~XI~
L'atterrissage fut plus précipité que prévu. En effet, les réacteurs de l'un des hélicoptères ne purent tenir tout le long du voyage jusqu'en Ukraine. Ils furent forcés de s'arrêter dans un désert, ne pouvant pas continuer à voyager sous peine de s'écraser dans la mer.
L'hélicoptère atterrit doucement sur le sable chaud. Il fallait plusieurs jours pour réparer ces réacteurs, et il n'y avait que deux techniciens à l'intérieur du véhicule. Car oui, le deuxième hélicoptère avait continué sa route vers Kiev, capitale de l'Ukraine et l'itinéraire prévue pour le groupe. Armada ne s'était même pas arrêtée pour venir apporter de l'aide aux rescapés. De plus, il n'y avait aucun dieu sur le transport de Ben. Une dizaine de jeunes livrés à eux même dans le désert, avec si peu de provisions qu'ils ne tiendraient que quelques jours avant de mourir déshydratés. Selon les informations données par la générale des armées, la mission sur Kiev n'allait pas durer une éternité, ce qui rassura les autres qui n'eurent pas la chance de participer à cette reconnaissance. Armada et le reste du groupe allaient forcément revenir les chercher. Pendant ce temps, ils devaient survivre.
L'ensemble des jeunes sortirent de l'hélicoptère, leur équipement sur le dos. Il ne fallait surtout pas s'éloigner du véhicule, car une tempête de sable se préparait et l'hélicoptère allait leur servir d'abris. Ils durent installer leur camp pas très loin du véhicule et protéger les provisions contenues à l'intérieur. Armada était leur seul supérieur, et aucun des jeunes avait de l'expérience militaire. Ils durent donc élire un chef de camp afin de les diriger temporairement.
Ben conta onze personnes en tout, dont lui. Ils allaient procéder à un vote. Le vote à main levée serait remporté par la personne avec le plus de voix. Un jeune homme proposa de commencer le vote, mais il fallait qu'il y ait des candidats. Ils s'assirent tous autour du feu et décidèrent de se présenter afin d'éviter de rendre le séjour gênant. Ben retint les noms des cinq nouveaux camarades: Sam, Paul, Franck, Anna et Marie.
Seulement deux personnes voulurent se présenter en tant que candidats: Paul et Marie. Ils durent tout les deux prononcer un discours, et ce fut Marie qui commença:
« Bonjour, je m'appelle Marie. Je suis espagnole et j'aimerais être chef du camp car avant de devenir qui je suis aujourd'hui, je chassais avec mon père et donc il m'a donné de nombreux conseils afin de survivre dans des milieux comme celui-ci. Je pense être faite pour ce rôle car je suis une personne patiente et attentive à ce qui se passe. Merci. »
Suite au discours, Paul se mit à pouffer légèrement. Il prit la parole:
« Super discours. Bref, moi je pense être fais pour ce rôle car je suis un leader dans l'âme et je l'ai toujours été. Je saurais être un bon chef et garder ce camp bien entretenu. Il faut faire bonne impression auprès des dieux, et je pense pouvoir assurer cela. Votez pour moi. »
Leonardo décida de lancer le vote. Il annonça:
« Tous ceux qui votent pour Paul doivent lever la main droite. »
Cinq mains se levèrent. Celles de Paul, Franck, Sam, Anna et Luna.
« Tous ceux qui votent pour Marie doivent lever la main gauche. »
Cinq mains se levèrent à nouveau. Celles de Leonardo, Jeanne, Oscar, Tom et Marie.
Il y avait un vote blanc: Ben. Tout le monde se tourna vers lui et Paul se leva brusquement et lui dit:
« Pourquoi t'as pas voté? Tu nous freines, tu le sais, non?»
- Vous n'avez qu'à diriger ensemble, répondit-il en se tournant vers l'ensemble du groupe, car c'est toujours mieux d'avoir deux points de vue quand il faut prendre une décision, non?
Ben se leva, une cigarette à la main. Il marcha vers un endroit un peu éloigné du feu et l'alluma. Quelques secondes plus tard, celle-ci fut éteinte par le vent. Alors qu'il s'apprêtait à prendre une taf, le vent caressa son visage et l'éteignit immédiatement. Ben comprit très vite que la tempête de sable venait de commencer et allait bientôt atteindre le camp.
Les onze jeunes se dirigèrent vers l'intérieur de l'hélicoptère. Paul, lui, décida d'aller faire un tour autour de l'hélicoptère afin de voir comment les techniciens avançaient dans leur travail qui semblaient étrangement leur prendre énormément de temps. Quelques minutes plus tard, alors que les jeunes jouaient paisiblement aux cartes, celui-ci revint les mains pleines.
En effet, il traînait à l'aide de ses deux mains le cadavre de l'un des techniciens. Ben comprit que l'homme avait été effrayé par quelque chose ou quelqu'un, vu la pâleur de son visage ensanglanté. Toute sa peau était rouge de sang. Il s'était fait touché par plusieurs fléchettes, au moins une vingtaine.
« Nous ne sommes pas seuls, apparemment. Tom, garde la porte. Sam et Oscar, montez en haut avec les filles-»
Paul fut interrompu par Marie, qui lui fit une remarque ironique:
« Paul, je te rappelle que tu n'es pas le seul aux commandes ici. Luna et Jeanne, placez vous ici et visez la porte au cas où Tom aurait des ennuis. Anne montera avec moi. De plus, je souhaiterais rappeler qu'il y a une personne parmi nous qui possède une arme à fléchettes. »
Tout le monde se tourna vers Ben. Celui-ci regarda sa ceinture et remarqua que son arme était toujours là, chargée au maximum. Paniqué et innocent, il tenta de se défendre:
« Mes fléchettes sont rouges et ne tuent pas; elles endorment les victimes. »
- Il dit la vérité. Jeanne peut aussi le confirmer, affirma Léonardo, préoccupé pour son ami.
- C'est vrai, confirma Jeanne.
Paul soupira face à la remarque inutile de Marie et reprit:
« Leonardo et Ben, avec moi. »
Ben sortit son arme de poing et Léonardo sa hache. Ils se dirigèrent vers la sortie, suivant les pas de leur chef de camp. Il faisait très sec dehors. La tempête de sable avait éteint le feu et on ne pouvait plus rien entendre dans les environs. Leurs pas, néanmoins, laissaient d'énormes traces dans la neige chaude. Ils marchèrent une dizaine de minutes dans le périmètre, mais ils ne trouvèrent rien ni personne. C'était un lieu si plat qu'ils pourraient apercevoir quelqu'un situé à plusieurs kilomètres de leur position. Alors qu'ils s'apprêtaient à retourner à l'hélicoptère, Leonardo poussa un petit gémissement.
« Non! », cria Ben, sûr du fait que son ami italien venait de se faire toucher.
Ben se pressa de rattraper son camarade qui était sur le point de s'effondrer. Il le serra fort dans ses bras. Celui-ci venait de se prendre une flèche dans l'estomac. Ben se tourna vers Paul qui cherchait le tueur, frustré de ne voir absolument personne. Depuis l'une des fenêtres de l'hélicoptère, Anne demanda:
« Tout va bien? On a entendu un hurlement? »
- Léonardo vient de se faire toucher, répondit Ben, contemplant la profonde blessure de son ami.
- On arrive, s'exclama Anne, sur le point de mettre le reste du groupe au courant.
- Surtout pas! Restez à l'intérieur, ordonna Ben, qui pensait maîtriser la situation.
Anne obéit sans poser de questions. Paul s'avança vers les deux hommes.
« Il n'y a rien. Le désert porte bien son nom, ma parole! C'est quoi cette connerie-», marmonna Paul.
Paul s'effondra, la tête tournée vers ses deux camarades. La gorge transpercée, il poussa un dernier soupir avant de s'éteindre pour toujours.
« Putain! Attends là. Ne bouges pas! Que dis-je, tu n'irais pas bien loin, de toute façon! Tiens bon, Léo! Restes avec moi, hein!», implora Ben à son camarade de chambre.
Une silhouette venait de faire son apparition. Ben visa la chose avec son arme de poing et appuya plusieurs fois sur la gâchette. Rien ne se passa. Ben scruta son arme. Il était maudit. La silhouette se mit à courir vers lui et Ben perdit foi en lui même. Toutefois, dans le feu de l'action et dans un élan de folie, il attrapa la hache de son ami et la fit virevolter vers le meurtrier. Celui-ci s'écrasa en arrière, à deux mètres du jeune homme. Le jeune homme vint vérifier qui était la personne. La vérité, c'est que ce n'était personne. Quand Ben posa sa main sur son corps, la personne s'évapora. Un Nuage.
Ben porta Léonardo sur son dos jusqu'à l'hélicoptère. Arrivé à l'intérieur, il ordonna:
« Fermez tout! »
Tom se rua sur le levier et l'activa. La porte se referma. Ils étaient en sécurité, mais pour un temps limité.
« Ramenez-moi la trousse de soin. Maintenant! », ordonna Ben.
Luna arriva avec le matériel nécessaire à la survie de Léonardo. Il était dans un état atroce, le sang dégoulinant de son ventre. Ils l'allongèrent sur les sièges et Luna poussa les autres soldats afin de s'occuper de l'italien.
« J'étais infirmière, quand je vivais encore sur Terre. Laissez moi faire. », proposa Luna.
Ben acquiesça et Luna se mit au travail. Léonardo ouvrit doucement les yeux. Les regards des deux jeunes se croisèrent. Luna lui sourit et Léonardo lui sourit en retour.
« Concentres toi sur ta respiration plutôt que sur elle, Léo. », dit Ben, ayant remarqué le jeu de regards entre les deux mercenaires.
Léo ricana et ferma ses yeux, épuisé. Ben s'avança vers la fenêtre. Le corps de Paul fut dépouillé par trois sbires du terrible dieu du vent. Ils n'étaient plus seuls. Ventis ne devait pas être loin.
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