La pluie tombait lourdement ce soir-là, brouillant les contours de la ville. Aya avançait, le regard rivé sur le sol, tentant d'ignorer le poids de ses pensées. Chaque pas résonnait comme un rappel cruel de la situation dans laquelle elle se trouvait. La vie ne l'avait pas épargnée, et malgré ses efforts, elle n'avait pas réussi à éviter cette route qui la menait droit vers l'inconnu.

Son arrivée à l'établissement fut marquée par un mélange de nervosité et de résignation. La façade imposante du bâtiment, aux fenêtres illuminées, semblait presque ironique dans sa splendeur. Aya serra les poings, inspirant profondément avant de pousser la porte. À l'intérieur, tout était différent. Les rires, les murmures et les regards scrutateurs formaient une atmosphère suffocante. Elle se sentait déjà étrangère, comme une pièce qui ne trouvait pas sa place dans ce puzzle complexe.

C'est là qu'elle rencontra Madame Tanaka, la responsable de l'établissement. Une femme au visage dur, marqué par les années, mais dont le regard perçant ne laissait aucune place à l'erreur. Aya sentit son cœur s'emballer tandis que la femme l'observait de haut en bas.

- Ici, on ne fait pas d'erreurs, lança Madame Tanaka, d'un ton tranchant. Si tu veux t'en sortir, il va falloir apprendre vite.

Aya acquiesça timidement, avalant ses mots. Ce n'était pas le moment de se montrer faible, même si elle sentait la honte l'envahir.

Les premiers jours furent un véritable tourbillon. Chaque minute passée dans cet endroit semblait la dépouiller un peu plus de son identité. Les règles strictes, les regards critiques, et ce sentiment constant d'être évaluée en fonction de son apparence la laissaient vidée.

Pourtant, au milieu de ce chaos, un conflit intérieur naissait. Aya refusait de se résigner. Une petite voix en elle, presque imperceptible, lui rappelait qu'elle valait plus que cela. Mais cette voix était étouffée par ses doutes et ses peurs. Elle se demandait si elle arriverait un jour à retrouver celle qu'elle était avant, cette jeune fille pleine de rêves, ou si elle finirait par se perdre entièrement dans ce monde.

Une nuit, seule dans sa chambre, Aya laissa finalement les larmes couler. Elle comprit à ce moment-là qu'elle avait deux choix : se laisser écraser par cette vie ou se battre, même si le chemin pour y parvenir restait flou. Elle n'avait aucune idée de ce que l'avenir lui réservait, mais une chose était certaine : elle ne voulait pas disparaître. Pas comme ça.

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