aussi.
— Bien le bonjour cher messieurs ! Que nous vaut l’honneur de cette visite si soudaine ? interrompit une voix féminine, aussi douce que le chant des oiseaux du matin, pensa le prince en l’écoutant.
Il se releva pour voir de qui était cette voix. Devant lui, il y avait une fille d’au moins un mètre cinquante. Elle avait des yeux gris, de longs cheveux blancs avec des pointes oranges. Elle portait un haut blanc à manches longues, une salopette déchirée sur les genoux, tachetée de peinture blanche et des bottes noires à talons carrés. Ce qui l’étonna le plus fut cette lueur d’amusement qui brillait dans ses yeux.
— Qu’est ce qui vous fait penser que nous sommes là pour une visite ? lui demanda Max, pas très à l’aise du coup.
— Tout doux ! Je ne mord pas. Je vous ai vu arriver, et j’ai jugé bon de vous accueillir. Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit des gens ici.
Elle toisa Max, toujours avec cet air d’amusement.
— Eh bien, merci de venir avec une si belle intention. Moi c’est Benjamin, vous pouvez m’appeler Ben.
Elle le regarda et paru surprise de la proposition. Elle baissa les yeux, visiblement gênée, et lui fit une révérence.
— Je suis désolée, Majesté, mais une vulgaire fille comme moi ne peut vous appeler Ben. C’est contraire à mes principes.
Il fut assez choqué de l’écouter parler avec autant de respect. Comment pouvait-elle savoir qu’il était de sang royal ? Était-elle venue pour le piéger ? Toutes ces questions remplissaient déjà le crâne du brun.
— Mais vous me paraissez bien éduquée pour une fille vulgaire comme vous le prétendez, mademoiselle…
— Katana. Je m’appelle Katana Cruz. Je vous prie, Majesté, de bien vouloir me pardonner pour mon insolence, je n’aurai pas dû venir ici.
Sur ce, elle s’enfuit, le cœur battant. Qui l’eut cru qu’elle serait un jour en présence de sa majesté ? Malheureusement, elle ne savait pas ce qui l’attendait. Pour Ben elle était assez bizarre comme fille. Il remarqua le regard de Max qui était resté figé à l’endroit exact où se trouvait la jeune Katana.
— Mon cher Max, si je ne m’abuses, tu connais mieux les lieux que moi, je propose donc qu’après m’être changé, nous puissions mener notre mission
Max, blond aux cheveux frisés, sortit de son état second et vit qu’il retournait dans la limousine. Après quelques minutes, tous ceux qui s’aventuraient sur l’île avec le prince, portaient des vêtements déchirés et tachés de peinture pour se fondre dans la masse.
— C’est le moment, allons-y ! déclara t-il en faisant un signe de tête à Max.
Ils marchèrent un moment sur un chemin étroit et boueux, se bouchant le nez à cause de l’odeur nauséabonde qu’émanait les détritus sur le sol. Ils débouchèrent sur une ouverture qui montrait un spectacle des plus désolants. Plusieurs maisons en bois tombaient en ruine, pourtant, elles étaient encore habités. L’odeur n’était pas toujours agréable et le fait de voir ces enfants jouer dans le sable devenu noir à cause du charbon déversé dessus, brisa le cœur du prince. C’est vrai qu’il ne s’attendait pas à trouver les murs blancs comme neige, ou encore de voir les maisons en bon état, mais le taux de négligence et de possibles contaminations à cause de l’air lourd et pollué de l’île martelait son cœur déjà en mille morceaux. Les gardes s’étaient quelque peu éloignés afin qu’il n’y ait pas de soupçons. Personne ne savait ce que pourrait faire son peuple pour l’instant. Même si certaines personnes le connaissait.
— Maxi Max, t’es enfin là, j’ai cru que tu resterais longtemps au trou, déclara un petit garçon aux cheveux rouge noir, âgé de huit ans. Tout le monde pense que tu as la capacité de quitter l’île, mais soyons réaliste, il faut être doué en magie pour ça. Bon, je dois m’en aller, ce soir je rejoindrai le gang des diablotins, c’est mon initiation.
Max n’eut même pas le temps d’émettre un seul mot que le gamin disparu tel un fantôme. Cependant, les propos qu’il avait dit choquèrent encore plus le prince.
— Qui est ce petit ? questionna t-il en évitant de se pendre un poteau en plaine face.
— Lui c’est Clément, sa mère est morte l’an passé à cause d’une épidémie créée par la pollution. Son père est un alcolo et malheureusement, il n’y a pas d’action sociale sur l’île.
— Et cette histoire de diablotins ?
Max se heurta à un poteau et grogna de douleur. Mais il prit sur lui, et répondit.
— C’est l’un des fléaux les plus connus sur l’île. Pour s’en sortir, des jeunes de huit à quatorze se sont mis à voler les familles déjà pauvres, les magasins pas si garnis que ça ainsi que les pauvres petits qui ont la chance d’avoir quelque chose à manger.
— Mais pourquoi donc ? Et les gardes alors ?
— Les gardes supposés s’occuper de faire régner l’ordre sur l’île pillent les cargaisons que le roi envoie chaque mois et ils les revendent à des prix exubérants.
Ben n’eut pas le temps de poser une autre question, ils venaient d’atteindre un endroit très vaste. Plusieurs tablent bancales étaient disposées pêle-mêle. Des hommes, des femmes et même des enfants arpentaient les lieux en discutant avec entrain. Le bruit en était presque assourdissant.
À la vue du spectacle qui s’offrit à lui, Ben se rendit compte qu’ils se trouvaient dans une sorte de marché en plein air. Ne voyant pas où il mettait les pieds, un petit garçon bouscula Ben et tomba dans la boue. Touché par la compassion, Ben l’aida à se relever avant d’apercevoir sa montre remplie de boue elle aussi dans les mains du petit.
— Eh, mon garçon, héla Max. Tu viens tout de même de voler le prince héritier d’Auradon.
Max, sans le vouloir, parla d’une voix forte et soudain, les discussions s’arrêtèrent. Tous les yeux étaient à présent braqués sur le prince. Lui qui voulait en apprendre un peu plus sur l’île afin de faire un choix judicieux devait malheureusement changer ses plans. De plus, il ne savait pas encore comment ses sujets réagiraient en apprenant qu’il était le prince et son cœur se mit à battre rapidement. Plusieurs murmures parvinrent à ses oreilles.
— C’est vraiment le prince ! s’exclama un petit garçon.
— Mais que fait-il donc ici ? s’écria une dame aux cheveux grisonnants.
— Il est aussi mignon qu’à la télé ! s’émerveillait une jeune fille.
Ce compliment inattendu le fit aussitôt rougir. Cependant, il devait se reprendre rapidement pour ne pas paraitre stupide devant tout le monde.
— Vous voyez les gars ! s’exclame une voix féminine. Je vous ai bien dit que j’ai rencontré le prince tout à l’heure. Vous ne me croyiez pas, et maintenant ?
Cette voix n’était plus étrangère à Ben et c’est sans étonnement qu’il se retrouva face à Katana en se retournant.
— Le monde est petit n’est-ce pas, Miss vulgaire ?
Elle sourit, se remémorant leur discussion au bord de la plage. Elle lui fit une révérence plutôt timide, et cela décida Ben d’enfin annoncer le pourquoi de sa venue.
— Bonjour à tous, ou encore bon après midi compte tenu de l’heure qu’il est.
Ben sourit pour ne pas paraitre trop sérieux comme son père chaque fois qu’il devait faire un discours. Et tous ceux qui étaient autour de rirent aussi, ce qui eu le don de le détendre. Juste un peu…
— Je n’ai plus besoin de me présenter, mon partenaire vient de vous révéler mon identité. Pour répondre à vos questions encore non formulées, je suis ici afin de faire passer une information de la plus haute importance.
Les sourires et les murmures s’atténuèrent. Ce qui donna à la situation une tournure beaucoup moins drôle et beaucoup plus sérieuse. Comment sortir de ce pétrin ? Il n’y avait plus rien à faire, hormis l’annonce et il s’y résigna.
— Bien, en tant qu’héritier d’Auradon, je deviendrai votre souverain dans peu de temps. De ce fait, certaines choses ne seront plus les mêmes. Pour ma part, je ne sais pas ce que vous avez eu à vivre, ni ce que vous vivez dans vos maisons actuellement…
A présent, on pouvait entendre une mouche voler, tellement ils étaient silencieux. Les minutes suivirent et, il se demanda si ce qu’il dirait par la suite ne serait pas un choc pour eux.
— Nombreux parmi vous savent qu’à une époque, mon père avait libéré certains d’entre vous, mais ils n’ont pas été digne de confiance. Ainsi, plus personne n’eut la chance de quitter l’île. A cause de cela, prince aujourd’hui, vous avez certainement des difficultés pour éduquer leurs enfants.
Au milieu de la foule, certains ne comprenaient même pas les mots du.
— J’ai donc mis au point un programme qui vous serait d’une très grande utilité.
« Ouah ! C’est chaud pour toi mon cher Ben ! Mais au moins, j’ai capté leur attention» pensa t-il.
— Alors c’est quoi ce programme ? cria une jeune fille du même âge que Katana.
Elle avait des cheveux violets, un leggings noir et une sorte de veste violette parsemée de tâches de peinture. Ses chaussures étaient plutôt plates. À croire qu’ici, on ne s’habillait qu’avec des fringues de la couleur de ses cheveux.
— Eh Mal, un peu de respect. C’est au prince que tu parles tout de même !
— Ma très chère Kat, répondit la dénommée Mal, je parle à qui je veux comme je veux. Toi et tes manières, tu peux te les garder. Tu n’est pas une putain de princesse à ce que je sache !
« On pourrait voir des éclairs traverser les yeux de ces deux femmes et se rencontrer en grondement de tonnerre, pensa à nouveau le prince, avant de réaliser qu’il divaguait ». Sa mission était loin d’être terminée.
— Un peu de retenue mesdemoiselles, intervint Max. Ce n’est pas un ring de boxe ici. Ma parole, mais quelles sont ces manières ?
— Eh toi, tu la fermes. Je ne vois pas en quoi ca te concerne, déclara une nouvelle fille d’un ton désinvolte.
Ben fut choqué de la vulgarité des paroles de la jeune femme. Elle était très différente de Katana, avec sa façon de parler.
— Mais de quel droit tu…
— T’es un vrai casse-pied enfaite, ajouta t-elle en lui coupant la parole.
Ben détailla la jeune femme, elle avait des mèches noires aux bouts bleu ciel, elle portait un jeans bleu déchiré au genou avec un haut noir, une veste assortie à son jeans, et des talons hauts. Et il commençait à croire que les couleurs étaient sacrées sur cette île.
— Uma, la peste de service ne pouvait pas rester dans son coin sans ouvrir son clapet ! Blablabla !
Ben ne savait pas qui avait dit cela, mais il vit que les trois filles qui ne faisaient qu’avancer en parlant, se retrouvèrent en plein milieu de la place et elles commencèrent à se taper dessus. Malgré le choc de la tournure de la situation, le côté espiègle du prince le poussa à assister à cette bagarre générale entre ces trois filles qui semblaient se détester à mort.
Trois groupes de deux garçons se détachèrent aussi de la foule pour venir récupérer leur amie respective. Une quatrième fille beaucoup plus posée se détacha elle aussi de la foule pour se mettre d’un côté avec ses amis. Comme toutes les filles ici, celle-ci avait des cheveux bleu nuit assortie à sa tenue sauf les chaussures à talons et la veste qui étaient blanches. Cela ne le surpris même pas, tellement les couleurs ne faisaient que s’ajouter.
Avec la bagarre, Ben se trouvait désormais devant trois groupes bien distincts. Le premier était constitué de la dénommée Mal, de la nouvelle fille, d’un garçon aux cheveux longs noirs et d’un garçon aux cheveux blancs assez courts. Le deuxième était formé par la dénommée Uma, un garçon aux cheveux noirs en épis ainsi que d’un garçon aux longs cheveux blonds. Le troisième groupe était quant à lui composé de Katana, d’un garçon au crâne chauve avec une sorte de longue tresse au milieu et d’un garçon identique au premier, mais celui-ci avait des cheveux courts.
En les regardant attentivement, le prince se rendit compte que ses interrogations sur qui il devait choisir disparurent toutes seules. Et quand le jeu sembla s’être calmé, il reprit la parole.
— Merci de reporter votre attention sur moi.
Chose que tout le monde fit, y compris les trois groupes.
— Je suis ici pour vous annoncer que parmi vous, dix enfants ont été sélectionnés pour venir étudier à Auradon. C’est le but de mon programme. Je ne savais pas qui choisir mais, les choses se sont faites seules. De ce fait, je déclare que les trois groupes en face de moi sont attendus à Auradon à partir du lundi de la semaine prochaine. Vous avez tous environ une semaine pour vous préparer. Bonne chance à vous.
Sur ces mots, la garde royale se regroupa autour de lui pour parer à une éventuelle attaque. Je’ e sentait quelque peu rassuré que de grave ne ce soit produit. Il appréhendait énormément la réaction des jeunes de l’île à cause des histoires que lui racontait son père. Maintenant que tout était clair, il rebroussa chemin.
Plus rien ne le retenait sur l’île. Ce qu’il avait vu dans la rue, les maisons délabrées ainsi que cette histoire de gang prouvait qu’un changement, aussi minime soit-il devait être opéré. Ils rebroussèrent chemin jusqu’à la limousine, suivi d’assez loin par les curieux de l’île. Quand le chemin s’ouvrit au travers de la sphère magique, certains essayèrent de s’y échapper mais les gardes chargés de faire régner l’ordre les arrêtèrent tous.
Ben fut triste de voir à quel point ces jeunes espéraient eux aussi quitter l’île de l’oubli. Il se promit alors de leur octroyer une chance dès que les choses s’arrangeraient.
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Un bonsoir aux uns !
Un bonjour aux autres !
J'espère que vous avez passé une belle journée. De mon côté c'était très sympa, merci 👍👍.
Bonne lecture 🤗 🤗.
29 janvier 2022
Stéphanie 🖤
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