Chapitre 28

PDV Paolina

Des voix retentissent dans le couloir, stoppant l'autre, toujours au-dessus de moi. Il redressa la tête vivement, fixa une seconde la porte qui se claqua, et posa un champ de force devant. Il me semblait qu'il avait fermé la porte en entrant, c'est étrange. Elle a dû se rouvrir... ah non, je vois Ro derrière. Elle a sans doute senti Fitz, puis entrouvert la porte pour voir ce qu'il se passait et peut être intervenir.

Elle n'en aura pas eu le temps. Coco, si tu savais à quel point j'ai envie de te tuer pour ta bourde monumentale...

J'entendis des éclats de voix à travers le champ de force, des airs interrogateurs. J'ai hâte de savoir comment Ro va lui expliquer ça, les elfes sont tellement peu bavards sur le sujet... Mon talent de lecture me permet de voir qu'ils s'agitent, surtout Ro, Keefe a l'air de se prendre la tête dans les mains... bah oui, mais fallait réfléchir.

Il réaccapara mon attention en prenant délicatement mon menton entre ses doigts.

— Ce champ de force ne laisse passer aucun son ou presque. Nous sommes tranquilles.

Tu est tranquille. Moi... on peut en parler, mais je ne vais pas m'étendre sur le sujet.

— Pourquoi tant d'animosité dans ton regard ? Je vais tâcher de te faire changer d'avis, cette lueur gâche la si belle lueur que j'aime à y voir, les jours ensoleillés...

Il m'embrassa à pleine bouche, empruntant de lui-même le chemin jusqu'à ma langue, moi n'opposant aucune résistance. C'est vraiment répugnant, je ne comprends pas ce que les amoureux y trouvent. Tout en continuant de m'inonder le visage, il se mit à caresser certaines parties de mon corps, telles que le ventre le dos, ou le cou, où il déposa ses dents pour me faire un suçon.

Sérieux, cette marque est moche et ça fait mal en plus...

Tout le monde le saura...

— Eh bien, tu es plus coriace que ce que je pensais... Constata-t-il en se relevant quelque peu. Mais j'aime ça... tu es vraiment parfaite... Chuchota-t-il ensuite en se baissant vers une zone beaucoup trop tabou de mon corps.

Ma rage, mon ressentiment et ma peur croissent de seconde en seconde, au point où je dois l'évacuer si je ne veux pas imploser. Je n'arrive plus à refouler ces sentiments, ils me font trembler et je ne veux pas qu'il pense que je tombe pour lui.

C'est inconcevable.

Une évidence se présenta à moi. La canalisation externe. Je ne voulais pas qu'il touche cette partie, c'était à moi, pas à lui. Il n'avait pas le droit de me voler ça, ma raison de vivre m'échapperait complètement...

Je ne le sais que trop bien...

Je me concentrai pour l'en frapper de toute ma puissance mentale — qui est assez colossale je dois l'admettre — mais il releva la tête au même moment et posa un champ de force autour de moi, ma propre attaque me brisant les os et me perçant les chairs. Je réussis à retirer une bonne partie de ma force mentale, mais le résultat restait tout de même très... douloureux.

Je hoquetai de douleur et fermai les yeux, refusant de voir son sourire vainqueur.

— Eh bien ma chère, qu'est-ce que cela ? C'est très malpoli... Sussura mon bourreau dans le creux de mon oreille. Mais je ne savais pas que ceci, même si je l'avais prévu, vous rendrait encore plus... désirable. Cette expression de douleur...

Il haleta, me donnant envie de vomir.

— D'une façon ou d'une autre, je savais bien que tu trouverais le moyen de crier pour moi. Recommence, je t'en prie. Cela ne me dérange absolument pas. Tant que je peux voir cette si belle expression sur ton visage parfait, tout me va.

Il crispa ses doigts sur mon ventre pour me faire mal, je tins bon. Mais lorsqu'il commença à mordre l'intérieur de mes cuisses, je ne pus retenir l'expression de peur qui surgit sur mon visage. Elle me permit de me délivrer momentanément de la télékinésie, et de sauter sur lui pour inverser mes positions, moi dessus et lui dessous. Même si les cordages attachaient mes poignets, j'avais une certaine liberté de mouvement. Assez en tout cas pour me hisser sur lui et lui tenir les épaules.

— Ah, tu te rebelles, sourit-il sauvagement. J'aime ça. J'attends avec impatience la figure sur tu auras lorsque tu réaliseras que tu ne pourras pas gagner à ce jeu là, très chère...

Mon souffle se coupa, mais je tentai de ne pas me laisser avoir par ses paroles pour me sortir de là, même si je sais très bien moi aussi que je perdrai à tous les coups.

C'est écrit...

— Je.... Tais-toi, sifflai-je en plantant mes ongles dans ses épaules musclées.

Sans soute que je ne lui faisais pas plus de mal qu'une mouche, mais pas grave. Je voulais juste lui parler, avant qu'il ne le fasse.

— Tu me dégoûtes, je ne comprends pas comment tu peux... Rah ! Crachai-je en voyant son expression déstabilisante. Arrête !

— De quoi ? Demanda-t-il innocemment.

— De me désirer ! Je- Tu ne comprends pas mon animosité envers toi, mais je ne t'ai jamais aimé, et je te haïrai tous les jours de ma bordel de vie !

Son expression se durcit, mais il ne dit rien. Je crus être allée trop loin, et ce fut le cas. Il se redressa, recula sur le lit et m'attrapa par la taille pour me tirer vers lui, bloquant mes bras en arrière, tirés par les cordes.

J'étais à présent plaquée sontre son torse, nos visages plus que proches, mais pourtant tous deux grimaçants.

— Lâche-moi, grinçai-je.

— Non.

Il me tira encore un peu, écartelant à moitié mes bras.

— Aïe ! Glapis-je malgré moi.

— Voilà, c'est cette émotion que je veux lire sur ton visage, murmura-t-il en inspirant profondément sans mon cou. La douleur, pas cette rancoeur à mon égard qui t'anime jour et nuit.

— Elle est justifiée.

— Je ne pense pas. Toutes les filles aimeraient être à ta place, tu sais.

— Alors va les voir et laisse-moi tranquille.

— Oh, ça suffit !

Il me poussa violemment contre le mur, me faisant gémir.

Oui, mes barrières de douleur tombaient très rapidement, trop rapidement à mon goût. Je sentais une côte se fissurer, à ma gauche. Après l'âge d'une vieille, voici ses résistances au monde extérieur, faites sortir les tambours et les trompettes...

Ça ne me plaît pas du tout...

Je me cachai sous le drap dans la mesure du possible, tirée par une corde d'un côté et le drap écrasé par le poids en face de moi de l'autre.

— Reviens ici, râla Fitz en se rapprochant et en tirant le drap.

Il me découvrit une partie du dos, à mon grand soulagement. Certes, il m'avait parfaitement vue à l'instant, mais ça n'en restait pas moins gênant pour moi. La pudeur, vous connaissez ?

Il bloqua sur mon dos, la bouche entrouverte, puis se reprit et la lueur revint dans ses yeux. Oui, elle était partie une seconde, mais tant pis. Pourtant il ne bougea pas.

— Tu es... Oh bon sang, souffla-t-il en se passant une main sur le visage. C'est pas possible de s'énerver contre toi, t'es beaucoup trop belle...

— Sache que j'ai horreur de la façon dont tu me regardes, me contentai-je de dire.

— Chut.

Il replaça la télékinésie sur ma bouche à mon plus grand plaisir — ironie —, ainsi que sur l'entièreté de mon corps, de façon à ce qu'il puisse le bouger mais pas moi. Comme une marionnette.

C'est ce que tu es, une vulgaire marionnette.

Je vis rouge. Je me concentrai pour une nouvelle décharge de canalisation externe, mais il refit sa méthode consistant à placer un champ de force autour de moi le temps de l'attaque.

Je ne réagis pas à temps et me pris toute la puissance de mon assaut cette fois. Je sentis mes os se briser pour de bon et des plaies s'ouvrir le long de mon corps, le sang se répandant sur le lit.

Un râle de douleur sortit de ma gorge, et il sourit.

— Oh, tu ne fais pas les choses à moitié ! Tu sais ce qu'il faut pour me faire plaisir... Sussura-t-il avant de se mettre en action pour de bon.

Passage censuré.

Un temps indéterminé plus tard, qui m'a semblé être une éternité, il sauta en me laissant en plan, et heureusement.

Même dans mon état de fatigue et de désespoir extrême, j'aurais été capable de lui faire une dernière canalisation externe. Qui m'aurait tuée, mais tant pis.

À quoi bon ?

La sensation qui m'envahit est étrange. J'ai mal absolument partout, mais j'ai si mal que je ne sens plus rien et que j'ai impression de flotter. Pourtant, je sens que j'ai mal, mais j'ai l'impression... d'être loin. Ma tête me lance, je pense que je vais dormir. En espérant ne jamais me réveiller.

Je suis désolée grand-frère. Je ne te rejoindrai sans doute jamais.

PDV Ro

Après plusieurs heures, le champ de force disparaît. J'entrouvre la porte et regarde dans la chambre deux secondes, mais je bloque Crevette qui s'avance.

Il ne faut pas qu'il voie ça, il va disjoncter.

— Ro, laisse-moi voir !

— Non. Va te coucher, le rembarrai-je sèchement.

— Mais...

— Va te coucher j'ai dit ! Dis-je plus durement, à sa grande incompréhension.

— Mais pourquoi ?

On dirait qu'il a cinq ans, c'est pitoyable.

— Bon, regarde, mais pas longtemps alors, concédai-je en soupirant lourdement.

Keefe s'approcha avec appréhension.

Ce qu'il pouvait voir de là où il était se résumait à un bras et une jambe féminines qui pendaient hors du lit, le reste du corps étant dans un creux du matelas, et le bras attaché par une corde. Il y avait du sang partout sur le mur à côté et sur le drap, et sa longue chevelure s'echouait par terre, sale et sa jolie tresse défaite.

— Je vais me coucher, marmonna mon protégé, pâle comme un linge.

Il ne doit pas avoir l'habitude de voir du sang. Même si je dois avouer que la scène est assez choquante, étant donné que c'est son meilleur ami qui... Bref.

J'entre dans la chambre en fermant la porte derrière moi par précaution, au cas où Keefe reviendrait même si c'est peu probable, on ne le verra plus de la soirée à mon avis. Et ce que je vois me retourne l'estomac ; Paolina est dans une mare de sang, désarticulée par endroits, et nue, bien entendu. Un de ses bras n'était plus attaché au sommier et tentait de cacher son corps, ou de le maintenir en place, à voir. Une expression à fendre le cœur était figée sur son si joli visage, comme si elle se retenait de pleurer dans son sommeil.

Je prends un peignoir qui est à la pathère et le lui enfile en faisant le moins de mouvements brusques possible, mais ça ne l'empêche pas de lâcher des hoquets dans son sommeil. Une larme roule sur sa joue quand je tente de lui détacher le bras de la corde, et au vu de ses placements, il est cassé à l'endroit de la jonction avec l'épaule.

Je vais au luminateurs sans la secouer, mais je me rends compte que je ne sais pas où l'emmener et que j'ai besoin d'un elfe pour le faire fonctionner ce machin là, de toute manière.

Elwin est-il encore à Foxfire à cette heure là ? Probablement pas. Et je ne sais pas où habite la doctoresse du Cygne Noir, évidemment. Je retourne dans la chambre de Crevette, la victime toujours dans mes bras.

— Gamin, tu peux héler Elwin et lui dire de rappliquer fissa ?

— Oui oui, marmonna-t-il en relevant le tête du dessin qu'il faisait. Il eut un haut-le-cœur en apercevant le corps.

Je ne pouvais pas lui en vouloir. Apercevoir quelqu'un que tu penses inébranlable en position de faiblesse est plus que choquant, surtout avec elle. Elle, elle est le rocher sur lequel s'appuyer quand tout va mal, elle est est la vengeresse qui n'écoute pas tes supplications pour épargner le fautif, elle est cette personne à qui tu veux ressembler à tout prix, tant tu la trouves rayonnante. Pas celle que tu vois après un viol.

En la dirigeant vers une autre chambre, je songeai à quelque chose.

Que va-t-on pouvoir dire à Elwin ?

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Heya !

Vous allez bien en cette belle journée ? Moi nickel. Je ne cours pas les rues sous la chaleur alors tout va bien.

Je me rends compte que j'ai passé beaucoup de temps sur ces chapitres qui parlent du viol, contrairement aux autres phases de l'histoire. Étrange.

Je l'ai déjà dit à quelques endroits, mais je ne posterai dorénavant qu'un seul chapitre par jour parce que l'inspi ça pousse pas sur les arbres.

Je vous dis donc à demain mes pommes de terre !

(et non, Paolina ne sera pas enceinte)

Date de la NDA: aux alentours du 22/07/2020 (j'ai oublié de regarder)
Date de réécriture : 11/04/2021
Date de réécriture finale : 14/10/2021

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