𝐒𝐨𝐤𝐞𝐞𝐟𝐞 - Enfin.
➤ Personnages principaux : Sophie Foster, Keefe Sencen, Ro.
➤ Type : FanFiction. Ne reprend pas le cours de l'histoire originale, je ne prends pas en compte la fin du tome 8 et, par conséquent, le court roman du tome 8.5 (mis à part un élément). Je me suis permis de m'imaginer une fin à la saga et de la retranscrire. Bien sûr, cette fin se termine en beauté : avec du Sokeefe ! ;)
Je le précise : Attention, SPOIL ! Alors lisez toute la série, du tome 1 au 8.5 avant d'engager votre lecture ! ;)
Edit du 20/04/22 : j'ai corrigé et modifié de manière très minime ce texte. Rien de bien important, mais je tenais à le noter ahah.
Edit du 01/09/23 : après avoir remarqué que plusieurs personnes avaient écrit des commentaires qui sous-entendaient qu'il était inutile que Keefe pose la question « est-ce que je peux t'embrasser ? » au vu du fait que les deux personnages étaient attirés l'un par l'autre/avaient des sentiments amoureux l'un pour l'autre, je me vois dans l'obligation de faire un rappel qui ne fera, visiblement, de mal à personne : LE CONSENTEMENT N'EST JAMAIS ACQUIS, et ce même dans le cadre d'une relation amoureuse et/ou charnelle, quelle que soit sa durée, et peu importent les sentiments respectifs des personnes qui en font partie.
Le consentement doit être explicite pour tout acte, c'est juste la base du respect mutuel des partenaires. Si vous trouvez que ça flingue l'ambiance ou que c'est un tue-l'amour, remettez sérieusement en question vos visions des relations et de la considération que vous portez aux personnes avec qui vous relationnez.
D'autant plus que j'ai écrit cette ligne exprès pour faire passer ce message, donc je trouve que ça la fout hyper mal d'avoir ce genre de commentaire derrière. Je suis sûr·e que les personnes ayant écrit ces commentaires n'avaient aucune mauvaise intention, mais ça véhicule une image absolument atroce de l'idéal des relations humaines, donc la prochaine fois que vous tombez sur une scène de ce genre dans une histoire, célébrez le fait que les deux personnages aient une relation saine et se respectent mutuellement, et abstenez-vous d'écrire qu'il n'est pas nécessaire de demander son consentement à l'autre, merci.
En attendant, je vous souhaite une bonne lecture à tous·tes !
✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦
— Enfin.
Le regard brouillé, Sophie sentait sa gorge se nouer tandis que les mots qui venaient de lui échapper prenaient forme : enfin.
Ils avaient enfin réussi. Toutes ces années à affronter les invisibles, à tomber dans leurs pièges à force d'essayer de les devancer, à perdre des alliés, des amis, à affronter maintes trahisons et pertes de sang-froid, tout était enfin fini.
— Enfin, répéta-t-elle avec plus de force.
Tout s'était passé si vite... et pourtant, ils avaient mis tant de temps à trouver une stratégie enfin valable !
Jamais rien ne tenait debout, auparavant. Leurs stratégies se résumaient en un seul mot : échec.
M. Forkle n'avait cessé de leur rabâcher, à elle et ses amis, de faire preuve d'un peu de patience.
Seulement voilà : Sophie en avait eu sa claque, de toute cette patience. Cela ne les avait jamais menés nulle part, et les avait sans cesse handicapés ! Ils avaient perdu de précieux alliés. Avec ces trésors de patience déployés contre leur gré, Sophie avait toujours eu l'impression d'avancer à tâtons dans le noir.
Peu importent les illusions qu'ils avaient décidé de se faire, ils avaient toujours laissé les Invisibles les mener à la baguette, obéissant à leurs ordres, par crainte.
Mais maintenant, leur petit jeu avait cessé.
Maintenant, les Invisibles avaient perdu.
Maintenant, le Cygne Noir avait bougé ses pions pour remporter la partie.
Mais maintenant, le monde saignait. L'hémorragie venait d'être stoppée, encore fallait-il la guérir.
Mais maintenant, tout était fini.
Tout ?
Non.
Pas tout.
Oui, la plupart des membres des Invisibles avaient trouvé la mort dans cette ultime attaque. Lady Gisela, Vespéra et Trix avaient survécu, mais avaient subi un long et douloureux procès avant d'être incarcérés pour l'éternité à Exil après un brise-mémoire supervisé par Sophie elle-même.
Mais les gens n'allaient pas mieux pour autant.
Sophie était épuisée. Aussi bien sur le plan physique que sur le plan moral.
Fitz était impossible à calmer. Il passait ses journées enfermé chez lui à hurler et à jeter tous les objets qui lui tombaient sous la main. Il n'avait pas eu le privilège de tuer son frère, et cela le rendait fou de rage.
Biana avait perdu sa joie de vivre. Elle avait les joues amaigries et creusées et voir son frère dans un état pareil l'éreintait.
Dex, gravement blessé, passait ses journées au Centre de Soins pour une longue convalescence, accompagné d'autres blessées : Linh, Marella, Maruca et Stina.
Wylie restait en compagnie de sa cousine et ne voyait personne, Tam avait fait le choix ne pas quitter sa jumelle d'une semelle même s'il était profondément endeuillé par la mort accidentelle de Lueur, et Marella et Stina passaient leurs journées à discuter. Au début, elles n'avaient fait que se lancer des regards courroucés, mais deux semaines clouées au lit dans la même pièce avaient fait d'elles deux bonnes amies. Qui l'aurait cru ?
Heureusement pour eux, aucune perte n'était à déplorer.
Nubiti occupait parfaitement son rôle de souveraine, et un Sommet de la Paix devait se tenir dans quelques semaines.
Botros, Sandor, Flori, Grizel, Woltzer et Lovise avaient conservé leurs postes, et le retour de Tarina dans les Cités Perdues étaient proche. Ro était également restée, elle aussi.
Et Sophie avait reçu de nombreux messages de l'ogresse qui se plaignait de l'attitude de son protégé. Elle ne pouvait pas en vouloir à Keefe : cette Guerre l'avait énormément affecté, bien plus que tous réunis.
Sophie se demandait si elle avait seulement conscience de l'étendue de sa souffrance.
Ce soir-là, Sandor lui annonça qu'elle venait de recevoir une nouvelle lettre de la princesse ogre. Sophie soupira, connaissant déjà le contenu de la lettre : un descriptif détaillé et commenté par la princesse de l'attitude anormale de Keefe, suivi de plaintes interminables sur l'ennui qui était le sien.
Pourtant, cette fois-là, le mot était court :
« Bonsoir Lady Blondinette ! Keefe veut te parler, il a enfin décidé de faire un effort pour sortir de sa transe de tristesse. Viens le plus rapidement possible.
Ro. »
— J'y vais ! annonça-t-elle après quelques secondes d'hésitation devant cette lettre impromptue.
— Vous n'irez nulle part ! couina son garde du corps près de la porte. Il fait déjà nuit, il est temps pour vous de dormir !
— Après trois semaines muré dans un silence total et à refuser toutes nos visites, Keefe a demandé à me parler. Quelle amie serais-je si je refusais ?
— Très bien, allez-y, grommela Sandor, admettant à grand-peine qu'il était inutile de discuter. Mais nous venons tous avec vous.
— Hors de question, je ne peux pas faire se téléporter tout le monde ! Un seul garde du corps suffira, je ne tiens pas à envahir Keefe, prévint la jeune fille.
Comprenant sans doute qu'il était inutile de batailler, le gobelin la suivit jusque dehors. Sophie crut l'entendre marmonner des propos sur « ces adolescents entêtés », mais elle n'en était pas tout à fait sûre. Qu'importe ! Elle allait enfin pouvoir retrouver son ami, retrouver Keefe. Le vrai Keefe, pas le garçon brisé qu'elle s'était efforcée d'aider durant de longs mois.
Elle laissa rapidement un mot à ses parents et referma la porte de son immense demeure. Sophie prit la main de Sandor et s'élança dans le jardin. Quelques secondes après, un craquement de tonnerre retentit et elle s'enfonça dans le Néant.
— Enfin ! s'écria une voix soulagée dès que Sophie s'écroula devant la porte d'entrée de l'immense tour. J'ai cru pendant un instant que vous ne viendriez jamais !
— Je ne ferais jamais une chose pareille, Ro, promit Sophie en faisant la moue. Où est Keefe ?
La princesse, qui avait teint ses couettes en bleu glacial, arrêta la jeune Télépathe avant qu'elle n'ait pu entrer.
— Keefe n'a pas demandé à te voir. Mais je n'en pouvais plus de le voir rester assis toute la journée à fixer le ciel ! Et, jusqu'aux dernières nouvelles, la seule à avoir réussi à le tirer de ses transes ennuyeuses, c'est toi, Blondinette.
— Il ne veut sans doute pas être dérangé, protesta Sophie. Je n'irai pas s'il ne veut pas.
La princesse ogre grogna et arrêta de se limer ses longues griffes de la même couleur que sa tignasse.
— Blondinette, cela fait trois semaines. Trois semaines qu'il n'a pas bougé. Enfin si, mais uniquement quand je l'ai forcé à se doucher et à manger un bout. Et moi, ça fait trois semaines que je suis postée dans sa chambre, à supporter les râles de son père et cette statue d'adolescent brisé intérieurement ! Trois semaines que je suis coincée à Pailleteville, avec pour seul spectacle un petit elfe chétif perdant son regard dans l'immensité du ciel. Aide-moi !
— Bon, bon. C'est bien pour te faire plaisir, se renfrogna Sophie.
Elle était vexée que l'ogresse lui ait menti. Mais après tout, elle avait enfin une excuse valable pour aller voir Keefe, alors...
Ro les fit entrer. Après un voyage mouvementé sur le Vortinateur, Sophie s'engagea dans le long couloir menant à la chambre de son ami. Elle toqua doucement à la porte. Et après de longues secondes, le jeune Empathe tourna la tête vers elle. Elle s'attendit à un « pars, Sophie ». Mais contre toute attente, Keefe hocha la tête et ferma les yeux un instant.
— Bonsoir, Foster.
Elle resta sur le pied de sa porte, sans trop savoir à quoi s'attendre. Allait-il lui faire des reproches ?
— Foster, respire un peu et viens. Je sais très bien qu'il est inutile de batailler. Et, contrairement à ce que tu peux croire, je suis heureux de pouvoir parler à quelqu'un. Surtout toi.
Même s'il faisait noir, la couleur de la pleine lune devait avoir éclairé le visage de Sophie. Elle espérait tout de même que l'Empathe ne l'ait pas vu rougir.
Il lui fit signe de se rapprocher, ce qu'elle fit. Elle se sentait légère, presque... vide.
Elle ne sentait presque plus son corps, mais entendit son cœur battre à ses oreilles quand elle se laissa tomber à ses côtés. Elle l'aperçut lui adresser un sourire triste.
— Que me vaut le plaisir de cette visite ? Oh, non, un instant. Si tu es venue pour me convaincre de continuer l'entraînement physique avec tout le groupe du Cygne Noir, épargne ta salive, s'il te plaît. J'ai besoin de passer les mille prochains siècles enfermé chez moi pour que mes blessures psychologiques guérissent. Je déteste les phrases mélodramatiques, mais je ne pense pas exagérer avec celle-ci.
— Keefe, il ne s'agit pas de cela. Je comprends très bien que tu aies besoin de passer du temps seul. En revanche... en revanche, je m'inquiétais. Comment vas-tu depuis le brise-mémoire de ta mère ?
Il se détourna en poussant un grognement à peine audible.
— Je regrette de ne pas avoir pu lui parler avant que... que son esprit ne soit brisé.
Il se retint in extremis d'inclure le pronom « tu » dans sa phrase. Même si elle n'était pas Empathe, elle sentait l'amertume du garçon. Il était tout à fait légitime qu'il lui en veuille. Après tout, les évènements s'étaient passés si vite... le Conseil lui avait aussitôt demandé de briser les trois Invisibles, accompagnée de M. Forkle. Keefe n'avait, certes, pas cherché à voir sa psychopathe de mère, mais, d'un autre côté, personne n'avait jugé bon de lui demander son avis. L'Empathe devait se sentir trahi, et Sophie se demandait s'il lui pardonnerait un jour.
— Ouh, là ! Je sens un nuage d'émotions fosteriennes flotter dans l'air, et j'y décèle un mélange de colère, de culpabilité, de peur et de remords... que se passe-t-il ?
— Rien, répondit-elle en soupirant.
Mais Keefe la força à lui faire face. Il glissa une mèche blonde rebelle derrière l'oreille de la jeune Instillatrice, et répliqua d'un ton ferme :
— Foster, arrête d'essayer de me protéger. Ne me mens pas. Et nul besoin d'être Empathe pour savoir qu'il se passe quelque chose dans ta jolie petite tête.
— Je me demandes si tu me pardonneras un jour, confessa-t-elle d'une voix éteinte.
Son ami lui prit la main après s'être assuré que son Optimisation était bloquée, et il lui adressa un sourire charmeur.
— Pour quel acte devrais-je te pardonner ? Tu es géniale, Foster. Tu comptes beaucoup pour moi. Ne commence pas à te monter le bourrichon comme tu sais si bien le faire, et ne culpabilises pas pour rien, s'il te plaît.
— Mais j'ai dû briser ta mère alors même que tu n'as pas pu lui adresser un mot... répondit-elle en retenant ses larmes.
— Foster, ne pleure pas... viens.
Il lui fit signe de venir se blottir dans ses bras, ce qu'elle fit sans chouiner. Elle crut entendre la porte de la chambre se refermer sur une Ro qui grommelait « Je ne veux pas voir ça ! », mais elle décida de ne pas y prêter attention. Elle se sentait si bien dans les bras de Keefe, bien mieux qu'elle n'aurait jamais voulu l'admettre. Certes, elle avait compris depuis longtemps que l'amour qu'elle avait cru ressentir pour Fitz n'avait été qu'une illusion, mais elle n'avait jamais non plus voulu admettre qu'elle ressentait de vrais sentiments pour un autre garçon... jusqu'à maintenant. De toute manière, même si elle avait voulu se contredire elle-même, ses joues cuisantes disaient le contraire.
Et Keefe qui la tenait dans ses bras devait avoir compris, lui. Après tout, il était Empathe.
— Je...
⸺ Foster, ne cherche pas à te justifier. Je veux juste te dire que tu te trompes sur un point : tu ne me mérites pas. Tu mérites bien mieux, tu entends ? Tu mérites bien mieux qu'un traître pleurnichard et lâche.
— Tu es trop dur avec toi-même, Keefe. Tu n'es pas comme ça. Tu ne te rends pas compte à quel point tu es courageux.
— Leurre-toi si tu le souhaites, Foster. Je sais qui je suis. Et je ne suis pas la personne que tu me décris.
— Tu peux être si tête de mule, parfois ! Pourquoi donc ne me crois-tu pas ?
Elle lui attrapa le poignet droit pour l'empêcher de se dégager.
— Parce que je sais que j'ai raison.
Son pouls.
Cette légère variation.
La dernière fois qu'elle avait ressenti ce changement, Oralie avait détruit sa vie.
Maintenant, il pouvait peut-être la reconstruire. Parce que c'était Keefe Sencen, après tout.
— Ton cœur a manqué trois battements. Tu mens, Keefe. Ne me mens pas, s'il te plaît. Pas à moi. Tu sais que j'ai raison. Pourquoi ne pas me faire part de la vérité ?
Son ami soupira.
— Parce que je t'aime aussi, Sophie. Mais je sais que je ne pourrai jamais te rendre heureuse. Je ne veux pas détruire ta vie. Je ne te repousse en aucun cas car tu ne peux être assortie, je m'en fiche comme de ma première épingle de Papotin. Je pense juste à toi. Je t'aime.
Il grimaça aussitôt, conscient que ce monologue décousu venait de lui échapper sans qu'il puisse y exercer aucun contrôle.
— Désolé. Je savais que c'était une mauvaise idée d'engager une conversation.
— Non, Keefe... tu te rends comptes à quel point tu te dénigres ? Tu ne réussiras jamais à guérir si tu t'entêtes à te rabaisser de la sorte. Tu es un garçon merveilleux. Crois-moi. De toute façon, ma vie est déjà un beau bazar, et je suis convaincue que t'aimer ne changera rien. Je... oh, que c'est gênant ! Je hais ce genre de conversations.
Keefe la serra un peu plus dans ses bras.
— Ce qui me fait peur, c'est que tu cesses de m'aimer. Je ne veux pas avoir le cœur brisé. Et je sais que nul comme je suis, même si j'essaie de faire le contraire, tu finiras par en avoir marre de moi.
— Keefe, je ne pourrais jamais en avoir marre de toi. Tu es le plus merveilleux des garçons qu'il me sera probablement donné de connaître durant ma longue vie.
Il se tut durant un instant.
— Cela répond-il à tes crain...
Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que Keefe l'enlaça en posant sa tête dans le creux de son cou. La jeune fille se blottit dans ses bras, rassurée par cette étreinte. Après de longues minutes, brisant le silence, le jeune homme demanda d'une voix hésitante :
— Je... je peux... t'embrasser ?
D'abord étonnée que Keefe lui pose la question, elle hocha la tête en signe d'assentiment et lui adressa un dernier sourire avant que l'Empathe ne pose ses lèvres sur les siennes.
Enfin.
✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦
Voilà pour ce premier OS ! Qu'en pensez-vous ? Des avis ? Des conseils ?
Prenez soin de vous et joyeux Noël ! :)
⸻ Une_Maraudeuse, 24/12/2020 (ce texte commence à dater, vraiment :'))
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top