Chapitre 8: Mélissa la mytho... ou pas?
C'est le jour J. The D Day. Dans quelques minutes nous aurons tous rendez-vous dans une grande pièce pour montrer le fruit de notre travail à nos camarades.
Je me repasse un peu de gloss sur mes lèvres et plisse ma jupe patineuse bleue, accompagnée d'une petite chemise blanche, légèrement transparente, dont j'ai retroussé les manches jusqu'au milieu des avant-bras. J'ai enfilé une paire de ballerines assorties et j'ai mis mes bracelets multicolores venant du Brésil. Je passe délicatement mes doigts dans mes cheveux et me les attache en chignon d'où quelques mèches s'échappent.
Je souris devant le résultat. C'est parfait. Enfin bon, le décor qui se compose de portes en bois grises couvertes de graffitis et l'odeur nauséabonde des toilettes ne se prête pas trop à me rendre irrésistible mais je fais avec.
Je repense à ma discussion la veille avec Jeanne. Elle avait presque hurlé comme une hystérique, partageant ma joie et ma bonne humeur. Et ce matin, Sébastien est venu me chercher en scooter comme à son habitude. Il a caressé ma joue avant de m'embrasser avec, me semble-t-il, plus de fougue que la veille.
Arrivés au lycée, je l'ai laissé aller avec ses amis et j'ai rejoint Jeanne. Nous avons passé les cours à ne parler que d'hier, et de la représentation qu'elle allait faire avec Alexandre. Puis le midi j'étais partie manger chez Mamie Grandy, en prenant le bus. Et autour d'un riz cantonnais, je lui avais tout raconté. Elle avait écoute ma tirade sans m'interrompre.
- Ce garçon te semble respectueux et honnête?
- Oui, je pense qu'il l'est.
- Alors ai confiance en ton choix.
Puis je l'avais embrassé avant de retourner au lycée. J'avais croisé Jeanne qui discutait avec Salomé, une amie de sa troupe de théâtre. Puis j'étais partie aux toilettes pour tenter de ressembler à quelque chose d'un peu plus sexy que ce que je suis.
Tout à coup, j'entends des rires de pouffe. Aucune confusion n'est possible: c'est bien Mélissa. Je fixe mon attention sur le miroir qui me renvoie un reflet dévoré par l'angoisse. J'appuie sur mes lunettes, comme si ce simple geste suffirait à me camoufler de ses yeux noisettes haineux ou à me faire passer pour quelqu'un d'autre.
Mais la peste semble trop absorbée par une conversation avec une petite rousse pour me remarquer. Encore une de ces filles que Mélissa utilisait comme bouche-trous avant de les abandonner. Et croyez moi, j'en avais l'expérience. C'est franchement pas agréable.
Elle ricane.
- Crois moi quand cette petite geek apprendra la vérité elle va tomber dans les pommes.
- Tu crois que Sébastien pourrait faire un truc pareil? s'étonne la rouquine, scandalisée.
- Bien sûr ! confirme Mélissa.
Si la discussion n'avait pas été tournée autour de moi et Sébastien, je serais sortie des toilettes avant même que la peste au tie and dye rose ne s'en rende compte.
- C'est tellement affreux! murmure son interlocutrice.
- Pas tellement! En même temps je comprends mon petit copain: il ne veut pas se taper une mauvaise note à cause de cette nerd. Quoi de plus normal que de faire ce qu'il a fait?
Comment ça SON PETIT COPAIN?! Je commence à voir rouge. Elle poursuit son monologue, heureuse de raconter sa vie à la rousse.
- C'est facile, j'ai fait de même l'année dernière avec un pauvre mec: je l'ai dragué puis embrassé. Et dès que je n'ai plus eu besoin de lui, je m'en suis débarrassée. À l'exception que...
- Que quoi? s'impatiente son "amie"
- À l'exception que de une, Seb' sort en même temps avec moi et que de deux, on couche ensemble.
- Comment?! s'écrie la rouquine, faisant écho à mes pensées.
- Eh oui! Tu vois hier, après s'être rendu chez Cassandre et l'avoir embrassé pour la rendre total à fond sur lui aujourd'hui et avoir une bonne note en théâtre, il est venu chez moi. Mon père était absent. Là, il ne m'a même pas dis bonjour ou quoi que ce soit: il m'a entraîné dans ma chambre, m'a plaqué contre un mur etc, etc... Je te dis pas comment je l'ai rassasié... Enfin bref, il a besoin d'une vraie nana qui gère au lit et pas d'une stupide intello!
- La pauvre!
Je ne laisse même pas le temps à la rouquine me défendre davantage que je sors en courant de mon refuge. Comme par hasard je tombe nez à nez avec Jeanne et me jette dans ses bras.
- Ouiiin!!!!
- Que t'arrive-t-il Cassandre?
- Y a... Y a... Y a Sébastien qui s'amuse à me draguer puis il va imiter les scènes de 50 nuances de Grey dans la chambre de Mélissa!
Et comme par magie, l'intéressé se pointe devant ma meilleure amie et se reçoit illico une gifle retentissante de sa part.
- Qu'est ce qui a?
- ESPÈCE DE SALOPARD! hurle Jeanne, telle une démente. TU CHARMES CASSANDRE PUIS APRÈS TU COUCHES AVEC CETTE TRAÎNÉE DE MÉLISSA !?
- Wow. Je, quoi? répond-il, abasourdi.
Je respire un grand coup avant de répéter les informations que Mélissa à balancer aux toilettes. Plus j'avance dans mon récit, plus ses yeux s'arrondissent. Je me demande s'ils ne vont pas finir par tomber. Lorsque je termine, il n'a pas le temps d'en placer une que la sonnerie nous annonce que je cours droit à ma perte.
Jeanne m'entraîne furibonde vers une immense salle aux murs blancs, avec de grandes vitres laissant passer les rayons du soleil. Une scène gigantesque est placée vers le fond. Elle est encadrée de larges rideaux en velours rouge. Sur le côté, des panneaux blancs, hauts de deux mètres, cachent les portes des loges et permettent l'entrée en scène discrète des acteurs. On aperçoit tout un réseau de projecteurs, mobiles ou non, aux teintes jaunes, rouges, bleues, vertes ou encore normales, permettant de projeter des ombres disproportionnées ou de mettre en valeur un tout petit détail d'un acteur. Une centaine de chaises confortables sont parfaitement alignées en plusieurs rangées.
Cet endroit me laisse bouche bée. Je sais pertinemment que dans cet établissement, il y a une très grande section artistique composée de cours de danse, de musique, de chant, de théâtre ou encore de cinéma. Mais jamais encore je n'étais entrée dans ce complexe merveilleux. Notre professeur nous accueille chaleureusement et nous montre un tableau où est inscrit notre ordre de passage, nous permettant ainsi de nous préparer sans prendre trop de retard. Notre temps est compté.
Ma gorge se serre. Nous sommes les troisièmes à passer. Sébastien me rejoint, embarrassé également. Je lui lance un regard déçue avant d'aller m'asseoir au fond de la salle pour voir le premier groupe passer. Je remonte mes genoux jusqu'à ma poitrine et enroulé mes bras autour de mes cuisses.
Il m'a menti. Trahit. Je suis blessée. Profondément.
Qui peut faire une chose pareille? Il m'a utilisé, a voulu me rendre amoureuse de lui pour que je sois convaincante aujourd'hui. Suis-je si nulle que ça? Je mérite vraiment une personne qui se sert de moi comme unique source de gloire? Pour qu'on lui dise "Mais comment as-tu fait pour rendre cette godiche de Cassandre aussi naturelle sur scène?" Pour s'attribuer un trophée obtenu grâce à la tromperie?
- On doit se préparer, me glisse-t-il à l'oreille en me tapotant légèrement l'épaule.
Sans lui accorder un regard je me lève et rejoins notre loge. Il me suit et ferme la porte blanche derrière lui.
Pendant ce temps, j'admire la petite pièce: le sol est en parquet et les murs de couleur blanche. Il y a deux petites cabines pour se changer à l'abri des regards indiscrets et entre elles, de grandes étagères pleines à craquer d'accessoires divers, de maquillage spécial, de costumes... Sur le côté gauche, deux grands miroirs sont côte à côte avec une grande table devant et deux chaises. Juste en face, il y a un grand sofa bleu.
On toque. Je sursaute sur le coup et mon partenaire ouvre immédiatement. Notre professeur se tient là.
- Il y a un petit changement, vous ne passez que dans dix minutes car Callie à un rendez vous chez le médecin et passe plus tôt pour éviter d'être en retard. Remerciez la, ça vous laisse du temps pour réviser!
Sur ce, il claque la porte et nous laisse seuls. Je retiens les larmes que j'ai coincé au fond de la gorge.
- Cassandre.
- Quoi? je réponds d'une voix sèche et cassante.
- Je ne l'aime pas et je couche encore moins avec elle. C'est une menteuse. Ça fait plusieurs fois qu'elle dit à des personnes que nous sommes ensemble, mais ce n'est pas vrai. Elle est superficielle, égoïste et sans coeur. Je n'aime que toi.
Je perçois dans sa voix un petit tremblement.
- Co ... Comment en être sûre?
- Je vais te montrer.
Sa voix est devenue rauque. Il s'approche de moi, son corps presque collé au mien.
Il passe sa main dans le creux de mon cou, fais glisser ses doigts sous mon menton et me relève ainsi la tête. Je l'admire, si beau, si séducteur. Je me laisse sombrer dans ses yeux verts exceptionnels. J'y décèle une pointe de tristesse et de fatigue.
J'ai eu tort de croire Mélissa. Ça n'est pas la première fois qu'elle ment pour saper le morale de quelqu'un. Alors je me mets sur la pointe des pieds et embrasse mon petit ami tendrement. Ses lèvres sont douces, pleines et agréables. Et oui je sais qu'en disant ça dans ma tête, on pourrait croire que je fais une pub pour un pot de yaourt La Laitière. En plus, je parle seule!
Sébastien coupe court à mon dialogue intérieur en me rendant mon baiser, avec passion. Ses mains se posent sur mes hanches et me pressent contre lui. Quant à moi, je passe mes doigts dans ses cheveux et joue avec quelques mèches folles. Mon coeur est gonflé à bloc, je me sens légère comme une plume. Je lui plais. Et j'en suis ravie.
- Hum hum.
Nous sursautons ensemble, et par réflexe, mon petit ami me serre contre lui, pour me protéger d'un quelquonque danger. Or le danger s'appelle Mr Dupont.
- C'est à vous dans deux minutes, dit-il simplement, une lueur de malice brillant dans son regard.
Je me sens devenir rouge écarlate avant de tourner la tête vers Sébastien. Et là, ça me frappe, comme un coup de tonnerre.
Comme toutes les filles, j'étais tombée sous son charme grâce à ses manières désuets (ouvrir la porte aux filles, leur porter leurs affaires si elles ployaient sous les livres ect ect ...), et parce que aussi (et surtout) il est super canon. C'est un beau mec.
Mais pas là. Ce n'est plus un adolescent à la peau sans imperfections et aux manières charmantes.
C'est un homme. Viril et incroyablement sexy. Ses mains sont fermes contre ma peau, son regard est passé du pauvre garçon blessé à celui de quelqu'un emplit d'un désir brûlant de m'embrasser. Avant de se séparer de moi, il me donne un petit baiser dans le cou. Mes jambes tremblent.
Oh mon dieu, je suis amoureuse!
Chapitre 8 bouclé! J'ai mis deux jours à l'écrire alors que d'habitude en deux heures j'en termine un! Seulement celui-ci a mis plus de temps! Car je voulais qu'il soit plus... Réaliste. J'ai cherché les mots et j'ai vraiment fouillé au fond de mon âme pour trouver les sentiments qui nous habitent lorsque qu'on se fait embrasser!
Je suis flippante nan?
Un gros merci, + de 400 vues c'est génial, merci pour tout!!!
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