A match

                Hey.... Alors ermmmmm.... Je sais que j'ai dis que j'aurai finis le Jikook avant la fin de l'année 2019, mais j'ai eut une fin d'année vraiment compliquée et le début est un peu compliqué, donc j'ai eut du mal à me poser pour écrire... Et vous allez me demander pourquoi je relance un projet alors que j'ai tellement de trucs en cours... Le truc, c'est qu'une très bonne amie m'a donné envie d'écrire un Namgi et donc... Ca devait être un OS je vous jure, mais Wattpad patauge avec mes OS de plus de 20 000 mots et je suis à peu prêt sur de faire au moins 20 000 (honnêtement je pense taper dans les 30 000) si je coupe pas maintenant... Je fais ça pour vous un peu... M'en voulez pas T3T

Sinon, je vous souhaite tout de même la bonne année. Votre réussite, la santé et surtout le bonheur! C'est le plus important, non? 

Jetez un coup d'oeil à la chanson, elle m'a beaucoup aidé pour l'ambiance que je voulais donner à l'oeuvre. 

Des bisous? 

Krisus. 

Namjoon fixa pendant de longues secondes l'étrange photo de chatons jouant avec des pelotes de laines dans un paniers qui se trouvait à ses pieds. Il se souvient encore du visage de Yoongi lorsqu'il a ouvert le gros carton que son frère lui avait tendu et lorsque lui-même avait aperçu les petites boules de poiles en plein jeu sous l'ignoble inscription Home sweet Home, il avait eu beaucoup de mal à contenir sa grimace.

C'était sans aucun doute le paillasson le plus ridicule et cliché qu'il avait eu l'occasion de voir et Yoongi avait promis de ne jamais le ressortir. Pourtant, il était bel et bien là, à ses pieds et Namjoon préféra l'enjamber, n'étant pas sûr d'être émotionnellement prêt pour le toucher, même du pied.

L'appartement était plongé dans la pénombre de cette fin de soirée pluvieuse, à peine éclairé par les lumières citadines qui filtraient à travers les persiennes des volets et un silence chaleureux planait dans l'entrée-pièce à vivre-cuisine. Namjoon laissa ses clés tomber dans le vide poche qui se trouvait à côté de la porte et retira ses chaussures. Il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour apercevoir le mince filet de lumière qui se glissait sous la porte de la chambre et il soupira.

Yoongi l'avait encore attendu pour se coucher.

Avant de rejoindre la chambre à coucher, il fit un petit crochet par la cuisine pour se rincer la bouche, espérant amoindrir l'odeur âcre de cigarette. Il en profita aussi pour attraper le fond d'un paquet de chips qui trainait sur le comptoir avant de s'en retourner vers la chambre. Lorsqu'il poussa la porte, il sentit son cœur se réchauffer doucement et la fatigue de la journée le quitter peu à peu devant l'adorable spectacle qu'il avait devant les yeux.

Yoongi était assis en tailleurs, habillé simplement d'un caleçon noir et d'un sweat-shirt gris qui se trouvait être l'un de ceux de Namjoon, un petit air concentré sur le visage tandis qu'il découpait lentement et précisément un flocon de papier.

« Tu m'explique ce que tu fabrique ? Demanda Namjoon dans un murmure.

Yoongi releva la tête, ses yeux grands ouverts, légèrement surpris et Namjoon se fit la réflexion qu'il ressemblait vraiment à chaton.

-Oh, Joonie ! S'exclama-t-il en reposant les ciseaux sur les couvertures grises du lit. Tu es rentré ?

Namjoon haussa un sourcil comme pour souligner l'évidence de la réponse à cette question et se dirigea vers leur placard. Il attrapa le premier T-shirt délavé et détendu qui lui passa sous la main et un bas de jogging.

-Je fais des guirlandes de Noël en papier. Expliqua Yoongi en dépliant la dîtes guirlande. Je veux aller acheter un sapin demain dans la journée, un machin ridicule et en plastique, histoire qu'on puisse le réutiliser l'an prochain.

Namjoon laissa son T-shirt rencontré le sol avant de passer celui qui lui servirait de haut de pyjama cette nuit et défit son bouton et descendit la braguette de son jean rapidement pour pouvoir enfiler son bas de pyjama improvisé.

-Je t'ai dit de ne pas m'attendre pour te coucher. Soupira-t-il, apercevant du coin de l'œil son petit ami de nouveau concentré sur son petit bricolage des fêtes.

-Je sais et j'ai fait ce que tu m'as dit. »

Namjoon resserra la corde du bas de jogging autour de sa taille et se retourna vers son petit ami, prenant presque immédiatement place à ses côtés. Il attrapa un bout de guirlande entre ses doigts et l'observa rapidement. C'était du papier machine, légèrement épais qui redessinait les formes de flocon de neige géométrique. Le genre de bricolage que les enfants de primaires font pour décorer leur salle de classe au moment des fêtes. Rien d'extraordinaire.

Mais Namjoon trouvait ça mignon. C'était propre et bien fait.

Et Yoongi était particulièrement adorable lorsqu'il essayait de s'assurer de ne pas donner un coup de ciseau malheureux : son regard déterminé, ses lèvres légèrement plissées et son nez froncé. Il pourrait passer des heures à le regarder.

Littéralement.

« Tu es entrain de découper des guirlandes de Noël sur notre lit. Reprit-il avec un petit sourire attendri sur les lèvres.

-Tes mots exactes étaient : « n'hésite pas à te mettre au lit même si je ne suis pas rentré. ». Expliqua platement Yoongi, sans relever les yeux de son bricolage. Je suis dans le lit, Joon.

-Tu joues sur les mots, là, hyung. Ria doucement Namjoon en balayant du dos de la main les quelques chutes de papiers qui se trouvaient sur la couverture.

-Je sais et je trouve que je suis assez doué. T'en dis quoi ? » Demanda-t-il finalement en dépliant sa dernière création, un sourire fier sur les lèvres et une petite étoile amusée dans le regard.

Namjoon murmura que c'était très joli avant de l'attraper doucement et de la replier avec la plus grande délicatesse. Il récupéra les deux autres qui se trouvaient devant Yoongi et se leva pour aller les poser sur le bureau en face de leur lit tandis que le plus âgé rassemblait les chutes de papiers pour en faire un petit tas qui allait rejoindre la poubelle. Il demanda si Namjoon les préférait en blanc ou bien peinte, parce qu'il pourrait demander à JungKook de faire quelques choses avec mais après tout, elles représentaient des flocons de neige et les flocons de neige c'est blanc, n'est-ce pas ? Le plus jeune ne donna pas de réponse réellement, marmonnant que c'était à Yoongi de décider, c'était son idée après tout, tout en se glissant sous les couettes, rejoignant son ainé qui s'était déjà roulé en boulle dessous.

Yoongi vit automatiquement se blottir contre son cadet, enfouissant sa tête dans le creux de son épaule et enroulant un bras autour de sa taille. Namjoon, lui, glissa un bras sous la tête de son ainé et l'autre se posa paresseusement sur ses hanches. Le lit était large mais il avait pris l'habitude de dormir l'un contre l'autre, si proche qu'il en devenait presque difficile de savoir où commençait Yoongi et où terminait Namjoon.

Délicatement, sans même s'en rendre compte, Namjoon commença à jouer avec les mèches caramel de son ainé, l'odeur de son shampoing à la menthe poivrée lui chatouillant le nez.

« Tu as fumé ? Demanda d'une toute petite voix Yoongi.

Namjoon acquiesça silencieusement.

-Juste une, après le boulot. Expliqua-t-il.

-Le service a été long ?

-Très long et Jaebum n'a pas arrêté de se plaindre tout du long. Soupira le plus jeune. Je crois qu'il veut que j'essaye de convaincre Jimin qu'il vaut le coup qu'on lui offre une seconde chance.

Yoongi ria doucement, amusé lui aussi par l'idée même que Jimin puisse avoir l'idée d'offrir une seconde chance à qui que ce soit et encore plus que ce Namjoon qui arrive à le faire changer d'avis.

-Ton frère est passé ? Demanda Namjoon après un court silence. J'ai vu le paillasson.

C'est à Yoongi d'acquiescer sans vraiment ouvrir la bouche. Il traçait du bout des doigts des cercles difformes sur le ventre de son cadet et Namjoon frissonna légèrement. Il demanda dans un soupir ce qu'il voulait, tout en rapprochant son ainé contre lui.

-Je n'en sais trop rien, je ne suis pas vraiment sûr d'avoir compris ce qui s'est passé. Raconta le plus âgé. Il m'a envoyé un message pour me dire qu'il passait, j'ai sorti le paillasson et il était déjà là. On a pris un café, il m'a dit que Sungjae rentrait à l'école et qu'il serait ravi de voir son oncle favori à Noël, puis il a reçu un appel et m'a dit qu'il devait y aller.

-Tu penses que c'est tes parents qui l'ont envoyé ? Questionna doucement le plus jeune.

-Je ne pense pas... Je ne sais pas. Honnêtement, je m'en fiche un peu, je veux juste dormir pour le moment. »

Et Namjoon n'ajouta rien, il le laissa simplement se blottir un peu plus contre lui, fermant déjà les yeux. Ils auraient surement chaud dans la nuit et Yoongi finirait par s'écarter un peu, juste un peu, pour pouvoir respirer. Mais lorsque le plus âgé commencera à bouger, Namjoon lancera une jambe sur les siennes pour le maintenir en place et naturellement, comme incapable de lutter, Yoongi reviendra se blottir au creux des bras de son cadet.

***

Rewind.

Il pleuvait cette nuit-là et l'eau était froide. Yoongi avançait sans trop savoir ou est ce qu'il allait. Il se contentait de mettre un pied devant l'autre. Ses vêtements lui collaient à la peau et commençaient à peser leur poids. Très sincèrement, il n'a aucune idée d'où il est, de l'heure qu'il est ou bien de ce qu'il compte faire. Il se contente de marcher. Son téléphone a arrêté de sonner il y a peut-être une petite dizaine de minute et pendant une seconde il se demande s'ils ont abandonné ou bien s'il n'a plus de batterie. Quel que soit la réponse, il s'en fiche un peu.

Ce soir plus rien ne compte.

Il pensait être prêt. Il pensait être capable. Il avait préparé tout un petit discours au cas où ça se passerait mal et même une petite valise si jamais ils voulaient le mettre à la rue.

Yoongi avait tout prévu. Sauf ça.

Il avait espéré que les choses se passent bien, sans réels problèmes. Peut-être quelques questions, interrogations. Rien de bien fou mais rien de grave dans l'ensemble.

Mais il avait surtout prévu les cris, les larmes, les reproches, le blâme, la honte. Il s'y attendait et il était prêt à y faire face. Lorsque les mots sont sortis de sa bouche, il s'attendait à ce qu'on lui fasse répéter, un peu incrédule, comme si c'était une blague de mauvais gout.

Mais non.

Aucun cri, aucune larme, aucune colère ni question.

Rien.

Il les avait trouvés dans le salon, discutant simplement tandis qu'un talkshow idiot passait à la télé. Sa mère sirotait un thé, son père grignotait des crackers. Geumjae devait surement être quelque part dans la maison.

Il s'était raclé la gorge, attirant l'attention sur lui, chose qu'il n'avait plus l'habitude de faire depuis longtemps. Ils s'étaient tournés vers lui, l'air à peine concerné.

« Maman, papa... J-Je suis gay. »

Yoongi avait pensé que le plus simple et clair serait encore la meilleure façon de faire les choses. Comme un vieux pansement qu'il faut enlever.

Ils n'eurent pas de réaction ou bien si ce fut le cas, Yoongi ne s'en rendit pas compte. Peut-être une seconde ou deux de silence. Il estima que c'était le temps nécessaire à ce que l'information fasse sens pour eux. Mais sa mère lui offrit un sourire distant et se retourna vers la télé. Son père haussa des épaules avant de faire de même et Yoongi n'arrivait pas à y croire.

« V-Vous avez entendu ce que j'ai dit ? »

Son père acquiesça silencieusement en attrapant un autre cracker.

« Vous ne comptez pas dire quelque chose ? Je ne sais pas moi, me demander si j'ai un petit ami ? Ou bien comment je m'en suis rendu compte ?! Ça ne vous absolument rien de savoir que –

-Ecoute Yoongi. Interrompit sa mère, la voix presque lasse. Ton frère se marie dans un moi, est ce que ça te dérange si on s'occupe de ta crise d'adolescence un peu plus tard ? »

Yoongi n'avait rien répondu.

Il n'avait rien à répondre.

Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait d'entendre.

Alors il était simplement sorti, sous la pluie, en plein milieux de la nuit et il était à peu près sûr que ses parents ne s'en était pas rendu compte avant que son frère ainé ne leur fasse remarquer.

« Crise d'adolescence ».

Crise d'adolescence ?

Crise d'adolescence ?!

Merde ! Yoongi avait vingt-deux an ! Il ne faisait pas une crise d'adolescence ! Ce n'était pas un appel à l'aide pour avoir droit à un peu d'attention de la part de ses parents ! C'était ce qu'il était, qui il était ! C'était une putain de réalisation sur sa personne !

Il était gay !

Il aimait les hommes !

Et tout ce qu'il voulait s'était savoir si ces parents l'aideraient à avancer sur cette route.

« Une crise d'adolescence, huh ? J'vais leur en donner moi, de la crise d'adolescence ! »

Sans doute que ce n'était pas de la plus grande maturité qui soit. Sans doute que Yoongi aurait pu réagir avec plus de recul et de réflexion mais il était en colère et vexé et ce n'était pas le meilleur cocktail qui soit pour prendre des décisions intelligentes. Il avait enfilé ses baskets, une veste et il était sorti. La pluie n'en était qu'à ces balbutiement alors, juste quelques goutte fraiches et éparses qui battaient l'asphalte de façon anarchique. Elle avait progressivement grossi, passant de simple averse à véritable saucée et Yoongi commençait à regretter de ne pas avoir au moins pris une veste avec une capuche.

Pendant les premiers mètres, il avait senti son téléphone vibré dans sa poche. Il n'avait pas regardé qui chercher à le joindre, il supposait que c'était sans doute son frère puis ses parents, dans un élan d'hypocrisie familial peut être. Inutile de préciser qu'il n'avait envie de parler à aucun d'entre eux. Maintenant il n'était pas exactement sûr d'où est ce qu'il se trouvait. Les rues étaient devenues plus agitées, plus vivantes. Les voitures se multipliaient, les enseignes néons ornaient les murs des immeubles hauts et sombres, les petits groupes d'amis collaient les uns aux autres, agglutinaient sous les parapluies et auvent pour se protéger de l'eau froide qui battait le pavé de plus en plus fort. Il n'osait pas imaginer ce que les gens devaient penser de lui tandis qu'il avançait la tête baisser, se frayant un chemin étroit dans la masse de gens de plus en plus épaisse malgré la pluie.

Il devait avoir l'air minable.

Il aurait voulu hurler mais il ne voulait pas non plus avoir l'air dingue.

Alors il se contenta d'avancer, la tête basse, le regard vissé sur ses baskets trempées jusqu'à ce qu'une voix puissante et grave résonne dans toute la rue, attirant l'attention de la moindre personne présente.

A seulement quelques pas de lui, allongé dans une flaque d'eau, son jean noir trempé et sa veste en cuir surement ruiner, un grand brun aux yeux de biches hurlait à s'en arracher les poumons. Il se releva rapidement et se planta sous le nez du vigile qui venait de le jeter au sol. Ils échangèrent quelques mots que Yoongi n'arrivait pas à entendre. Le grand brun agrippa le T-shirt du vigile, une grimace vaguement menaçante sur le visage et celui-ci n'attendit pas pour se dégager brutalement de l'emprise du jeune homme et de le renvoyer au sol. Immédiatement, le jeune homme essaya de se relever mais Yoongi attira son attention sans même s'en rendre compte.

« JungKook ? Demanda-t-il d'une petite voix.

-Hyung ? S'étonna à son tour le plus jeune en se tournant vers lui.

Yoongi ne s'était même pas aperçu qu'il s'était rapproché et maintenant il faisait face à Jeon JungKook, les fesses dans l'eau tandis que lui-même était trempé jusqu'à l'os. Il n'est pas exactement sur non de comment il s'était retrouvé assit sur le parquet clair de la chambre d'étudiant de JungKook, habillé d'un de ses jogging et sweat-shirt le plus petit qu'il ait.

Yoongi avait rencontré JungKook durant sa dernière année de lycée, celui-ci avait deux ans de moins que lui et si on ne le voyait pas tout à fait sur le plan physique, la différence se faisait clairement sur leur façon de réagir.

JungKook était un de ses gamins trop grand pour son âge avec la carrure d'un athlète, tout en muscles, les membres longs, veineux et puissants, la peau présentant encore les morsures du soleil de Busan. Il avait de grandes mains puissantes, une large poitrine ferme. Il avait les traits du visage affutés et appuyés : il avait le port de tête royale, les pommettes hautes, le nez aquilin et des lèvres traçant un adorable cœur d'un joli rose poudré. Il arborait une chevelure épaisse, noire comme la nuit, indomptable, tombant en mèches devant ses yeux qui rappelaient ceux d'une biche : larges, lumineux, brillants et innocents.

Yoongi avait toujours eut une fascination particulière pour ses yeux. Il avait toujours trouvé le regard de JungKook particulièrement puissant. Il dégageait une telle force, quelque chose qu'il n'arrivait pas à s'expliquer.

JungKook était impressionnant, charismatique tant que vous n'aviez pas cherché à le connaitre plus que ça. Il est vrai que c'est un garçon particulièrement talentueux et vif mais il était aussi le genre à se tenir le plus éloigner d'un micro-onde de peur qu'il explose ou bien se mettre hurler de façon tout à fait aléatoire sans vraiment de raison. Yoongi avait cru comprendre que tout allait très vite avec JungKook. Il réfléchissait vite, agissait vite, se rendait vite compte que c'était idiot et regrettait aussi vite qu'il allait oublier.

Ils s'étaient rencontrés par accident : JungKook ayant pris une option avancée en mathématique tout à fait par erreur – l'option se trouverait juste au-dessus de celle du sport et il serait allé trop vite, encore une foi – et il aurait décidé que Yoongi serait sa bouée de secours. Si le plus âgé des deux n'était pas exactement pour au début, il avait fini par s'y faire. Il n'avait simplement pas prévu que les gens passent leur temps à lui demander s'il était sûr d'être le plus âgé des deux.

Très bien, Min Yoongi était petit. Il avait toujours été petit pour son âge et avant de rencontrer Jeon JungKook, il était plutôt en paix avec sa taille. Il était petit et puis voilà, il ne pouvait pas vraiment y changer grand-chose. Il était habitué à ce qu'on le traite avec une certaine délicatesse et réserve sous prétexte qu'il avait l'air plus fragile que les autres. Il n'était pas sûr de le voir, mais il avait tellement entendu qu'il avait des airs de poupée de porcelaine qu'il avait fini par le croire.

Yoongi avait l'habitude qu'on le regarde de cette façon, comme s'il était fragile, comme s'il fallait faire plus attention à lui qu'aux autres. Son frère lui avait souvent dit qu'il ressemblait à une poupée de porcelaine en quelque sorte. Il était petit, frêle, la peau lisse et blanche comme celle des petites demoiselles en crinoline. Il avait les mains délicates d'un pianiste et les bras allongés, les veines visibles sous sa peau. Son visage était plutôt rond bien que Yoongi ne soit pas bien épais, il avait une mâchoire affutée et un menton étroit ; ses lèvres étaient fines, légèrement rebondies, lui donnant un petit air boudeur ; son nez était légèrement écrasé, ses narines larges. Ses cheveux étaient coupés assez court, plutôt épais et d'une jolie couleur caramel. C'était son regard qui lui donnait un air félin : ses yeux étaient en amande parfaite, ténébreuse et lui donnant un air fatigué et pourtant, lorsqu'on prenait le temps de l'observer un peu plus précisément, on pouvait voir briller une lueur vive au milieu de l'océan sombre de ses pupilles. Cette simple étincelle avait un petit quelque chose d'hypnotique, une foi qu'on l'avait croisé pour la première fois, il devenait impossible de s'en défaire.

On aurait pu résumer Min Yoongi à « il ne faut pas se fier aux apparences ». Il pouvait paraitre froid, distant et peut être même un peu méchant mais il était simplement timide. Si on prenait le temps d'apprendre à le connaitre, on découvrait un Yoongi bavard, un peu geignard, sans doute un peu trop sarcastique pour son bien, capable de donner de bon conseil et surtout passionné. Yoongi était de ceux qui s'intéressaient aux choses les plus simples, les rendant fascinantes. Il était un de ses élèves qui excellait pour peu que le sujet l'intéresse, sinon, il se contentait du strict minimum et jusqu'ici ça convenait à tout le monde.

Presque tout le monde.

Tout le monde sauf les seules personnes qui comptaient pour lui à l'époque.

Tout le monde sauf ces parents.

Yoongi a un frère ainé, Min Geumjae. Geumjae était plus vieux de deux ans et plus grand de deux centimètres. Il avait toujours été très bon en mathématiques et en littérature, il avait fait des études de commerces pour devenir manager dans une grande entreprise de la région, il avait rencontré sa petite amie au lycée et l'avait demandé en mariage une foi sa promotion obtenu. Geumjae était intelligent, charismatique, charmant et bientôt marié.

Une réussite.

Jamais une vague dans sa vie.

Jamais une seule erreur.

Tandis que Yoongi.

Yoongi peinait à se faire des amis, peinait à rencontrer des gens, peinait à savoir ce qu'il voulait faire de sa vie.

« A ton âge, Geumjae savait déjà ce qu'il comptait faire plus tard. »

« Geumjae nous a présenté sa première petite amie en deuxième année de collège, une jeune fille charmante. »

« Tu comptes passer tout ton été dans ta chambre ? Regarde ton frère, il s'est trouvé un petit job d'été, lui... »

« Ton frère n'a jamais eu en dessous de la moyenne, Yoongi. Pourquoi est-ce que tu n'y arrive pas ? »

Parce que Yoongi n'était pas Geumjae, mais ça, il fallait encore qu'ils le comprennent. Mais vu qu'il pensait que son coming out n'était qu'une simple « crise d'adolescence », Yoongi avait un sérieux doute sur le fait que ça arrive un jour. Pour le moment, il se contentait de siroter un café soluble vaguement bon dans la minuscule chambre d'étudiant de Jeon JungKook.

« Tu l'as fait comment, ton coming out ? Demanda soudainement Yoongi.

JungKook était visiblement surpris, assit en tailleur sur son lit, une tasse de chocolat chaud sur sa table de chevet, le café était trop amer pour ses papilles. Il ne répondit pas immédiatement, son regard se perdant quelque part sur le mur qui lui faisait face.

-Je ne l'ai pas vraiment fait. Expliqua-t-il finalement. Ma mère l'a deviné. Je ne sais pas exactement comment mais un soir, elle a débarqué dans ma chambre et m'a dit qu'elle savait. Puis elle m'a demandé – non, supplié, de ne rien dire à mon père parce qu'il me jetterait dehors si jamais il savait. Elle a ensuite promis de divorcer une foi que j'entrerai à l'université.

-Tes parents sont encore mariés, Kook. Fit remarquer le plus âgé.

-Je sais hyung. »

Et le silence retomba. Yoongi prit le temps d'observer la petite chambre de son cadet. Ce n'était pas grand-chose, il y avait à peine la place pour un lit, un bureau et une armoire mais JungKook s'estimait heureux parce qu'il avait sa propre salle de bains et tout le monde ne pouvait pas en dire autant. Il avait su amener un peu de vie dans cette cage à lapin en collant des photos – ce qu'on peut attendre d'un étudiant en photographie – et des posters un peu partout. Il avait aussi ramené une bouilloire minuscule et une télé – plus exactement un écran d'ordinateur qui lui servait de télé.

JungKook n'était pas gay à proprement parler. Il était bi et Yoongi avait stupidement pensé qu'il était bien plus simple d'avouer être bisexuel qu'homosexuel. Après tout, il y avait toujours une chance qu'une adorable jeune fille ravisse son cœur et qu'il puisse offrir des petits enfants à ses parents. Mais non, les choses étaient les mêmes simplement parce qu'ils étaient différents.

« Et donc, tu m'explique ce que tu foutais sous la pluie, à une heure pareille ? Demanda finalement JungKook, en se penchant pour allumer son écran.

-Et toi ? Pourquoi t'étais le cul dans l'eau ?

-Une nana que j'ai rembarré l'a mal pris et est allée raconter je ne sais pas quoi au videur et voilà où on en est.

Yoongi lui lança un regard septique mais JungKook haussa simplement des épaules. Il y avait fort à parier que le plus jeune n'ait pas été particulièrement délicat avec la demoiselle lorsqu'il l'a envoyé sur les roses. Il n'était pas exactement connu pour sa grande délicatesse. D'un mouvement de tête, il invita le plus vieux à lui expliquer à son tour et c'est Yoongi qui haussa des épaules ce coup-ci.

-Mes parents pensent que je fais ma crise d'adolescence. Parce que je suis gay. Précisa-t-il après avoir aperçu l'incompréhension sur le visage de son ami.

-Ah. Pas cool. »

Un silence, long et pensant prit place avant que JungKook lui propose de regarder un film. Yoongi supposa qu'il n'avait rien de mieux à faire de toute façon. Il posa sa tasse à côté de celle de son cadet et prit place avec lui dans le lit. Jungkook avait choisi une sitcom américaine digne d'une soirée pyjama mais Yoongi ne se sentait pas la force de protester.

Ils n'avaient pas particulièrement bu et il n'avait vu passé aucunes scènes tendancieuses ou bien quoique ce soit qui aurait pu expliquer la raison qui les avaient poussés à s'embrasser comme ils avaient fini par le faire. Yoongi s'était allongé dans le lit de son cadet, sa bouche se mouvant doucement contre la sienne, les mains caressant lentement ses bras, son dos, se perdant parfois dans ses cheveux, tandis que les doigts fins du plus jeune pianotaient tendrement sur son ventre, ses hanches et parfois ses cuisses. Ce n'était pas foncièrement sexuelle ni passionné, le baiser était même plutôt lent, doux, presque tendre.

Une petite voix dans le creux de sa tête lui murmurait d'aller jusqu'au bout, de pousser la « crise d'adolescence » jusqu'à ces plus lointaines limites, faire ce qui rendrait ses parents fous. Ça serait la meilleure façon de leur prouver que tout ça n'était pas simplement un petit appel désespéré pour obtenir un peu d'attention : revenir la gorge dévorée de suçons, en boitant légèrement, une odeur de sexe sur la peau et les pupilles encore dissolues par le plaisir.

« Ou est-ce que tu as passé la nuit ? »

« J'ai baisé un petit étudiant pendant des heures ! »

Vulgaire. Dégradant. Stupide.

Ce n'était pas une bonne idée et JungKook ne méritait pas qu'on se serve de lui pour prendre une revanche idiote sur des gens qui ne se rendaient même pas compte du mal qu'ils avaient fait. Mais Yoongi ne semblait pas vouloir s'arrêter et JungKook non plus.

Ni aller plus loin d'ailleurs.

Ils se contentaient de s'embrasser.

Doucement. Gentiment. Simplement.

Peut-être bien qu'ils finiraient par coucher ensemble, mais Yoongi était sûr que ça ne serait pas uniquement pour prendre sa revanche sur ses parents. Sans doute que, lorsque ça arrivera, JungKook et lui n'auront pas de sentiments fort et intense l'un pour l'autre, sans doute même que ça ne changera absolument rien dans leur relation. Mais Yoongi avait cette impression : si jamais ils couchaient ensemble, ils ne le regretteraient pas. Ça serait un de ces évènements qu'on ne s'explique pas mais qu'on ne regrette pas non plus.

Et pour le moment, ça lui convenait.

C'est un cri effroyable qui les sépara, brisant la bulle qu'ils venaient à peine de se créer et perturbant le silence nocturne du dortoir.

« Park Jimin ! »

JungKook s'écarta doucement et Yoongi sentit comme un courant d'air frais caresser son visage. Le brun soupira avant d'enfouir son visage dans le creux du coup de son ainé, grognant légèrement.

« Park Jimin ! Ouvre cette putain de porte ! Ouvre j'te dis ! »

L'étudiant se redressa, dégageant les quelques cheveux tombaient devant ses yeux d'un geste et poussa un nouveau long soupir. Yoongi l'imita, se relevant à l'aide de ses mains. Les cris augmentèrent, manifestement Park Jimin n'avait pas l'intention d'ouvrir la porte. JungKook jeta un regard vers la sienne, mâchant doucement sa lèvre inférieure, contemplant quoi faire.

« Désolé pour – Pour ça. Expliqua lamentablement le brun, un sourire contrarié sur les lèvres. Mon voisin de palier – Il doit avoir des soucis en ce moment parce que ça n'arrête pas de hurler et –

-T'inquiète pas va. Coupa Yoongi en se remettant sur ses pieds. Je crois qu'il faut que je rentre.

-Oh ! Tu veux que je te raccompagne ? S'enquit JungKook rapidement en se relevant à son tour, les yeux immenses, l'air gêné. Je ne sais pas s'il pleut encore mais –

-Nan, j'vais prendre un taxi. Passe une bonne soirée, Kook. »

Il ne lui laissa pas le temps de répondre quoi que ce soit. Il enfila ses chaussures, remonta la capuche du sweat-shirt que son ami lui avait prêté, s'assurant une dernière foi de rien avoir oublié avant d'offrir un dernier sourire à son cadet et de se glisser dans le couloir. Effectivement, de l'autre côté de la cage d'escalier se tenait un jeune homme, plutôt grand et musclé, les cheveux blond platine et qui avait l'air d'avoir du mal à tenir debout. Pour le résumer : il n'avait pas l'air sympathique et Yoongi était bien heureux de ne pas être Park Jimin.

Il ne s'attarda pas, descendant les escaliers rapidement tout en allumant son téléphone pour obtenir un taxi.

Douze appels manqués de Geumjae.

Trois de sa mère.

Un de son père.

Son téléphone avait encore quarante pourcents de batterie.

Ils avaient abandonné.

***

« Il faut que vous compreniez que l'on ne remet pas en cause vos qualification, mais plutôt – comment tourner ça ? Votre image ? C'est ça, vous ne correspondez pas exactement à l'image que l'on veut renvoyer et - »

Conneries. Rien de plus qu'un amas de conneries et Namjoon avait dû se contenter de sourire poliment pendant que l'étudiant qui lui faisait face déblatérer son petit discours idiot. Il était surement plus jeune que Namjoon.

« L'image que l'on veut renvoyer. »

Quelle image peut bien avoir une supérette 24/7 ? Apparemment le genre qui n'autorise pas un jeune diplômé en économie et commerce, possédant son TOIC – avec un score presque parfait – en anglais à scanner des paquets de nouilles et tenir une caisse.

Enfin la question légitime était plutôt : pourquoi un diplômé avec autant de qualification cherchait absolument à se faire engager dans une épicerie de quartier ? La réponse est simple : c'est compliqué de trouver un emploi lorsqu'on a un casier judiciaire, même aussi ridicule que le siens.

Vol à l'étalage et consommation d'alcool illégale.

C'est ce qui avait tout enclenché.

Ce n'est pas Namjoon qui avait pris la bouteille sur l'étale, mais son ami de l'époque, Jiwoo. Il avait seize ans et voulaient s'amuser un peu, pour se changer les idées et ne plus penser qu'aux études. Jiwoo avait volé une bouteille chez un vieux commerçant de leur quartier. Ils en avaient bu la moitié lorsque la police est passé pour une patrouille quotidienne. Ils auraient sans doute pu s'en sortir si Jiwoo ne s'était pas mis à paniquer et hurler qu'ils devaient absolument s'en aller sinon ils risquaient gros. Une fois au post, Jiwoo s'est mis à pleurer, répétant qu'il ne fallait pas appeler ses parents, qu'ils allaient le tuer, Namjoon, lui, n'avait rien dit. Il ne savait pas vraiment quoi dire.

Jiwoo l'avait désigné comme total responsable et Namjoon n'avait pas su quoi répondre.

C'est qu'il ne s'était jamais imaginé dans ce genre de situation. C'était un bon élève, calme et sérieux. Ce n'est pas qu'il n'avait jamais fait de bêtises ou bien qu'il n'eût jamais mérité de punition, mais jamais aucun de ses proches ne l'auraient imaginé assit dans un commissariat. Pourtant la police avait estimé qu'il avait bien plus une tête de criminel que son ami.

Namjoon était grand, vraiment grand pour son âge, avec une carrure imposante : ses épaules étaient larges, ses membres longs et musclés, sa poitrine était ferme et le teint halé. Il avait les cheveux légèrement long, tombant tout juste dans sa nuque et sur son front – à l'époque ils étaient noirs comme la nuit, aujourd'hui il était d'un joli rose pêche, Jimin trouvait que ça lui donnait un air plus doux – et son visage avait l'ovale d'un œuf. Ses joues étaient pleines et rebondies, comme ses lèvres épaisses, et lorsqu'un sourire les étirait, deux adorables fossettes les perçaient. Son nez était légèrement écrasé et ses yeux, bien qu'en amande, étaient plutôt grands et expressif.

Namjoon ne pensait pas avoir l'air d'un criminel, mais l'agent de police lui avait expliqué – comprenez, hurlé dessus – qu'il avait la tête du leader, qu'il était le seul à pouvoir avoir ce genre d'idée et une demie dizaine d'autre chose que Namjoon n'avait pas entendu, pas écouté ou bien simplement oublié.

Ses parents avaient dû payer une amande, il avait dû faire quelques heures de travaux d'intérêt généraux et aujourd'hui, à vingt ans, il avait du mal à se faire embaucher comme simple caissier dans une stupide épicerie.

Après ça, il avait fait quelques allers-retours au commissariat pour des délits mineurs : ébriété sur la voie publique, tapage nocturne, vandalisme...

Il fixa encore pendant quelques seconde la canette de soda qui se trouvait devant lui et soupira avant d'avaler les dernières goutes qui s'y trouvait. Se plaindre n'allait pas vraiment changer grand-chose. Il fallait qu'il se bouge, qu'il trouve un travail, n'importe quoi qui pourrait l'aider à se sortir de cette situation. Il n'allait pas pouvoir vivre chez les Park à vie non plus. Il ne le supporterait pas.

Namjoon et Jimin se sont rencontrés en dernière année de lycée – il avait dû refaire une année suite à ses déboires avec la justice – et Jimin avait été le seul de sa classe à bien vouloir travailler avec lui sur un projet de science. Jimin était un gentil garçon, un peu petit, joufflu, un sourire et un rire d'ange et un besoin viscéral d'être complimenté. Il avait toujours été là pour Namjoon, quel que soit ce dont il avait besoin et ce malgré ses parents qui n'avaient pas une grande affection pour Namjoon.

Il avait fini par prendre l'habitude. Les regards, les messes basses, les préjugées et tout ce qui s'en suivaient. Il savait ce qu'on disait de lui, ce qu'on pensait de lui et il s'y était fait. Jimin lui avait déjà dit qu'il trouvait ça triste, qu'il ne fallait pas s'habituer à ce genre de chose, que personne ne méritait ça mais Namjoon se contentait d'hausser les épaules et d'allumer sa cigarette.

Ce qu'il fit encore une fois ce soir-là. Sa canette vide et son sandwich avalé, il attrapa son paquet dans la poche de sa veste, en tira une et la glissa entre ses lèvres. Il trouva son briquet dans son autre poche et alluma le petit cylindre de papier. Il tira une longue bouffée dessus qu'il expulsa lentement par le nez et la bouche, tout en basculant la tête en arrière.

La nuit était belle ce soir et les étoiles brillaient drôlement fort. Pendant une seconde, il se demanda si la vie ne se moquait pas un peu de lui puis décida qu'il avait mieux à faire que de réfléchir aux évidences. Il coinça de nouveau sa cigarette entre ses lèvres pulpeuses, ramassa ses ordures et se leva. Il jeta les restes de son repas dans une poubelle avant d'enfoncer ses mains dans ses poches et de reprendre sa route vers nulle part. Il ne voulait pas rentrer tout de suite, il n'était pas prêt à supporter le regard mauvais de monsieur Park et la déception de sa femme lorsqu'ils apprendraient qu'il allait encore rester chez eux quelques temps. Il hésita à passer rapidement voir Jimin au dortoir mais il se rappela que le plus jeune était en période de révision et donc insupportable. Il sortit donc son téléphone de sa poche et vagabonda parmi ses contacts. Ils n'étaient pas nombreux et plus de la moitié n'était pas recommandable non plus. Namjoon n'était même pas sûr de pouvoir les appeler des « amis ». C'étaient simplement des gens qu'il avait croisé à un moment donné, pas forcément des gens qu'ils l'avaient aidé ou bien changé quoi que ce soit dans sa vie. Simplement des connaissances, croisées dans des situations pas toujours recommandables.

Un nom en particulier l'attira ce soir-là : Im Jaebum.

A peine plus jeune que lui, généralement qualifié de plus beau que lui – comme si ça l'intéressait vraiment – il avait croisé Jaebum dans une des cellules de dégrisement du commissariat, un soir ou il avait trop bu et qu'il n'avait pas réussi à semer les agents en patrouille. Les choses avaient mieux tourné pour lui que pour Namjoon : étudiant en design et architecture d'intérieur, Jaebum avait réussi à obtenir un job d'étudiant malgré son casier et Namjoon était enfin prêt à ranger son égo et lui demander comment il avait fait.

Le plus jeune donnait une petite soirée « simple et convivial » chez lui ce soir-là et Namjoon estima qu'il ne verrait pas de problème à ce qu'il y fasse un crochet. Juste le temps de prendre un verre, serrer quelques mains, peut être fumer une ou deux clopes et trouver enfin un job.

Et puis s'il n'y arrivait pas, il aurait au moins passé une bonne soirée.

***

Yoongi appuya du plat de la main pour chasser les dernières bulles d'aires qui déformaient le scotch qu'il venait d'utiliser pour refermer son dernier carton. Il attrapa le marqueur noir qui se trouvait à coté de sa cuisse et écrivit rapidement sur prénom sur le pan droit de la boite avant de refermer pour la dernière fois son stylos et de soupirer. Il jeta un dernier regard dans ce qui fut un jour sa chambre et sentit son cœur se resserrait légèrement, vingt-deux an de vie rangé dans exactement huit cartons. Il se releva, l'esprit vide et presque trop clair, il attrapa la boite qu'il venait de refermer et se retourna vers la porte, la prochaine étape était de charger la voiture et il sentait venir les difficultés.

Dans l'encadrement de sa porte se tenait sa mère, les bras fermement croisés sur sa poitrine et le regard désapprobateur. Elle lui en voulait et Yoongi était à peu près sûr qu'elle ne savait pas pourquoi. Quand il leur avait annoncés qu'il comptait s'installer seul, son père avait posé son journal, fronçant légèrement les sourcils avant de lui demander s'il était sûr de lui, s'il avait trouvé un logement et qu'il avait bien fait ses calculs.

Et pour une foi, Yoongi avait l'impression d'avoir une véritable conversation avec son père. Il avait l'impression d'exister, d'être Min Yoongi.

Et il avait aimé ça.

Jusqu'à ce que sa mère repose sa tasse de thé et demande à son fils s'il était sérieusement entrain d'envisager de déménager alors que son frère allait avoir son premier enfant.

Yoongi l'avait regardé incrédule, persuadé d'avoir mal entendu et son père semblait dans le même état.

« Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu.... En quoi mon déménagement à le moindre rapport avec Geumjae et son enfant ?

-Ecoute, Yoongi, ce n'est simplement pas le bon moment. Répliqua sa mère, l'air définitive.

-Ce n'est absolument pas une réponse ça et –

-Yoongi, ne parle pas comme ça à ta mère. Monte dans ta chambre, je m'occupe de ça. »

Et la conversation s'était arrêté ici. Yoongi était monté et ils n'avaient plus jamais parlé de son déménagement pendant une ou deux semaines. Yoongi avait rapidement compris que le sujet ne reviendrait pas sur la table avant un très long moment. Sauf qu'il ne voulait pas rester une minute de plus dans cette maison. Dès qu'il passait la porte, tout tourner exclusivement autour de son frère. Sa mère avait toujours quelqu'un à la maison qu'elle bassinait avec son fils ainé, celui qui s'était marié à une charmante demoiselle et qui allait lui donner un petit enfant.

Jamais elle ne parlait de son fils cadet, professeur de musique dans une école primaire, simplement heureux de pouvoir faire quelque chose qui lui plait vraiment.

Elle lui donnait envi de rire. Elle parlait d'enfant en permanence, comme si c'était la seule chose qui comptait dans sa vie mais dès qu'il essayait de lui raconter sa journée ou bien une anecdote du travail, elle n'avait pas de temps à lui accorder. Elle refusait qu'il quitte le domicile familial mais faisait comme s'il n'y existait pas. Son père lui avait dit, il y a longtemps, que les femmes étaient un nœud de contradiction qu'il ne fallait pas chercher à dénouer et Yoongi se rendait seulement compte de combien celui de sa mère était intriqué et serré.

Il avait donc pris l'habitude de faire un détour par une petite agence de location immobilière à chaque fois qu'il quittait l'école. Il avait déjà une petite liste de bien qui pouvait l'intéresser et qu'il comptait visiter, ce qu'il faisait durant ses Week end ou bien juste avant ou après le travail, à l'insu de ses parents. Il ne savait pas vraiment ce que son père aurait à dire à ce sujet mais il était à peu près sûr que ça irait d'une façon ou l'autre dans le sens de sa mère. Il essayait de se rassurer en se disant qu'il n'y avait pas de mal à chercher, ce n'était que la première étape bien inoffensive de son indépendance.

Jusqu'à ce qu'il trouve ce petit deux pièces : une cuisine ouverte sur la pièce à vivre, une salle de bains sans doute un peu petite et une chambre à peine assez grande pour contenir un lit et un bureau. C'était sans doute bien plus petit que ce dont il avait l'habitude et il aurait dû mal à s'y habituer mais il n'était pas si cher, se trouvait proche de son lieu de travail et de plusieurs petits commerces de proximité. Il pourrait s'y faire, il pourrait apprendre à vivre dans un plus petit espace si ça voulait dire être enfin indépendant.

Alors il avait pris un rendez-vous pour le visiter, un soir après le travail. Il s'était arrangé pour que ça ne dérange pas ni son emploie du temps ni celui de sa chère petite famille. Mais il avait oublié le talent que sa mère avait pour être imprévisible. Alors qu'ils profitaient tous d'un repas calme et chaleureux, elle annonça son projet d'organiser une petite fête de natalité. Apparemment, elle avait regardé un reportage qui expliquait comment les américains anticipaient la venue d'un enfant en organisant tout un tas de fête durant lesquelles les invités étaient prié d'apporter un certain nombre de cadeaux ou bien un chèque. Yoongi n'était pas exactement contre l'idée jusqu'à ce qu'elle annonce la date de la première petite sauterie.

Evidement il fallait que ça tombe la soirée ou il devait visiter l'appartement.

« Je ne pourrais pas être là. Expliqua alors simplement le professeur sans relever la tête de son assiette.

Après tout, ce n'était pas si grave s'il n'était pas là pour la babyshower de sa belle-sœur, il n'était pas vraiment l'attraction principale. Il suffisait que son frère et sa femme soient là et le plus important était fait.

-Comment ça ? Demanda son père, assez calme, presque détaché.

Yoongi pensa que l'idée d'inviter autant de monde dans leur maison simplement pour voir sa belle fille déballer une demi-douzaine de pyjamas hideux ne le réjouissait pas autant que sa femme.

-J'ai une visite d'appartement.

Son père hocha simplement la tête, compréhensif et son frère lui offrit un sourire. Sa belle-sœur se contenta d'hausser les épaules, à peine convaincu par l'idée d'une fête en l'honneur d'un enfant pas encore né. Yoongi l'avait entendu une foi discutée avec son frère au sujet de l'attitude un peu trop envahissante de leur mère et Geumjae avait promis de lui en toucher deux mots.

Forcé de constater que ce n'est toujours pas fait.

-On a déjà discuté de cette histoire d'appartement, Yoongi-ah. Grogna sa mère en roulant des yeux au ciel, balayant le sujet du plat de la main. Ce n'est pas le bon moment.

Yoongi se reteint de rouler les yeux au ciel à son tour.

-Ce n'est pas comme si ma présence était vraiment capitale pour ce genre d'évènement, maman. Argua-t-il en raffermissant sa prise sur ses baguettes. Et puis je serais surement revenu avant la fin de ton truc.

-Une babyshower, pas juste un truc, Yoongi-ah. Siffla la femme assise en face de lui. Et j'apprécierai que tu arrêtes d'être aussi égoïste.

Un silence suivit cette phrase. Un de ces silences lourd qui en dit bien plus long que n'importe quel mot. Yoongi fixa sa mère comme incertain de ce qu'il venait d'entendre tandis que son frère cherchait clairement à comprendre ce qu'elle venait de dire et comment y répondre. Leur père observait sa femme avec quelque chose qui ressemblait à de la colère dans le fond de son regard et sa belle-fille semblait soudainement atrocement mal à l'aise.

-E-Egoïste ? Répéta Yoongi, se sentant presque idiot. C-Comment – Enfin qu'est ce que tu veux dire par égoïste ?

-Yoongi a raison, maman. Tenta Geumjae, un sourire tendu sur les lèvres. Après tout, il suffit que Hyeri et moi soyons là, non ? En quoi la présence de Yoongi change quoi que ce soit ?

-C'est une fête pour le bébé, n'est-ce pas, belle maman ? Intervint à son tour la jeune femme. Ça ne serait pas forcement très intéressant pour beau-papa et Yoongi-ssi, donc s'ils sont absents ce n'est pas si grave ?

-Non. Répondit-t-elle, ferme, le regard dur posé sur son fils cadet. C'est un moment important pour Geumjae et Yoongi cherche encore à faire son intéressant.

Yoongi s'étouffa avec sa propre salive, ses baguettes tombèrent dans son assiette. La bouche entre-ouverte, il n'arrivait pas à décider s'il était plus choqué, blessé ou bien en colère après ce que sa mère venait d'avoir l'audace de dire.

Je crois que le pire c'est qu'elle semble convaincue d'avoir raison.

-F-Faire mon in-intéressant ? Encore ?! Je – J'ai un emploi, plus de vingt-deux ans, est ce que ce n'est pas simplement logique que je vive de mon côté ?!

-Ce n'est pas le bon moment, Yoongi-ah. Expliqua sa mère, l'air complétement détachée. Je n'ai pas besoin d'en dire plus, il me semble.

Yoongi ravala douloureusement ses larmes. Il avait vingt-deux ans et il n'avait jamais pleuré devant qui que ce soit, encore moins sa mère et il n'allait pas commencer aujourd'hui. Pas pour ça en tout cas. Il ne lui ferait pas ce plaisir. Il savait exactement ce qu'elle aurait à dire si jamais la moindre perle salée coulait sur ses joues.

« Comment peux-tu espérer vivre seul quand tu te mets à pleurer pour quelque chose d'aussi idiot ? »

« Ton frère n'a jamais pleuré simplement parce qu'on lui a dit non. »

« Tu n'arrivera jamais à te débrouiller seul si tu te mets à pleurer comme un enfant pour si peu. Prends exemple sur ton frère, il fait face aux problèmes, il ne se contente pas simplement de pleurer pour obtenir ce qu'il veut. »

« Tu as passé l'âge de te rouler par terre pour avoir ce que tu veux, grandis un peu Yoongi-ah ! »

Il laissa un soupir tremblant lui échappé, ses ongles s'enfonçant douloureusement dans la paume de ses mains, le regard humide et il n'en avait pas fallut plus à sa génitrice pour y voir l'occasion de lui rappeler combien il était immature. Elle ouvrit la bouche prête à lui offrir un de ses conseils bienveillants mais Yoongi ne lui laissa pas l'occasion de parler.

-Ce ne serait jamais le bon moment avec toi, n'est-ce pas ? Demanda-t-il, la mâchoire serrée.

Pendant une seconde, il pensa que personne ne l'avait entendu mais le silence qui suivit l'invita à continuer. Il se sentait soudainement capable de tout dire, tout ce qu'il avait le cœur. C'était comme s'il n'avait plus peur de rien. Comme s'il venait de comprendre qu'il ne pouvait pas décevoir ses parents puisqu'après tout ils n'avaient jamais eu la moindre attente envers lui. Il pourrait leur dire ce qu'ils voulaient qu'ils ne réagiraient pas. Non. Ils se contenteraient de coller ça sur le dos d'un besoin d'attention. Pour eux, il n'était rien qu'un gamin en pleine crise existentiel qui voulait simplement qu'on le regarde.

Et bien il allait leur en donner un, de spectacle et ils ne regretteraient pas le voyage.

-Tu le savais ? Reprit-il en se tournant vers son frère qui semblait de plus en plus perdu. Il y a un an, je leur ais annoncé que je sui gay et tout ce qu'elle a trouvé à me répondre c'est que tu allais te marier et qu'il fallait que j'attende pour faire ma « crise d'adolescence ».

Son frère écarquilla les yeux, découvrant l'orientation sexuelle de son frère tandis que son père se tourna vers son cadet, profondément choqué par ce qu'il venait de dire. Sa mère, elle, porta une main à sa poitrine, comme offusquée par les propos de son fils. Yoongi eut un rictus mauvais et désabusé.

-Pourquoi cet air choqué, mère ? N'est-ce pas là tes propres mots ? « Ça ne te dérange pas si on s'occupe de ta crise d'adolescence plus tard ? ». C'était ça, non ? Et bien ça y est, je crois que le plus tard est arrivé, ou bien ce n'est encore une foi pas le bon moment ?!

Il ne s'était pas rendu compte que sa voix avait prit en volume ou bien des larmes qui coulaient lentement sur ses joues. Il se fichait bien de ce qu'ils pouvaient penser de lui. Qu'ils pensent que ce n'étaient rien de plus qu'un gamin capricieux et pleurnichard ou bien qu'il fût incapable de maitriser ses émotions ou bien ce qu'ils veulent ; il n'en avait plus rien à faire, absolument plus rien du tout. Il voulait simplement pouvoir respirer et pour la première fois depuis longtemps, il avait l'impression qu'il était vraiment capable de gonfler ses poumons et être vivant.

-Yoongi ! S'exclama son père à son tour. Ne soit pas injuste !

-Ah donc maintenant je suis injuste en plus d'être égoïste ? Railla-t-il, un sourire profondément blessé étirait ses lèvres. Je me demande ce que je vais être à la fin de cette conversation !

-Ça suffit maintenant, Yoongi ! S'écria sa mère. Tu ne vois pas que tu mets tout le monde dans l'embarras avec ton petit numéro ?! On a compris, tu veux qu'on s'intéresse à toi, très bien ! Je te promets que tu auras aussi le droit à ton moment de gloire mais pour le moment c'est ton frère qui –

-Je ne veux pas que tu face attention à moi. Grinça sombrement Yoongi. Je n'ai pas besoin que tu face attention à moi. Je veux simplement que tu me laisse être moi ! »

Yoongi ne lui laissa pas ajouter quoique ce soit. Il se leva et quitta la table. Il attrapa sa veste qui pendait lamentablement au porte manteaux, enfila ses chaussures, entendant à peine son frère l'appelait, son père cherchait à calmer sa sœur et sa belle-sœur perdu aux milieux d'un drame familial qui la regardait à peine. Il quitta la maison et prit immédiatement la direction de l'agence ou il avait repéré l'appartement. Les yeux encore embués de larmes et le cœur battant fort contre sa poitrine, il avait signé les papiers qui faisait de lieux l'heureux propriétaire d'un appartement qu'il n'avait pas pu visiter. Après ça, il avait trainé en ville sans vraiment faire attention à l'heure ou bien ou est ce que ses pieds l'emmenaient. Il n'était rentré chez lui qu'aux alentours d'une ou deux heures du matin.

Il fut surpris de trouver son père l'attendant dans la cuisine. Il ne dit rien, poussant simplement une assiette pleine de riz et de poisson séché. Il l'invita à manger et Yoongi s'exécuta sans rien dire. Ils restèrent en silence jusqu'à ce que son père murmure qu'il l'aiderait à faire ses cartons et trouver une camionnette lorsqu'il en aurait besoin. Yoongi acquiesça, il murmura qu'il avait acheté l'appartement. Son père lui demandait, un peu prit de court, s'il était sûr de lui et Yoongi haussa simplement des épaules, de nouvelles larmes fraiches coulant sur ses joues. Il mâcha avec difficulté, la nourriture se bloquant régulièrement dans sa gorge.

Non, il n'était pas sûr de lui. Mais il savait qu'il ne pourrait pas continuer à vivre ici.

Soudain, il sentit les longs doigts abimés par des années de travails de son père glissaient entre ses mèches noisette. Yoongi s'arrêta de mâcher, relevant un regard humide et immense vers son père. Il lui offrit un sourire tendre et à la fois tellement triste avant de murmurer, la voix rauque et tremblante :

« Tu sais qu'on t'aime malgré tout ? En tout cas, moi je t'aime quoiqu'il arrive fils. »

Il quitta la pièce avant que son cadet puisse répondre, le laissant seul face à son assiette.

C'était sans doute la première et la dernière fois que son père lui avait dit qu'il l'aimait et Yoongi avait encore du mal à croire qu'il ne l'avait pas rêvé.

Il n'avait pas croisé sa mère avant le déjeuner, le lendemain. Elle ne l'avait pas regardé lorsqu'elle lui avait demandé s'il avait sérieusement signé le bail de son nouvel appartement malgré la conversation qu'ils avaient eut la veille. Le jeune professeur avait simplement répondu oui, sans la moindre émotion dans la voix, comme s'il se contentait de parler de la pluie et le beau temps. Sa mère soupira et s'en retourna à son assiette.

Plus tard, elle lui avait demandé s'il avait vraiment besoin de la punir comme ça et Yoongi avait rie. Elle resta interdite devant son fils hilare, les yeux ronds comme des billes, se demandant surement si son dernier enfant devenait fou. Yoongi ne lui répondit pas, il préféra commencer à trier ses affaires.

C'est sans doute les derniers mots qu'ils échangèrent avant un moment.

***

La vie avait décidément une drôle de façon de faire les choses.

Lorsque Namjoon avait croisé la route de Kim SeokJin pour la première fois Kim SeokJin, il n'était pas exactement dans les meilleures dispositions qui soient. Il sentait la cigarette froide, l'alcool bon marché, avait la tête qui tournait à cause de l'alcool et les doigts huileux à cause des chips que Jaebum ne cessait de lui mettre entre les mains. Il ne se souvenait pas du tiers de ce qu'il lui avait raconté mais il était sûr que ça n'avait pas dû être d'une grande poésie et encore d'une grande intelligence.

Pourtant, c'était bel et bien la sonnerie de son téléphone qui l'avait réveillé le lendemain. Elle l'avait tiré d'un rêve plutôt agréable, ou il profitait d'un festival scolaire comme n'importe quel élève et avait même réussit à récupérer le numéro d'un jeune homme au visage poupin. Il avait dû quitter les charmants couloirs de ce qui devait être une représentation parfaite de son lycée pour retrouver le canapé de Jaebum, décidément trop petit pour lui et ses vêtements de la veille, sentant l'alcool et la graisse – le genre de mélange qui vous soulève l'estomac aussitôt qu'il a chatouillé vos narines. Il se redressa difficilement pour pouvoir s'assoir, ses jambes, son dos et sa nuque étaient rigides et bouger était devenu atrocement douloureux. Pour la énième fois, il se fit une liste de promesse qu'il ne tiendrait pas : ne pas boire autant, ne plus dormir sur le canapé d'un ami et surtout de se reprendre en main, puis il se mit à la recherche de son téléphone. Il avait supposé que Jimin dût chercher à savoir ou est ce qu'il avait, ou au moins s'il était encore en vie. Lorsqu'il le trouva – l'appareil avait, d'une façon ou d'une autre atterri sous le canapé et Namjoon avait grogné lorsqu'il avait entendu son dos craquer alors qu'il se pliait en deux pour le récupérer – il fronça légèrement les sourcils en voyant son écran affiché « Appolon sur terre ».

Namjoon n'avait jamais eu beaucoup de contact dans sa liste d'amis et il n'était définitivement pas le genre à enregistrer ses connaissances de la sorte. Il était de ceux qui oublié qui il avait enregistré sous tel ou tel surnom. Il n'y avait aucune chance qu'il ait enregistré qui que ce soit sous ce surnom, d'autant plus qu'il était atrocement ridicule.

Il hésita une demie seconde avant de décrocher, sa sonnerie commençait à le rendre fou.

« Monsieur Kim Namjoon ? Demanda une voix grave, légèrement chantante à l'autre bout.

Namjoon ne répondit pas. Il n'était pas sûr de reconnaitre la personne qui venait de s'adresser à lui. Il se contenta de déglutir et de fixer le mur légèrement sale qui lui faisait face, se demandant si Jaebum nettoyait parfois.

-Monsieur Kim, vous êtes là ? Demanda de nouveau la voix.

-Qui -Qui est à l'appar-

-Oh ! Bien sûr ! S'exclama la personne, coupant Namjoon dans sa question. Ou avais-je la tête ? Je suis Kim SeokJin, la gérant du restaurant Au bonheurs des Dames ? On s'est parlé hier soir, durant la petite soirée de Im Jaebum, vous vous souvenez ? »

Pas exactement. C'est ce que Namjoon aurait voulu répondre, mais il n'était pas sûr que Kim SeokJin le prenne bien. Le nom lui disait vaguement quelque chose et il avait déjà entendu parler d'Au bonheur des dames puisque Jaebum y travaillait comme serveur depuis quelques mois. Mais rien de plus.

Il n'aura pas fallu plus pour que son cerveau se mette à faire des associations d'idées. Trois scénarios lui vinrent et aucun d'eux n'étaient rassurant.

Dans le premier cas : il avait simplement pourri la place de Jaebum dans ce restaurant et il était donc le pire ami qui puisse exister.

Dans le deuxième cas : il avait vendu quelque chose à ce type ou bien chercher à acheter quelque chose et il allait devoir lui expliquer qu'il n'avait pas exactement d'argent, ce qui allait, évidement, être gênant. Très gênant.

Le dernier cas, et sans aucun doute le pire : il avait dragué SeokJin, lui avait promit un rencard et le jeune homme venait réclamer son dût... Ou pire... Il avait... Couhé avec Kim SeokJin. Le patron de l'un de ses derniers amis sur cette planète.

Alors Namjoon déglutit douloureusement et décida de faire face à son avenir. Il ne pouvait pas vraiment faire autre chose.

« Je suis vraiment désolé. Commença-t-il, la voix étranglée, priant pour avoir une imagination débordante. La soirée d'hier soir est assez floue et je –

-ça ne m'étonne pas vraiment. Ria SeokJin et Namjoon nota qu'il avait un rire vraiment spécial et la mauvaise habitude de lui couper la parole. Vous n'étiez pas exactement frais lorsqu'on a discuté et j'ai cru comprendre que la soirée ne faisait que commencer pour vous.

Namjoon ria, gêné, plus pour donner le change que parce qu'il trouvait ça drôle.

-Je vais faire court, vous devez vouloir prendre une douche. Ria de nouveau SeokJin. Vous m'avez parlé de votre situation financière et de votre difficulté à trouver un job.

Pourquoi est-ce qu'il s'était senti obligé de raconter sa vie à un type qu'il n'avait jamais croisé jusqu'ici, il n'en avait aucune idée.

-Or, il se retrouve que j'ai un serveur qui a préféré se concentrer sur ses études et à quitter sa place et je me suis dis que vous pourriez prendre sa place. Reprit SeokJin. Qu'en dites-vous ? »

La terre avait arrêté de tourner. Namjoon n'arrivait pas à y croire. Ça ne faisait pas le moindre sens selon lui. On ne propose pas aux gens qu'on a rencontré durant une soirée une place dans son entreprise. Pire encore, les gens qu'on a rencontré bourrer ! D'autant plus que s'il avait tout raconté sur sa situation financière, il y a fort à parier qu'il lui avait aussi raconté pourquoi il en était là et il n'y avait aucune chance que SeokJin l'engage en sachant ce que contenait son casier.

Il n'arrivait pas à y croire et c'est surement pour ça qu'il avait commencé par être sur la défensive. Il lui avait demandé de ne pas faire ce genre de blague parce que ce n'était vraiment pas drôle du tout. SeokJin lui avait donc assuré que ce n'était pas une blague. Le plus jeune avait alors renchérit en avançant son argument de leur rencontre et SeokJin lui avait expliqué que lui aussi avait eu son âge et son lot de soirée et de gueule de bois. Ce n'était il n'y pas si longtemps que ça en plus. Namjoon ajouta qu'il n'avait aucune expérience dans la matière. SeokJin affirma qu'il fallait bien qu'il commence un jour pour en avoir.

« Vous êtes au courant que j'ai un casier judiciaire ? Termina Namjoon, les yeux gros comme des billes, presque agacé par l'obstination de son ainé.

-Et donc ? Répliqua SeokJin. Jaebum aussi en a. J'en ai un aussi. Est-ce que c'est si grave ?

-Pardon ? Vous avez un –

-Si vous voulez mon avis, Namjoon-ssi. Reprit SeokJin. L'important ce n'est pas tant nos erreurs passées, mais ce qu'on décide d'en apprendre. Maintenant, je ne veux pas vous forcer la main. Si vous préférez prendre le temps de réfléchir, ça me va parfaitement. Sachez juste que la porte est toujours ouverte, si besoin est. »

C'est comme ça que Kim Namjoon, tout juste vingt ans c'était retrouvé à servir des assiettes de plats typiquement européen – surtout français – à des petits couples, groupe d'amis, repas d'affaire, et petites familles de tous âges dans le charmant petit restaurant qu'était Au bonheurs des Dames.

L'ambiance du restaurant était simple et conviviale, rien de bien impressionnant. Certain habitué connaissait même le patron, Kim SeokJin. Namjoon avait apprit lui aussi à le connaitre : un grand type aux épaule immense, tout droit sorti d'un manga pour adolescente, avec un sens de l'humour un peu vieillissant, un rire très particulier et une grande générosité. Il n'avait jamais su ce qu'il avait bien pu faire pour se retrouver avec un casier judiciaire et pendant longtemps il s'était dit que c'était un pieux mensonge de la part de son employeur pour le mettre en confiance. Mais Jaebum lui avait affirmé qu'il avait bel et bien un casier, il ne tenait simplement pas à dire ce qu'il y avait dedans.

Les journées en tant que serveur n'étaient pas forcement les plus reposantes qui soient et Namjoon était fréquemment dans un état de fatigue important lorsqu'il fallait fermer les portes. La paye non plus n'était pas incroyable mais SeokJin était de ces patrons qui considère chacun de ses employés comme un membre d'une grande famille, en quelque sorte. Alors il avait proposé à Namjoon de s'installé dans le petit studio qui se trouvait au-dessus du restaurant, en payant un loyer presque ridicule, à la condition qu'il accepte de faire des journées pleines et parfois quelques livraisons. Le plus jeune était même prêt à sortir le chien de son employeur et faire sa lessive s'il le fallait.

Jimin avait eu du mal à le voir partir. Ses parents beaucoup moins. Mais Namjoon était heureux, il avait l'impression d'avancer. Ce n'était toujours pas le grand luxe mais c'était le début de quelque chose et selon lui, c'était déjà incroyable.

Il laissa un sourire lasse se dessinait sur ses lèvres tandis que le nuage grisâtre de tabac qui lui échappait s'envolait lentement dans le ciel de cette nuit d'hiver. Il s'appuya lourdement contre le mur en crépis humide qui recouvrait le restaurant, son regard se perdant vaguement sur les graffitis qui recouvraient le mur qui lui faisait face. La ruelle ou il était venu poser les poubelles – et profiter pour prendre une petite pause cigarette – sentait les ordures, l'humidité et quelque chose qui ressemblait à de l'urine mais Namjoon espérait se tromper. Il ne restait jamais très longtemps dehors, le restaurant avait beau être assez petit, la salle était souvent pleine et Namjoon avait rarement du temps pour lui. Avec ça, il faisait relativement froid ce soir et il pouvait déjà sentir une petite toux grasse lui gratter le fond de la gorge et il ne pouvait vraiment pas se le permettre.

Il tira une dernière foi sur sa cigarette, l'écrasa dans le petit cendrier en verre que Jin gardait sur le pas de la porte. Il se massa lentement le bas du dos en se relevant, soupirant lorsqu'il sentit un os craquer et se décida à rentrer pour reprendre son service, lorsqu'une voix attira son attention. Elle provenait de quelque part derrière le restaurant, là ou Namjoon garait le camion de livraison. Il se trouve que c'était aussi par là qu'on pouvait avoir accès à son studio. Et Namjoon aimait moyennement entendre des voix provenant de là.

Jin le tuerait si jamais quelqu'un se barrait avec le camion et même s'il n'avait pas grand-chose à lui voler, il appréciait qu'on laisse ses affaires tranquilles.

Il prit donc la direction de la cour arrière – si on peut appeler cet endroit une « cour » - en essayant d'être le plus discret possible. A mesure qu'il avançait, la voix devenait de plus en plus précise, il percevait des fragments de conversation. La personne devait être au téléphone parce que Namjoon n'arrivait pas à entendre d'autre personne.

« Ecoute hyung, ce n'est pas – Qu'est ce que ça change que je sois là ou pas ? L'important c'est que Hyeri soit là, non ? C'est elle qui porte le bébé, il me semble. »

Namjoon fronça légèrement les sourcils. Il ne s'attendait pas vraiment à ça. Il n'était pas sûr de ce qu'il pensait trouver mais surement pas un petit bout d'homme aux cheveux roses ébouriffé, le visage rond et poupin, le teint pâle et l'air fatigué, nageant dans un t-shirt trop grand, une veste de jogging faisant deux fois sa taille, un jean déchiré tombant lâchement sur ses hanches. Perplexe et interdit, Namjoon resta ou il se trouvait, juste à l'entrée de la ruelle, sans rien dire, se contentant d'observer le jeune homme qui semblait avoir une conversation des plus agaçantes avec la personne qui se trouvait à l'autre bout du fil.

« Je ne fais pas mon enfant, hyung. Soupira l'inconnu en passant ses longs doigts fins entre ses mèches rosâtres. J'ai vingt deux ans, c'est normal de vouloir faire sa vie de son côté et de – Tu as décidé de rester vivre chez eux le temps que le bébé arrive, c'est ton choix. Pourquoi je devrais vivre en assumant les conséquences de tes choix ? »

Oh ? Alors le jeune homme était plus âgé que Namjoon. Il avait dû mal à le croire mais dans un même temps, ça pouvait expliquer ces cernes et cette fatigue presque trop profonde pour être réelle dans le regard du coloré. Sa voix était légèrement grave, rauque sur les bords, comme un adolescent qui vient de se réveiller ou bien Namjoon après une bonne soirée avec Jaebum. Elle avait quelque chose de calme et reposante et Namjoon n'était pas sûr qu'il devait être aussi attiré par la voix d'un étranger croisé dans une ruelle.

« C'est souvent comme ça qu'on finit attacher dans une cave avant d'être sacrifié aux milieux d'un pentagramme pour sa majesté des enfers... »

« Pourtant c'est l'impression que ça donnait, hyung. Grogna l'inconnu en roulant des yeux au ciel et Namjoon fit une note silencieuse de cet air félin qu'il avait sur le visage. Non, je – Je sais que tu ne pensais pas à mal, hyung, c'est juste que – Les choses sont un peu compliquées en ce moment, c'est tout. Non, non, tout va très bien avec l'appartement, c'est juste que j'ai un collègue qui est persuadé que les cheveux roses c'est un peu – Comment expliquer ça ? Trop voyant ? Selon lui, c'est comme si je me baladais avec une pancarte autour du cou qui dirait « Je suis gay et j'adore les prendre dans le – Commence pas à faire ta prude, hyung. » Ricana-t-il finalement.

Namjoon devrait vraiment bouger. Il devrait dire à ce jeune homme qu'il ne devrait pas se trouver là. Il ne devrait pas l'écouter raconter ses problèmes à ce qui devait être quelqu'un de proche, c'était personnel. Il avait aussi envie de lui dire qu'il n'y avait rien de mal avec le fait d'avoir les cheveux rose, il trouvait même que ça lui allait plutôt bien. Il n'y avait d'ailleurs aucun problème avec le fait d'être gay non plus. Namjoon ne savait pas exactement de quel coté de la barrière il préférait danser – ce que Jaebum trouvait vraiment étrange, il avait tout même pratiquement vingt ans, c'était le genre de révélation qu'on a durant l'adolescence selon lui mais Namjoon trouvait ça fort venant d'un type qui affirmait aimer uniquement les femmes mais qui n'était pas contre l'idée de passer une nuit avec Jimin.

Une nuit ou bien sa vie, il n'était pas exactement difficile sur ce point-là.

Quoiqu'il en soit, Namjoon avait soufflé sa vingtième bougie sans savoir s'il était gay, bi, bicurieux, pansexuel ou même simplement intéresser par un être humain en règle générale. Mais il savait qu'être gay n'était pas quelque chose de mal. Pour lui, la seule différence entre un hétérosexuel et un homosexuel se trouvait dans la personne qu'il ou elle rejoignait dans son lit le soir et c'était quelque chose qui ne regardait que ces personnes. Et pendant un court instant, Namjoon pensa que ça ne serait pas si mal de rejoindre le jeune homme qu'il observait depuis bientôt cinq minutes dans leur lit chaque soir.

Il se retient de se coller une gifle.

« C'est gentil hyung. Reprit le jeune homme aux cheveux rose, ramenant Namjoon dans la ruelle mal odorante dans laquelle il se trouvait. Vraiment, je le pense mais tu sais comme moi que ce n'est pas une bonne idée. Je vous enverrais une carte ou un jouet, je ne sais pas. On peut toujours se prendre un café, tous les trois, durant la semaine mais je ne pourrais pas être là demain soir. Tu sais comme moi ce qui va se passer si je fais ça. Je ne veux pas gâcher ça. Elle oblige déjà Hyeri noona à faire ça, j'aimerai éviter de rendre ça encore plus pénible. Et je ne pense pas pouvoir le supporter cette foi, hyung. Je ne veux pas pleurer devant elle, j'aurai l'impression d'avoir perdu et – »

Un rire fatigué lui échappa et Namjoon estima qu'il avait assez épié l'intimité de l'inconnu et décida de se manifester. Il se racla bruyamment la gorge et sentit ses joues rougirent lorsque le regard sombre et fatigué du plus vieux se posa sur lui. Son regard avait un quelque chose de légèrement particulier. Comme une lueur. Quelque chose semblait brillé au fond de ses pupilles, seulement Namjoon n'était pas sûr de ce qui se cachait derrière cette petite flamme tremblante. Il espérait simplement que ce ne soit pas des larmes.

« Er – Je suis désolé de vous interrompre comme ça mais je – Enfin, le truc c'est que – Vous ne pouvez pas vraiment être là ?

Le jeune homme le dévisagea pendant quelque seconde, les sourcils légèrement froncés, l'air un peu perplexe. Il s'excusa rapidement auprès de son interlocuteur, raccrocha et se retourna vers Namjoon.

-Vous me dîtes que je ne peux pas être là ou bien vous me demandez si je peux être là ? Demanda finalement le plus vieux, un sourcil légèrement haussé.

-Je – Vous ne pouvez pas être là, cette cour est un lieu privé uniquement réservé aux employés et –

-Oh ! Excusez-moi ! S'exclama soudainement le coloré, ses yeux grands ouverts lui donnant un air encore plus doux et innocent. J'ai tendance à marcher lorsque je suis au téléphone et j'ai simplement suivit le couloir en sortant des toilettes sans vraiment réfléchir.

-Ce n'est rien. Sourit doucement Namjoon. Après tout, on devrait peut-être faire en sorte que la porte soit moins accessible.

Ils échangèrent un regard délicat, légèrement mal à l'aise avant que le coloré décide de retourner à l'intérieur, ses amis risquaient de se faire du souci, n'est-ce pas ? Alors qu'il passait à sa hauteur, Namjoon se rendit trop tard que les mots avaient déjà quittaient sa bouche :

-Le rose vous va très bien. S'exclama-t-il, les joues brûlantes, la voix légèrement cassée par la gêne.

Le jeune homme s'arrêta, fixa ses pieds avant de murmurer un merci si faible que Namjoon était persuadé de l'avoir imaginé avant de disparaitre dans la nuit.

Lorsque Namjoon était retourné faire ce pourquoi il était payé, il avait vraiment essayé mais dès qu'il avait une seconde, son regard finissait par retrouver une petite tête rose pâle. Parfois leur regard se croisaient et Namjoon sentait son cœur s'accélérait sans comprendre pourquoi tandis que le plus vieux baissait le regard sur son assiette, une lisère rouge sur les joues.

C'est un de ses collègue qui avait encaissé sa table et Namjoon avait dû lui offrir un paquet de cigarette entier pour obtenir leur prénom. Namjoon n'était pas sûr de la raison qui l'avait poussé à poser la question, d'autant plus qu'il n'était pas plus avancé. Il n'avait aucun moyen de savoir si le coloré était Jeon JungKook, Yoo KiHyun ou bien Min Yoongi.

***

« Tu peux m'expliquer pourquoi tu tenais absolument à ce qu'on revienne manger ici ? Demanda KiHyun en planta sa fourchette dans un morceau de filet mignon en sauce.

JungKook releva la tête de son assiette, les joues gonflées de nourriture et les lèvres brillantes de sauce. Il avala bruyamment le contenu de sa bouche avant de répondre à son ainé qu'il aimait simplement l'ambiance du restaurant, qu'on y mangeait bien et qu'avec ça, ce n'était vraiment pas loin de l'université et qu'il n'avait pas exactement le temps d'aller se perdre à l'autre bout de la ville simplement parce que KiHyun préférait manger dans des endroits plus chique.

-Je n'ai pas exactement les moyens de m'offrir un restaurant cinq étoile trois fois par semaine, moi, monsieur l'assistant juridique. Termina l'étudiant en offrant un regard lourd à son ainé.

-Si je peux me permettre, moi non plus. Ajouta Yoongi en se tournant vers KiHyun, l'air accusateur. Je ne suis que professeur de musique, vieux. A moins que ce soit ta façon de nous proposer de payer pour le prochain repas ?

-Je n'ai jamais demandé à être votre ami, moi, je vous signale. » Répliqua KiHyun en roulant des yeux au ciel.

Yoongi et JungKook échangèrent un regard entendu avant de rire légèrement. KiHyun essaya d'être vaguement agacé par leur attitude et la façon dont ils s'étaient ligués contre lui mais il les rejoignit bien rapidement dans leurs petits échanges de piques. Le repas avançait simplement et Yoongi se sentait bien.

Depuis qu'il avait emménagé seul, il avait pris l'habitude de partagé un repas par semaine avec ses deux anciens amis de lycée et université, JungKook et KiHyun. KiHyun était légèrement plus jeune que lui, physiquement aussi grand que lui, bien que beaucoup plus fin et travaillait dans un cabinet d'avocat de renom du centre-ville. Plus d'une foi, il avait entendu qu'ils étaient un groupe pour le moins étrange.

JungKook était un étudiant qui se retrouvait avec une nouvelle conquête dans son lit un soir sur trois – sachant que les deux autres il était simplement seul – et il était fréquent de le trouver dans une boite de nuit ou bien une soirée à tenter des challenges abrutis impliquant une grande dose d'alcool.

Yoongi était un professeur de musique dans une école primaire qui n'avait aucune vie romantique, qui ne sortait qu'une fois par moi et supportait très mal le bruit.

Quant à KiHyun, c'était un jeune marié dans un boulot stable qui s'entendait difficilement avec son beau-père et qui sortait une à deux fois par mois, lorsqu'il avait bien fait ses comptes.

Ils n'avaient pas grand-chose en commun, même pas leur gout musical et pourtant ils étaient liés par un lien profond. C'était étrange et ne faisait pas vraiment sens, mais sans eux Yoongi se sentirait surement désespérément seul.

Ils étaient revenus Au bonheurs des Dames à la demande de JungKook et si KiHyun avait trouvé ça un peu ennuyeux, Yoongi y avait trouvé son compte, en quelque sorte. C'était sans doute assez glauque, mais le restaurant était le seul moyen de recroiser le jeune homme de l'arrière-cour. Yoongi ne savait pas pourquoi, mais après cette soirée, il avait eu le sentiment qu'il devait revenir ici, revenir voir ce serveur. Yoongi n'était pas de ceux qui croyait à la destiné et tout ce qui pouvait avoir un lien avec les âmes-sœurs ou bien quelque chose comme ça. Mais il fallait qu'il revienne, il fallait qu'il le revoie, comme pour s'assurer qu'il n'avait pas rêver.

Il passa lentement sa main entre ses mèches roses, comme pour faire venir le serveur. C'était sans doute idiot mais vu qu'il avait complimenté sa couleur, c'était tout ce que Yoongi avait et il s'y accroché bêtement. Pour lui, toute la situation était stupide et ridicule. Il n'arrivait pas à savoir pourquoi il ressentait ce besoin de retrouver le jeune homme. Au début, il avait décidé que c'était surement parce qu'il n'avait pas eu d'autre interaction sociale qu'avec JungKook et KiHyun depuis un bon moment. Après tout, lorsqu'on voit toujours les mêmes visages, qu'on entend les mêmes voix, encore et encore pendant des mois, ça peut donner l'envie de s'attacher férocement à la première personne un peu nouvelle qui manifeste de l'intérêt pour nous, non ? KiHyun pensait plutôt que c'était l'alcool qui avait joué et que Yoongi cherchait à le retrouver pour s'assurer qu'il ne lui ait rien dit d'embarrassant – le seul hic : Yoongi n'avait pas bu une goute ce soir-là, c'était lui qui devait ramener JungKook à l'université. JungKook penchait plutôt pour l'hypothèse du « Crush éclaire ». C'était une théorie qu'il était lui-même entrain de développer. Il pensait que lorsqu'une personne n'avait pas eu de relation « sérieuse » ou bien qu'il ou elle ne s'était pas sentie désiré par quelqu'un d'autre depuis longtemps, il ou elle pourrait s'attacher étrangement à la première personne qui m'manifeste de l'affection ou même simplement de l'intérêt pour eux.

« Je t'ai déjà dit que ça s'appelle un « coup de foudre » pour les gens normaux. Soupira KiHyun en remuant la sauce de ses spaghettis.

-Et je t'ai expliqué que c'était plus compliqué que ça. Répliqua JungKook. On ne parle pas simplement d'attirance physique spontané pour une personne. Ici, il s'agit d'attachement émotionnel spontané et fulgurant pour une personne dont on ne connait même pas le nom ! C'est bien plus profond qu'un simple coup de foudre, hyung. Mais en même temps, je n'espère pas vraiment faire comprendre à un type qui travaille avec des avocats l'importance des sentiments. Termina le plus jeune en haussant des épaules dramatiquement.

-Sauf que moi, je suis marié tandis que toi tu te contente d'enchainer les coups d'un soir, Kook'. Retorqua KiHyun, un sourire satisfait sur les lèvres. Donc qui est l'handicapé émotionnel de nous deux, à ton avis ?

-Je suis simplement quelqu'un de généreux, hyung. Je partage mon amour, alors que toi, en bon assistant juridique que tu es, pion de la loi sans âme, tu n'offre ton affection qu'à une seule personne et que tu prive le monde de cette personne par la même occasion. Egoïste.

Il termina sa tirade sans doute surjouée par un coup d'œil assassin pour appuyer ses mots.

-Ok. S'indigna gentiment le plus vieux. Petit un : pourquoi toutes tes insultes se justifient avec mon boulot ? Et, petit deux : est-ce que c'est ta façon détournée de me dire que tu veux tenter ta chance avec ma SeolA ? »

Yoongi ria doucement. Leurs échanges finissaient toujours de la même façon : JungKook expliquait précisément pourquoi KiHyun, si c'était un vrai ami, devait le laisser passer une nuit avec sa femme et KiHyun menaçait de le tuer sans le moindre regret, d'autant plus que travaillant dans le domaine de la loi, il savait comment s'en sortir sans la moindre journée passait en prison. Puis JungKook se tournait vers Yoongi, lui demandant d'appuyer sa théorie et Yoongi se contentait d'hausser les épaules. SeolA est une jolie jeune femme mais bon : il est gay. Alors KiHyun s'offusquait, sa femme était capable de rendre n'importe quel gay tout à fait hétéro. Ce à quoi Yoongi répliquait d'un ton morne qu'il la présenterait sa mère alors, elle en serait plus que ravie. KiHyun n'avait qu'à lui envoyer les prix pour une journée, il lui laisserait un pourboire généreux, ceci étant, sa génitrice pouvait se montrer assez agaçante par moment.

Souvent même.

Tout le temps ?

« Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire et tu le sais très bien. Grommela KiHyun en roulant des yeux au ciel.

-Quoi ? Reprit Yoongi en haussant les épaules. C'est toi qui ventes les mérites hétérosexualisant de ta femme ! En tant que client, j'ai le droit de connaitre les tarifs avant de passer commande, non ?

- « Hétérosexualisant » n'est pas un mot. Répliqua KiHyun, l'air franchement fatigué par ses deux amis.

-Hétérosexualisateur ? Proposa JungKook, les sourcils légèrement haussés.

-L'un d'entre vous désirerez un autre verre de vin ? » Demanda une voix grave derrière eux.

Yoongi sursauta légèrement et se retourna d'un coup vers la voix. Il l'avait reconnu sans la moindre hésitation et ça lui faisait légèrement peur d'ailleurs. Il se tenait là, debout, dans son uniforme de service – une chemise blanche et un pantalon de costume noir, rien de bien fou mais c'était déjà bien suffisant pour Yoongi – un sourire léger sur les lèvres. Sur sa chemise se trouvait un petit badge en plastique blanc sur lequel on pouvait lire « Kim Namjoon ».

« Kim Namjoon »

« Kim Namjoon »

Yoongi se le répéta mentalement plusieurs fois. Il n'était pas sûr de pourquoi. Peut être que c'était pour s'en souvenir, ou bien associer le prénom et le visage ou bien simplement pour le plaisir de l'entendre résonner.

Kim Namjoon était beau garçon. Il fallait le dire. Il était grand, masculin, charismatique avec le plus doux des regards et des sourires. Il pouvait déjà entendre son frère lui dire qu'il n'avait pas l'air d'être une bonne fréquentation mais il s'en fichait bien. Ce n'était pas comme si quoique ce soit aller se passer entre eux, n'est-ce pas ?

Ils s'étaient simplement croisés un soir, dans une ruelle. Namjoon avait complimenté les cheveux de Yoongi et puis voilà.

Rien de bien fulgurant.

Rien de bien romantique.

JungKook avait surement raison, il était sans doute célibataire depuis trop longtemps maintenant. Le désespoir fait faire de bien drôle de chose et Yoongi était persuadé que c'était sa solitude qui le faisait imaginer sa vie possible avec Kim Namjoon.

Il ne savait rien de Kim Namjoon. Ni son âge, ni son parcours, même pas sa couleur préférée.

Mais est ce que ça voulait dire qu'il ne pourrait pas apprendre ?

Après tout ?

« Je vais prendre un verre, oui. Vous la mettrez sur la note de Min Yoongi. Répondit finalement KiHyun en avalant la fin de son premier verre de rouge.

Yoongi se retourna subitement vers son ami, la trahison visible sur son visage.

-KiHyun ?! S'exclama-t-il. Pourquoi ?!

-Tu voulais acheter les services de ma femme y a moins de vingt secondes. Si tu ne peux pas te payer un verre de vin, comment peux tu espérer t'offrir les services de ma SeolA ? Expliqua-t-il en haussant les épaules, un sourire en coin plus que mauvais sur les lèvres.

-Tu n'arrêtes pas de dire que SeolA-ssi est une femme, mais tu sais bien que je crois que ce que je vois, hyung. Lança JungKook après avoir rapidement vider son propre verre. Je vous prendrais un verre de blanc, personnellement. Mettez-le sur la même note que celui de KiHyun hyung.

-Fais moi plaisir, Jeon et fermes là. » Soupira KiHyun.

Tandis que Yoongi assassinait son cadet du regard, le plus âgé du trio glissa sa main dans sa poche de manteau pour récupérer son téléphone. L'appareil vibrait violement entre ses doigts, affichant le visage de sa jeune femme sur l'écran. Il le secoua légèrement sous les yeux de l'étudiant qui lui retourna un regard entendu, qui disait clairement « Tant que je n'ai pas vu, je n'y crois pas. ». KiHyun roula des yeux au ciel et se leva tout en décrochant l'appel, sa voix soudainement bien plus douce.

Au même moment, la petite clochette qui se trouvait au-dessus de la porte tinta et le regard de JungKook se tourna vers le nouvel arrivant. Yoongi et Namjoon l'imitèrent. Un petit rouquin au visage angélique et surtout l'air paniqué venait d'entrer dans le restaurant. Lorsqu'il croisa le regard de Namjoon, son visage s'illumina et il s'avança à pas rapide vers lui. JungKook jeta sa serviette sur la table, l'air sombre et se leva brutalement, marmonnant qu'il revenait dans quelques minutes. Il se dirigea directement vers le rouquin qu'il intercepta à seulement quelques pas du serveur. Il l'attrapa par le poignet et le tira derrière lui en direction des toilettes et ce malgré le regard paniqué du jeune homme.

Namjoon et Yoongi restèrent là, interdits et en silence pendant quelques secondes, à fixer l'endroit que les deux jeunes hommes venaient de quitter. Finalement c'est Namjoon qui se retourna le premier.

« Je suppose que c'est vous Min Yoongi ? Demanda-t-il, l'air un peu gêné.

-Oh ! Euh – Oui, c'est moi, oui. S'exclama Yoongi.

Il n'arrivait pas à croire qu'il était entrain de rougir. C'était ridicule.

-Je – Je suis désolé pour l'autre soir. Reprit-il, en essayant de calmer l'incendie qui débutait sur ses joues. Si j'avais su que c'était une cour privée, jamais je n'aurai –

-Ce n'est rien. Coupa Namjoon, balayant le sujet d'un mouvement de main. J'ai déjà dit plusieurs fois à Jin hyung qu'il lui fallait une véritable signalétique, mais il estime que c'est trop « réprobateur » et que ça invite les « mauvaises ondes » dans le restaurant.

-Oh. »

C'est tout ce que Yoongi avait trouvé à répondre et il pouvait déjà entendre JungKook se moquait de lui. D'ailleurs en parlant de Jeon, il se demandait bien ce qui pouvait l'avoir pris. L'étudiant n'était pas particulièrement secret ou bien impulsif en temps normaux et voila qu'il brise tout ce que Yoongi savait de lui en moins de dix secondes. Il aurait aimé savoir qui était ce jeune homme, pourquoi il avait l'air aussi paniqué et surtout qu'est ce qui pouvait bien se passer dans ces toilettes.

« Jeon JungKook, si tu m'as abandonné pour t'offrir un petit coup en douce dans les toilettes du restaurant, je te jure que – »

« Vous le connaissez ? Demanda soudainement Namjoon, ramenant l'enseignant sur terre. Le type qui est parti aux toilettes avec Jimin, vous le connaissez ?

Oh. Alors il s'appelle Jimin. Le prénom semblait réveillé quelque souvenir mais Yoongi n'était pas sûr de quoi il s'agissait.

-JungKook ? Répondit Yoongi, légèrement incertain. Hm, oui. C'est un bon ami. Pourquoi ?

-Il n'est pas du genre... Violent ? Tenta le serveur, l'air un peu embarrassé par sa question. Ou bien nerveux ? Parce que vu sa carrure, je ne suis pas sûr que Jimin puisse faire grand-chose s'il décide de s'en prendre à lui et – Enfin voila quoi...

-Sa bêtise est assez violente, oui. Ria doucement Yoongi. Mais rien de plus. Je ne pense pas que JungKook soit capable de faire le moindre mal à votre ami, ne vous en faites pas. »

Il lui offrit un sourire doux, pour le rassurer et il sentit son cœur accélérait lorsque Namjoon se mit soudainement à rougir.

Namjoon bafouilla quelque chose au sujet des verres et s'en retourna vers la cuisine à grands pas précipités. Au même moment, KiHyun réapparu, un sourire niait sur le visage et JungKook quitta les toilettes, la mine anxieuse. Yoongi n'avait eut aucun mal à deviner que le diner ne s'éternisai pas.

KiHyun voulait rentrer trouver sa femme.

JungKook avait quelqu'un à voir.

Alors ils avaient terminé leur assiette et le nouveau verre de vin avant de se décider à payer. JungKook avait été le premier à régler et le premier à quitter les lieux. Il avait à peine offert un au revoir à ses deux amis et Yoongi se demandait bien ce qui s'était passé dans ces toilettes. KiHyun régla sa note juste après, un sourire un peu trop stupide sur ses lèvres. Il fut assez rapidement dehors aussi, juste le temps de dire au revoir au coloré et il avait déjà rappeler son épouse pour lui dire qu'il rentrait.

Yoongi prit le temps de lire sa note, lui et il fronça légèrement les sourcils lorsqu'il constata l'absence des deux fameux verres de vin. Il releva le regard vers le serveur qui lui offrit un sourire légèrement gêné.

« Er – Vous n'aviez pas vraiment l'air chaud pour payer pour eux et je – Jin hyung me laisse avoir deux consos gratuites par moi et comme j'essaye de ne plus boire autant, je me suis dit que –

-C'est très gentil de votre part. Coupa Yoongi en lui offrant sa carte.

Namjoon attrapa le petit morceau de plastique et Yoongi essaya de retenir le frisson qui le parcouru lorsque ses doigts effleurent sa main.

Sa peau était chaude.

Il avait vraiment essayé de retenir ses prochains mots. Il se pensait idiot et ridicule et il était à peu prêt sur que le serveur lui répondrait non, mais sa bouche en avait décidé autrement et il avait entendu sa voix avant même de se rendre compte de ce qui se passait.

-Ça vous dirait de venir boire un café avec moi ? Pour rembourser une des deux consos gratuites...

Le silence.

Le cœur battant de Yoongi.

Les yeux écarquillés de Namjoon.

La respiration difficile de Yoongi.

La lisère rouge sur les joues de Namjoon.

Sa langue humecta rapidement ses lèvres généreuses.

Il se râcla la gorge.

Son regard fuyant.

Yoongi fixa un point précis sur le comptoir à côté de la caisse.

Il retira la carte, lui tendit et murmura :

-J'adorerai ça. » 

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