Ben se réveilla et se mit immédiatement à tousser. Pendant son état d'inconscience, la fumée provoquée par l'explosion était rentrée dans son organisme et il devait absolument la faire sortir. Il contempla les environs et remarqua qu'il n'y avait presque plus rien, le lieu étant déjà assez désert. Un cratère s'était formé dans le sable et l'hélicoptère s'était enfoncé dans celui-ci. Ben put sentir deux mains se poser sur ses épaules. Il fut tiré vers l'arrière et déposé à l'extérieur de la fumée. Se roulant dans le sable à cause de la douleur, le jeune homme rêvait de rentrer chez lui, loin de la violence et des explosions.
Le soleil était en train de surgir entre les nuages l'ambiance était plutôt tranquille, malgré l'attaque sur le camp. Ben se retourna sur lui même et remarqua que derrière lui, de nombreuses personnes étaient allongées dans le sable chaud. Certaines réveillées, certaines endormies puis certaines mortes. Ben ne put apercevoir l'un de ses amis parmi ces corps. Étaient-ils tous morts? Avaient-ils échoué leur mission?

« Lèves-toi. », ordonna la personne qui semblait être le chef de cette armée.

Ben se leva avec le peu de force qui lui restait. L'homme l'attrapa par le col et lui jeta un regard strident qui lui donna des frissons. Il lui dit d'un ton agressif:

« Démontres-moi que je me suis trompé. Démontres-moi que tu n'es pas un « Nuage ». Donnes-moi tord, ou sinon je t'égorge ici et maintenant. »

Ben se mit à réfléchir. Toute l'évidence physique se trouvait dans l'hélicoptère, et celui-ci avait été réduit en cendres suite à l'explosion de la bombe. Que pouvait-il bien lui raconter?

« Il y a quelques semaines, j'ai été arraché de ma terre natale, me retrouvant à Zénith, où j'ai été entrainé aux côtés d'une centaine d'autres mercenaires. Notre groupe appartient à l'escouade Nova, dirigée par Armada, générale des armées et parent de Batalla, dieu des stratégies militaires, lui même parent du grand dieu de la guerre nommé Guerrus. Nous avons été envoyés à Kiev en Ukraine pour patrouiller et retrouver Ventis, chef de ce mouvement contre lequel vous vous battez. Ces personnes que vous appelez « Nuages » sont venus piller notre camp et ont emporté plusieurs âmes avec eux. Notre pilote reste introuvable. Ensuite, vous êtes arrivés. Nous pensions que les sauvages étaient revenus en nombre quand nous avons aperçu votre bataillon. La personne que vous avez égorgé, Sam, était à la mitrailleuse. Les autres étaient à l'intérieur. Nous ne sommes pas des résistants. Nous sommes des vôtres. », expliqua Ben, ne quittant pas l'homme du regard.

L'homme lâcha Ben. Il retira son casque lentement, dévoilant son visage. C'était un homme chauve et menaçant dont le visage était couvert de cicatrices. Ben ne semblait pas être un obstacle pour ce soldat, vu le mépris qu'il éprouvait en observant le terrien. Il agrippa son pistolet et le pointa sur Ben. Ben regarda le sol. Lorsque l'homme appuya sur la gâchette, aucune balle ne sortit du canon. Celui-ci rangea son arme puis annonça:

« Il est des nôtres. Mettez-le avec les autres. »

Ben était soulagé. Non pas d'avoir survécu, mais de savoir que ses amis n'étaient pas morts par sa faute. Deux hommes vinrent aider Ben à se relever et l'accompagnèrent vers une zone située à une cinquantaine de mètres du cratère. Arrivé à l'endroit, Ben reconnut plusieurs visages familiers. Leonardo était assis contre une barrière tandis que Luna discutait avec Jeanne. Tom aidait Oscar à se soigner. Anne et Franck étaient allongés dans le sable. Tout semblait calme, mais il manquait quelqu'un: Marie.

« Où est Marie? », demanda Ben.

- Ben! Enfin de retour! Oui, Marie... Marie est morte en protégeant Oscar d'un effondrement suite à l'explosion, répondit Jeanne.

Il y eut un long moment de silence. Ben s'avança vers Oscar et lui sourit.

« Ça va? Qu'est-ce qui t'arrive? », demanda Ben.

- Un éclat de métal a transpercé ma jambe droite. Tom est en train de m'aider à recoudre la plaie, répondit Oscar.

Ben jeta un regard à Tom. Il avait, comme d'habitude, la même attitude blasée. Pourtant, il semblait s'occuper minutieusement de la blessure de son ami sous les regards de Luna, prête à intervenir si les choses dérapaient. Ben se leva, et en se retournant, l'homme au crâne étincelant l'attendait. Celui-ci s'avança vers Ben et se mit à parler:

« Je souhaitais vous présenter mes excuses. Mes plus sincères condoléances. Nous n'étions pas au courant. Nous avons commis une grave erreur, et toutes les personnes mortes hier sont mortes par ma faute. Je suis dans l'obligation de me présenter, c'est la moindre des choses. Je me nomme Désertius, et je suis un sous-dieu de la guerre, comme Batalla, que vous connaissez bien, apparement. Je suis notamment responsable des conflits dans les déserts de votre planète natale. Mon travail consiste à débusquer les sbires du traitre dans les déserts et de les éliminer. », annonça Désertius.

Ben n'en revenait pas. Les dieux étaient partout, même sur Terre. Ben prit avantage de la situation:

« J'accepte vos excuses. Je souhaiterais vous demander une faveur. Il y a deux jours, nous avons perdu notre pilote de vue. Nous sommes dans l'obligation de le retrouver, étant donné que sans lui, les forces divines de Zénith vont se poser des questions. », proposa Ben.

Désertius se mit à réfléchir. Après quelques secondes, il donna une réponse:

« D'accord. Je vous donne une vingtaine d'hommes compétents et deux de mes plus fins officiers. Le camp le plus proche est au sud, à cinquante kilomètres d'ici. Il vous faudra deux jours pour l'atteindre. »

Ben acquiesça, salua l'homme et ne perdit pas une seconde de son temps. Il se retourna vers ses amis et ordonna:

« Allons-y! Pour Paul, Sam et Marie! »

Les jeunes soldats de l'escouade Nova se levèrent et prirent leurs armes. Ben se dirigea vers l'extérieur de la zone, suivit par ses camarades. La vingtaine d'hommes les attendait dans une belle ligne qui s'étendait sur une dizaine de mètres. Deux officiers vérifiaient que tout se passait bien parmi les soldats. L'un d'eux se tourna vers Ben.

« Ben! Magnifique performance face à la garde personnelle de Désertius lors de l'affrontement! C'était impressionnant... Mes condoléances, bien sûr. Nous avons été véritablement stupides. Permets-moi de me présenter: je suis le commandant Boa et voici mon collègue Dune. Nous sommes frères et notre père est l'un des cousins de maître Guerrus. Ces hommes que vous voyez là sont les membres de mon escouade, soit l'escouade Vipère. Ils sont à toi. », affirma généreusement Boa.

Ben s'avança vers l'escouade Vipère. Après avoir scruté l'ensemble des soldats, il prononça un discours, tel un vrai haut gradé:

« Escouade Vipère. D'abord, je tenais à vous dire que je ne suis pas en charge de ma propre escouade. Ce n'est pas parce que j'ai tué une dizaine d'hommes que je suis le leader de mes propres frères d'armes. Ce n'est plus une fierté d'avoir tué même massacré plusieurs de vos amis. Je vais seulement vous demander une chose: respectez l'objectif. Que cela soit de manière furtive ou bruyante, il faut extraire ce pilote du camp. Si vous avez la possibilité de sauver une vie, saisissez votre chance. Ne basculez pas du mauvais côté, je vous prie. La vermine de l'Insurrection est encore plus nuisible en captivité. Si un homme ne respecte pas l'objectif, il pénalise l'ensemble du groupe. Nous sommes plus intelligents que ces idiots. Ne rentrez pas dans leur jeu stupide. J'ai envie que vous compreniez que je ne suis pas là pour vous donner des ordres. Je suis là pour vous inciter à bien vous comporter afin que la mission soit une réussite. Pour faire court, je veux la perfection. Nous la voulons tous. »

Il y eut un court moment de silence. Boa et Dune se tournèrent vers leurs hommes, attendant une possible réponse à ce discours. Tout à coup, les hommes brandirent leurs armes et les pointèrent vers le ciel.

« Pour Zénith! », ils hurlèrent de manière enthousiaste.