Chapitre 42
PDV Sophie
Je suis inquiète.
Keefe n'est pas venu à l'orientation aujourd'hui, ni aux cours, et son transmetteur ne fait que sonner dans le vide quand je l'appelle. Elwin ne l'a pas vu non plus, et Sandor refuse catégoriquement de me laisser aller aux rives du réconfort, peut être qu'il se doute de ma relation avec Keefe en fin de compte. C'est pourtant incompréhensible, il était avec moi hier après midi, il est ensuite rentré chez lui avec Ro mais sans Paolina, comme à son habitude depuis quelques temps, et... il ne m'a pas envoyé de message me souhaitant bonne nuit hier soir.
La mort dans l'âme, je hélai Biana pour qu'elle puisse me rassurer.
— Biana ?
— Oui Sophie chérie ? Répondit-elle avec ironie. Oh, tu as une tête monochrome ce soir. Tu as bien mangé ? Ou tu veux enfin que je te conseille sur du maquillage ? C'est sûr que sortir comme ça ne ravirait pas Keefe... quoique non, il t'aimerait même vêtue d'une peau de sasquatch cet imbécile, murmura-t-elle plus pour elle-même.
— À vrai dire, c'est justement à son sujet que je te contacte...
— Tu te languis de ton Lord Bellecoiffe ? Fit-elle rieuse, puis elle prit lentement conscience de mes paroles, perdant son sourire. Attends, comment ça tu ne l'as pas vu ?
— Il n'etait pas à Foxfire aujourd'hui. Comme Sandor est pénible, je ne peux pas aller chez lui, et son transmetteur ne répond pas.
Mes yeux tombaient irrésistiblement vers le bas et mes dents se serraient toutes seules alors que je tentais de cacher mon état mental déplorable à ma meilleure amie.
— Sophie, ne fais pas cette tête ! Viens à Everglen, je hèle les autres, s'exclama-t-elle alarmée.
J'aquiesquai sans rien dire — j'en étais de toute façon incapable — et raccrochai. Je me dirigeai vers le luminateur, anormalement atone. Sandor ne tenta même pas de me retenir, me tenant simplement l'épaule pour m'accompagner.
— Everglen, murmurai-je aux cristaux qui se mirent en branle à ma commande.
J'ai l'impression que ça va mal se passer.
Arrivée à la demeure des Vackers, je marchais lentement.
Très lentement.
À pas de fourmi.
Je ne veux pas y aller, j'ai vraiment un TRÈS GROS pressentiment...
Hélas Biana arrive en courant sur le sentier pour me rejoindre et m'entraîner à sa suite...
Elle est inquiète.
La boule présente dans ma gorge grossit.
Dans le salon, toutes les têtes sont soucieuses. Elle a appelé la bande, Mr.Forkle, ses parents et Lord Cassius.
Mr.Forkle prend la parole :
— Bien... Quelqu'un a-t-il vu Keefe aujourd'hui ?
Aucune réponse. Même le père du concerné ne dit rien. Un ange passa avant qu'il ne se lève et prenne la parole.
— Je n'ai pas vu mon fils depuis hier soir après manger. Sa garde du corps a fui dans les toilettes après avoir mangé une amibe probablement, et lui est parti dans sa chambre peu après.
— Une amibe ? Sourit Tam, bien que ce ne soit pas vraiment le moment. Il est assez puéril pour empoisonner sa propre garde du corps ?
Lord Cassius claqua de la langue, pestant sans doute intérieurement contre la stupidité sans bornes de sa progéniture.
La boule dans ma gorge devient énorme au fur et à mesure que le temps passe. J'ai du mal à écouter la conversation qui se déroule autour de moi.
— Et Keefe est resté dans sa chambre après avoir... joué avec Ro ? S'enquit mon créateur.
— Non, il est allé au luminateur et à sauté à l'arbre des quatre saisons un moment après manger. Il devait penser que j'étais parti me coucher, ce qui n'était bien sûr pas le cas, termina-t-il en levant les yeux au ciel.
À l'annonce du lieu, la boule dans ma gorge menaça d'éclater tellement elle me faisait mal. C'était là que j'avais failli m'évaporer pour la première fois, après tout.
— En avant, annonça Mr.Forkle. Uniquement moi, Sophie et ses gardes du corps, précisa-t-il alors que tout le monde se levait.
— Mais...
— Et on ne discute pas, les jeunes ! Dit Mr.Forkle en m'entraînant dans le rayon d'un cristal de saut.
La réplique me rappela mélancoliquement le sale caractère de Paolina et ses répliques plus que drôles et rabaissantes pour nous, « pauvres elfes incapables de se débrouiller autrement qu'avec leurs talents et compétences salutaires ». Oui, elle nous avait déjà dit cela. Et personne n'avait répliqué, bien conscient que c'était la stricte vérité.
Sauf qu'elle a changé, n'espère plus l'entendre à nouveau te dire des âneries.
En arrivant à l'arbre majestueux, je tombai à terre, mes jambes s'étant soudain changées en compote. Sur le sol reposaient traqueurs écrasés et pendentif d'identification éclaté. Mais surtout : l'air était encore imprégné d'une affreuse odeur de sédatif.
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Date de la NDA: 11/08/2020
Date de réécriture : 01/05/2021
Date de réécriture finale : 15/11/2021
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