Chapitre 9 : une question offerte, une
Mon cerveau mot quelques secondes à comprendre et accepter l'information. Le Fondateur... le fondateur d'Aléslowet.
En clair, la personne la plus puissante qui n'ait jamais existé sur cette planète.
– Avant de parler de quoi que ce soit, je tiens à nous présenter. Je m'appelle Sèrtio, je suis le premier à avoir régné sur Aléslowet, aux côtés de ma merveilleuse épouse que voici.
– Nous ne sommes jamais vraiment morts car nous n'avons jamais vraiment vécu, dit-elle en serrant la main de son mari.
Je ne compris pas sa phrase. "Jamais vraiment vécu" ?
– Ce qu'Aranaèle veut dire, c'est que nous ne sommes pas entièrement humains et c'est pour cela que nous vivons extrêmement longtemps, la...
– ...question étant plutôt de savoir si nous mourrons un jour, compléta Aranaèle.
– Pas entièrement humains ? répétais-je avec appréhension.
– Oh, rigola Sèrtio. Ça, tu le comprendra bien un jour, même si ce sera dans des circonstances peu joyeuses.
– Et ça risque même de ne pas te plaire du tout, mais bon, nous avons tous ces gènes en nous, surtout toi qui descend de nous et donc d'eux.
– Je... comment ça, je descend de vous ? Et qui sont ce "eux" ?
– Ta mère descend de Dame Gayleri, qui est elle-même l'une de nos descendantes.
– Et ce "eux", poursuivit Aranaèle, on peut dire que, d'un côté, ils sont pires que les Scriruslèmiens. Enfin, en partie. C'est compliqué.
Je déglutis difficilement. Pire que les Scriruslèmiens... ? Je descendais de gens pire que les Scriruslèmiens ?
– Ne t'inquiète pas, me rassura l'ancienne reine. Sauf exposée à l'un d'entre eux, tu resteras toi-même.
– Très rassurant, en effet, dis-je en croisant les bras pour cacher mon malaise.
Les deux rigolèrent.
– Ça arrivera un jour, mais tu as encore du temps devant toi, ajouta Sèrtio.
Cela ne me rassura pas du tout, bien au contraire.
– Bref, dis-je, extrêmement mal à l'aise. Qu'est-ce que je fais ici ? Les autres vont commencer à s'inquiéter de mon absence.
– Ne t'en fais pas pour ça, me dit Aranaèle.
– Et si tu es ici, c'est car le droit de nous poser une question à laquelle nous serons obligés de répondre.
Il ne semblait pas plaisanter. En fait, j'avais même du mal à réfléchir correctement tellement j'étais intimidée devant ces deux personnes surpuissantes qui étaient parfaitement soudées.
Je pensais à Tom, qui me manqua plus que jamais. Il était ma moitié, comme Sèrtio l'était pour Aranaèle, et je me sentais seule sans lui, surtout devant ce couple parfait.
Je soupirais doucement. Que pouvais-je demander ? Si Tom, capturé par les Scriruslèmiens, allait bien ? Si les dires d'Akito étaient vrais et que Yeong Ji était sous l'emprise d'un Ailé ? Si Carl se remettrait de la frayeur qu'il ressentait constamment à cause de ses années de captivité chez les pigeons ? Si nous allions gagner la guerre ? Qui était le troisième infiltré ?
Une constatation me heurta de plein fouet. Chacune de mes questions était en lien avec les Scriruslèmiens. Alors... je pouvais demander des renseignements sur ceux-là ?
– Que sont les Scriruslèmiens ? demandais-je alors.
Les mariés échangèrent un regard amusé et se rassirent sur leur cube doré.
– Tu peux t'assoir, m'informa Aranaèle en faisant apparaître une chaise. Tu as choisis la question qui entraîne le plus de réponses.
***
Ainsi assise à les regarder en attendant qu'ils me répondent, je me sentais comme une enfant attendant que ses grands-parents lui racontent leur histoire.
C'est finalement Sèrtio qui prit la parole le premier.
– Que sont les Scriruslèmiens ? répéta-t-il avec amusement. Il y a des centaines de réponses différentes. Du point de vue scientifique, ce sont des êtres humains dotés d'ailes et de pouvoirs. Sur le point de vue mental, ce sont des joueurs ne se rendant pas compte du chaos qu'ils sèment.
– Du point de vue d'un ennemi, ils sont cruels et sans pitié. Du point de vue de leurs proches, ils sont justes et conquérants.
– Mais cela répond plutôt à "Qui sont les Scriruslèmiens", ce qui n'était pas ta question d'origine, bien que les deux soient quasiment similaires.
– Que sont les Scriruslèmiens... ? répéta lentement Aranaèle. Ils sont physiquement humains, mais leur mentalité ne l'est pas. Ils sont presque tous persuadés d'être les rois du monde. Que sont-ils... ils sont arrogants et fiers, et surtout têtus.
– Ils n'ont pas peur de défense leurs valeurs. Ils n'ont pas peur de s'opposer à l'Univers. Car ils sont des joueurs. Oui, c'est cela, ce sont des joueurs qui considèrent la vie comme le jeu le plus exaltant qui soit, dit Sèrtio.
– Que sont-ils ? reprit son épouse. Comme tuer ne les dérange pas et les amuse, je dirais qu'ils sont cruels et insensibles. Heureusement, ils ne le sont pas tous. C'est très rare et mal vu chez eux, mais certains Scriruslèmiens sont bons et sages.
– Mais ils sont aussi très manipulateurs, car ils peuvent convaincre le bien d'être le mal et le mal d'être le bien, renchérit Sèrtio.
– Ils sont aussi fragiles, même extrêmement fragiles pour certains. Ils se renferment dans la colère pour évacuer leur souffrance.
– Oui. Car ils n'ont pas une vie facile. Leurs parents les marient de force à leurs vingt-cinq ans, et ils font donc le même coup à leurs enfants pour, en quelque sorte, se venger.
– Mais ils s'habituent à cette colère et a cette folie, et c'est ce qui fait leur force. Ils sont également redoutables car ils tirent leurs forces de leurs faiblesses.
Je me rendis compte que j'aurais pu rester des heures à les écouter parler. Ils avaient vraiment un don pour expliquer les choses, même sans s'être entraîné auparavant. Ils étaient incroyables.
– Je pense que nous avons fait le tour de ta question, Lucie, me dit Aranaèle avec un sourire attendri.
– Mais je pense que tu as le droit d'en poser une autre, fit Sèrtio.
– Je... euh... je peux avoir une minute pour y réfléchir ? Je ne voudrais pas poser de question inutile.
– Prend le temps qu'il te faut, acceptèrent-ils à l'unisson.
La date de la fin de la guerre ? Le moyen de trouver les quinze Terriens sans prendre de risque ? L'identité du troisième infiltré ?
Peut-être... cette question là me semblait importante mais m'effrayait également.
– Ne demande jamais quelque chose que tu ne veux pas entendre, me conseilla Aranaèle comme si elle avait deviné mon trouble.
Elle avait raison. Alors, que demander ? Le moyen de battre les Scriruslèmiens ? Le moyen de...
Lucie, stop !
Qui étais-je pour m'obséder au sujet de cette guerre ? Je n'avais que quinze ans. Pourquoi je faisais ça ?
Ce que je venais de penser me revint en tête. "Qui étais-je". Aussi stupide que cela puisse paraître, je me rabattis sur cette question.
– Qui es-tu ? répéta Sèrtio avec un regard approbateur. Tu es, pour l'instant, une jeune adolescente un peu perdue avec des rêves plein la tête.
– Mais un jour, enchaîna Aranaèle, tu réaliseras que tu es responsable et mature et que tu es capable de faire les bons choix.
– Tu sauras prendre les bonne décisions et parvenir à tes fins, tout en respectant tes valeurs et tes proches.
– Même si dans très peu de temps tu seras déçue, extrêmement déçue en apprenant une nouvelle, il faudra que tu gardes tes objectifs en tête. Mais tu es surtout une personne très importante et qui jouera un rôle crucial pour la survie des tiens.
– Oui, confirma Sèrtio. Et tout ça car tu es la Guerrera du Printemps, la plus importante de tous les peuples de l'Univers réuni.
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