~VII~

La nuit fut mouvementée. Ben n'arrivait pas à bien dormir suite à cet événement, perturbé par la scène ensanglanté. Comment est-ce que quelqu'un pouvait tuer quelqu'un aussi froidement? Comment est-ce qu'une personne pouvait éliminer quelqu'un d'une telle manière, sans remords et avec une telle fierté? Batalla aurait pu rater son tir. Pourtant, il a choisi de viser et la balle a fini dans la tête de numéro 20. De plus, ils n'étaient maintenant plus que 99.

Ben tenta plusieurs positions pour s'endormir. Il tenta de s'allonger sur le ventre, sur le dos, sur le côté... Mais rien ne marcha. Après l'entraînement, les sbires de Batalla confièrent une arme à chaque soldat. La même arme utilisée pour l'entraînement, offerte avec un chargeur seulement. De toute manière, elle n'allait servir à rien dans le dortoir. C'était sur le terrain qu'ils en aurait besoin.

Une porte s'ouvrit à l'extérieur. Ben pensa qu'il avait trouvé un compagnon d'insomnie avec lequel discuter, donc il s'avança vers la porte afin de jeter un coup d'oeil à travers la fenêtre. Léonardo ronflait et dormait profondément. Ben ne voulait surtout pas le réveiller. Il y avait une lampe qui venait de s'allumer dans la chambre 12. La porte de celle-ci était entrouverte. Ben vit une silhouette noire bouger dans la chambre. Soudain, il y eut des bruits étranges. Quelqu'un sanglotait et Ben crut entendre une voix masculine. Quelque chose d'étrange était en train de se préparer. Le jeune fermier ressentit de l'insécurité, mais resta totalement calme.

Tout à coup, un bruit sourd enveloppa le silence. Le son était devenu familier aux oreilles de Ben depuis quelques heures. Il reconnut vite un coup de feu. Les yeux de Ben s'agrandirent. Il se mit à trembler tout en reculant vers son lit. Il se tourna vers Léonardo et décida de le réveiller car il fallait agir de suite. Il remua le corps de son camarade de chambre. Celui-ci se réveilla en sursaut et chuchota à Ben:

« Qu'est-ce qui t'arrive? T'es malade ou quoi? »

- Pas le temps de t'expliquer. Viens m'aider, répondit Ben.

Les deux hommes se ruèrent vers la porte. Ben attrapa son arme qui était posée sur la table et mit le chargeur dedans. Il enleva la sécurité tout en agrippant la poignée de l'entrée avec sa main droite.

« Je n'ai pas envie de jouer aux héros, mais un gars vient de tirer sur quelqu'un et il faut qu'on agisse immédiatement. J'ai un plan. A partir du moment où l'on sort de cette chambre, il va falloir être discrets. Si tu ne comprends rien, et je peux le comprendre, jète un coup d'oeil à la chambre 12 et tu remarqueras qu'il y a un mec qui se balade avec une arme, il suffit de voir son ombre grâce à la lampe. Il y a un mort, Léo, et cet homme est un terroriste. », ajouta Ben afin d'aider Léonardo à comprendre.

Léonardo vérifia les constatations de son ami. La lumière était effectivement allumée et la porte grande ouverte. Il acquiesça, démontrant qu'il participerait volontiers à cette « contre-attaque » improvisée.

Ben poussa légèrement la porte et la referma immédiatement en voyant la porte de la chambre 12 s'ouvrir davantage. La silhouette était en train de devenir de plus en plus imposante, puis, quelques secondes plus tard, la personne était dans le hall. Elle portait un pull et une cagoule noire. Elle brandissait effectivement une arme à feu. L'individu toqua à la porte de la chambre 13. La lumière s'alluma. L'un du duo s'avança vers la porte et l'ouvrit. Elle n'eut pas le temps d'agir ni de réagir. Son compagnon de chambre eut le même tragique sort.

Ben eut un déclic. Il sentit une sorte d'énergie qui se mélangeait à son sang. Une adrénaline surhumaine. Il oublia totalement le plan et décida de pousser la porte grande ouverte et de viser l'inconnu qui se trouvait à l'autre bout de la salle. Il cria:

« Arrêtes toi! Poses ton arme et mets les mains derrière la tête. Agenouilles toi! Ne m'obliges surtout pas à tirer. », suggéra Ben au terroriste, les mains tremblantes.

L'homme resta figé. Il fixait le mur de la chambre 13. Il se retourna légèrement tout en mettant ses bras en l'air, l'arme dans la main gauche. Quelque chose ne tournait pas rond. Ça ne pouvait pas être aussi simple.

Soudain, deux portes s'ouvrirent. Deux hommes sortirent de la chambre 4 et 19. Ils étaient armés, eux aussi. Ils visèrent Ben. Des complices du premier criminel. Le terroriste baissa ses bras et se mit à viser Ben. Il se dirigea calmement vers la chambre 14. Le jeune fermier était fou de rage. L'un des terroristes courut vers la chambre 32. La chambre opposée à celle de Ben et Léonardo.

Celui qui se dirigeait vers la chambre 32, matriculé 37, était le plus déterminé des trois, même s'ils l'étaient tous. Il posa sa main sur la poignée et ouvrit la porte doucement. Il scruta l'intérieur de droite à gauche. Il se tourna vers son collègue de la chambre 4 pour lui indiquer que les gens dormaient. C'était donc le moment pour eux d'agir.

En se retournant, une balle perfora le derrière de sa tête. Il s'écrasa sur le sol du dortoir, bientôt recouvert de son sang chaud. Une personne sortit de la chambre 32. Une femme. Elle visa le terroriste de la chambre 4 en lui donnant nulle chance de tirer. Celui-ci se cogna contre le mur et s'effondra. Le dernier terroriste se tourna vers elle et cria:

« Pour l'Insurrection! »

Il visa la femme et tira. Heureusement, il avait raté son coup. Il jeta son arme par terre et se rua vers elle. La guerrière tenta de l'achever, mais son arme avait un cours-circuit. Elle appuya plusieurs fois sur la gâchette mais rien ne se passa. Elle ferma ses yeux désespérément.

Un corps s'effondra devant elle. Un tir avait été déclenché. Ben retira son œil droit du viseur et contempla la scène. En plein dans l'estomac. L'homme affaibli rampa vers la jeune femme et lui attrapa le pied. Il lui dit:

« Tu as choisi le mauvais camp, ma belle. »

- Je n'ai pas choisi mon camp, répondit la jeune femme matriculée 64, en pointant l'individu, prête à tirer.

L'homme cracha un peu de sang et se retourna sur son dos. Il affirma à Ben, un sourire aux lèvres:

« Joli tir. T'aurais pu viser un peu plus haut, non? Bigleux... », ajouta t'il, essoufflé, se moquant ouvertement de la personne qui venait de l'affaiblir.

- Qui t'envoie? Sûrement pas Créos, demanda Léonardo, qui venait tout juste de sortir de la chambre qu'il partageait avec Ben.

Le jeune assassin se mit à respirer fortement et de manière continue. Il simulait le vent. Il se mit à rigoler après cette devinette ridicule. Ventis.

« Il nous a sauvé. Il a vu en nous ce que personne n'avait remarqué avant. C'est tout ce que vous devez savoir. Ah, et, n'oubliez pas de cracher sur Batalla de ma part. Cette victime ne sait même pas que son système de formation est stupide et mal sécurisé. Il n'arrive même pas à reconnaître ses anciens soldats! Quel pathétique petit fils de - »

La tête de l'anarchiste retomba. Il était inanimé. Au bout de la salle, un grand homme brandissait une arme. Le canon dégageait une fumée. C'était Batalla. Il avait tout entendu. Il avait tout vu.

« C'était John, un soldat brillant de l'escouade Prague. Visiblement, il a survécu à la mission sur Trakna. », annonça le sous-dieu, tout en s'accroupissant près de la victime de son coup de feu.

Tous les mercenaires étaient sortis de leurs chambres pour admirer la scène. Le hall s'était éclairé. Batalla continua:

« Leçon numéro un. Les faibles et les traitres n'ont rien à faire ici. Quand on est choisis pour ce genre de missions, c'est parce qu'on est spéciaux et surtout fidèles. Il y a parfois des erreurs, comme vous avez pu le voir à l'entraînement et ici Je suis triste pour la mort des trois individus ce soir. Qu'ils reposent en paix. Nous analyserons la scène en détails. 13, 14 et 64, je veux vous voir devant mon bureau au 6éme étage dans une heure. Les autres, reposez vous. Une grande journée vous attend demain. »

Tout le monde obéit à l'ordre. Ben retourna dans sa chambre. Une convocation? Il ne savait pas comment l'interpréter. Quoiqu'il arrive, il pouvait dorénavant essayer d'en savoir plus sur cette mystérieuse fille qui occupait la chambre 32.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top