- Prêts? Allez!

La musique commence, assez assourdissante. Sébastien, juste vêtu d'un tee-shirt à manches courtes noir et d'un jean slim, est absolument craquant. Il frotte les cordes de sa guitare électrique, laisse ses doigts glisser sur le manche et semble complètement barjo: il sautille sur place, sa tête bougeant toute seule.

Oui, il vit à fond la musique.

Shiva à ses côtés s'éclate comme une dingue aussi. Un petit cri de joie lui échappe et elle sourit de toutes ses dents. De son côté, Rob ne la lâche pas du regard tout en s'appliquant dans son rôle de batteur.

Je fais rapidement le tour du reste du groupe que mon petit ami m'a présenté quelques minutes auparavant: Maxime, un gars de petite taille aux cheveux noirs et yeux verts qui se déchaîne sur son clavier et Sam, un grand brun aux iris noisettes et au teint mat, également à la guitare et devant le micro.

Don't wanna be an American idiot
Don't want a nation under the new media
And can you hear the sound of hysteria?
The subliminal mind fuck America

Welcome to a new kind of tension
All across the alien nation
Where everything isn't meant to be okay
Television dreams of tomorrow
We're not the ones who meant to follow
For that's enough to argue

Sébastien m'a dit que c'était une reprise d'un groupe de rock... Je n'arrive pas à me souvenir du nom... Black Day ou Green eyed peas?

Je me demande si je ne me mélange pas les pinceaux avec un autre groupe...

- Alors?

Je me lève d'un bon et les applaudis.

- C'était super! je m'exclame, le sourire aux lèvres. J'adore ta voix Sam!

Il hoche la tête.

- Allez, pause clope, vous l'avez bien mérité, lance-t-il aux autres.

Je m'avance vers Sébastien qui repose sa guitare. Je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse tendrement. Il répond à mon baiser, en m'enlaçant.

- Ouh, je m'en vais avant que vous commenciez à faire des bébés! crie Shiva en faisant la grimace.

Je lui tire la langue alors qu'elle descend en trombe les escaliers suivie des autres.

- On en était où nous? me demande mon petit ami en rapprochant son visage du mien. Au fait, ce pull te va à ravir.

Je souris devant le compliment. Mon pull en cachemire bordeaux. Un autre cadeau de mon papi. Brusquement, je vire cramoisi. Je le portais quand Guillaume m'avait glissé un chewing-gum dans la bouche. Je me dégage de l'étreinte de Sébastien et baisse la tête. Même si Guillaume ne me fait plus aucun effet, je ne peux m'empêcher de me sentir coupable.

- Mia cara, qu'est ce qu'il y a?

Il me soulève le menton à l'aide de son menton et de son index. J'ai envie de pleurer. J'ai envie de lui hurler au visage que je jalouse cette fille qui le fait changer du tout au tout lorsqu'il reçoit un message de sa part, que j'ai peur que notre histoire ne vaille pas le coup, que je suis désolée d'être une pareille maladroite et que je l'aime tellement fort que mon coeur est prêt à exploser. Pourtant je me tais et cligne plusieurs fois des yeux pour chasser mes larmes.

Je me sens idiote: il m'invite ici à venir le voir faire sa dernière grosse répétition avant leur petites tournées et je gâche ce moment avec mon coup de blues. Autant profiter de cette journée. Après, je m'en vais deux semaines chez mon père.

- C'est rien, répondé-je d'une voix mal assurée.

Je le prends par la main et lui souris faiblement. Il n'insiste pas plus à mon plus grand plaisir et se contente de me rendre mon sourire.

Nous sortons de la pièce, non sans avoir prit au préalable nos vestes. J'enfile la mienne en jean et lui la sienne en cuir. Puis nous descendons l'escalier et rejoignons les autres dehors. Je vois Shiva assise sur le sol, loin des garçons et décide d'aller la voir. Sébastien reste avec ses amis, ce qui m'arrange. J'avais besoin de parler seule à seule avec elle.

- Hey.

Je glisse contre le mur à ses côtés. Elle tire sur sa Malboro et laisse de la fumée s'échapper entre ses lèvres mi-closes. Elle passe une main derrière son bonnet gris et le replace du mieux qu'elle peut sur ses cheveux.

- Ça va? finit-elle par me demander sans tourner les yeux vers moi.

Il y a bien une chose que j'ai compris chez elle: elle déteste qu'on la colle ou qu'on soit trop familier avec elle. Ce n'est pas le genre de fille qui aime passer des heures à parler potins et ragots.

- Super. Et toi?

Elle hoche mollement la tête. Ça aussi c'est une autre chose que je sais d'elle: elle parle peu. Elle m'a expliqué par message que les mots sont fait pour aller à l'essentiel et pas tourner autour du pot pendant des heures.

- Dis, pourquoi Seb' peut pas être au courant pour ta relation avec Rob?

Elle me toise d'un oeil méfiant. Voyant que je ne cherche pas à la coincer, son expression se radoucit un peu.

- Ça foutrait le bazar dans le groupe, répond-t-elle, posant son mégot au sol. C'est pour préserver notre unité qu'on fait ça. Crois moi, c'est pas marrant tous les jours.

N'ayant jamais vécu de situation similaire, je ne peux pas lui dire que je la comprends. Mais j'imagine bien que ça doit être compliqué au quotidien et surtout très agaçant.

- Si tu veux savoir, ça fait pas loin de quatre mois qu'on est ensemble.

Je m'humecte les lèvres et étire mes jambes. Mon habituel jean "qui me fais des fesses d'enfer" selon Jeanne craque un peu. Comme d'habitude ces derniers temps. Je repense à ce complément fait par ma meilleure amie. Commet dois-je le prendre sachant qu'elle est attirée par les filles? Est-ce un vrai point de vue de meilleure amie ou une technique de drague?

Je remonte mes genoux jusqu'à mon menton et je reste silencieuse jusqu'à ce que Shiva daigne m'adresser la parole. Elle a beau être très gentille, je m'imagine mal dormir chez elle un soir. Ça doit être ennuyeux vu qu'elle ne pipe pas un mot.

- C'est ton vrai prénom Shiva ou...

Elle éclate de rire.

- Bonne question!

Elle se ressaisit avant d'ajouter:

- Non, en fait je m'appelle Laura...

Puis elle pose un doigt menaçant à l'ongle rouge sur ma poitrine.

-... Mais ne t'avise jamais de m'appeler comme ça en privé ou en public. Sinon, je t'achève.

Ne voulant pas passer à la moulinette sous ses bottines camels à talons, j'opine immédiatement. Elle me fait un clin d'oeil et sort une nouvelle cigarette de sa poche. Elle m'en tend une. Je la refuse poliment. Elle semble s'étonner.

- Toujours pas?

- Eh non, j'ai pas envie de me bousiller la santé moi!

Elle lève les yeux au ciel, comme on le ferait avec une petite enfant qui parle de son ami imaginaire pour la quatre-cent-dixième fois.

Au bout de deux minutes, n'y tenant plus, je relance la conversation.

- J'aime beaucoup ton look, Lau... Shiva.

Elle me jette un regard noir. Gloups, j'ai faillit mourir.

- Merci. Malheureusement je ne peux pas dire pareil du tien. Il est sympa mais pas assez... Rock'n'roll.

Je ne m'en offusque pas. Elle lisse du plat de la main sa jupe plissée en cuir et ajoute philosophiquement:

- Être une rockeuse, c'est tout un art.

- Ça passe par la musique notamment n'est-ce pas?

- Whaou, bien joué la geek, plaisante-t-elle. Mais c'est vrai. Par exemple: si tu connais Green Day, Arctic Monkeys, Nirvana, AC/DC, Led Zeppelin, les Beatles, Queen, Black Shabbat, Pink Floyd et bien d'autres encore, ça va, tu t'en tires pas mal. Tu connais tes classiques. Sinon... Tu ne fais pas vraiment partie de la tribu rock.

Seuls quelques noms m'interpelle. Ne sachant pas trop quoi dire, je décide de me taire une bonne fois pour toute. Heureusement, la "pause clope" comme le dit Sam, touche à sa fin et nous remontons tous dans leur salle de répétition. Je me réinstalle confortablement dans le divan et les regarde s'affairer.

Sébastien prend sa guitare sèche et va s'asseoir sur un tabouret. Sam règle le micro et l'abaisse à son niveau.

- T'es prêt?

- Yep.

Et sous mes yeux ébahis, mon petit ami se met à chanter. J'ignorais qu'il possédait aussi ce talent.

White lips, pale face 
Breathing in snowflakes 
Burnt lungs, sour taste 
Light's gone, day's end 
Struggling to pay rent 
Long nights, strange men 

"The A team" d'Ed Sheeran. Je me souviens lui avoir dit une fois par message que c'est ma chanson préférée. L'a-t-il fait exprès ou est-ce le hasard?

Il me lance un petit regard avant de poursuivre. 

And they say 
She's in the Class A Team 
Stuck in her daydream 
Been this way since 18 
But lately her face seems 
Slowly sinking, wasting 
Crumbling like pastries 
And they scream 
The worst things in life come free to us 

Cette fois, je me joins à lui, oubliant Sam, Rob, Shiva et Maxime.

Cos we're just under the upperhand 
And go mad for a couple of grams 
And she don't want to go outside tonight 
And in a pipe she flies to the Motherland 
Or sells love to another man 
It's too cold outside 
For angels to fly 
Angels to fly 

Ce moment est juste magique. Je suis plongée dans les yeux de celui que j'aime, envahie par la musique. J'entends ma voix plutôt douce et haute perchée se mêler aux accents plus graves de l'italien. Ses mots me touchent, telle une caresse. Je lui adresse un demi-sourire quand ses doigts quittent l'instrument. Il me fait un petit signe de la tête avant de se tourner vers son groupe et de les interroger du regard. Et je reste pantoise quand Sam me propose de chanter avec eux samedi prochain, juste avant mon départ en vacances.

Je m'excuse pour ce court chapitre. Je vous promets que le prochain sera plus long et plus intéressant.

Sinon actuellement je profite de mes derniers jours en Corse, la rentrée arrivant bientôt!

Commentez ici en quelle classe vous rentrez (et quelle filière vous prenez ou quelles études vous entamez pour les plus grand(e)s).
J'attaque la seconde!!

Ah et j'oubliais: j'ai publié une nouvelle histoire appelée "Un mois ensemble". Passez la lire! Elle n'est peut-être pas ultra originalebmais j'essaye d'y relever un pari personnel: virer un maximum de clichés.

À vous de voir si le pari sera réussi!

Je dédie ce chapitre à Joey, mon chamallow à mwa ! ❤