Chapitre 6 : stage sur le terrain
Une semaine était passée, et c'était aujourd'hui que nous allions aller chez Maria. Enfin, quand je disais "nous"... seulement Aris, Arwen, Anniah, Loís, Diane, Éléa, Dylan, Alix, Carl et moi nous y rendions. Nos parents avaient préféré rester sur Gayleri, ainsi qu'Erwan et Misa.
Ce qui risquait de fortement nous handicaper sur Terre, c'était le fait que nous n'aurions pas le droit d'emmener d'armes ou d'utiliser nos pouvoirs pour ne pas prendre de risques inutiles. Mais d'un côté, ça valait mieux, car hier, Carl s'était énervé pour je ne sais quoi et avait failli brûler la chambre car il ne savait pas se servir de ses dons.
Nous n'avions pas non plus le droit d'emmener des vêtements car ils auraient été jugés atypiques sur Terre.
Ce serait Maria qui nous rachèterait de quoi refaire nos garde-robe le temps de notre séjour chez les Terriens.
N'empêche qu'aucun d'entre nous n'avions pu résister à l'idée de transformer notre arme préférée en bijou ou autre. Moi, j'avais glissé mon super-bracelet dans ma poche.
***
C'est donc nerveuse que je me téléportais directement dans le Tunnel de bois après avoir dit au revoir à mon père, car, rappellez-vous, le Tunnel se trouvait dans la falaise au-dessus du lac près de la F.A.M .
Les autres me suivirent. Je me mis à ramper sans plus attendre dans le tunnel obscur, constitué de brindilles portant les marques "GDNC". Je me rappelais qu'il y avait cinq ans, je le franchissais en sens inverse pour fuir Aris. Et je suivais Arwen-l'écureuil, sans qui je serais restée sur Terre.
Enfin, j'arrivais à la sortie. Je fus très perturbée car le centre de gravité avait changé, donc j'avais un peu perdu mes points de repères. Je fis quelques pas sur la terre ferme, et des brindilles craquèrent sous mes pas. J'étais dans la clairière ronde qui n'avait pas changé d'il y a cinq ans.
Les autres ne tardèrent pas à me rejoindre, regardant autour d'eux avec curiosité.
– Donc, nous sommes sur Terre ? demanda Alix, une pointe d'excitation perçant dans sa voix.
– Oui, confirmais-je. En revanche, je voudrais bien savoir par où se trouve la maison...
Et c'est là que ce fameux rouge-gorge vint se poser à mes pieds.
– HA ! crièrent Arwen et Aris en même temps, victorieux. JE T'AVAIS BIEN DIT QUE CE N'ÉTAIT PAS MOI !
– Qui es-tu, cher rouge-gorge ? demandais-je en m'accroupissant pour être à sa hauteur.
Je tendis la main vers lui, et il sautillant jusqu'à y monter. Il pépia joyeusement dans ma main.
– On sait tous que tu n'es pas un simple oiseau, repris-je. Mais qui es-tu ?
Il cessa de piailler. À la place, il descendit de ma main et sautilla, quelques mètres plus loin. Il survola un buisson épineux... le même qui m'avait permis de distancer Aris quand j'avais dix ans.
– Allons-y, suivons notre GPS, dis-je avec un sourire amusé.
À force de contourner des buissons et des souches d'arbre, on finit par se retrouver dans une autre clairière où des débris de pierre avaient été recouverts par une fine mousse verte.
– J'ai encore mal au dos rien que de penser à la force avec laquelle tu m'avais balancée contre ce rocher, dit Arwen en mettant un coup de point dans l'épaule de son jumeau.
– Je compatis, rigola Dylan.
Le rouge-gorge décolla et disparut. Je me fiai donc à mon super sixième sens pour guider les autres.
On finit par arriver derrière une barrière en bois. Je marquais un temps d'arrêt. Je savais que derrière se trouvait la maison où j'avais passé six années de ma vie, et cela me rendait nerveuse.
– C'est ici ? s'enquit Loís.
Je hochai la tête.
Il y avait un petit portillon en bois clair qui nous permettait de rejoindre le jardin sans passer par la rue. C'est avec une certaine appréhension que je l'ouvris et entrais. Le jardin n'avait pas tellement changé : il y avait toujours de belles fleurs colorées qui poussaient le long du mur, l'herbe semblait avoir été fraîchement tondue, et mon ancienne balançoire était toujours à sa place, un peu à droite de la maison, étant donné que le jardin en faisait le tour.
Il était encore tôt, donc il faisait frais. Des oiseaux chantaient, et l'herbe était humide de rosée. J'adorais l'ambiance calme et paisible de cet endroit qui, tout compte fait, m'avait manqué.
Je tournais la tête vers la gauche. L'ancien frêle grillage avait été remplacé par la même palissade de bois que celle qui entourait le jardin, m'empêchant de voir la maison d'Émilie. Cela me frustra légèrement.
– C'est grand, constata Carl qui n'avait encore rien dit jusqu'à présent. C'est grand, mais c'est joli.
Les autres passèrent également quelques secondes à admirer ce lieu, et ce fut Arwen qui se ressaisit la première et alla frapper à la baie vitrée. Quelques secondes plus tard, Maria apparut et nous ouvrit, un grand sourire aux lèvres. Elle portait un jean et une chemise blanche dont elle avait remonté les manches jusqu'aux coudes, ce qui faisait ressortir ses cheveux blonds noués en une queue de cheval.
– Enchantée d'enfin vous rencontrer ! fit-elle joyeusement en Gayleien. Je m'appelle Maria, et c'est chez moi que vous resterez le temps de vous habituer à la Terre.
– Enchantée, fit poliment Arwen en lui serrant la main. Je m'appelle Arwen, je suis une princesse du clan de l'Hiver.
– Ravie de faire ta connaissance, Arwen. J'espère que tu te plairas ici. Allez, ajouta-t-elle à notre attention, ne faites pas les timides et entrez !
Tous les autres obéirent, sauf Carl, qui m'attendait.
– Tu viens ? me demanda-t-il doucement.
– Ou... oui, fis-je. C'est juste extrêmement bizarre.
Il me sourit tendrement et me fit signe de le suivre, ce que je fis. On entra donc dans le salon. Maria m'adressa un petit sourire gêné avant de refermer la baie vitrée.
– Alors, les règles sont simples, fit-elle, un air sérieux sur le visage. Déjà, vous allez vous présenter et me dire de quel clan vous venez pour que je vous connaisse un peu mieux, puis nous ne parlerons plus du tout de Gayleri pour éviter les problèmes. Compris ?
On hocha la tête.
– Je m'appelle Aris, je suis le jumeau d'Arwen et le grand frère d'Anniah. Nous venons tous les trois du clan Hivernal.
– Super. À qui le tour ?
– Je m'appelle Loís et je suis le petit frère de Diane et Éléa, nous sommes du clan de l'Automne.
– Et je précise que j'alterne entre les prénoms Éléa et Clara, précisa la concernée.
Maria hocha la tête, compréhensive, et fit signe à Dylan de se présenter.
– Moi, c'est Dylan, fit le blond en passant son bras autour des épaules de sa sœur qui le repoussa aussitôt.
Il rattrapa son équilibre avec difficulté, nous faisant rire.
– Avec Alix, on vient du clan de l'Été, finit-il en se relevant.
– Je suppose que tu te souviens de mon nom, fis-je un peu plus sèchement que ce que je n'aurais voulu. Mais sinon, voici mon grand frère, dont tu n'as sûrement pas oublié le nom non plus.
Elle baissa les yeux, embarrassée.
– En effet, je me souvenais de vous deux.
– Tu pourrais être plus agréable avec elle, me fit remarquer Éléa.
– Et c'est toi qui me parle d'être agréable ? raillais-je en haussant les sourcils.
– Oui, car je m'appelle Clara.
N'ayant plus aucune répartie à l'esprit, je me tus.
– Qu'est-ce que tu as ? me demanda Carl à voix basse.
Je ne dis rien, la gorge nouée. J'étais à la fois triste et agacée de revoir Maria, qui, pendant six ans, m'avait laissé croire qu'elle était ma mère et ne m'avait jamais dit que mon grand frère avait été réduit en esclavage.
Soudain, quelqu'un frappa à la porte.
La trentenaire nous dit en français "j'y vais" et alla ouvrir. Je restais muette de stupéfaction.
– Bonjour Maria, dit la personne. Ma mère vous demande si vous voulez vous joindre à nous ce soir, nous invitons des gens et dînerons ensemble ?
– Désolée, Émilie, mais je me vois dans l'incapacité d'accepter, répondit Maria en se mettant devant la porte pour nous dissimuler grossièrement aux yeux de la fille de la voisine. Je reçois de la famille en ce moment même, nous sommes assez nombreux.
Je me mis derrière Maria et croisais le regard d'Émilie. Elle était très belle. Grande et fine, des cheveux bruns ondulés lui arrivant à la taille et un regard bleu malicieux.
– Lucie ?!
J'eus un léger sourire et hochai la tête. Émilie passa à côté de Maria et me sauta dans les bras. Je la serrai contre moi en m'efforçant de ne pas tomber.
– Partir comme ça et revenir cinq ans après, ça va pas la tête ?! s'étrangla-t-elle en me secouant par les épaules.
– Désolée, m'excusai-je. J'étais partie rencontrer mon père et je suis finalement restée là-bas.
Mon frère s'avança d'un pas, perplexe. Émilie recula avec surprise. Je me rappelai qu'il ne parlait pas français et ne savait pas qu'elle était mon amie, donc je décidai de calmer le jeu.
– C'est une amie Terrienne à moi, expliquai-je en Gayleien.
Puis je rajoutai à l'attention d'Émilie :
– C'est mon demi-frère, il vivait chez mon père. Et comme c'était dans un autre pays, il ne parle pas encore français et a crû que tu me menaçais.
– Oh, fit-elle. Calmos amigos. Bref, tu auras intérêt à me raconter comment c'est, chez ton père ! Moi, je dois retourner aider mes parents à organiser le dîner.
Elle sortit sans plus de cérémonie. Maria me lança un regard désapprobateur.
– Comment tu vas faire, pour trouver un mensonge réaliste ? Mais bon, ne parlons pas de ça maintenant, nous avons mieux à faire, dit-elle en fermant la porte. Déjà, je vais vous montrer vos chambres.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top