In Heaven


Et voila la seconde partie de ce two-shot. Je ne suis pas tellement sûre que ça rende exactement comme je le veux mais il y a certaine partie que j'ai beaucoup aimé écrire! 

Ce Namgi nous dis donc au revoir mais il se peut qu'on recroise les perso dans quelques temps :') 

Je ne vous retiens pas plus et je vous laisse lire (et profiter de la musique!)

Krisus

Yoongi poussa un soupir. Long et triste. Il laissa ses doigts glisser lentement sur la toile usée et percée du tambourin. Il allait devoir demander du matériel à SeolA et il pouvait déjà l'entendre soupirer et murmurer qu'elle est désolée mais que la musique n'est – malheureusement – pas une priorité pour les parents d'élève et que de ce fait son financement est minimum et qu'elle ne peut acheter de nouveau instrument avant le prochain semestre. Elle passerait surement bien cinq minutes à lui présenter ses excuses et Yoongi finirait par se sentir mal. Elle n'y était pour rien si Gureum avait décidé de passer ses nerfs sur l'unique tambourin de la classe.

Il reposa l'instrument meurtri et sorti son téléphone. Il ouvrit rapidement ses contacts et chercha quelques secondes le numéro qui l'intéressait. Il appuya sur l'icône et porta l'appareil à son oreille, les tonalités résonnants déjà rapidement.

« Les instruments Jung, père et fils, vous souhaite le bonjour ! S'exclama joyeusement son interlocuteur. Comment puis-je vous aider aujourd'hui ?

-Hoseok-ah, c'est Yoongi. Commença le jeune professeur de musique.

-Oh Hyung ! Ça faisait longtemps ! Pourquoi tu ne réponds pas à mes SMS ? Surtout si c'est pour appeler le magasin. » Il murmura la dernière partie mais Yoongi l'avait entendu comme s'il l'avait hurlé.

L'enseignant attrapa sa lèvre inférieure, cherchant quoi répondre à son cadet.

Hoseok avait toujours était un sujet plutôt compliqué pour lui. Il avait été son « éveil », son premier baiser avec un garçon et son premier petit ami, si on peut appeler ce qu'il avait vécu comme ça.

Il était plus jeune que lui. Ils ne s'étaient pas rencontrés au lycée mais au magasin que son père tenait – et tient encore aujourd'hui. Monsieur Jung vendait et repérait des instruments et Yoongi était un habitué de son magasin. Il venait fréquemment faire réaccorder et réparé son vieux clavier qu'il avait acheté avec son propre argent de poche après des semaines à travailler sans relâche comme garçon de course dans un petit restaurant.

Ses parents n'avaient jamais vraiment considéré son attirance pour la musique et la composition musicale. Aujourd'hui, Yoongi se permettait de penser que seulement sa mère y était opposée et que son père s'était simplement contenté d'acquiescer.

Quoiqu'il en soit, il avait pris l'habitude de voir Hoseok trainait quelque part dans le magasin. Soit il réarrangeait les rayons, soit il prenait l'appel d'un client, soit il aidait un jeune musicien à trouver l'instrument parfait. Un jour, monsieur Jung était en déplacement pour s'occuper d'un orgue et Yoongi avait vraiment besoin d'une nouvelle corde pour son Do grave. Il n'y avait qu'Hoseok de disponible ce jour-là et Yoongi n'avait pas cherché plus loin. Il avait chargé son cadet de réparer son cher clavier.

Ils n'avaient pas beaucoup discuté, du moins pas d'autre chose que de musique.

Hoseok était assez petit, peut-être pas minuscule mais sûrement pas plus grand que lui. Il avait le visage allongé, émacié avec des pommettes hautes et bien dessinées, un nez fin et pointu, des petites lèvres et une mâchoire affutée. A l'époque, il était brun, les cheveux coupés courts et coiffés en brosse.

Il allait dans un lycée public, tandis que Yoongi s'était retrouvé dans le même établissement privé que son frère ainé. Il jouait de la guitare depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne et avait toujours rêvé de savoir jouer du piano.

Leur première conversation s'était arrêtée là. Rien de plus, rien de moins.

Lorsque Yoongi était venu chercher de nouvelle partition, c'est Hoseok qui l'avait conseillé et ils avaient commencé à réellement discuter. Yoongi n'est pas sûr qu'ils auraient pu être qualifié d'amis mais ils n'étaient pas exactement des étrangers non plus. Ils ne se croisaient pas ailleurs qu'au magasin, ils discutaient rarement d'autre chose que de musique. Yoongi avait dû mal à savoir qui Jung Hoseok était pour lui.

Pourtant un soir, ils s'étaient retrouvés dans le salon d'un ami en commun pour son anniversaire. Ils avaient ri et bu ensemble. Yoongi ne sait pas exactement comment ils se sont retrouvés à s'embrasser sur la balancelle tandis que les autres jouer au twister mais il se souvient qu'il avait aimé ça.

La sensation de lèvres contre les siennes, bougeant à l'unisson, lentement, délicatement, comme si ce qu'ils faisaient été une forme d'art ancien et sacré. Leurs doigts effleurant la peau de l'autre, rien de plus que la caresse d'une plume sur leur épiderme, leur arrachant des frissons délicieux.

Il se sentait brûler de l'intérieur mais il refusait qu'on éteigne l'origine de cet incendie. Pour une fois depuis très longtemps, il se sentait bien.

Ça n'avait pas duré très longtemps, ils s'étaient séparés aussi vite qu'ils s'étaient agrippés l'un à l'autre mais ils avaient passé la soirée à s'arracher des petits baisers en douce. C'était devenu leur truc en quelque sorte. Ils s'embrassaient en catimini dans le magasin du père d'Hoseok, entre le rayon des instruments à corde et celui des tambourins. Ce n'était jamais très long ou bien particulièrement passionné, simplement leur lèvre, l'un contre l'autre, se mouvant avec une délicatesse toute particulière.

Ils n'avaient jamais pris le temps de mettre un nom sur ce qu'ils traversaient. Ils ne sortaient pas officiellement ensemble parce que ni l'un ni l'autre se sentait prêt à faire face au jugement de toute une société et du fait qu'ils ne faisaient rien qui aurait pu sous-entendre qu'ils étaient en couple, hormis s'embrasser lorsqu'ils se croisaient. Ce n'était rien de plus et avec le recul, Yoongi pouvait admettre que ce n'était même pas une vraie relation de base. Ils ne connaissaient rien l'un de l'autre, ne cherchaient pas non plus à se connaitre.

Ils s'embrassaient parfois.

Hoseok a finalement dû partir à l'étranger pour ses études et lorsqu'il l'a annoncé à Yoongi, alors que celui-ci régler sa facture pour une énième réparation de son piano, il lui a tendu une petite boite rigide et d'un joli bleu pâle. Dedans se trouvait une gourmette sur laquelle était gravé la date de leur première rencontre au magasin. Yoongi ne l'avait jamais mise, ce petit bracelet en argent lourd le mettait mal à l'aise. Il se rendait tout juste compte qu'Hoseok s'était sans doute attaché à lui, que ce qu'ils partageaient avait un sens et il y tenait. Peut-être même qu'il avait cherché à connaitre Yoongi mais que celui-ci ne lui avait jamais répondu, ne faisant jamais vraiment attention à ce qu'il racontait.

Il avait chacun fait leur vie de leur côté. Hoseok avait fini par revenir au pays, avec un diplôme en musicologie, musicothérapie et phycologie. Il aidait les enfants avec un trouble de concentration ou bien un syndrome post-traumatique à aller un peu mieux grâce à la musique et parfois, il donnait un coup de main au magasin. Pour se rappeler du bon vieux temp. Il avait rencontré quelqu'un au Canada, une demoiselle tout à fait charmante – Yoongi l'avait croisé une ou deux fois au magasin et il avait eu l'espoir assez fou que ce soit elle qui décroche – bien qu'un peu plus vieille que lui. Elle était d'éthicienne et tout ce qu'elle connaissait de la musique c'était son petit ami – bientôt mari- Hoseok qui lui avait appris.

Il n'y avait plus rien entre Hoseok et Yoongi et pourtant le plus âgé continué à se sentir légèrement mal à l'aise avec lui. C'était sans doute pour ça qu'il n'avait que très peu répondu à ses appels ou bien ses messages. Dès qu'il traversait son esprit, Yoongi se souvenait qu'il n'avait jamais porté sa gourmette ou bien même dit quoique ce soit quand il l'avait reçu. Il avait l'impression d'avoir profité de Jung Hoseok pour se découvrir et puis de l'avoir abandonné lorsque les choses devenaient trop intenses. Hoseok ne semblait pas lui en vouloir pour ça, mais Yoongi ne pouvait pas s'en empêcher.

« J'ai été un peu occupé, dernièrement. » Répondit finalement le jeune professeur.

Ce n'était pas exactement un mensonge. Il avait été engagé à temps complet à l'école, donnant des cours de musique et aidant à faire la garderie. Il avait dû rendre plusieurs visites légèrement secrètes à son frère ainé et sa femme – apparemment, madame Min allait rendre Hyeri folle et il n'y avait que Yoongi qui acceptait de l'écouter dire du mal de sa belle-mère.

Et puis, il y avait Namjoon.

JungKook lui avait dit que sortir avec son coup de foudre – Yoongi refusait de dire Crush – n'était pas l'idée du siècle. Les sentiments qui les liaient n'étaient basés que sur leur physique et un instant T, un court moment qui avait duré moins d'une minute. Rien de réel ou bien de concret. Selon le jeune photographe, ça ne pouvait que mal finir.

« L'amour né à un instant T, JungKook-ah. Subitement et sans crier gare, ça prend rarement plus d'une minute pour se rendre compte que l'on aime. »

KiHyun était capable de dire beaucoup d'ânerie, mais il les avait violements séchés sur ce coup.

Yoongi n'arrivait pas à dire s'ils s'aimaient ou bien si c'était autre chose. Ils étaient sortis ensemble dix fois jusqu'ici.

Namjoon avait attendu le troisième rendez-vous pour se pencher hasardeusement sur le plus âgé et l'embrasser.

Le baiser était maladroit, légèrement humide et sans doute loin d'être parfait mais Yoongi avait refusait de le lâcher.

Au cinquième rendez-vous – c'est-à-dire, il y a deux mois – Yoongi avait demandé du bout de ses lèvres tremblantes si Namjoon voulait bien sortir avec lui. Le plus jeune s'était jeté sur lui, le dévorant de baiser, répétant un « oui » haletant à chaque fois que ses lèvres quittaient les siennes.

Ils avaient couché ensemble au huitième rendez-vous et Yoongi ne reviendra pas là-dessus, il sentait déjà ses joues lui chauffaient.

Ils allaient bientôt fêter leurs trois mois de relation et les mots « Je t'aime » n'étaient pas encore sortis de la bouche ni de l'un, ni de l'autre. Mais Yoongi ne ressentait pas le besoin de le dire. Il avait l'impression que Namjoon le savait et inversement. Et au final, c'était tout ce qui comptait.

« Hm, j'me doute. Reprit le jeune thérapeute. Tu fais de la lèche pour être le tonton favori ?

-Je n'ai pas exactement de concurrence, Hoseok-ah. Ria doucement Yoongi.

-Ce n'est pas faux – Yoongi pouvait l'imaginer entrain d'hausser des épaules, une moue un peu dédaigneuse sur les lèvres – Alors ? Demanda finalement Hoseok. Pourquoi tu appelles ?

-Oh, ça ! Hm, j'ai un élève qui s'est un peu trop emporté avec le tambourin et j'aurai aimé savoir si ton père pouvait me remplacer la toile ?

-Ça dépend de ce que le petit monstre a fait comme dégât.

-Je croyais qu'il ne fallait jamais appeler un enfant « petit monstre » ? Ricana doucement Yoongi.

-En consultation seulement. Répliqua le plus jeune. Et je ne suis pas en consultation, je suis au téléphone avec notre plus fidèle client !

On frappa doucement à la porte et SeolA passa sa petite brune par là. Elle offrit un petit sourire à son ainé et lui demanda du bout des lèvres s'il avait un moment.

-Hoseok-ah, je vais devoir y aller. Reprit Yoongi. Du coup, pour le tambourin –

-Passe au magasin quand tu as le temps. Coupa l'intéressé. On verra si on peut sauver ton malade. Puis on en profitera pour rattraper le temps perdu, hm ? A plus tard, hyung ! »

Et il raccrocha, sans même laisser le temps à son ainé de lui répondre. Yoongi fixa quelques secondes son téléphone éteint entre ses doigts puis se tourna vers sa cadette et directrice lorsqu'elle se râcla rapidement la gorge.

SeolA était la fille de l'ancien directeur et elle avait récupéré le post simplement parce que son frère ainé s'était engagé pour être militaire de métier.

A en croire KiHyun, elle avait aussi accepté le post que son père arrête de leur demander un petit-fils.

Quoiqu'il en soit, c'était elle qui avait fixé le post d'intervenant en musique et offert à Yoongi une place définitive – et mieux rémunérée – dans l'établissement.

SeolA était une gentille jeune fille, discrète et compréhensive et Yoongi l'aimait bien. Parfois, il se demandait ce qu'elle pouvait trouver à KiHyun puis il les voyait, lovés l'un contre l'autre dans leur trop grand canapé et il se disait que tout n'avait pas forcement d'explication.

« Hm.... J'ai reçu un mail. Commença la brune.

-Si c'est encore au sujet de mon homosexualité et combien c'est mauvais pour les enfants d'avoir un professeur ouvertement gay, tu peux d'ores et déjà leur répondre que ma teinture n'était pas tant une affirmation gay qu'un mouvement de rébellion contre l'autorité parentale tardif.

-Pour commencer, ce n'est pas exactement un bon argument. Quel genre de parents voudraient confier leur petit à un rebelle ? Expliqua la jeune femme. Ensuite, c'était un mail de ta mère. Apparemment tu ne réponds plus à ses messages ou appels et je comprends parfaitement pourquoi mais Hyeri-ssi vient d'accoucher et je crois que ton frère à vraiment besoin de toi.

Yoongi resta interdit. Son regard tomba naturellement sur ses mains. Il avait récemment pris l'habitude de jouer avec ses doigts lorsqu'il avait besoin de réfléchir ou bien qu'il se trouvât face à une situation légèrement tendue.

Et présentement, il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait faire.

Il voulait être présent pour son ainé dans un en jour aussi important. Il voulait voir à quoi ressemblait le bébé et félicité Hyeri pour son incroyable travail. Il voulait assurer à son frère qu'il serait un incroyable papa et partager un café médiocre avec son père.

Il voulait partager leur joie.

Mais il n'était pas sûr d'être prêt à faire face à sa mère. Il savait déjà qu'ils finiraient par se retrouver seul avec elle et rien de bon ne ressortirait de cet échange. L'un d'eux finirait en larme et la plus belle journée de son frère serait entaché de nuage dont Yoongi ne voulait pas être responsable.

-Je – J'appellerai Geumjae, alors. Murmura-t-il.

-C'est toi qui vois, Yoongi. Répondit doucement la jeune fille et Yoongi savait qu'elle ne cherchera pas à poursuivre la conversation plus loin. Sinon, quelqu'un t'attend à l'accueil et il a l'air d'avoir apporté un sacré festin. »

Le jeune enseignant sentit ses lèvres s'étirait en large sourire. Il rangea son téléphone et se précipita hors de sa salle de classe sans même laisser le temps à SeolA d'ajouter quoique ce soit. Il remonta rapidement le couloir couvert de dessin d'enfant et de manteau bariolés. Il fut très vite dans le grand hall lumineux de l'école et il sentit son cœur se gonfler de joie lorsqu'il aperçu le jeune homme aux cheveux argent tombant légèrement sur sa nuque.

Tout en parcourant les quelques mètres qui le séparait du plus jeune, Yoongi aperçu du coin de l'œil les regards envieux de ses jeunes collègues. Il retient de justesse un sourire narquois de se dessiner sur ses lèvres. Lorsque Namjoon aperçu son petit ami, son visage s'éclaira et il leva la main tenant un sac en plastique opaque, le secouant légèrement. Yoongi pouvait déjà sentir l'odeur grasse et généreuse du poulet fris épicer et son ventre s'éveilla.

Il dû résister à la tentation d'enrouler ses bras autour de la nuque du plus jeune pour l'accueillir avec une étreinte étroite. Il ne voulait pas que SeolA l'invite à lire un nouveau mail de l'association des parents d'élèves rappelant qu'ils n'ont aucun réel problème avec son orientation sexuelle mais ils préféraient qu'il évite de l'afficher devant les enfants, afin qu'ils puissent grandir dans un environnement tout à fait neutre.

« Neutre ? Un environnement hétérosexuel neutre » avait grommelé JungKook quand Yoongi leur avait lu l'une des merveilles qu'ils avaient envoyé en masse lorsqu'il avait eu le malheur d'expliquer à une élève qu'il préférait les garçons.

Namjoon semblait lui aussi lutter contre l'envie de se pencher et de déposer un léger baiser sur la joue de son petit-ami. Alors il se contenta de lui sourire et de passer rapidement une main entre ses mèches noisette.

« Tu as finis ta journée ? Demanda finalement le coloré, la voix douce.

-Hm, c'était mon dernier cours de l'après-midi. Répondit Yoongi, radieux. Qu'est ce que tu nous as pris ?

-J'suis passé devant BokChiken en revenant du boulot et je me suis dis que ça nous changerait des nouilles sautées. Expliqua Namjoon en haussant des épaules. T'en dis quoi ?

-J'en dis que si tu n'as pas pris de bière, c'est moi qui choisis le film. »

Namjoon ria doucement et demandant à son ainé s'il était prêt à y aller. Yoongi retourna rapidement dans sa classe pour récupérer son manteau et son sac. Le plus jeune l'attendait dehors cette fois-ci, s'allumant une cigarette et lorsqu'il croisa son regard désapprobateur, le coloré se mit à lui expliquer que le service avait été particulièrement long et que c'était seulement la troisième de la journée. Yoongi ne répondit rien, roulant simplement des yeux au ciel et laissa Namjoon lui attrapait la main avant de les glisser dans la grande poche de sa veste.

L'appartement de Yoongi n'était pas grand mais il lui convenait. Dès qu'on entrait, on pénétrait dans la cuisine et salle à vivre en même temps. La cuisine était sur la droite de la porte, ouverte et équipé assez chichement, l'électro-ménager était dans ses vieux jours et le mobilier était daté mais pour le moment Yoongi n'avait rien trouvé à redire, tout fonctionné et c'était tout ce qui comptait pour lui. Cette cuisine était ouverte sur un petit salon meublé avec simplicité : un canapé convertible qu'il avait récupéré chez KiHyun, une télé offerte par son père, une table basse qu'il avait achetée de lui-même et qu'il avait monté avec l'aide de JungKook. Dans un coin, juste en face de la porte de sa chambre, se trouvait un bureau sur lequel trônait son matériel de mixage et de composition. Juste à côté, son clavier et sa guitare. C'était sans doute l'endroit le plus rangé de tout l'appartement. Il y passé régulièrement l'aspirateur et le chiffon, s'assurant qu'il soit à bonne distance de la cuisine pour éviter les accidents.

Sa salle de bain, se trouvant sur la gauche elle, était aussi grande que sa chambre à coucher et ne comportait qu'une simple cabine de douche, un évier en porcelaine blanc et une toilette dont il avait dû faire changer la lunette à son arrivée. Il avait aussi fixé un porte serviette à l'arrière de la porte.

Quant à sa chambre, c'était une petite pièce parfaitement carrée au mur bleu pâle et aux plaintes parfaitement blanche. Il y avait un placard juste à côté de la fenêtre qui donnait sur une petite ruelle assez calme. Son lit était large, il l'avait eu en promos et l'avait monté avec son frère – ce qui avait donné l'occasion à Hyeri de se plaindre depuis le salon, allongé de tout son long sur le canapé et son ainé lui avait assuré que ça lui avait fait beaucoup de bien. Il y avait un bureau mais pas de chaise puisque Yoongi travaillait de toute façon sur son lit ou bien dans le salon. Il y avait aussi qu'il n'avait pas la place d'avoir une chaise, son lit était trop large. N'importe qui aurait prit un autre lit, quelque chose de moins large et de moins lourd. Mais Yoongi avait toujours aimé être au large dans son lit et il s'était très vite rendu compte que Namjoon avait besoin d'une certaine quantité de place lorsqu'il dort.

Yoongi adorait partager son appartement avec Namjoon et il était sûr qu'il serait capable de vivre avec lui. Il avait envie de se réveiller et de l'entendre se battre avec la vieille cafetière dans la cuisine. Il avait envie de l'entendre hurler – non, pardon, chanter sous la douche tandis qu'il refaisait le lit. Il voulait passer des dimanches matin à ne rien faire, blottit l'un contre l'autre, regardant un téléfilm romantique sans grand intérêt.

JungKook lui avait dit que s'installer avec ce qui restait – à ces yeux – son coup de foudre, c'était quelque chose de dangereux. Il était à peu près sûr que leur sentiment ne tiendrait pas le test de la routine et qu'ils finiraient par ne plus se supporter.

KiHyun l'avait supplié d'arrêter de demander conseil en matière de relation auprès de Jeon JungKook et de faire ce qu'il voulait.

Et Yoongi voulait être sûr d'être prêt. Alors il attendait le bon moment pour passer à l'étape supérieur.

Yoongi décida d'écouter le répondeur de son téléphone fixe pendant que Namjoon faisait réchauffer leur repas de ce soir. Lorsque SeokJin lui avait offert ce téléphone fixe, Yoongi lui avait demandé s'il était au courant que le téléphone portable avait été inventé depuis les années quatre-vingt-dix et qu'il avait bien évolué depuis. Le plus vieux avait rie jaune, collé une tape à l'arrière du crâne du professeur de musique puis lui avait dit que certaine personne n'appelé jamais que sur le fixe. Et manifestement, ce soir, quelqu'un avait cherché à le contacter sur ce même téléphone.

Il appuya donc sur le petit bouton rouge clignotant et laissa la voix robotique de la machine envahir la grande pièce à vivre.

« Vous avez un nouveau message. Reçu aujourd'hui, à 17h47.

Yoongi-ah, c'est papa... Ta mère a bien dû chercher à t'avoir une dizaine de foi aujourd'hui... Evite d'écouter le répondeur de ton portable, hm ? Y'a pas de raison de se mettre de mauvaise humeur... Enfin bref, ton frère a eu un petit garçon et je crois – Nan, je suis sûr qu'il a peur et je crois qu'il a besoin de quelqu'un pour l'aider à se sentir mieux et ta mère n'est pas exactement cette personne. Du coup, si tu pouvais passer à l'hôpital ou bien au moins à la maison... C'est comme tu veux fils. Rappelle moi... Ou me rappelle pas... Je ne sais jamais comment finir ce genre de chose... »

Yoongi resta interdit, fixant le bouton qui ne clignotait désormais plus. Namjoon se tenait sur le pas de ce qui devait être la porte de la cuisine, les deux mains prises par deux boites à emporter de poulet. Il observait son ainé avec un regard légèrement inquiet et très doux.

« Ton frère a eu un petit garçon ? Demanda-t-il, se sentant légèrement idiot.

-Apparemment. Aujourd'hui, surement dans le début d'après-midi. Souffla Yoongi en se frottant les cuisses du plat des mains. Geumjae doit vraiment vouloir que je vienne, ma mère a été jusqu'à envoyer un mail à SeolA-ssi...

-Alors pourquoi tu es là et pas à l'hôpital avec lui ?

-Tu as entendu mon père ? Ma mère est tout sauf d'humeur pour voir débarquer le fils qui l'a abandonné et qui a eut l'audace d'être gay tout ça pour la faire souffrir. »

Namjoon s'empressa de rejoindre son petit ami sur le canapé, déposant le repas sur la table basse avant de l'attirer contre lui dans une forte étreinte. Il détestait quand il parlait comme ça. Namjoon n'avait jamais rencontré madame Min, il ne connaissait même pas son prénom. Il ne savait rien de cette femme mais il n'avait pas la moindre envie d'apprendre à la connaitre. Elle n'était rien de plus qu'une ombre dans leur vie.

Une ombre gigantesque qui les recouvrait presque totalement

Dès qu'elle apparaissait dans la conversation, qu'elle en soit le centre ou bien simplement une allusion, l'effet qu'elle avait sur le plus âgé était simplement dévastateur. Chacun des mots qu'elle avait un jour prononcé avaient une emprise presque diabolique sur Yoongi. C'était comme s'il pouvait les entendre résonner à chaque respiration qu'il prenait.

La plupart du temps, il se contentait d'y faire référence à travers une remarque acerbe, une petite pique sarcastique ou bien une blague sans humour. La voix basse, la mâchoire serrée, les dents grinçantes, Yoongi se laissait aller à un peu de dépréciation en recrachant amèrement ce que sa mère lui avait dit un jour. Parfois, il prenait même la peine de rejouer sa gestuelle, comme pour enfoncer un peu plus profondément la lame dans ce qui rester de son estime. Namjoon n'aimait pas quand il faisait ça mais il savait que c'était le mieux qu'il pouvait obtenir lorsque le plus vieux parler de sa mère.

C'était préférable à ces rares moments où il laissait ces mots prendre le dessus et voler le meilleur de lui-même. Ils étaient semblables à un monstre tentaculaire. Chaque appendice s'enroulait lentement autour de son esprit, de ses sentiments, de son cœur et parfois même de son corps et serraient. Doucement. Toujours de plus en plus fort. Elles l'empêchaient de bouger, de respirer, de penser. Plus rien n'avait de sens, il n'était plus capable de faire quoique ce soit mise à part se détester.

Namjoon aurait voulu pouvoir tout arranger. Il aurait voulu connaitre comme une formule magique pour alléger le cœur et l'esprit de son petit ami. Il aurait voulu savoir comment l'aider, comment le libérer de l'emprise de ce qui n'était rien de plus que des mots.

Juste un ensemble de lettres et de sons.

Juste des mots qui avaient été prononcé dans la colère et la tristesse, qui n'avaient jamais été réfléchis profondément. Ils avaient été sans doute pensés, Namjoon ne croyait pas le moins du monde à ce vieux truc de « je ne pensais pas ce que je disais. ». Quoiqu'il ait pu être dit, cela avait forcément était pensé, sinon ça n'aurait pas été dit. Pour lui il y avait une différence entre « penser » et « réfléchir » et il aimé à croire – ou plutôt il espérait profondément – que madame Min n'avait pas réfléchis à ces mots et leurs conséquences.

Namjoon aimerait pouvoir remplacer tout ses mots par quelque chose de bien plus positif. Il aimerait trouver quelque chose de plus efficace que simplement répéter encore et encore que tout ça n'était pas vrai, que Yoongi ne cherchait pas à faire souffrir sa mère et qu'il n'était pas une mauvaise personne. Mais c'est tout ce qu'il avait pour le moment et il ferait avec.

« Ne dit pas ça, hyung. Murmura doucement Namjoon. Tu sais que ce n'est pas vrai...

-Qu'est ce qui n'est pas vrai, Joon-ah ? Ria amèrement le plus âgé. Mon frère vient d'avoir un petit garçon, mon neveu, et je suis là, à envisager le meilleur moment pour ne pas croiser ma mère – tu te rends compte, ma propre mère – plutôt qu'être à ses cotés alors qu'il a besoin de moi et –

-Tu n'es pas égoïste, Yoongi. Coupa sèchement Namjoon.

Il était rare qu'il se passe de la formule de politesse et lorsque ça arrivait, Yoongi savait qu'il valait mieux l'écouter.

-Tu n'es pas égoïste parce que tu veux t'épargner des souffrances. Reprit-il, la voix légèrement plus douce.

Il s'écarta légèrement de son ainé, planta son regard dans le sien et caressa son visage doucement d'une main, comme s'il était fait de porcelaine.

-Tu n'as pas décidé d'être gay et encore moins pour de faire souffrir ta mère. Ce n'est pas quelque chose que tu peux contrôler. Tu ne décide pas d'aimer quelqu'un, tu l'aime c'est tout. Tout comme tu ne peux pas forcer quelqu'un à te comprendre et te supporter dans tout ce que tu fais.

Yoongi ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose mais Namjoon ne lui laissa pas le temps d'articuler quoique ce soit.

-Je sais ce que tu vas me dire : « Comment on fait quand quelqu'un ne nous a jamais supporter de notre vie ? ». Je n'ai pas de réponse exacte, Yoongi-ah. Je ne pense pas que j'en aurai une un jour. Mais je peux simplement te dire que malgré tout, malgré cette personne qui n'a jamais su te donner l'impression d'être important ou bien de pouvoir faire quelque chose, tu as réussi. Tu as réussi à devenir professeur, à avoir un appartement, des amis qui tiennent à toi et puis... Moi ? Moi je suis là, serais toujours là, pour te répéter encore et encore que même si tu ne peux pas l'obliger à te comprendre et t'encourager, qu'il y a des gens qui croit en toi et qui sont persuadés que tu peux y arriver. Tu comprends ce que je veux dire ? »

Yoongi ne répondit pas. Il fixa le col du T-shirt un peu abimé de son cadet, se mâchant nerveusement la lèvre inférieure. Il laissa les mots faire son œuvre avant de se blottir lentement entre les bras de son petit ami.

Oui, il avait compris. Du moins il pensait avoir compris. Ça ne tenait qu'à lui de laisser les mots de sa mère l'atteindre. Ça ne tenait qu'à lui de lui prouver qu'elle avait tort.

Ils restèrent ainsi pendant encore quelques minutes, en silence, se rassurant dans la chaleur l'un de l'autre. Puis Yoongi murmura qu'il irait à l'hôpital demain dans l'après-midi, puisqu'il n'avait pas de classe. Namjoon hocha vaguement de la tête, lui demandant s'il voulait qu'il vienne avec lui. Le plus âgé refusa du bout des lèvres, mais lui demanda s'il pouvait être là, à l'appartement lorsqu'il reviendrait et son cadet lui répondit qu'il ne l'avait pas imaginé autrement.

Ils durent faire réchauffer le poulet et Yoongi décida qu'ils regarderaient Le château ambulant.

***

Namjoon avait rapidement apprit que lorsque SeokJin organisait une « soirée », il n'avait pas la même conception de « soirée » que la majorité des gens de son âge.

Dans les faits, il y avait tout ce qu'on pouvait et devait trouver durant ce genre de petite fête : de la nourriture, de l'alcool, de la musique. Le seul truc, c'est que personne ne dansait. L'alcool présent n'était pas consommé directement à la bouteille ou bien dans des gobelets bon marchés, ce n'était pas non plus de la bière ; mais du vin, du bon vin, couteux que l'on buvait dans un verre à pied au moins aussi cher. Quant à la nourriture, ça n'avait rien à voir avec les divers paquets de chips ou bien de cacahuète répartie hasardeusement dans des bols en plastique fluo ; nan, ici il s'agissait de véritable repas, cuisiner par SeokJin lui-même et il prenait soin de toujours les surprendre avec des mets toujours plus inventifs et originaux.

En bref, les soirées de SeokJin n'avaient rien à voir avec la soirée que Namjoon avait l'habitude de côtoyer et il était sûr d'une chose : ça lui allait très bien. Il aimait l'idée de se retrouver dans la chaleur de l'appartement étriqué mais drôlement bien décoré de son patron, à discuter calmement autour d'un plateau de fromage français tandis que le fantôme d'une mélodie de De Bussy planait dans l'air. Il trouvait que les lendemains de cuite au vin rouges et autre rosé pétillant étaient bien plus agréable que celle à la Kronenbourg ou bien la Heineken.

Il aimait ce genre de moment. Il avait l'impression d'être enfin un adulte. C'était sans doute idiot, mais c'était comme ça qu'il le vivait. Il se sentait mature et responsable tandis qu'il faisait tourner le vin dans son verre à ballon et dégustait une tranche de saucisson bien grasse dont Jin vanté les mérites à qui voulait bien l'entendre.

Enfin ce soir, sa maturité spontanée avait laissé place à un acerbe et terriblement infantilisant sentiment de jalousie.

Le pire, c'est qu'il s'en voulait vraiment. Il aurait voulu pouvoir s'entendre avec ce Jung Hoseok. Namjoon voulait pouvoir s'entendre avec tous les amis de Yoongi comme Yoongi faisait un effort pour que ça marche avec les siens. Jusqu'ici, il avait l'impression de s'être assez bien débrouiller.

JungKook l'appelé hyung. Ils étaient capables d'avoir des conversations intéressantes et plutôt vivantes sans que Yoongi soit dans la salle et il leur arrivait même de s'envoyer des SMS de façon régulière. Le fait que l'étudiant connaisse et semble très lié à Jimin avait sans doute quelque chose à voir dans leur bonne entente mais Namjoon était relativement assez fier de leur relation.

Les choses avaient sans doute été un peu plus longue avec KiHyun et sa compagne. L'avocat était méfiant par nature et il avait eut beaucoup de mal à s'acclimater à Namjoon. Il ne s'était jamais opposé à sa relation avec Yoongi, au contraire même, il l'encourageait de tout son cœur, mais il ne pouvait s'empêcher de souligner l'écart d'âge existant parfois entre eux. Selon lui, ce genre de chose avait toujours un impacte sur les relations et il voulait simplement s'assurer que tout irait bien. Aussi bien pour Yoongi que pour Namjoon. Le plus jeune avait rapidement comprit qu'il ne pensait pas à mal, il avait simplement dû ramasser les morceaux lorsque Yoongi était au plus bas et il aimerait ne plus jamais avoir à le faire.

C'était sa femme, SeolA, qui lui avait expliqué ça. Elle-même voyait leur différence d'âge avec une certaine appréhension mais c'était parce qu'elle était, elle aussi, la plus jeune de son couple et elle savait quel genre de question on pouvait finir par se poser. Sans doute qu'elle avait été plus diplomate et accessible que son époux, elle avait même plusieurs fois conseillé le jeune homme lorsqu'il était face à des choix difficile.

Peut être bien que leur relation eût été un peu cahoteuse au départ et qu'encore aujourd'hui, les choses étaient parfois étrangement tendues, mais Namjoon avait enfin l'impression que le petit couple était capable de voir au-delà de son âge et de son travail en tant que serveur.

Il avait aussi rencontré un ou deux de ses collègues mais Yoongi n'était pas vraiment quelqu'un de social au travail.

Quant à la famille Min, il avait croisé une ou deux fois Min Geumjae lorsque celui-ci quitter l'appartement de son frère et celui-ci ne semblait pas le voir. Il avait aussi parlé une foi au téléphone avec sa femme, Hyeri et il l'avait trouvé tout à fait charmante. Ses parents n'avaient jamais traversé le tableau.

Quoiqu'il en soit, Namjoon avait l'impression d'avoir réussit à s'entendre au moins de façon cordial avec tous les proches de son petit ami et il était vraiment agacé de ne pas réussir à en faire de même avec Jung Hoseok.

Pourtant, il aura vraiment voulu.

Après tout, Jung Hoseok ne semblait pas plus méchant que n'importe qui. Même peut être le contraire. Il avait le sourire lumineux et large, le rire facile et toujours un mot encourageant pour tout le monde. Namjoon le connaissait depuis seulement trois quarts d'heures mais il l'avait déjà encouragé trois fois à passer des entretiens dans un certains nombre d'entreprise et raconter tout sa vie. C'était un type généreux et attachant et Namjoon s'en voulait de ne pas pouvoir faire autre chose que de le dévisager du regard tout en sirotant son verre de vin.

Yoongi l'avait invité un peu plus par obligation que par réelle envie. Il était allé faire réparer un tambourin qu'un élève avait abimé et au moment ou il allait régler sa facture, il avait reçu l'appel du plus vieux de la bande et sans trop comprendre ni pourquoi, ni comment, il avait fini par être le bienvenu.

« Et donc toutes les partitions lui sont tombées dessus ?! S'exclama JungKook, hilare.

-Toutes sans exception. Répéta Hoseok, levant son verre en direction du plus jeune de la bande. »

Tout le monde éclatât de rire et Namjoon se sentait mal à l'aise, légèrement exclu. Ça allait bientôt faire dix minutes qu'Hoseok racontait des anecdotes qu'il partageait avec Yoongi et à chaque rire qu'elles arrachaient à l'assemblée, le jeune homme avait l'impression de devenir un peu plus étranger à la situation. Il aurait voulu intervenir, interrompre son ainé pour glisser une ou deux anecdotes lui aussi. Peut-être pas grand-chose de mirobolant mais une petite histoire, trois fois rien, simplement pour lui faire savoir que lui aussi : il connaissait bien, très bien même – bien plus que Jung Hoseok- Yoongi et qu'ils avaient leur propre histoire en commun.

« Je dois avouer que je suis un peu vexée, Yoongi-ah. Lança KiHyun en se penchant pour attraper un canapé à l'olive. Pourquoi ne nous avoir jamais parler d'Hoseok-ssi ?

-C'est juste que –

-On s'est séparé de façon un peu... Particulière, on va dire. Coupa Hoseok avant de prendre une longue gorgée de vin.

-Quoi ? Vous vous êtes disputé ? S'enquit Jin, sa curiosité avait toujours été un problème selon lui.

-Non, pas exactement. Reprit le jeune psychiatre après avoir avalé. Hyung et moi, on – Ce n'était pas exactement « sortir ensemble » mais on a – On a vécu quelques choses ? Je ne suis pas exactement sûr de comment expliquer ça, en réalité. On s'est embrassé pendant une soirée, puis c'est devenu un de nos – Habitudes ? On n'a jamais réellement mis de label sur ce qu'on vivait, les choses étaient juste comme ça. Puis j'ai décider de continuer mes études à l'étranger et à l'époque... Je pensais être amoureux, je suppose ? Encore une foi, on n'a jamais vraiment parlé de sentiments ou de quoique ce soit, mais il était mon premier baiser, la première relation qui se rapprochait un peu d'une relation amoureuse donc... Je lui ais offert un petit truc avant mon départ, pour lui rappeler ce qu'on a vécu, une façon un peu discrète de lui dire que je voulais plus puis j'ai essayé de le contacter une fois arriver aux Etats-Unis mais je me suis rapidement rendu compte que je n'avais ni numéro de téléphone, ni adresse mail, rien du tout alors ... Je suppose qu'on a finit par passer autre chose progressivement ? »

Il offrit un sourire légèrement gêné à la fin de sa tirade. Chacun alla de son petit commentaire, Yoongi offrant même une rapide petite explication de son coté, comme quoi il n'avait jamais cru qu'Hoseok puisse ressentir autre chose que de l'amitié, peut être même un peu d'attirance physique pour lui. Du moins, il n'avait jamais vu leur relation autrement. JungKook estima que c'était tout de même un peu cruel de la part de son ainé d'avoir laisser partir son premier baiser sans même lui donner un moyen de le contacter. KiHyun estimait que la faute était partagée, Hoseok aussi aurait pu laisser une adresse ou bien quelque chose. SeolA appuya que si le jeune psychiatre voulait vraiment contacter leur ami, il suffisait qu'il demande le numéro à son père, il devait bien être dans on ficher client. Jin était déjà entrain de comparer leur histoire à tous les films romantiques qu'il n'avait jamais vus.

« Qu'est ce que tu en dis-toi, Namjoon-ah ? Demanda soudainement Seokjin, se retournant vers son cadet. On ne t'a pratiquement pas entendu ce soir.

-J'vais aller fumer une cigarette. Je reviens. »

Il avait à peine articulé et c'était levé sans laisser aux autres de comprendre ce qu'il venait de dire. L'air frais de la ville lui avait fouetté le visage aussitôt qu'il avait poussé la porte vitrée du balcon. Il pouvait sentir l'odeur d'un restaurant traditionnelle se mélangeait à la pollution ambiante. Il attrapa son paquet de cigarette dans la poche de sa veste, en tira une puis glissa sa main dans la poche de son jean pour attraper son briquet. Il alluma son tube de nicotine avant de retourner son briquet à sa place. Il prit une longue bouffé de toxine et s'accouda à la rambarde écaillée, son regard perdu sur les immensités lumineuse qui composées cette chère Séoul nocturne.

« Premier baiser. » Namjoon ne s'y connaissait pas assez en romance pour savoir si un premier baiser avait réellement tant d'importance que ça dans la vie de quelqu'un. Si on en croit les comédies romantiques, les romans d'amour et SeokJin, oui, d'une certaine façon. Il se souvient encore du long discours dramatique que son employeur lui avait servi lorsqu'il avait avoué ne pas se souvenir précisément de son premier baiser.

« C'est ton tout premier pas dans les relations amoureuses, Namjoon-ah ! Le début de ce qui va être une longue et tumultueuse aventure où tu vas apprendre à connaitre autrui et te connaitre ! Tu ne peux pas ne pas te souvenir de ton premier baiser ! »

Non, Namjoon ne s'en souvenait pas de tous les petits détails qui avait composé son premier baiser. Mais Jung Hoseok avait l'air de s'en souvenir. Il avait l'air de se souvenir précisément.

Comme Namjoon pouvait rivaliser avec ça ?

Un psychiatre. Un de ses types dont les parents avaient l'argent pour les envoyer étudier à l'étranger quand Namjoon n'a même jamais quitter la ville.

Un romantique du genre à offrir un cadeau par semaine, puisqu'il en avait les moyens, quand Namjoon devait pouvoir s'estimer heureux de pouvoir payer un repas dans un fast-food après des semaines à compter son argent.

Il aurait l'argent pour le supporter quelque soit ses projets. Que se soit la musique ou bien l'enseignement. Il pourrait même lui acheter le chien dont Yoongi rêve.

Surement un gars qui n'avait jamais dû galérer de sa vie, à qui on n'avait jamais dû dire que « son image ne correspond pas exactement aux valeurs de l'entreprise. ». Il devait appeler sa mère tous les week-ends, prendre des nouvelles des grands-parents régulièrement alors que Namjoon devait se contenter des contenus publics du compte Facebook de sa petite sœur.

Et puis personne ne devait jamais se méfier de lui. Il avait un sourire large et lumineux, on ne pouvait qu'aimer Jung Hoseok. Alors que Namjoon... Il y a de ça quelques jours, une mère est allée jusqu'à changer de trottoirs pour que son fils ne croise pas son regard.

Hoseok avait tout pour lui. L'argent, les relations, le charisme, le sourire.

Le premier baiser de Yoongi.

Namjoon serait son éternel second. Un moins que rien incapable de s'occuper de lui-même, qui devrait se contenter de vivoter grâce à des emploie à mi-temps, condamner à vivre dans un studio lugubre et à compter chaque sou jusqu'à la fin de ses jours. Et Yoongi ne mérita pas ça.

Il méritait une grande maison – ou au moins un appartement décent. Une pièce entièrement dédiée à sa musique et ses créations. Pouvoir dormir tard le dimanche matin sans entendre ses voisins discuter les dernières nouvelles ou bien l'étudiant du palier et ses dernières conquêtes. Il méritait de recevoir un bouquet de fleurs toutes les semaines, manger quatre fois par mois au restaurant – et dans un vrai restaurant où Namjoon payerait la note avec autre chose que sa remise employée ou bien des coupons.

Il méritait d'être couvert de cadeau chaque jour que le bon dieu faisait.

Il méritait qu'on lui rappelle combien il était incroyable, talentueux et magnifique à chaque instant de la journée.

Il méritait d'être enseveli sous l'affection et la tendresse.

Il méritait la terre et le ciel et tout ce qu'il y avait entre.

Et tout ce que Namjoon pouvait lui offrir c'était un poulet acheté avec un bon de réduction et un câlin devant un film idiot.

Ce n'était qu'une question de temps. Yoongi allait finir par se rendre compte que Namjoon n'était pas ce qu'il lui fallait, n'était pas assez. Il finirait par retourner dans les bras de Jung Hoseok, s'offrirait son happy ending. Et Namjoon s'achètera un paquet de cigarette grâce à ses pourboires.

Il tira une nouvelle fois sur sa cigarette et expulsa un nuage gris épais. La porte glissa derrière lui et Yoongi lui proposa de rentrer. Namjoon lui offrit un sourire étrange, jeta son mégot par-dessus la rambarde et suivit son ainé. Alors qu'ils remontaient la rue qui menait à l'immeuble du jeune enseignant, les premiers flocons de l'hivers tombaient lentement, tous presque déjà fondu avant de toucher le goudron. Yoongi lui proposa de rester dormir chez lui ce soir et Namjoon sourit une nouvelle fois.

Autant en profiter tant que j'y ais le droit.

Ils prirent chacun leur douche de leur côté, toujours sans vraiment se parler et Namjoon ne pouvait pas empêcher cette petite voix au fond de lui de répéter que quelque chose allait mal. Il ne lui aura pas fallu longtemps pour extrapoler et angoisser.

Revoir Hoseok lui avait surement ouvert les yeux.

Il allait rompre dès ce soir dans l'espoir de récupérer le bonheur qu'il lui était promis.

C'est ta dernière nuit avec Min Yoongi. Avec l'homme que tu aimes.

« Joon-ah ? Tu m'écoutes ? Demanda soudainement Yoongi, le tirant de sa réflexion.

Il se tenait devant lui, sa chemise du jour entre les doigts, simplement vêtu d'un caleçon et d'un T-shirt de Slam Dunk. Il dégageait quelque chose de doux, innocent avec ses cheveux en bataille, légèrement humide et ses grands yeux légèrement inquiets.

Il méritait d'être protéger et Namjoon avait peur de ne pas en entre capable.

-Tu as l'air ailleurs depuis un moment. Tu veux en parler ? Reprit le plus vieux en rangeant rapidement son vêtement.

Namjoon haussa simplement des épaules, laissant son regard se perdre sur la peinture terne du mur derrière l'élu de son cœur. Il préférait ne rien dire, il ne voulait pas dire quoique ce soit d'idiot qui pousse Yoongi à se rendre compte de ce qu'il ratait.

-Tu sais que tu peux tout me dire Joon-ah et que –

-Je sais. Coupa sèchement Namjoon, comprenant à peine d'où venait cette agressivité. Sauf que je n'ai rien à te dire, hyung.

Yoongi l'observa, la bouche légèrement entre-ouverte, les yeux ronds comme des billes, clairement choqué. Et Namjoon savait qu'il avait été injuste et qu'il venait juste de creuser sa tombe. Il n'était pas prêt à avoir cette conversation alors il préféra ramasser ses affaires et commencer à diriger vers la salle de bains pour se changer et pouvoir quitter l'appartement. Mais Yoongi lui attrapa le bras avant qu'il puisse passer la porte.

-Tu m'explique ce que tu es en train de faire là ? Demanda le plus vieux, toujours plus inquiet qu'en colère.

-Je m'en vais. Répliqua Namjoon, évitant par tous les moyens de croiser le regard du chocolaté.

-Et pourquoi ?

-Parce que je ne veux pas qu'on se dispute.

-Qui a dit qu'on se disputait, Namjoon ? S'étonna Yoongi.

Et Namjoon croisa son regard et le regretta. Il y avait cette petite lueur douloureuse au fond des ses pupilles et le plus jeune sentit son cœur se serrait douloureusement. Il avait presque l'impression de ne plus pouvoir respirer. Il ne voulait pas faire de mal à Yoongi. Il ne pouvait pas lui en vouloir d'espérer le meilleur pour sa vie.

C'était injuste de sa part.

-Namjoon ? Demanda de nouveau Yoongi, l'inquiétude transpirant dans sa voix.

-C'est juste que – Je ne t'en voudrais pas tu sais ? Tenta le plus jeune du bout des lèvres.

-D'accord, c'est bien, je suis ravi de l'apprendre, mais de quoi tu parles exactement ?

-Hoseok-ssi. Je ne t'en voudrais pas si tu préfères être avec lui maintenant...

Il avait du mal à articuler, de lourds sanglots nouaient sa gorge. Le dire à voix haute était bien plus dur que ce qu'il pensait.

Les yeux de Yoongi s'agrandirent, comme s'il comprenait enfin de quoi il s'agissait. Avant même que Namjoon comprenne ce qu'il se passait, le chocolaté enroula ses bras autours de son coup, l'attirant contre lui. Namjoon resta immobile, les yeux sur la lampe de chevet fixée au mur au-dessus du lit. Son cœur battait tellement vite et tellement fort et il pouvait sentir une larme roulée le long de sa joue.

-Où est ce que tu es allé chercher un truc pareil ? Demanda Yoongi, le visage enfoui dans le cou de son cadet.

-C'est juste que – Que c'est t-ton premier baiser et i-il te c-connait depuis plus l-longtemps que moi – Je veux j-juste que tu sois heureux...

Yoongi s'écarta légèrement, ses bras toujours autour de Namjoon, ses mains agrippaient à son T-shirt, les yeux légèrement rouges et le jeune homme sentit son cœur se resserrait encore un peu, s'en voulant d'avoir fait pleurer son petit-ami.

-Et tu penses que je ne suis pas heureux avec toi ? Demanda doucement Yoongi en essuyant rapidement la larme qui se glissait sur la joue de son cadet.

-Je – Je ne sais p-pas, j'ai cru que – Il a tout p-pour lui et m-moi – Je n-ne pourrais jamais lui a-arriver à l-la che-cheville.... J-Je veux d-dire, je n'ai p-pas d'argent ni d-de boulot s-stable ou b-bien – Je n-ne pourrais j-jamais t'offrir de b-belle maison ou b-bien de joli b-bracelet et -

-Quelle est ma couleur préférée ? Demanda soudainement Yoongi.

-Le b-bleu marine. Mais quel est –

-Mon plat préféré ?

-Le b-bobun avec des brochettes d'agneau. Répondit de nouveau, presque immédiatement le plus jeune. Hyung à q-quoi tu joues ?

-Mon artiste préféré ?

-Eminem mais tu aimes j-juste la musique en r-règle générale donc –

-Mon alcool préféré ?

-Tu ne bois pas b-beaucoup mais tu as un faible p-pour l'Irish Bomb.

-Ma plus grande peur ?

-De ne pas en faire assez et donc de décevoir les gens. Hyung ou est ce que tu veux en venir ? Demanda finalement Namjoon, clairement perdu.

-L'endroit où je préfère être ?

-Dans ton lit. Répliqua rapidement le jeune serveur avant de souffler une dernière foi. Est-ce que tu vas m'expliquer ce que tu fais, là ? »

Yoongi lui offrit un sourire tendre et amoureux. Il se pencha légèrement pour attraper les lèvres de son cadet. Namjoon répondit immédiatement au baiser. Ses bras s'enroulèrent autour de la taille du plus âgé, l'attirant vers lui tandis que Yoongi resserrait son étreinte autour de ses épaules. Leurs lèvres se mouvaient de façon lente et délicate, comme s'ils avaient peur d'aller trop vite et de ne pas bien faire comprendre à l'autre l'étendue et la force de leurs sentiments.

Namjoon le tenait fermement sans pour autant trop appuyer sur ses mains, comme s'il avait peur de casser la plus belle et délicate création sur cette planète.

Yoongi se suspendait à ses lèvres et à ses épaules comme si sa vie en dépendait et qu'il n'y avait jamais que Namjoon pour le sauver.

Le baiser ne dura pas si longtemps et pourtant, le temps s'était arrêté pour eux. Les secondes s'étaient allongées pour rendre cet instant illimité. Les palpitations qui embrasaient leurs cœurs, cette chaleur au creux de l'estomac toujours plus intense et leur frisson. Leurs deux corps se répondaient, en parfaite harmonie et ils avaient l'impression que si jamais ils se séparaient, ils perdraient tout.

C'était sans doute un peu effrayant, cette façon qu'ils avaient de ne pouvoir respirer qu'à travers l'autre, cette dépendance presque trop grande pour être humaine, mais aucun d'eux ne voulait envisager les choses autrement. Il y avait fort à parier que si jamais ils devaient se séparer pour une raison ou pour une autre, qu'il arrive un malheur suffisamment grand pour détruire ce lien qu'ils ont, alors la chute serait atrocement douloureuse. Sans parler du processus de reconstruction.

Quelque soit son résultat cette relation laissera une marque indélébile et terrifiante dans leur vie. Et ni l'un ni l'autre ne semblait le regretter.

Lorsque leurs bouchent se lâchèrent enfin, ils étaient comme à bout de souffle. Namjoon dévorait du regard son ainé avec la plus grande tendresse et un amour sans limite. Yoongi lui rendait la pareille dans un simple sourire. Ils étaient comme dans un autre monde, une bulle hermétique à tout ce qui pouvait se passer autour d'eux.

« Hoseok a beau être mon premier baiser ou bien me connaitre depuis plus longtemps, il n'y a que toi – tu m'entends Namjoon ? Que toi. – qui me connaisse vraiment et à qui j'offrirais mon cœur comme ça. Je me fiche de l'argent ou bien d'avoir une grande maison. Tout ce qui compte, c'est que je t'ai toi. Tant que tu seras là, je n'ai aucune raison de me plaindre.

Namjoon ria légèrement, les restes de sanglot amer disparaissaient doucement, laissant derrière lui une euphorie un peu fatiguée, drainée par son angoisse. Il glissa une main jusque-là joue de son amant, la caressa tendrement avec son pouce.

-Je – Merci Yoongi-ah... Murmura doucement le plus jeune. Même si c'était atrocement mièvre comme tirade. Laissa-t-il échappé avec un rire encore un peu lourd de sanglot, comme pour détendre l'atmosphère.

-Je sais, j'ai cru que j'allais fondre tellement c'était dégoulinant. Grommela le chocolaté en roulant des yeux au ciel. Ceci étant, je ne sais pas d'où est ce que ton petit délire sortait puisque qu'Hoseok est fiancé.

-Pardon ?

-Hm. Reprit Yoongi tout en jouant avec les cheveux dans la nuque de son cadet. Il se marie l'été prochain avec une demoiselle qu'il a rencontré durant ses études. Ne me dit pas que tu étais trop occupé à être jaloux pour l'écouter ? »

Namjoon ne répondit pas. Il préféra recommencer à embrasser son amant. C'était, selon lui, la meilleure façon de le faire taire.

***

La vie est pleine de surprise, c'est un dicton vieux comme le monde et jusqu'ici Yoongi estimait que c'était plutôt vrai. La vie lui avait offert un certain nombre de surprises, plus ou moins plaisantes. Mais il trouvait que les bonnes surprises surpassaient largement les moins bonnes.

Son père qui le soutient dans ses choix de vie était une bonne surprise.

Obtenir cette place fixe à l'école était une bonne surprise.

Namjoon était sans doute la meilleure des surprises. Surtout lorsqu'il avait proposé de lui-même à Yoongi de vivre ensemble.

Le déménagement s'était fait en moins d'une après-midi. Yoongi avait fait de la place dans son placard, sur le bord de son évier et dans la cuisine. Ils étaient rapidement tomber dans une routine pour le moins agréable. Namjoon se réveillait en premier, prenait une courte douche sous laquelle il essayait de ne pas « chanter » trop fort puis il allait faire du café. C'était Yoongi qui s'occupait des repas du soir puisque son cadet n'était pas exactement un cuisinier. Ils leur arrivaient de manger Au bonheur des dames mais Namjoon lui avait rapidement avoué qu'il préférait sa cuisine et l'avait supplié de ne rien dire à son patron.

Ils s'attendaient pour regarder un épisode d'une nouvelle série.

Alterner pour choisir le film qu'ils regarderaient le soir.

Et ne partaient jamais voler un court baiser, surprenant toujours l'autre.

Quoiqu'il en soit, il se pensait habituer au surprise et prêt à leur faire face quoiqu'il arrive. Bonne ou mauvaise, Yoongi avait une réponse. Mais il n'était clairement pas prêt pour celle-là.

Il jeta un regard alarmé à SeolA, lui demandant silencieusement ce qu'elle était entrain de faire et surtout pourquoi est ce qu'elle faisait ça et la jeune fille ne lui offrit qu'un sourire contrit. Il ne pouvait pas s'empêcher de sentir un peu trahit par sa jeune amie. Lorsqu'elle l'avait appelé dans son bureau, il pensait que c'était pour discuter du prochain petit spectacle de Noël qu'il voulait monter. Le sourire qu'il avait sur les lèvres lorsqu'il avait poussé la porte du bureau s'était effondré aussitôt qu'il avait croisé le regard dur et sévère de sa mère, assise en face de sa directrice.

Elle portait un tailleur crème et des escarpins noirs parfaitement cirés. Ses cheveux noirs, légèrement blanchissant étaient relevé en un chignon serré, parfaitement centré. Son teint était lisse et frais, sans doute aidé par une bonne marque de maquillage, son regard souligné par un masquera couteux et un crayon noir charbonneux et ses lèvres étaient d'un parfait rouge carmin.

Elle ne lui sourit pas et Yoongi en fit de même.

« Il faut qu'on parle, Yoongi-ah. »

Sa voix était froide, sèche. Elle ne lui demandait pas, elle lui ordonnait et pendant un court instant, Yoongi se demanda s'il ne pouvait pas simplement claquer la porte et s'en allait. Dans les faits, rien ne l'en empêchait, si ce n'est ce petit espoir idiot, presque mourant, qu'un jour les choses pourrait s'arranger entre lui et sa mère. Alors il avait refermé la porte derrière lui et s'était assit en face de SeolA, à la droite de sa génitrice. Celle-ci lança un regard à la jeune directrice qui comprit rapidement qu'elle n'était plus la bienvenue dans son propre bureau. Elle hésita avant de se lever et de quitter la pièce.

Yoongi était mort de honte. Sa mère venait juste de mettre à la porte du bureau de la directrice, la directrice elle-même.

Ils restèrent en silence pendant peut être bien une minute, Yoongi fixant ses mains et elle son fils, comme si elle le découvrait pour la première foi.

« Tu n'es pas venu voir ton frère à l'hôpital.

Yoongi sentit quelque chose de lourd s'effondrait sur ses épaules tandis qu'on lui vidait le contenu d'un seau rempli d'eau glacée sur le corps.

-Je – Je suis passé le voir jeudi en fin d'après-midi. Tu n'étais juste pas là. Murmura le jeune homme, les yeux tremblants et fixés sur ses mains.

-Regarde-moi quand tu me parles. Cracha madame Min et Yoongi releva immédiatement les yeux.

Elle était en colère.

-Je peux savoir pourquoi tu es passé précisément à ce moment-là ? Reprit-elle, toujours aussi amère.

Comme si la réponse n'était pas évidente.

-C'était le seul moment où j'étais disponible. Répondit simplement Yoongi.

Il ne comprenait pas pourquoi il avait préféré mentir mais il savait qu'elle n'en avait pas cru un mot. Mais elle n'en dit rien. Elle se contenta de grimacer, les lèvres serrées en une fine ligne sévère. Ce qu'elle s'apprêtait à lui dire semblait être particulièrement difficile pour elle. Elle ferma les yeux pendant quelques secondes et laissa un léger soupir lui échapper.

-Ta grand-mère paternelle tient à organiser un repas pour la naissance de Sungjae et ton frère tient à ce que tu sois présent. Evidemment, il a fallu que ton père lui parle de tes frasques idiotes –

-Ce ne sont pas des frasques idiotes ! » Cracha soudainement Yoongi.

Il pouvait sentir sa colère bouillir au creux de son estomac. Il avait promis à Namjoon de ne plus laisser cette femme avoir le dessus. Yoongi n'était pas un enfant gâté entrain de faire un caprice tout ça pour avoir un peu d'attention de la part de maman.

Non.

Yoongi était simplement gay et indépendant.

Et heureux avec ça.

Ce n'était pas des « frasques idiotes ».

Ce n'était pas une « crise d'adolescence tardive. »

Il ne cherchait pas non plus à la punir ou bien à punir qui que ce soit.

Il était juste lui-même et heureux. Et il était prêt à lui répéter jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'elle ne pourrait rien n'y changer. Il n'attendait pas son soutient ou bien son amour, il n'était pas assez idiot pour ça. Mais il voulait qu'elle cesse de chercher à changer les choses. Juste ça. Et il estimait que ce n'était pas trop demandé.

« Excuse-moi ? Eructa sa mère, le regard soudainement dangereusement sombre.

Yoongi prit une grande inspiration. Il n'avait pas besoin de chercher les bons mots, ils lui vinrent assez naturellement.

-Mon orientation sexuelle n'est pas une « frasque idiote », maman. Répondit-il, étrangement calme. C'est ce que je suis, ça fait partie de moi et ça ne changera pas.

Elle eut un rictus offusqué, roulant des yeux au ciel encore une foi, comme si elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait d'entendre.

-Et qu'est ce que tu en sais ? Cracha-t-elle. Tu n'as jamais eu de petite amie, tu n'as aucune idée de ce qu'une relation avec une femme pourrait t'apporter.

-C'est vrai. Admit le chocolaté, toujours aussi calme, comme s'il s'adressait à un enfant qui avait du mal à comprendre une explication. Et si un jour ça m'arrive, alors je serai bi. Mais pour le moment je suis avec Nam-

-Ne prononce pas son nom. Siffla sombrement la plus âgée.

-Namjoon. Reprit Yoongi, la voix plus ferme. Namjoon me rend heureux, je l'aime et il m'aime et c'est tout ce qui compte. Maintenant, que ça te convienne ou pas, ça ne m'intéresse pas le moins du monde. Parce que c'est ma vie et non pas la tienne et il se trouve qu'elle me convient.

Madame Min retroussa les lèvres, une grimace agacée sur le visage. Elle fixa encore quelques secondes son fils sans rien ajouté. Elle finit par soupirer, quelque chose de long et de fatigué, avant de passer le plat de sa main sur un plie inexistant de sa jupe. Puis, après avoir jeter un dernier regard plein sombre à son fils cadet, elle se leva.

-Puisqu'elle te convient, tu n'auras aucun problème à nous présenter ton... Compagnon, durant ce repas. » Cracha la plus âgé avant de quitter le bureau sans laisser le temps à son fils de lui répondre.

Et Yoongi n'avait pas de problème à présenter Namjoon à ses parents. Ni à personne d'autre pour tout dire. Mais pourtant, il trouvait difficile de demander à son petit ami ce qu'il pensait de la situation.

Yoongi n'avait pas peur de ce que sa famille pourrait avoir à dire sur Namjoon. Il se fichait bien de leur avis. Il savait bien que personne ne ferait jamais l'affaire. La seule vrai différence est dans la façon que chacun des membres de sa famille le monterait.

Sa grand-mère serait sans doute la plus adorable qui soit, cherchant à connaitre et comprendre le jeune homme. Du moins jusqu'à ce qu'elle ne puisse s'empêcher de poser les questions les plus gênantes - et sans doute légèrement insultantes - qui soit.

Son père ne le monterait pas, tout en essayant de faire taire sa mère, mais il aura déjà jugé condamné le plus jeune simplement à sa coupe de cheveux.

Son frère sera sur la défensive. Tout sera remit en question, il examinera le moindre petit fait et geste de son petit ami, évaluant ses chances d'être la bonne partie pour son cher petit frère.

Inutile de revenir sur sa mère.

Il n'y aura que Hyeri pour offrir un peu d'aide et de répit au petit couple et c'était sans doute parce qu'elle avait dû passer par les mêmes épreuves. La seule différence, c'est que ni Namjoon ni Yoongi ne pouvait tomber enceinte pour acheter l'amour de sa mère.

Mais ce n'était pas si grave. Yoongi pouvait supporter les entendre répéter – sous-entendre pour certain - combien il pouvait faire mieux.

« Si tu tiens vraiment à – A être comme ça, fais au moins l'effort de trouver un bon parti ! »

La voix de sa mère raisonnait encore dans son crâne.

En vérité, son vrai problème n'était pas tant ce que sa famille penserait de Namjoon mais plutôt ce que Namjoon penserait de sa famille. Yoongi avait peur qu'il ne veuille plus de lui lorsqu'il se rendrait compte d'où est ce qu'il venait.

Après tout, qui voudrait d'une belle famille homophobe ? Peut être qu'homophobe était un therme trop fort. Ils n'étaient pas tous répugner par son homosexualité comme l'était sa mère. Par contre, ils étaient tous foncièrement ignorant, prompt au jugement et insensible à leur propre propos et façon d'agir. Et Yoongi avait peur que Namjoon pense qu'il soit pareil, d'une façon ou d'une autre et décide qu'il ne voulait pas partager sa vie avec quelqu'un comme ça.

JungKook lui avait raconté que ça arrivait plus fréquemment que ce que l'on croyait. La belle-famille a bien plus d'importance que ce que les séries télé laissent sous-entendre. Au début, il pourrait très bien faire comme si tout ça n'avait pas tellement d'importance mais au bout de quelques temps, il aurait de plus en plus de mal à supporter les petites piques « innocentes ». Il se vengera sans vraiment le vouloir sur Yoongi, devenant plus distant puis ça deviendra trop compliqué à gérer et il finira par rompre.

« Tu comprends pourquoi j'angoisse ? Demanda finalement le jeune enseignant, légèrement à bout de souffle, à son ami avocat.

Il ne sait pas trop comment il avait fini par se retrouver à raconter cette charmante petite entrevu qu'il avait eut avec sa mère, il y a une semaine maintenant, à KiHyun. Les deux amis étaient lourdement accoudés au comptoir en marbre de la cuisine du jeune couple marié. JungKook venait de finir son semestre et il avait apparemment lourdement besoin de décompressé alors il avait littéralement supplié ses ainés d'organiser quelque chose. Puisque Jin était à une réunion de famille, c'était KiHyun qui avait ouvert les portes de son modeste appartement, priant évidement sa femme de bien vouloir passer la soirée avec ses propres amies, afin qu'ils puissent être « entre homme ».

-Je comprends surtout que tu devrais arrêter d'écouter JungKook. Soupira KiHyun en se retournant pour se servir un verre de vin directement au cubi.

-Il a plus d'expérience que moi en matière de relation et –

-JungKook enchaine les relations d'un soir, Yoongi-ah. Coupa KiHyun. Tu crois sincèrement qu'il a été rencontré une seule fois sa potentielle belle-famille ? Il n'a aucune idée de ce dont il parle, absolument aucune. Et puis regarde le, sérieusement, il te semble capable de gérer quoique ce soit ?

KiHyun glissa un regard vers le salon, imité par l'enseignant. JungKook était affalé sur le canapé, une bouteille à la main, les joues légèrement rouges et le regard vitreux.

-Je te dis qu'on ne prend pas assez en compte l'esclavage des moules ! S'exclama l'étudiant en pointant du doigt Namjoon.

KiHyun se retourna vers son ami au cheveux noisette, l'air entendu. Yoongi ne répondit rien, mâchouillant légèrement sa lèvre inférieure.

-Ecoute, Yoongi. Souffla KiHyun, l'air plus tendre. Je n'ai rien contre le gamin, je dirais même que je l'adore, honnêtement. Mais je pense qu'il est temps que tu arrête de te demander ce que JungKook ferait dans telle ou telle situation et que tu te demandes plutôt ce que toi, tu veux. C'est ta relation, pas celle du gamin. Alors fait les choses comme tu le sens. »

Il avait une petite tape dans l'épaule de son ami avant de rejoindre le duo dans le salon. Il ne lui fallut pas deux minutes pour rejoindre le débat animé qu'ils avaient. Yoongi resta quelques temps dans la cuisine, un verre de vin rouge tiède à la main. Son regard se perdit rapidement sur Namjoon. Il souriait largement, l'air ravi. On pouvait apercevoir les deux petites fossettes qui perçaient ses joues. Ses yeux dessinaient d'adorables petits croissants de lunes tandis qu'il riait à gorge déployée.

Yoongi aimait le voir comme ça, simplement heureux et bien dans sa peau. Il se sentait bien quand Namjoon était bien et il n'était pas sûr d'être prêt à perdre quelque chose d'aussi magnifique.

Il avala une large lampée de vin et grimaça légèrement lorsque se rendit compte qu'il était décidément chaud. KiHyun lui avait dit de prendre une décision pour lui et Yoongi décida qu'il allait profiter encore un peu de son bonheur.

Il verrait pour le reste plus tard.

***

« Aimer n'est pas une chose simple. Mais c'est simplement beau. »

Namjoon renifla, essuyant ses yeux humides et essaya de se convaincre que son rhume était la raison de ses larmes. Il ne voulait pas admettre que Kim TaeHyung – pardon Lee Yosung et sa romance avec Park Boyoung – incarnait par l'adorable Bae Suzy – avait lâché une nuée de papillon dans son estomac et fait battre son cœur beaucoup trop vite. Il attrapa rapidement un mouchoir et vida bruyamment ses narines tandis que le générique défilait.

Jin l'avait obligé à rester au lit, sous prétexte qu'il ne pouvait pas prendre le risque qu'il contamine le repas des clients en éternuant dessus. Au début, il avait trouvé ça injuste et terriblement long. Mais maintenant qu'il en était à son cinquième épisode de Drama, il n'était plus exactement sûr de détester ça. Certes, il avait atrocement mal au crâne, son nez se bouchait dès qu'il s'allongeait d'un côté ou de l'autre et il avait des coups de chaud qui lui donnait l'impression de mourir sous les deux épaisseurs de couette qu'il avait. Mais pour la première fois depuis longtemps, Namjoon ne faisait rien tout en étant autorisé à ne rien faire.

C'était quelque chose d'assez particulier à expliquer en réalité, avoir le droit de ne rien faire. Il y a encore quelque temps, Namjoon ne faisait rien, mais parce qu'il n'avait pas d'autre choix que de ne rien faire. Mais maintenant, on lui avait demandé, expressément demandé de rester au lit et de ne pas s'occuper d'autre chose que sa santé.

Il n'y avait rien de bien avec le fait d'être enrhumé et pourtant, Namjoon y trouvait quelque chose de gratifiant.

Le générique de l'épisode suivant débuta lorsque la sonnerie du téléphone résonna dans tout l'appartement, arrachant presque les tympans du jeune convalescent. Il grogna en se levant, sa tête lui donnait l'impression de peser une demie-tonne. Il attrapa la couverture et s'enroula dedans avant de se trainer jusqu'au salon. La sonnerie du téléphone semblait encore pire une foi qu'il avait quitté le confort de son lit. Il décrocha finalement l'appareil, mettant fin à la torture qu'était cette fichue sonnerie.

« Yoongi ? Demanda une voix que Namjoon connaissait bien.

-Nop, c'est Namjoon. Répliqua le plus jeune, reniflant légèrement. Je peux t'aider Geumjae-ssi ?

-Oh. Yoongi n'est pas là ? J'aurai aimé lui parler...

-Il a une répétition pour le spectacle, celui pour la kermesse. Je peux prendre un message si tu veux ? Tenta Namjoon, retenant de renifler de nouveau.

-Er... Je – Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Namjoon-ssi. J'aurai aimé discuter avec lui de vive voix, vous comprenez ? »

Namjoon ne connaissait pas beaucoup Geumjae. Il savait simplement ce que Yoongi lui avait dit de lui et ce qu'il avait pu obtenir de sa femme les rares fois ou ils s'étaient tous retrouvé dans la même salle, ce qui n'était pas arrivé souvent. Donc tout ce qu'il avait sur le frère ainé de son petit ami était qu'il était plutôt gentil, du moins il ne pensait jamais à mal même s'il pouvait être un peu maladroit avec ses mots.

Alors Namjoon essayait vraiment de se convaincre que Geumjae ne cherchait pas à l'exclure volontairement. Il ne l'excluait pas vraiment d'ailleurs, il ne voulait simplement pas discuter avec lui. C'est compliqué d'être exclus de quelque chose lorsqu'on n'en a jamais fait vraiment parti pour commencer.

Après, il n'était pas totalement idiot. Il savait bien ce que la famille de Yoongi devait penser de lui, même sans que le plus âgé leur ait parlé de son passé. Namjoon était la réalisions physique des préférence sentimentales et sexuel de Yoongi. Il était la preuve vivante, littéralement, que Yoongi ne serait sans doute jamais comme les autres, ou plus exactement qu'il ne rentrerait jamais exactement dans le moule de la bonne société. Au-delà de toute homophobie, qu'elle soit violente ou passive, institutionnelle ou bien une histoire de conviction profondes ; quels parents souhaitaient que son enfant souffre du regard des autres tout au long de sa vie ? Namjoon savait bien qu'ils n'y avaient aucune malice derrière leur attitude, au moins du coté du frère ainé et de son père, il ne pouvait pas l'affirmer pour la dame de la maison.

Mais même en sachant qu'ils avaient les meilleures intentions au plus profond d'eux même, il ne pouvait pas s'en empêcher. Cette sensation d'être mit de côté, de ne pas être suffisant, de ne pas être à sa place, savoir que chacun de ses mouvements étaient observés, disséqués puis jugés ; tout c'était douloureux et c'était particulièrement compliqué à prendre avec le sourire.

Et s'ils étaient aussi charmant devant lui alors il osait à peine imaginer ce qui devait se dire lorsqu'il quittait la pièce.

Namjoon savait bien que Yoongi se fichait de ce que sa famille pouvait raconter sur lui. Il savait que leur avis avait assez peu d'importance pour lui au final. Il avait répété encore et encore, après chaque interaction qu'il pouvait avoir avec un membre de la famille Min qui ne soit pas Hyeri ou bien lui-même.

« Tu sais, ça fait un moment que j'ai perdu l'habitude d'écouter tout ce qui pouvait sortir de leur bouche. Et le plus important, c'est moi qui sors avec toi, non ? Et moi je trouve parfais et je t'aime. »

Et c'était tout ce qui devait compter. C'était tout ce qui comptait. Namjoon le savait mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Les petites voix qui ne cessaient de lui répéter qu'il n'était pas assez, que Yoongi méritait mieux et que Namjoon ne serait jamais ce qu'il lui fallait. Quand il pensait comme ça, son cerveau lui passait en boucle les centaines de façon atrocement douloureuse que Yoongi pourrait utiliser pour le larguer. Il savait que c'était un comportement tout à fait toxique et que c'était la meilleure façon pour rendre les choses compliquées et détruire leur relation.

Et Namjoon ne devrait pas laisser des stupides paroles, des attitudes ignorantes l'atteindre autant. Il était bien plus intelligent que ça. Mais parfois, c'était plus simple et terriblement satisfaisant de simplement laisser son immaturité parler.

« Je vois. Reprit-il, un peu plus froid. Dans ce cas-là, est ce que vous avez essayé de l'appeler sur son téléphone portable ? Vous aurez surement plus de chance de l'avoir, personnellement, de cette façon.

-J'ai essayé à midi mais il n'a pas répondu alors je me suis que –

-Oh. C'est étrange, Yoongi répond toujours sur son portable à cette heure-là, pourtant. » Coupa le plus jeune, un sourire mauvais sur les lèvres.

Il ne devrait pas se sentir aussi bien. Il ne devrait pas prendre de plaisir à tourmenter le frère ainé de son petit ami en sous-entendant que son cadet avait ignoré son appel. Il ne devrait pas. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il était fatigué, sa tête lui faisait un mal de chien et ses pensées étaient un marasme de jalousie, insécurités et une envie terrifiante de retourner au lit.

« C'est – Je dois vraiment lui parler, Namjoon-ssi. Reprit Geumjae et le plus jeune n'avait aucun mal à imaginer son air gêné.

-Et bien, je ne peux pas faire grand-chose pour vous. Répliqua-t-il en haussant les épaules. Yoongi n'est pas là, il n'y a que moi. Alors je suppose que vous allez devoir atteindre qu'il veuille bien décrocher son téléphone. Sur ce, si vous voulez bien m'excuser, je ne suis pas exactement en grande forme et j'aimerai retourner au lit au plus vite.

Il avait deux ans d'âge mental.

-Oh bien sûr ! S'exclama Geumjae. Je ne voulais pas vous retenir ! Est-ce que vous pourriez simplement dire à Yoongi que j'ai appelé ?

-J'essayerai de m'en souvenir. Marmonna Namjoon en roulant des yeux au ciel.

-C'est vraiment important, Namjoon-ssi ! Reprit activement le plus âgé. Ma grand-mère tient vraiment à ce qu'il soit présent à ce repas ! Ça lui tient vraiment à cœur ! »

Namjoon resta interdit une seconde. Il n'avait jamais entendu Geumjae aussi pressé. Il ne le connaissait pas vraiment, mais il ne lui donnait pas l'impression d'être quelqu'un à s'emporter pour des choses futiles. Namjoon marmonna qu'il lui ferait passer le message avant de retourner s'écraser entre les coussins. Il relança son épisode sans pour autant y prêter vraiment attention. Son esprit vagabondait dans des eaux assez étranges et collantes. Il ne pouvait pas s'empêcher de se demander pourquoi.

Pourquoi Geumjae avait-il réagit comme ça ?

Et si c'était si important, pourquoi Yoongi ne lui avait pas parlé de ce repas ? Ou bien de sa grand-mère de façon plus générale ? Après tout, ce n'était pas la première foi que sa mère l'invitait à un repas sans convier Namjoon et jusqu'ici, Yoongi lui en avait toujours parlé. Alors pourquoi c'était différent avec sa grand-mère ?

Mais peut être qu'il n'était pas au courant jusqu'ici ?

Non, la formulation de Geumjae laissait sous-entendre qu'ils en avaient déjà discuté.

Mais alors pourquoi Yoongi ne lui avait rien dit ? Est-ce qu'il avait peur que Namjoon l'empêche d'y aller ? Ou bien est ce peut être que sa grand-mère était pire que sa mère ? Si c'était du côté maternel, ça expliquerait deux ou trois petites choses mais il avait un doute que qui que ce soit de la famille de monsieur Min puisse être totalement méchant et vil. Quoiqu'il en soit, ça n'expliquait toujours pas le silence de son ainé.

Namjoon n'était pas sûr que ce soit si grave que ça. Ce n'était pas réellement un mensonge, plutôt une omission et il doutait sincèrement que Yoongi ait fait ça pour lui faire du mal. Si le chocolaté pouvait s'épargner un long repas angoissant et pesant avec sa famille, Namjoon l'encouragerai presque à omettre de lui en parler plus souvent. Sauf qu'il s'agissait d'une initiative de sa grand-mère apparemment, et il refusait de juger la vieille femme avant de l'avoir rencontrer. S'il l'a rencontré un jour.

Et il n'était pas obligé de la rencontrer après tout. Si ? Est-ce que le fait qu'il n'est pas rencontré sa grand-mère, qu'il n'est pas parlé de ce repas, veut dire que Yoongi a honte de lui ?

Il pouvait déjà entendre la petite voix de sa conscience le supplier de ne pas partir trop loin, de ne pas en faire trop, mais il avait bien trop mal au crâne pour lui accorder ne serait-ce qu'une seule seconde de plus. Il laissa sa tête retombait mollement entre les coussins frais tandis que les questions tournaient dans sa tête.

Est-ce que Yoongi avait vraiment honte de lui ?

Ou bien est ce qu'il avait peur que sa grand-mère ne l'aime pas ?

Et si grand-mère ne l'aimait pas, alors peut être que Yoongi en aurait assez ? Assez d'entendre que Namjoon n'était pas ce qu'il lui fallait, qu'il n'était qu'un incapable condamné à vivre de petit boulot minable et sans réel avancement.

Alors peut-être qu'il déciderait qu'ils avaient toujours eut raison ? Qu'il préférerait faire sa vie sans lui ?

Peut être même que c'est déjà ce qu'il en train de faire ? Est-ce qu'il n'a pas déjà préparé son petit discours de rupture et qu'il attend le bon moment pour lui dire ?

Est-ce que ... ?

Et si jamais... ?

Peut-être... ?

Les questions tournaient encore et encore dans sa tête, la rendaient encore plus douloureuse et il sentait à peine les larmes couler sur ses joues brulantes. Il avait trop chaud, il voulait retirer les couvertures mais il n'y arrivait pas. Aussitôt qu'il avait glissé un pied hors des couettes, le froid de la chambre lui mordait la peau et lui rappelait l'étrange solitude qui lui enserrait le cœur. Alors, il s'empressait de retourner sous les couettes, au chaud. Elle sentait comme Yoongi, légèrement, ça lui donnait l'impression d'être entre les bras de son ainé.

Il n'avait pas réalisé qu'il s'était laissé aller au sommeil. C'est la douce mélodie étouffée du minuteur du téléphone de son ainé – il la connaissait par cœur - qui le tira des bras de morphée. Il se sentait mieux, pas terriblement mieux, mais juste un peu mieux. L'air de la chambre était moins lourd, bien plus respirable. Namjoon se redressa légèrement et remarqua la présence d'un humidificateur d'air au pied du lit, branché là ou son ordinateur l'était. Ordinateur qui avait d'ailleurs retrouvé sa place sur le bureau et à côté duquel se trouvait des vêtements propres. Sur la table de nuit, un verre, une bouteille et un petit sachet de ce qui devait être de l'aspirine.

La porte de la pièce était fermée, mais il entendait parfaitement les chuchotis d'une chanson populaire se glissait en-dessous de celle-ci. Il se frotta le visage et constata qu'il était collant de sueur. Ses yeux étaient encore un peu lourds de fatigue et de larme et il décida qu'une bonne douche l'aiderait à sortir de la brume qui l'entourait présentement. Il poussa un long soupir, tout en envoyant valser les couvertures. Il s'attendait à être envelopper par une vague fraiche mais celle-ci ne vint jamais. Il faisait plutôt bon dans la chambre. Il attrapa rapidement les vêtements sur le bureau et sorti de la pièce.

Yoongi était dans la cuisine, s'agitant légèrement sur le rythme d'une chanson populaire d'il y a un an ou deux tout en préparant quelque chose qui ne devait pas simplement se mettre dans le micro-onde. Il hésita à se faire remarquer. Il avait envie de voir son ainé, de lui demander comment la journée avait été, de lui parler, simplement. Mais les restes de ses délires paranoïaques et sous médicaments trainaient dans un coin de sa tête et faisait comme un nœud avec ses cordes vocales. Mais Yoongi se retourna dans une pirouette approximative, entonnant fièrement le refrain de la chanson.

« Me Guasta tu, guasta tu, tutulu – Oh Joon ! S'exclama-t-il, soudainement gêné. T'es -T'es réveillé ?

Namjoon ne répondit pas, laissant un sourire enchanté étirer ses lèvres. Yoongi était décidément beaucoup trop adorable. Il ne savait pas où se mettre, honteux à l'idée que son petit ami ait pu le surprendre dans une situation pareille. N'importe qui aurait estimé qu'il n'y avait rien de bien grave à apprécier des chansons légères et simplement joyeuses mais Yoongi avait toujours cette peur stupide d'être ridicule, ou plus exactement que Namjoon le trouve trop ridicule, trop enfantin, trop boudeur, trop naïf, parfois même trop gay. Yoongi avait simplement peur que Namjoon le trouve trop et décide qu'il ne pouvait pas vivre avec ça.

Yoongi posa finalement la cuillère en bois qu'il tenait dans la main et s'approcha de son cadet. Une lisère rougissante encore bien présente sur ses joues, il déposa sa main fraîche contre le front du plus grand et Namjoon laissa un soupire lui échappait.

C'était agréable.

L'écart de température était agréable.

Sentir la peau de Yoongi contre la sienne était agréable. Il avait pratiquement chassé les vilaines questions qui obstruaient son esprit simplement en l'effleurant.

-On dirait que ta température à un peu baissée. Marmonna le plus âgé. Et si tu allais prendre une bonne douche pendant que je finis de préparer le repas ? »

Namjoon hocha simplement de la tête. Il avait peur que sa voix soit encore enrouée par les larmes et il ne voulait pas que Yoongi ne se fasse plus se soucie que ce n'était déjà le cas. Quelque chose de stupide lui répétait qu'il pourrait le garder encore un peu prêt de lui s'il gardait toutes ses angoisses pour lui.

Yoongi lui offrit un sourire tendre avant de lui voler un baiser. Namjoon sentit son cœur dérapait tandis qu'un frisson terriblement agréable remonta le long de sa colonne vertébrale. N'importe qui savait qu'embrasser quelqu'un de malade n'était pas l'idée du siècle, mais Yoongi ne semblait pas en avoir grand-chose à faire puisqu'il s'en était retourné à sa cuisine, fredonnant et suivant le rythme de son corps.

Namjoon estima que la douche l'aiderait à se remettre aux claires, alors il se précipita dans la salle de bain. Une foi seule avec son intimité, il se déshabilla, laissant tomber ses vêtements humides mollement au sol, tandis que les propres étaient posés avec précautions sur le bord de l'évier. Il se glissa dans la cabine de douche et tourna le robinet. Une fine pluie légèrement chaude commença à lui tomber dessus et il poussa un soupir satisfait lorsqu'il sentit ses muscles se détendre au contact de l'eau.

Il se frotta le visage, puis le crâne, cherchant à faire disparaitre toute trace d'incertitude et de larme. Il resta debout sous le jet quelques minutes, se massant le corps avec une certaine lassitude avant de se retourner vers l'étagère en plastique creux qui leur servait de rangement pour leur divers produit d'hygiène. Le jeune homme fronça légèrement les sourcils en apercevant une bouteille qui lui était totalement inconnu. Elle était beige et manifestement neuve. Namjoon l'attrapa et la fit tourner entre ses doigts afin de pouvoir lire « Savon au baume du tigre : soin des courbatures et douleurs musculaires ».

Namjoon se sentait terriblement idiot. Il venait de chasser les larmes et d'autre prenaient déjà place. Il était déjà d'un naturel sensible aux petites attentions, aussi simple soient-elles mais c'était encore pire lorsqu'il était malade, c'est-à-dire physiquement et émotionnellement fragile. Il avait dû mal à comprendre ses larmes. Elle était un étrange mélange de joie, d'amertume, d'incompréhension.

Si Yoongi ne voulait plus de lui, s'il lui cachait des choses aussi simple qu'un repas en famille, alors pourquoi ? Pourquoi avoir ce genre de petite attention qui lui donnent l'impression de compter ? Pourquoi ne pas simplement se désintéresser de lui, le laisser périr dans son coin ?

Tu exagère.

Oui, il exagère et il en parfaitement conscient mais il n'arrive pas à s'en empêcher. C'est atroce de devoir envisager de perdre la seule personne à vous avoir dit « Quoi qu'il arrive, quoi que tu ais fais, aujourd'hui, hier ou demain, je t'aime Joon. ».

Alors Namjoon se rinça une nouvelle foi le visage avant d'ouvrir la bouteille de savon et d'en verser au creux de sa main. Le liquide sentait les fruits rouges et le sucre. Il était légèrement chaud sur sa peau et il moussait assez peu en comparaison avec les autres savons. Mais il pouvait déjà sentir ses muscles se détendre et il sentit son cœur se réchauffait.

Il ne resta pas plus longtemps que nécessaire sous la douche. Une foi parfaitement propre, il sorti de la cabine, accompagné d'un nuage de vapeur assez épais et s'enroula dans une épaisse serviette chaude. Il en attrapa une seconde pour sécher rapidement ses cheveux. Il prit soin de bien sécher chaque centimètre de sa peau avant d'enfiler les vêtements propres que son petit-ami lui avait préparé. Lorsqu'il sorti de la salle de bain, Yoongi était entrain d'installé deux bols de soupes fumantes sur la petite table du salon, avec quelques accompagnement simple et léger. Il s'approcha doucement, observant son ainé installer leur repas.

Yoongi releva la tête vers lui et lui offrit un sourire.

« J'ai demandé à Jin hyung sa meilleure recette contre le rhume ! S'exclama-t-il. Il faudra prendre ton cachet en mangeant ceci étant. J'vais aller le chercher, installe-toi ! »

Sans laisser à son cadet le temps de répondre, Yoongi s'engouffra dans leur chambre. Namjoon se retrouva donc seul face au canapé qu'il avait arrangé. C'était devenu une montagne de coussin et de plaid et il semblait terriblement confortable. Il ne lutta pas plus longtemps et se laissa tomber entre les masses moelleuses du canapé, s'enroulant déjà dans un plaid doux et chaud. Yoongi fut bien vite de retour, le petit sachet de médicament à la main. Il le posa sur la table basse et s'installa à coté de son cadet, se blottissant contre lui. Ils s'étaient retrouvés dans les bras l'un de l'autre avec le plus grand naturel. Yoongi attrapa la télécommande et lança le nouvel épisode de la série qu'il regardait ensemble depuis quelques jours.

Ils restèrent comme ça, l'un contre l'autre, profitant de la chaleur et de la quiétude de ce moment. Namjoon avait l'impression qu'il pourrait se rendormir jusqu'à ce qu'il sente les mains fines et fraîches de son ainé appuyé doucement contre sa peau. Il se laissa faire, se retrouvant entre les jambes du plus petits tandis que celui-ci massait doucement ses épaules et son dos. Il essayait de calmer son cœur, de retenir ses larmes en prenant de longues inspirations et se concentrant sur l'écran de télé. Mais tout ce qu'il arrivait à percevoir, c'était ce doux frisson et le doigts de Yoongi sur son corps, délicats, tendres et affectueux.

« Tu as essayé le savon que j'ai acheté ? Demanda soudainement Yoongi, brisant le silence qui se trouvait entre eux. Celui au baume du tigre ? KiHyun m'a dit que c'était efficace contre les courbatures et tout ça mais bon... Je n'ai jamais trop cru à ces « méthodes de grand-mère » ...

C'était trop. C'était beaucoup trop. Namjoon avait vraiment essayé d'être rationnel. Il avait essayé de ne pas penser, de ne pas trop penser. Il avait essayé de se convaincre que ce n'était rien de plus que des délires émotionnels d'un type malade et fatigué. Alors il avait lutté de toute ses forces pour garder ses larmes pour lui mais il n'y arrivait plus.

Il laissa un hoquet tressautant lui échapper et c'est tout ce qu'il avait fallu pour ouvrir les grandes eaux.

-Joon ? S'étonna Yoongi, le lâchant et se penchant vers lui, afin de voir ce qui se passait. Attends, tu – Mais pourquoi ? Je t'ai fait mal ? C'est ça ? J'suis désolé ! J'ai l'habitude de masser JungKook et du coup, faut que j'appuie fort pour que ça fasse quelques choses mais tu n'es pas forcement taillé comme lui et –

Les larmes l'empêchaient de parler. Elles nouaient douloureusement sa gorge alors il se contenta de secouer vigoureusement la tête. Yoongi s'empressa de le ramener face à lui, essuyant déjà les grosses perles salées qui dévalaient ses joues.

-Qu'est ce qui ne vas pas, Joon ? Demanda rapidement le chocolaté.

Namjoon sentit son cœur se resserrait de plus belle, un nouveau raz de marrée de larmes remplissaient ses yeux lorsqu'il croisa le regard profondément inquiet de son ainé.

Pourquoi est ce que Yoongi devait être comme ça ? Il ne pouvait pas simplement être agacé par les larmes, les inquiétudes et autres tourments qui remuaient Namjoon à chaque fois qu'il se posait la moindre petite question, aussi ridicule soit-elle ? C'était affreux de savoir qu'il l'aimait autant et remettre en doute cet amour à la moindre occasion. Il se sentait minable et stupide et ça n'aidait pas à calmer ses larmes et inquiétudes.

-Joon, j'ai besoin que tu te calmes et que tu respires. Reprit le plus âgé tout en traçant des petits cercles sur ses joues à l'aide des ses pouces. Tu veux bien prendre une grande inspiration pour moi ?

Namjoon s'exécuta. Il ouvrit en grand la bouche et rempli ses poumons d'oxygène.

-C'est parfait. Murmura doucement Yoongi. Il passa sa main entre les cheveux encore légèrement humide du plus jeune. Maintenant tu vas la bloquer quelques secondes. Puis tu expire tout doucement.

Et Namjoon fit simplement ce qu'on lui demanda. Il sentit son cœur se calmait et sa respiration se posait. Les larmes dévalaient toujours ses joues mais il avait retrouvé sa voix.

-Tu veux bien me parler, Namjoon ? Quelque chose ne va pas ? Ou bien je t'ai fait mal ? Demanda doucement le chocolaté.

-N-Non, c'est j-juste que – » Il prit une grande inspiration puis essaya de mettre ses idées aux claires avant de reprendre. « C'est j-juste que – l'humidificateur, mon o-ordinateur et puis le s-savon, ce m-massage, la soupe... T-Tout ça c'est t-tellement gentil et moi je – Je suis juste t-tellement déso-désolé et –

-Tout va bien, Namjoon-ah. Intervint Yoongi, massant son crâne d'une main, l'autre posée doucement sur sa joue. Respire, tout va très bien. Tu n'as pas de raison d'être désolé de quoi que ce soit, ça arrive à tout le monde d'être malade et c'est normal que je prenne soin de toi.

-Nan, tu – tu n-ne comprends pas ! S'exclama le plus jeune en secouant la tête. T-Ton frère a appelé et – Et i-il a p-parlé d'un repas avec – Avec ta g-grand-mère, il a dit que c'était i-important et – C'est j-juste qu'il fait t-toujours ça et –

-Il fait toujours quoi ? Demanda Yoongi, soudainement plus terne.

-Il – Il le f-fait pas exprès mais – Mais il me vou-vouvoie et met cette -Cette d-distance entre nous et ça me d-donne cette – Cette impression d-de – Cette – Cette impression de ne p-pas être a-assez. Que j-je ne serais j-jamais ce qu'il te f-faut et –

Namjoon ne termina pas cette phrase. Yoongi l'avait englouti dans une étreinte presque violente, répétant que ce n'était pas vrai, qu'il était parfait, qu'il était tout ce dont il avait besoin, qu'il n'avait pas besoin de plus, juste de Namjoon. Le plus jeune enroula ses bras désespérément autour de la taille de son ainé et enfouit son visage dans le creux de son cou, respirant lourdement, tremblant et luttant contre ses sanglots.

-J'ai t-tellement – Tellement p-peur que tu m-me – Me l-laisse, hyung. Hoqueta le plus jeune, raffermissant sa prise sur son ainé. Et j-je doute et toi – T-toi, tu – Tu prends s-soin de m-moi et je – Je m-me sens t-tellement horrible de p-penser ça alors que t-tu –

Yoongi s'écarta légèrement, collant son front à celui du plus jeune, essuyant larme après larme sans jamais s'arrêter. Il inspirait et expirait profondément. Il cherchait à aider son cadet à retrouver son souffle et à se calmer. Il avait lui-même des larmes au fond des yeux et Namjoon essaya de ne pas redoubler. Il attrapa les mains de son ainé sur ses joues comme si sa vie en dépendait et faisait en sorte de calmer sa respiration.

-Je vais tuer Geumjae. Marmonna Yoongi en ravalant ses larmes.

-Il le fait p-pas exprès, je crois. Répliqua Namjoon, un peu plus calme mais toujours tremblant.

-Ça ne change rien ! Qu'il le fasse exprès ou non, il te fait du mal Namjoon et je déteste ça. Je ne supporte pas ça.

Il dégagea encore une fois le visage de Namjoon puis se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, puis son front, son nez et enfin ses lèvres. Ce n'était pas grand-chose, juste ses lèvres effleurant sa peau mais c'était suffisant.

-Je t'aime, Namjoon. Reprit le plus âgé après quelques secondes. Quoiqu'en dise ma mère ou bien mon frère. Quoiqu'en dise qui que ce soit. Et ça ne risque pas de changer avant un moment. D'accord ?

Namjoon hocha doucement de la tête et attrapa les lèvres de son ainé à son tour.

-J'aurai dû te parler de ce repas. Reprit Yoongi lorsqu'ils se séparèrent. Ma mère est venue me voire pour m'en parler, il y a quelque jours et – Je ne sais pas, je crois que j'ai eu peur moi aussi.

Namjoon ouvrit la bouche mais Yoongi reprit immédiatement.

-C'est juste que – A chaque fois qu'on va manger chez mes parents, ou bien dans ma famille, ils font ça. Ils – Ils ont ces petites remarques passives- agressives envers toi. Parfois même c'est carrément agressives-agressive avec ma mère et je – Je ne sais pas, c'est sans doute idiot mais je me suis dis qu'un jour tu en auras marre de tout ça et que tu préfèreras être avec quelqu'un qui n'a pas ce genre de famille je suppose ?

-Quoi ?! S'exclama Namjoon en rapprochant le plus âgé de lui. Jamais de la vie, hyung ! C'est toi qui me l'as dit : je ne sors pas avec ta mère ou bien ton frère ! Je sors avec toi et tout ce qui compte c'est toi ! »

Yoongi murmura qu'il savait et Namjoon enroula ses bras autour de sa taille pour l'attirer contre lui, lovant ses lèvres contre les siennes. Le baiser était lent et doux, juste ce qu'il leur fallait. Une preuve sincère et délicate de leur amour. Les mains du plus âgé se placèrent tout naturellement au creux de la nuque de son amant, l'attirant un peu plus contre lui, tandis que leurs lèvres se chevauchaient avec une tendresse presque naïve. Leurs cœurs battaient fort et à l'unisson.

C'était presque comme une communion muette. Ils n'avaient plus besoin de parler, leurs cœurs et leurs corps le faisaient pour eux. Tout l'amour, le besoin et l'affection qu'ils avaient l'un envers l'autre passait à travers ce baiser, glissait sur leur peau du bout de leurs doigts, s'imprimait au plus profond d'eux même tandis que leurs respirations se mélangeaient.

Lorsqu'ils se séparèrent enfin, juste ce qu'il fallait pour qu'ils puissent respirer un peu, ils avaient l'impression que ça faisait des siècles qui s'embrassait tout en voulant encore plus. Ils ne seraient jamais rassasiés.

Namjoon colla son front chaud contre celui de son ainé, un sourire presque fatigué sur les lèvres.

« Je devrais arrêter de t'embrasser comme ça... Je suis malade. Murmura-t-il en glissant sa main sous le t-shirt du chocolaté.

Il frissonna en sentant la peau de celui-ci sous la pulpe de ses doigts.

-Je m'en fiche, tu m'as manqué. Répliqua égale le plus âgé. Alors ? Reprit-il après quelques secondes. Ça te dit de venir manger chez ma grand-mère ? C'est celle du côté de mon père, si ça peut te rassurer.

Namjoon ria doucement, attrapant un baiser furtif à son ainé avant d'hocher de la tête.

-On devrait peut-être manger avant que la soupe soit bonne à jeter. Proposa le plus jeune.

-Encore un bisou et on s'y met. » Répliqua Yoongi en se penchant sur ses lèvres.

***

Yoongi souffla lorsque l'on sonna à la porte. C'était son premier jour de vacances et il avait prévu de le passer devant une saison entière de Dragon Ball. Il aurait adoré laisser son soudain visiteur sur le pas de la porte mais il savait qu'il finirait par s'en vouloir si jamais il faisait ça. D'autant plus qu'il était d'une nature curieuse et qu'il se serait demandé encore et encore qui était derrière la porte, donc il n'aurait pas pu profiter de son manga.

Il s'extirpa de son plaid et ouvrit donc la porte de son appartement. Son agacement ne fut que plus grand lorsqu'il tomba nez à nez avec Geumjae. Il s'appuya lourdement contre l'encadrement de sa porte et laissa son air morne faire comprendre qu'il n'était pas exactement enjoué à l'idée de voir son frère sur le pas de la porte.

Geumjae portait un long impaire couleur crème et l'épaisse écharpe que sa femme lui avait offert il y a quelques semaines. Il n'y avait pas besoin d'être un génie pour se rendre compte qu'il était assez mal à l'aise et qu'il cherchait ses mots. Sauf que l'air était frais sur le palier et que contrairement à son ainé, il ne portait qu'un simple jean et un t-shirt et il regrettait de ne pas s'être servi de son plaid comme d'une cape.

« Qu'est-ce que tu veux ? Demanda finalement Yoongi, la voix froide et cassante.

-J'aurai aimé qu'on discute ? Tenta le plus âgé des deux.

Yoongi roula des yeux au ciel, croisant les bras sur son torse.

-Et de quoi tu veux discuter, hyung ? Railla le chocolaté.

-Est-ce que je peux entrer ?

-J'aimerai mieux éviter. Je n'ai pas particulièrement envie de passer du temps avec toi, tu comprends.

Yoongi se redressa et s'apprêter à fermer la porte lorsque Geumjae reprit la parole, l'air bien plus désespéré.

-Yoongi, s'il te plait ! Je veux simplement discuter ! Toi et moi, on a des choses à se dire et je pense que c'est important de prendre le temps de mettre tout ça au clair !

- « Toi et moi » ?! Cracha le plus jeune, un rictus désabusé sur les lèvres. Tu es sûr de ça, hyung ? Ce n'est pas plutôt maman qui t'envoi pour me faire une leçon de moral déguisé ? Après tout, elle s'est bien servie de grand-mère – une vieille femme âgée – pour me rappeler combien je lui faisais honte, moi et ma vie de « dégénéré ». Je doute qu'elle ait le moindre remort à se servir de son fils chéri.

-Yoongi ! Je sais que maman n'a pas été exactement agréable avec toi ce soir-là mais –

-Ce n'est pas avec moi qu'elle a été désagréable, hyung, c'est avec Namjoon. Trancha le chocolaté amèrement. D'ailleurs, elle n'a pas simplement été « désagréable », non, elle a été insultante et odieuse. Et je ne peux pas dire que tu nous as beaucoup aidé. »

Son frère ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre. Parce qu'il savait parfaitement que son cadet avait raison.

Le repas chez sa grand-mère avait été une véritable catastrophe. Enfin pas totalement. Les premiers instants avaient été agréable, voir même plaisant. Namjoon et son aïeule s'entendaient assez bien, elle semblait l'apprécier. Le plus jeune avait su la charmer avec quelques remarques intelligentes, sa politesse et sa capacité à prendre soin d'un bébé.

Ils étaient arrivés à l'heure, bien habillés et avec une bouteille de vin. Son père avait l'air assez heureux de les voir et Yoongi avait l'impression que tout irait bien pour une foi.

Jusqu'à ce que sa grand-mère demande à Namjoon s'il comptait rester serveur toute sa vie.

Elle avait posé la question sans la moindre malice, vraiment. Elle était simplement curieuse. Namjoon avait répondu que son métier lui convenait pour le moment, puis il avait annoncé qu'il comptait passer une équivalence affine de pouvoir occuper le post d'assistant scolaire dans l'établissement ou travaillait Yoongi, au niveau du collège.

C'était une grosse surprise pour Yoongi. Il avait trouvé cette idée merveilleuse. SeolA avait proposé à Namjoon de l'aider à obtenir un post au collège comme professeur mais le jeune homme avait préféré la place d'assistant scolaire. Il voulait être en contact avec les élèves et les aider à avancer dans leur vie, répondre à leur question et essayer de les guider d'une certaine façon.

Sa mère avait ri jaune et Yoongi avait sentit le venin sur ses lèvres.

« Qu'est ce qu'il y a de si drôle ? Avait grogné Yoongi en raffermissant sa prise sur la main de son cadet.

-Rien de particulier, juste l'ironie de la situation, c'est tout.

-Quelle ironie ? Avait demandé la plus âgée de la tablée.

-Oh et bien l'ironie de la situation de Namjoon-ssi, belle-maman. Avait répondu madame Min, ses lèvres étendues en un sourire lisse. Je dois avouer que c'est un magnifique projet qu'il a et c'est tout à son honneur. Se servir de ses propres erreurs pour aider les autres, c'est une belle mentalité. Et puis, SeolA-ssi a beaucoup de mérite, elle aussi.

Yoongi avait senti Namjoon se tendre sous ses doigts. Il avait serré les dents, il pouvait les entendre grincer. Les choses se bousculaient dans sa tête. Il y avait tellement de choses qu'il aurait aimé dire à sa mère. Il voulait lui hurler dessus. Il voulait demander à son père pourquoi est ce qu'il ne disait rien. Il voulait s'en aller, se blottir avec Namjoon sous une montagne de couette et qu'on les laisse enfin tranquille.

Mais il lui avait suffit d'un regard vers son petit-ami pour comprendre que Namjoon ne voulait pas ça. Il ne voulait pas d'esclandre. Il était prêt à se défendre s'il le fallait, bien entendu mais il ne voulait pas que Yoongi ne se dispute encore plus avec sa famille. Il ne voulait pas qu'il soit la cible des moqueries de Madame Min. Namjoon pouvait encaisser, mais il savait que Yoongi laisserait chaque mot pesait sur lui et lui faire un peu plus de mal chaque jour.

-Je ne suis pas sûre de comprendre...

-Oh ? Vous ne saviez pas, belle-maman ? Yoongi ne vous l'a pas dit ? Namjoon-ssi a un casier judiciaire, c'est un ancien délinquant juvénile.

Elle avait ce sourire mesquin sur ses lèvres tandis que toute la tablée sauf Yoongi se retournait vers le petit couple, l'air surpris.

-Oh... Et bien je suppose que tout le monde fait des erreurs. Souffla alors sa grand-mère et Yoongi sentit son cœur se réchauffer.

Cette vieille femme était bien trop compréhensive.

-Après tout, mon petit Yongsun a bien volé la voiture de son père pour aller voir sa petite-amie du lycée. Avait-elle ajouté avec un sourire nostalgique.

Son père eut un rire gêné et Yoongi estima que c'était l'occasion de changer de sujet. Mais évidemment, sa mère n'en avait pas fini.

-C'est vrai. Avait-elle repris, toujours aussi souriante et polie. Mais je pense simplement à cette pauvre SeolA. Comme si ça ne suffisait pas qu'elle se doive de rendre des comptes parce qu'un de ses enseignant est gay, maintenant il va falloir qu'elle se défende d'avoir choisit un délinquant juvénile, gay avec ça.

Elle avait laissé tout sa haine se répandre que le mot « gay » avait passé ses lèvres. Son sourire n'avait pas pu masquer la répugnance qui envahissait son regard alors qu'elle le posait enfin sur Yoongi. Elle fronça légèrement des sourcils lorsqu'elle se rendit enfin compte qu'il tenait la main de Namjoon.

-Je ne vois pas en quoi mon orientation sexuelle pourrait être un problème. Avait lancé Namjoon, toujours aussi calme et Yoongi n'arrivait pas à croire ce qui se passait devant ses yeux. Il s'agit de ma vie privée et il n'y aucune raison pour que les parents, ou bien qui que ce soit qui ne soit pas de mon cercle privé, soit au courant de ce qui se déroule dans mon intimité. Non ?

-Comme si vous pouviez vous tenir. Avait rétorqué Madame Min en roulant des yeux au ciel.

Son masque commençait à se fendiller lentement.

-Regardez-vous ! A vous tenir la main alors que nous sommes entrain de partager un bon repas ! Vous vous pensez capable de ne pas vous faire remarquer ?!

-Nous sommes dans la sphère privée, je ne vois pas vraiment ou est le problème. Avait répondu Namjoon. Yoongi hyung et moi sommes en couples, il me parait normal d'agir comme tel.

-Personne n'a envie de voir ça ! C'est tout à fait répugnant et déplacé !

-Pourquoi m'avoir invité si vous ne vouliez pas nous voir agir comme ça ? » Avait demandé le plus jeune en souriant simplement.

Sa mère fronça des sourcils et s'écria que ce n'est pas elle qui l'avait invité. D'ailleurs si ça n'avait tenu qu'à elle, elle n'aurait jamais parlé du repas à Yoongi. Parce qu'elle savait parfaitement que les choses allaient tourner de cette façon. Qu'ils allaient encore une foi tout gâcher et provoquer une scène. Parce que c'est tout ce que les gens comme eux savaient faire. Ils n'étaient bon qu'à faire le mal autour d'eux, faire souffrir leur proche.

« Tu es fier de toi, j'espère Yoongi ! S'était soudainement écrié. On est encore une foi entrain de parler de toi ! Tu as vu ?! Ça y est, tu es content ?! Toute l'attention est sur toi, tout le monde te regarde ! C'est ce que tu veux non ?! Que tout tourne autour de toi, même si pour ça tu dois me faire honte ! Jusqu'à quand ?! Dis-moi jusqu'à quand tu comptes me punir comme ça ?!

-Minji ! »

C'était son père qui avait hurlé, interrompant sa femme qui était presque hystérique à ce point-là. Elle s'était tournée vers lui, choquée et meurtrie. Elle avait ouvert la bouche, sans doute pour plaider sa cause mais un seul regard de son époux avait suffi à la faire taire. C'est Hyeri qui se tourna en premier vers le jeune couple mais elle n'osa rien dire elle non plus. Parce que Yoongi semblait amorphe à ce moment-là.

Oh, il avait bien entendu tout ce que sa mère avait dit. Il avait même parfaitement compris chacun des mots. Mais il avait décidé de ne plus y attacher d'importance. Parce que Namjoon lui tenait la main et lui avait murmuré au creux de l'oreille qu'il l'aimait, juste avant qu'ils ne passent la porte et qu'il s'engouffre de ce désastre. Il s'était soudainement rendu compte que c'était tout le soutient et l'attention dont il avait besoin.

Il ne savait pas pourquoi sa mère lui en voulait comme ça. Il n'arrivait pas à savoir si c'était parce qu'il était gay ou bien simplement parce qu'il avait décidé de vivre sa propre vie sans lui demander son avis. Mais il s'en fichait. Ça n'avait plus la moindre importance. Parce qu'elle ne serait jamais d'accord avec lui, il ne ferait jamais ce qu'il faut. Même s'il épousait une jeune fille de bonne famille et lui donnait une myriade de petit enfant. Elle ne serait jamais satisfaite.

Et Yoongi se fichait royalement de savoir pourquoi.

Il n'avait pas besoin d'elle pour avancer.

Il en avait assez de devoir se battre contre des moulins à vent.

Il avait trouvé mieux.

Et il refusait de le perdre.

Alors il s'était tourné vers sa grand-mère et s'était excusé. Pour le comportement de sa mère mais aussi parce qu'ils allaient devoir les quitter avant la fin de la soirée. Hyeri avait essayé de les retenir tandis que son mari fixé son assiette. Sa grand-mère n'avait pas objecté, elle leur avait même dit comprendre. Sa mère avait essayé de le faire rester en lui ordonnant de se rassoir. Mais Yoongi ne lui avait même pas répondu. Il avait simplement tourné les talons et demandé à Namjoon de ramasser ses affaires. Le plus jeune s'était exécuté, s'excusant auprès de la famille Min avant d'emboiter le pas de son ainé.

Une foi chez eux, ils avaient pris une douche ensemble et mangeaient des ramen instantanés. Devant des épisodes de Cold Case avant d'aller se blottir sous les couettes.

Ce soit là, leurs baisers étaient plus intenses, plus profonds. Leurs caresses étaient plus douces et plus délicates. Lorsque leurs lèvres se rencontraient dans le chaos de leur ébats, elles étaient le messager de tout ce qu'ils n'osaient pas encore se dire, ou bien qu'ils n'arrivaient pas à dire. Elles étaient le vaisseau de leur amour le plus pur, dans sa forme la plus nu. Ils s'agrippaient l'un à l'autre, avides et désespérés. Leurs souffles se mélangeaient et ils s'appelaient, répétant leur prénom comme des professions de foi.

La preuve de leur amour.

Un amour brûlant et presque étouffant tellement il était intense.

Ils étaient l'oxygène l'un de l'autre et c'était effrayant.

Effrayant de se dire que si jamais quelque chose tournait mal, leur vie en serait à jamais marquée et qu'ils ne s'en remettraient jamais complètement.

C'était terrifiant de dépendre autant de quelqu'un, de déposer entre ses doigts son entière existence et simplement lui faire confiance.

C'était effrayant et fou et Yoongi adorait ça.

Parce que c'était Namjoon et qu'il savait que personne d'autre ne pourrait faire ça comme lui.

C'était tout ce dont il avait besoin.

Namjoon était l'allumette qui avait allumé sa vie et Yoongi espérait en être autant dans la sienne.

« Je suppose que je ne pourrais rien dire pour te faire changer d'avis ? Murmura son frère, le ramenant à l'instant présent.

-Je ne sais pas, hyung. Répondit Yoongi. Pas pour le moment, je pense. Peut être plus tard. Quand je serais moins en colère.

-Tu sais que ça ne change rien pour moi ? Le fait que tu sois gay ou bien que Namjoon soit – un ancien mauvais garçon ? Excuse-moi, je ne sais pas comment formuler ça autrement, je n'aime pas dire qu'il a casier judiciaire parce que ça rend les choses bien plus dramatiques que ce qu'elles sont vraiment et –

-Je sais, hyung. Coupa Yoongi, souriant légèrement. Je sais bien que vous ne pensez pas à mal, du moins papa et toi. Vous avez simplement peur de dire ce qu'il ne faut pas, alors vous ne dîtes rien. Je ne vous en veux pas, mais il va me falloir un peu de temps. Tu comprends ? »

Geumjae n'avait rien ajouté, simplement hoché de la tête avant de repartir.

Sans doute que Namjoon n'était pas le gendre idéal selon les thermes de la société. Yoongi savait aussi qu'il se préparait à faire face à des années de regards torves et de commentaires haineux, simplement parce qu'il n'était pas comme les autres. Mais il avait l'impression de pouvoir traverser tout ça et bien plus encore tant que Namjoon voulait bien lui tenir la main.

Ce soir-là, alors que Yoongi faisait réchauffer un plat à emporter du Bonheur des Dames, Namjoon était rentré avec un petit sapin de Noël en plastique blanc. Il avait pensé que ça ferait bien dans la chambre et puis, c'était un peu leur premier vrai Noël ensemble, il fallait bien qu'ils marquent le coup. Yoongi lui avait demandé s'il avait pris des décorations pour mettre dessus et le plus jeune l'avait dévisagé comme si une deuxième tête venait de pousser sur son épaule.

Yoongi lui avait rendu la pareille avant d'éclater de rire et de l'attirer tout contre lui pour l'embrasser doucement.

Quelques jours plus tard, Geumjae était repassé et Yoongi avait décidé de partager un café avec lui. Ils avaient discuté de tout et de rien, surtout de Sungjae et de ses progrès. Yoongi était sorti acheter du papier à découper et avait passé sa soirée à dessiner des guirlandes de Noël.

Namjoon les avaient coloriés le lendemain avec lui.

Le matin du vingt-cinq, Yoongi avait trouvé une gourmette sous le petit sapin qui disait « You're the fire in my heart » et il s'était senti idiot avec son intégral de R.R Martins. Namjoon avait beau lui répété qu'il adorait son cadeau, Yoongi avait refusé de sortir de sous les couettes. Le plus jeune avait finit par le rejoindre en soupirant que c'était tout de même dommage de passer leur premier Noël enfermé à l'intérieur.

Il s'était beaucoup moins plaint quand Yoongi avait passé des heures à l'embrasser doucement, tout en regardant la fin de son drama avec lui. 

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