~XIV~

Le lendemain matin, les jeunes soldats se préparèrent à partir. Il leur fallait deux jours pour atteindre le camp de l'Insurrection. Ils s'arrêteraient quelque part afin de se reposer, car en mettant leurs provisions en commun, les deux bataillons remarquèrent qu'ils étaient très limités en eau. Il fallait donc impérativement trouver un point d'eau. C'était plus sage de partir tôt, afin d'éviter les ennuis et surtout la tempête de sable.

L'escouade Vipère était bien organisée et entraînée contre toute situation dans le désert alors que l'escouade Nova était un peu plus dispersée et n'avait aucune expérience militaire sur le terrain. Pourtant, les deux escouades étaient composées de mercenaires soit des terriens. Le bataillon du désert semblait mépriser tout aspect du milieu ensablé, alors que c'était leur lieu de travail principal. Cette mission improvisée était très risquée car ils n'avaient pas mis les dieux au courant. En revenant à Zénith, le groupe de Ben pourrait être sévèrement puni. Ils pourraient tous mourir, ce jour là, afin d'éviter la torture dans la capitale des cieux. Le vrai danger n'était pas la colère des dieux mais plutôt la présence du dieu des vents dans les parages. Nul d'entre eux connaissait la vraie puissance du traitre.

Ils se mirent à marcher vers leur objectif. Boa demanda à une poignée de ses hommes d'aller trouver un oasis et de remplir une trentaine de gourdes afin d'hydrater tous les soldats. A l'aide d'une sorte de GPS, ils pourraient retrouver le reste du groupe un peu plus loin.

Ils durent retirer des objets de leur paquetage afin d'éviter de s'effondrer de fatigue après quelques heures de marche. L'escouade Vipère était lourdement armée, rendant l'équipement de chaque homme extrêmement lourd. La marche dans le sable n'était pas aussi agréable que la marche sur les nuages. Les pas sont lourds, comme quand on marche dans de la neige. Les pieds s'enfoncent comme si le sable était animé et voulait nous dévorer. Ben ne savait pas s'il préfèrerait marcher dans la neige ou dans le sable à ce moment précis. Avoir chaud ou avoir froid? Mourir déshydraté ou mourir givré? C'est ainsi que pensait un soldat. Si Ben possédait une gemme, il se sortirait de ce pétrin. Avec toutes ces histoires de dieux et de sous-dieux, les mercenaires pouvaient faire place à leur imagination.

Tom trébucha. Oscar se tourna et l'aida à se relever. Tom regarda ce qui l'avait fait se ramasser comme cela. C'était une sorte de plaque d'égout. Il se mit à creuser dans le sable avec ses mains. La plaque s'étendait sur au moins trois mètres. Tom demanda de l'aide à Oscar et à Franck et ensemble ils soulevèrent le plaque qui pesait très lourd. Devant eux, ils découvrirent des escaliers. Ils furent tous très intrigués, car les torches qui illuminaient la descente étaient allumées. C'était probablement l'une des planques de l'Insurrection et donc le pilote pouvait s'y trouver. Il fallait s'y aventurer.

Quatre hommes de l'escouade Vipère décidèrent de garder l'entrée tandis que les autres exploreraient ce lieu mystérieux. Les soldats allumèrent leurs lampes de poche et descendirent les nombreux escaliers. Deux hommes s'arrêtèrent afin de garder l'entrée de l'intérieur et servir de soutien en cas de problème. Boa conduisait la marche, suivi de Dune. Devant eux, il y avait une sorte de cellule. Il n'y avait pourtant personne à l'intérieur. Il faisait très sombre. Ben prit la parole:

« Il est sûrement là-dedans, mais je n'arrive pas à illuminer cette cage avec ma lampe. C'est comme si la lumière ne pourrait pas traverser les barreaux. »

Boa acquiesça. Ben avait raison. Le pilote était forcément là-dedans. Dune se tourna vers l'ensemble des hommes et prononça ces mots:

« Je vais rentrer à l'intérieur. Restez derrière moi, on ne sait jamais. »

Boa n'était pas vraiment d'accord avec l'idée de son collègue. Envoyer un supérieur dans une cellule lugubre n'était peut-être pas la meilleure option. Le commandant Dune avança vers la porte métallique de la cellule et la poussa lentement. Il rentra dans la pièce et vérifia que sa lampe était bien allumée. Il se plaça au milieu de la pièce, scruta chaque mur de la pièce et il annonça:

« Mais... Il n'y a rien- »

Dune n'eut pas le temps de finir que cinq créatures lui sautèrent dessus en tombant du toit de la cellule. Ces créatures possédaient des bras en forme de lames et portaient des habits d'humains. Aucun signe du pilote. Ils étaient tombés dans un guet-apens.

« Dune! Sors de là! », hurla Boa.

Dune ne répondait plus. Les créatures se tournèrent vers le reste des soldats. Elles se levèrent, les lames ensanglantées, et se ruèrent sur eux.

« Courez! », ordonna Leonardo, en hurlant.

Ils se mirent à fuir vers la sortie. Les deux hommes stationnés à l'entrée se mirent à tirer sur les créatures.

« Elles ne prennent pas nos balles! », affirma un soldat.

Quelques hommes trébuchèrent en courant, dont Franck. Tom s'arrêta pour relever son ami. Tous ces hommes avaient pris beaucoup de retard par rapport au reste du groupe. Tom était un jeune homme endurant, mais Franck était quelqu'un qui perdait son souffle très vite, asthmatique depuis sa naissance. Tom tenta tant bien que mal de le tirer vers la sortie. Franck était épuisé et ordonna à son ami, essoufflé:

« Laisses-moi... »

Tom refusa d'obéir à cet ordre. Il attacha une corde au bassin de Franck et connecta un grappin à cette corde. Il visa la sortie. Tout en tirant son grappin, il hurla:

« Tirez le vers la sortie! »

Franck s'effondra suite au tir de grappin. Les quatre hommes à la sortie agrippèrent la corde se mirent à tirer le soldat vers la sortie. Tom, lui, continua à courir, dernier de l'intégralité de son groupe.

L'un des monstres avait un peu plus d'énergie que les autres. Il était à quelques mètres d'en attraper un. Deux hommes s'effondrèrent. C'était fini pour eux. Deux monstres se ruèrent sur eux, s'arrêtant définitivement. Tom jeta un rapide coup d'oeil derrière lui. Il était l'un des derniers de cette fuite et pouvait perdre sa vie à n'importe quel moment. Sans faire exprès, il bouscula l'un des membres de l'escouade Vipère. L'homme cria de peur et fut dévoré par l'une des créatures intrépides.

Le monstre en tête de la horde aiguisa son bras métallique tout en courant et se concentra sur le dernier du groupe de soldats. L'homme se tourna et remarqua son désavantage. Il tenta de courir encore plus vite mais impossible pour lui de résister, ses jambes lourdes et fatiguées. Le monstre l'atteignit et trancha sa jambe en deux. Le deuxième monstre, qui se trouvait derrière le premier, s'arrêta et dévora l'homme quelques secondes plus tard.

Certains soldats commencèrent à sortir, sains et saufs. Ben fut l'un des premiers à sortir. Il ordonna:

« Préparez vous à refermer la plaque. »

Les hommes acquiescèrent. Ils posèrent leurs mains sur la plaque, attendant le signal. Le retard de Tom était si grand que tout le monde était déjà sorti depuis plusieurs secondes. Ben vint désespérément motiver son ami, poursuivi par plusieurs monstres assoiffés de sang:

« Donnes tout, Tom! On ne veut pas te perdre! »

Les soldats commencèrent à tirer la lourde plaque. Tom se mit à sprinter jusqu'à la sortie. Il ne se voyait pas sortir par un trou aussi minuscule. A quelques mètres de celle-ci, il se jeta la tête la première. La lame du monstre frôla son pied alors que celui-ci s'était aussi jeté la tête la première. Un laser rouge frôla l'oreille de Tom et percuta le monstre. Tom s'écroula sur le sable chaud. Le monstre n'était plus là: il s'était volatilisé.

Tom se remit de ses émotions et se tourna vers Jeanne, qui brandissait cette fameuse clé USB. Reconnaissant, il lui dit:

« Merci. »

- Estimes toi heureux: je t'ai consacré une place dans ma prison imaginaire, répondit Jeanne.

Tom sourit. C'était la première fois qu'il esquissait un sourire depuis longtemps.

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