Chapitre 22: Soirée mouvementée et bi déprimée


- Bisous maman, je vais dormir chez Jeanne!

- Oui, oui... Ne rentre pas trop tard demain après-midi, tu as ta valise à préparer pour tes vacances avec ton père!

Je sors de chez moi mon sac à l'épaule. J'ai tout ce qu'il me faut: trousse de toilette, mon pyjama, un paquet de chips goût barbecue... Et bien sûr mon maquillage et ma tenue pour ce soir. Je prie silencieusement pour que ma mère, pour une raison incongrue, ne décide pas d'appeler la mère de Jeanne!

Je descends les escaliers et quitte mon immeuble, les jambes en coton. J'arrive non loin de l'arrêt de bus et attends patiemment la venue du véhicule. Quand il arrive, je monte dedans tel un automate, paye mon trajet et m'assois vers le fond. Je sors mon IPhone de ma poche et envoie rapidement un message à ma meilleure amie, la prévenant que je serai là dans une poignée de minutes.

Convaincre ma mère n'avait pas été si difficile en fait. Vu que son doux Paul l'avait invité au cinéma ce soir là. Comme ça, ils feront leurs trucs pas catholiques si ça leur plaient, moi je serai tranquille à chanter ce soir avec mon amoureux.

Sébastien... La dernière fois, il m'avait fait un peu la tête parce que sous ses yeux, j'avais fait la bise à Guillaume, ce qui lui avait moyennement plu. En même temps, il s'était foutu de moi: je peux employer des expressions de vieille si ça me chante! Et puis, je l'avais vu parler avec Mélissa. Depuis nous nous étions réconciliés, et n'avions pas reparlé de cette mini crise de couple. Néanmoins, savoir qu'il parlait à cette fille que je n'arrive pas à encadrer m'énerve au plus haut point. Je me promets de lui en parler ce soir, après le petit concert. La communication, c'est important dans un couple!

Je me rends compte que j'arrive non loin de l'arrêt et commence à m'approcher des portes. Au moment de descendre, j'entends quelqu'un m'appeler.

- HEY CASSANDRE!

Je frôle l'arrêt cardiaque. La surprise est si grande que je glisse et tombe en avant. Je m'étale lamentablement de tout mon long sur le trottoir. Le chauffeur du bus referme les portes et s'en va, sans chercher à savoir si je suis morte ou pas. Suis-je morte d'ailleurs? Dieu, c'est toi que je vois là? Mais qu'est ce que tu fais avec des lunettes de soleil, et un slip de bain? ON EST AU MOIS D'OCTOBRE!

Ah mais c'est pas Dieu ça, c'est Leonardo Di Caprio dans le filme La Plage. Je me disais aussi que cet homme était beau... comme un dieu.

J'entends quelqu'un s'étrangler de rire. J'essaye de redresser ma tête et vois entre les mèches de mes cheveux une fille aux cheveux rouges et blonds, au look ultra rock et avec un trait d'eyeliner qui aurait rendu jalouse Amy Winehouse.

Notre chère, tendre et douce Shiva.

En tentant de me redresser pour aller lui botter les fesses puis à la rigueur lui faire la bise, j'appuie mes jointures sur mon menton. Aïe! Il me semble qu'en tombant, je me suis tapée le menton contre le goudron. Je vais avoir un joli hématome maintenant!

- Eh la sataniste, ramène tes talons par là et file moi un coup de main! lancé-je, en essayant péniblement de me relever.   

Elle s'avance vers moi, tout en gloussant comme une malade. Une vraie tarée. Mais je l'aime bien sinon.

Arrivée à ma hauteur (enfin hauteur... je suis toujours par terre) , elle se penche et prend mon sac qu'elle met sur son dos.

- Allez, bouge, on va chez Jeanne!

Je me relève donc péniblement et sans son aide et lui emboîte le pas. Je boitille légèrement et mon menton me fait toujours un mal de chien. Quand soudain, mes neurones se reconnectent.

- Comment ça se fait que tu saches où vit Jeanne?

- Bah elle sort avec mon frère!

QUOI?! Tristan est le frère de Lau... Shiva! Mon Dieu, je pense qu'elle est dans de beaux draps... Sébastien! Il a rencontré Axelle et peut-être connaît-il Tristan! Aïe aïe aïe! C'est plutôt mauvais pour elle, surtout s'il s'en rend compte.

Préoccupée et souffrante du menton, je suis le plus rapidement possible la rockeuse dégénérée qui avance plus vite que Garfield quand il voit une pile de linge sale.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant la porte de Jeanne. Nous sonnons une fois, deux fois, trois fois. Pas de réponse. Et mince, ça se trouve elle s'est fait démembrer par Axelle ayant surprise Jeanne avec Tristan et ce dernier l'a étranglé car elle l'a trompé avant que...

La porte s'ouvre devant nous et ma meilleure amie apparaît, habillée d'une chemise blanche et d'un pantalon en jean brut, tout rappé et déchiré de partout partout. 

- Tu t'es battue contre un tigre?  demandé-je innocemment. 

Elle se contente de secouer la tête avec un air qui veut dire "pauvre enfant, elle est vraiment débile...". Avant de fixer mon menton.

A la suite de Shiva, j'entre dans l'appartement de ma meilleure amie. Quelque chose m'interpelle aussitôt.

- Ta mère n'est pas là?

Elle m'adresse un petit sourire.

- Non, elle se fait un petit resto indien avec mon père... Elle ne rentrera probablement pas avant je ne sais quelle heure!

J'espère que le bar dans lequel nous allons chanter ne s'avère pas en fait servir des plats indiens. Shiva s'installe confortablement dans le canapé de son salon et moi, je m'éclipse dans la salle de bain. Opération "se préparer pour un concert" enclenchée! Je me change et enfile le petit haut doré que Sébastien m'avait offert pour la fête d'Alexandre, ainsi qu'un jean brut et mon blazer fétiche: simple et classe à la fois. Et alors que je tente de me faire un trait d'eye-liner, Jeanne entre dans la salle de bains. Automatiquement, je mets un bras devant ma poitrine.

- Eh, tu peux toquer avant d'entrer! protesté-je.

-Rho, ça va, t'es habillée non?

Je secoue la tête avant de me tourner vers elle. Elle me paraît soucieuse.

- Je vais quitter Axelle et Tristan.

La nouvelle fait mouche: je lâche le tube de cosmétique qui tombe piteusement par terre. J'ai raté un épisode ou quoi? Il y a deux jours, elle les aimait tous les deux et là, elle veut les larguer.

- T'as tes règles?

C'est la seule chose qui expliquerait ce retournement de situation inattendue. Elle me dévisage étrangement.

- Non et puis même, ça te regarde pas! Quoiqu'il en soit j'ai décidé que c'était mieux ainsi: je ne ferai souffrir personne ainsi.

Je roule des yeux.

- Tu peux aussi prendre une décision! Parce que là, ce n'est pas à une personne que tu vas faire du mal, mais à trois. Et il est or de question que tu passes quinze ans à chougner en disant que tu aurais dû rester avec un tel ou je ne sais qui!

- C'est pas si simple!

Je la vois serrer des poings et ses yeux s'emplir de larmes.

- Tout ce bordel me définis aussi: suis-je homo? Hétéro? Bi?  Je me cherche mais ne me trouve pas. Je ne peux pas continuer tout ça au risque de briser le cœur d'un d'eux si je me rends compte que je me trompe!

Je secoue la tête, en signe de désapprobation.

- Tu sais déjà qui tu es: tu t'appelles Jeanne, tu es amoureuse. Tu aimes Axelle, autant que tu aimes Tristan. Tu vas choisir entre les deux lequel sera le mieux pour toi. Ou alors, si tu sais que tu sauras être assez forte, romps avec les deux. Mais fais bien attention: on ne joue avec les sentiments de personne compris?

Elle renifle, en signe d'approbation. Enfin je crois. Je connais Jeanne depuis des années et je sais qu'elle est une vraie girouette au niveau du cœur!

Elle se retire et je termine mon maquillage. Mon Dieu, me voilà à jouer  les conseillères en amour alors que moi-même j'aurais bien besoin d'aide. Sérieux, pourquoi c'est toujours au moins douée qu'on demande?

Trait d'eye-liner terminé! Ouais bon on dirait juste que celui-ci est moins épais... Mince, maintenant on dirait Amy Winehouse! Ou Shiva, j'hésite. Avec un coton-tige, j'essaye désespérément de rattraper le coup. Bof. Agacée, je laisse tomber. Il faudrait vraiment me fixer la paupière pour remarquer quelque chose. Enfin prête, je quitte la salle de bains, lunettes au nez.

- On y va? lancé-je, pleine d'entrain.

Shiva se lève du canapé et enlève ses écouteurs.

- Hein? fait-elle.

Comme réponse, je chausse mes ballerines. Jeanne met un blouson et Shiva... Bah rien du tout, elle est déjà prête à partir!


***


Une fois au bar, l'ambiance est loin d'être calme. Des dizaines de personnes sont là! Des gens que je connais de vue, d'autres non. Le groupe a réuni tous leurs amis! Génial! Comme ça j'aurais carrément un public pour se foutre de moi si je me plante!

- Hey mia bella.

Des bras entourent mes épaules et je rougis immédiatement. Sébastien se tourne vers moi et me souris avant de m'embrasser.

Je lui souris timidement en retour. Je nous sens observer de toutes parts et je ça me gêne un peu. Nous discutons un peu et du coin de l'œil, je vois Shiva s'éclipser discrètement vers son petit ami. Il faudrait vraiment qu'ils avouent un jour au reste du groupe qu'ils sont ensemble. Je ne pense pas que ça gênerait les autres non?

Jeanne part embrasser Tristan mais je ne la sens pas à l'aise. Elle regarde souvent ses mains et évite son regard. Pourtant Tristan ne relève rien. Du moins, à ce que je vois.

- Cassandre?

Je sors de mes déductions mentales et dévisage Sébastien. Il a les sourcils froncés.

- Tu n'as pas répondu à ma question.

- Qui était?

Il souffle, mécontent avant de répéter.

- Je te demandais ce que foutais l'autre connard de Guillaume ici! Et aussi pourquoi tu as le menton violet.

- Qu-quoi?

Il me montre un groupe de gars vers le fond où se dessine très clairement la silhouette du très beau brun. "Beau, très beau? Tu n'aurais pas un petit faible pour lui?" glisse la petite voix dans ma tête. Rhaa, on peut trouver quelqu'un très beau sans avoir un faible pour lui! Comme Rayane Bensetti! Il est beau, mais je rêve pas d'être dans ses bras! Saleté de petite voix!

- Je sais pas ce qu'il fait là moi! protesté-je, agacée. Y a des gens du lycée ici, il a dû les suivre, qu'est-ce que tu veux que je te dise!

- Ouais ouais, puis tu lui fais la bise comme ça, et là, je le vois débarquer. Tu me prendrais pas pour un abruti des fois?

Les lèvres pincées je me retiens de le frapper.

- C'est toi qui joue à l'imbécile! C'est juste un pote, rien de plus! Je t'ai bien vu parler plusieurs fois à Mélissa sans que je m'énerve!

- C'est pas pareil!

- COMMENT CA C'EST PAS PAREIL?

Tout le monde se tourne vers nous. Je ne me suis pas rendue compte que j'avais crié. Je lui lance un regard noir avant de partir là où Shiva s'est planquée pour voir Rob.

Je les trouve en train de se... Yerk c'est dégoûtant. En entendant quelqu'un arriver, Shiva s'est transformée en pro du karaté et fait un 180 les bras en mode défensive.

- Tout doux l'excitée, ce n'est que moi.

Elle me tire la langue. Le batteur pose une main rassurante sur les épaules de sa petite amie. Il m'adresse un petit sourire avant de me demander si c'est bien moi qui ai crié il y a quelques secondes. J'hoche la tête.

- On passe dans cinq minutes, avec toi au début. Donc va boire un coup, frappe ton copain puis respire, ça va bien se passer.

Il a raison, je ne vais pas m'énerver pour rien. Sébastien est juste un gros jaloux égoïste et moi une vraie chieuse.

Je m'assois dans un coin et je vois ma meilleure amie arriver. Elle s'installe à côté de moi.

- Guillaume est venu me dire bonjour devant Tristan. J'étais assez étonnée.

Je continue de l'écouter, au moins ça me distrais.

- Il est vraiment sympa Guillaume en fait. Il m'a demandé si tu ne te sentais pas trop stressé et tout le bazar qui va avec. Puis j'ai totalement zappé Tristan pendant qu'il me parlait. Puis j'étais vraiment pas à l'aise avec lui. Je pense qu'il faut qu'on se quitte. Même lui semblait distrait. Je crois que ça a jamais été bien sérieux entre nous. Puis tu sais, avec Axelle aussi je ne sais plus trop où j'en suis. Comme je te disais tout à l'heure, je pense les quitter tous les deux. Et peut-être que d'être seule me permettra de voir lequel des deux me manque le plus et là je saurais qui j'aime vraiment.

J'attends un peu avant de lui répondre.

- Fais attention de ne faire du mal à personne. Tu ne peux pas arriver et dire: "Hey! J'ai rompu avec toi, mais finalement j'ai encore des sentiments pour toi!". Pas sûr qu'Axelle ou Tristan le prennent bien.

Elle regarde devant elle, l'air absent.

- Ok. Je vais quitter les deux et tant pis. J'ai fait n'importe quoi. Puis, c'est mieux d'être célibataire.

J'ai compris. Elle est dans sa phase "je déprime". Rien à en tirer.

Le groupe passe devant moi.

- Allez j'y vais Jeannou, encourage moi par la pensée!

Elle me fait un petit clin d'œil et se relève avec moi avant de partir dans la direction opposée. Je monte à pas lourds sur la scène. Mon cœur bat à la chamade. Je me plante devant le micro. Je sens toute chaleur quitter mon corps. Le silence se fait pesant. Une guitare commence à jouer. Et comme un automate, je chante. Peu à peu, le trac disparaît et est remplacé par un espèce de bien-être. J'ai les yeux rivés sur ma meilleure amie, qui me sourit.  Mon regard glisse vers Guillaume, qui sourit tout autant. Puis... Oh, dites-moi que je rêve! Mélissa!

Je crois que c'est elle. Je crois distinguer son tie & dye rose. J'hallucine probablement: cette personne est dans la pénombre. Je suis juste encore un peu perturbée par ma petite dispute avec mon petit ami.

Je termine ma chanson, essoufflée. J'entends un tonnerre d'applaudissement. J'ai l'impression d'être sonnée; je viens vraiment de chanter ma chanson préférée d'Ed Sheeran?

J'adresse maladroitement un signe de tête au public avant de descendre de scène. Plusieurs personnes viennent me complimenter, d'autres me sourient simplement. Je m'assois au côté de ma meilleure amie qui me félicite en me serrant fort la main.

L'heure suivante passe rapidement. Le groupe de  Sébastien fait un véritable tabac. Ils ont un talent fou et dégagent tellement d'énergie! Quand leur concert touche à sa fin, je retourne sur scène pour une dernière chanson: "Pomme C" de Calogero.

Une version carrément plus rock'n'roll. J'adore.

Pomme, c'est un homme et une femme
Et c'est tout un programme
Un ciel artificiel
Pomme qui m'allume et qui me quitte
On s'aime trop vite

Nos vies, c'est le virtuel  

Je m'éclate comme une dingue. C'est encore plus tonique, plus... mordant.

Lorsque la chanson se termine, je suis en sueur. En sueur et le sourire plaqué aux lèvres. Je salue tout le monde en lâchant un dernier petit cri."Psychopathe". La ferme, la petite voix.

Je descends de scène et saute dans les bras de Jeanne. Cette fois, pleins de gens viennent me taper dans le dos, les visages se confondent, les rires se mélangent. Je remercie tout le monde, je me sens bien. Puis je me dégage de la foule et rejoins Guillaume, accoudé au bar. Qui me sourit simplement. Il me fait simplement la bise. Il est simplement un ami.

- Bon, je crois qu'on devrait aller voir Sébastien pour régler quelques différends non? dit-il avec un air complice.

Oh que oui!

Nous partons là où Shiva et Rob s'embrassaient tout à l'heure et là où Seb' s'est dirigé en descendant de scène. Il doit être avec les autres pour fêter ce moment de franc succès.

- T'sais Cassandre, faut que je te dise quelque chose. J'ai pas de sentiments pour toi; au début je voulais juste qu'on couche ensemble.

Je l'arrête et le regarde, choquée. Il éclate de rire avant de continuer:

- Quand même me dit pas que tu t'attendais à ce que je te chante la sérénade sous ton balcon une nuit de pleine lune!

C'est à mon tour de rire. De part son image grotesque mais parce que c'est vrai que je n'ai pas été très maligne. Nous nous remettons en marche.

- En fait, il y a une nana qui m'intéresse particulièrement. Mais rage pas hein! Si je te le dis, c'est que j'ai plus ou moins confiance en toi. C'est...

Je n'entends pas ce qu'il me dit. Mélissa serre Sébastien dans ses bras. Il a sa main posée sur ses cheveux et l'autre dans le creux de son dos.

Le son reste bloqué dans ma gorge; Guillaume étouffe un très gros juron. Sa main presse mon épaule.

- Sébastien.

Le mot s'est échappé de mes lèvres. Il lève les yeux vers moi et devient livide. Je détourne les talons et quitte l'endroit. Je sors carrément du bar et m'appuie contre un mur à l'extérieur. Avant de fondre piteusement en larmes.

- Eh, pleure pas.

Guillaume me prend dans ses bras. Je n'ai pas la force de le repousser ni de passer mes bras autour de lui. Je ne sais pas exactement ce que je veux. Je pose me tête contre son torse.

- Cassandre!

Je lève la tête vers l'autre imbécile d'italien. Il paraît mal. Evidemment, je viens de le prendre en flague avec l'autre poufiasse dans les bras! Heureusement qu'ils ne s'embrassaient pas, j'aurai pu les tuer.

Jeanne arrive juste derrière lui et le pousse pour s'approcher de moi. Guillaume lui cède sa place et s'avance vers celui qui vient de me trahir. Ma meilleure amie sèche mes larmes quand soudain des cris éclatent. Nous tournons la tête vers les garçons qui en sont venus aux mains. Shiva et le reste du groupe accourent dehors pour les séparer. Mais les deux garçons repoussent toute personne susceptible de les empêcher de réduire l'autre en bouillie.

J'enfouis mon visage dans la chevelure de ma meilleure amie, toute chamboulée.

Finalement le patron du bar sort et parvient à les séparer. Je les entends proférer des menaces à l'encontre de l'autre. Lorsque je redresse la tête, Sébastien a les yeux rouges et me regarde, un rictus de haine et de douleur plaqué sur le visage. Mélissa apparaît alors et le prend dans ses bras tout en me dévisageant avec mépris. Shiva plaque une main devant son visage, visiblement choquée. Jeanne quant à elle, se dégage de mon étreinte.

- Salope! crie-t-elle en avançant les poings serrés.

Guillaume la retient de justesse au moment où elle s'apprête à lui sauter dessus.

- Laisse-les Jeanne; ils n'en valent pas la peine. Partons.

Ils quittent les lieux, moi avec. Shiva et Rob se joignent à moi, tout en gardant une distance respectueuse avec le grand brun. Je crois que nous allons chez Jeanne. Et effectivement, nous arrivons devant chez elle. Pour la première fois depuis une dizaine de minutes je prends enfin la parole:

- Jeanne, je vais chercher mes affaires et rentrer chez moi.

Elle ne dit rien de plus. Les autres nous attendent à l'extérieur pendant que nous montons les quelques escaliers pour accéder à son chez-elle.

Une fois à l'intérieur, je me change et remets ma tenue du jour, rassemble mes affaires et envoie un message à ma mère pour lui dire que je rentre à la maison. Immédiatement, elle m'appelle.

- Allô ma chérie, ça va?

- Oui, oui. Je suis juste un peu malade. Je rentre à la maison, j'ai pas envie de vomir chez Jeanne.

- Je viens te chercher! Il n'est que neuf heures, le film n'a pas encore commencé, je vais annuler ma sortie avec Paul et...

Je la coupe aussitôt.

- Pas besoin maman. J'ai plus deux ans. Puis à ton avis je fais comment quand t'es pas là?

Ma réplique est cinglante et je la sens déstabilisée. Elle balbutie et dit que là ce n'est pas pareil, qu'elle peut être là pour moi. Facile à dire! Y a quelques jours, elle ne voulait pas que je sorte le soir parce qu'elle voulait passer un peu de temps avec  moi avant que je parte avec mon père. Mais dès que Paul l'a invité, hop! Aux oubliettes la soirée ensemble. Néanmoins, sa voix est pleine de remords et je m'en veux.

- Désolée maman. Ecoute, fais ce que tu veux, ce n'est rien. Je vais dormir et demain ça ira mieux. Je suis juste un peu fatiguée.

Rassurée, elle me donne quelques indications, comme où trouver des médicaments ou penser à lui envoyer un message toutes les demi-heure jusqu'à ce que je m'endorme. Elle me propose même d'appeler ma grand-mère pour qu'elle vienne me veiller. Je refuse avant de l'embrasser.

Lorsque je redescends, les deux rockeurs discutent vivement avec le "bad guy" comme aime bien le surnommer Jeanne par message.

Arrivées à leur hauteur, Shiva nous regarde toutes deux avant de me dire:

- Laisse le te parler. Je pense qu'il y a des choses que tu devrais savoir.

- Plus tard alors. Là j'ai en ai aucune envie.

"Peut-être tu n'en aurais plus jamais envie" lance la petite voix. Elle mérite un bâillon celle-ci.

Je les salue tous avant de rebrousser chemin. J'en ai pour combien de temps à pied? Un quart d'heure?

- Eh!

Je me retourne pour voir Guillaume qui me rattrape. Il a le nez en sang.

- Je te raccompagne. C'est pas sûr le soir.

J'accepte mollement sa proposition. Le trajet se fait en silence. Je me sens quand même plus rassurée d'avoir un gars comme lui à mes côtés. Je lui serai toujours reconnaissante pour ce soir: il m'a défendu, s'est pris un méchant pain dans le nez pour moi, et il me raccompagne devant chez moi. Puis ça fait tilt dans mon esprit: il s'est blessé!

- Monte chez moi, que je trouve un truc pour ton nez, lui proposé-je.

Il ne se fait pas prier et accepte volontiers. Puis le silence retombe.

 Nous pénétrons dans mon immeuble et montons les escaliers jusqu'à mon appartement. Garfield nous accueille en miaulant comme un lion. Guillaume se montre d'abord méfiant devant le matou puis finalement semble l'apprécier. Il s'accroupit vers lui et le caresse. Ce profiteur de chat se met à ronronner et se frotte aux genoux du garçon qui manque de trébucher. J'éclate de rire pour la première fois de la soirée et il m'adresse un sourire. Il se relève.

- Ton nez! Bon allons soignez ça!

Je le dirige vers la salle de bains et farfouille dans les tiroirs à la recherche de désinfectant. Je l'extirpe enfin d'une trousse et avec un coton, commence à nettoyer la plaie.

Mais personne n'arrivera à soigner celle que j'ai au cœur ce soir. Même Guillaume qui fait de son mieux pour me remonter le morale.

Quand il s'en va, je pars me coucher, la boule au ventre, et les larmes aux yeux.

C'est vraiment débile de se faire mener en bateau comme ça.


Bonjour! Voilà un gros chapitre pour compenser le temps que j'ai mis pour publier... On approche de la fin mes amis lecteurs!

Alors à votre avis, que va-t-il se passer?

Pour qui Guillaume a-t-il des sentiments?

La situation va-t-elle s'arranger entre Cassandre et son petit ami?

Et pour Jeanne?

Allez, je vous aime!







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