Chapitre 34 : Douleur et désarroi
Saaaaaalut ! Je vous recommande de relire la fin du chapitre précédent pour vous remettre un peu dans l'ambiance dramatique de la scène en cours xD, car c'est vraiment censé être dramatique.
En tout cas, me revoilà, complètement débordée par le lycée, mais je vous poste un petit chapitre que j'avais écrit au préalable ! (C'est assez cool de prendre de l'avance 😂)
Bonne lecture !
☆☆☆
Tom avait dit tout cela sans reprendre son souffle et repartait déjà vers sa chambre, les yeux rivés vers le sol.
J'hésitai quelques secondes, désorientée.
Il m'avait menti, m'avait caché sa réelle identité. Mais il allait - très - mal à cause de moi.
— Dépêche-toi si tu ne veux pas que ton frère en paie les conséquences, gamine, me dit la reine en veillant à n'intégrer aucune émotion à sa voix.
Un bref coup d'œil me confirma ce que je croyais : Ayan, les bras croisés, se tenait du côté opposé du couloir, nonchalament adossé à un mur et le regard braqué sur moi.
Je n'avais donc pas tellement d'autre choix, je devais le suivre. Je me décidai donc enfin à emprunter le couloir qu'il avait suivi.
Pour une fois, mon sens de l'orientation ne me fit pas défaut. Peut-être était-ce car c'était la chambre de Tom, et, qu'indirectement, ce détail m'avait plus marqué que les autres ?
Je frappai quelques coups à la porte, anxieuse mais à la fois terriblement vide d'envie de me battre ou de crier. Visiblement, mon esprit retenait plus la tristesse qui m'étreignait le cœur que le reste.
— Entre, me souffla la voix presque inaudible de Miracle.
J'obéis sans attendre et refermai la porte derrière moi.
— Il faut d'abord que tu saches que je suis terriblement, sincèrement désolé de ce que je vais te demander, annonça Tom d'une voix tremblante.
Il était assit en tailleur sur son lit, la tête entre les mains. Devant lui se trouvaient une clé dorée et un couteau - ce qui acheva de me mettre sur la défensive.
— Je... suis tellement désolé, mais je veux que tu saches, dit-il, et je devinai qu'il retenait ses larmes. J'ai volé la clef de la porte arrière du château, qui donne sur un espace non surveillé.
— Et... et le couteau ?
— Je... désolé...
Il lui fallut une dizaine de secondes pour trouver ses mots. Je reculai d'un pas.
— C'est sûrement ce que j'utiliserai une fois que tu te seras enfuie. Je suis vraiment, vraiment désolé, mais je me sens obligé de tout te dire car je ne veux plus te mentir ! pleura-t-il.
J'écarquillai les yeux, le souffle court.
Il était on ne pouvait plus sérieux.
— Tu... tu te moques de moi ? dis-je avec difficulté.
— Je n'ai aucune raison de vivre si je te sais loin de moi et me détestant, avoua-t-il en tentant vainement d'essuyer ses larmes qui coulaient toujours. Et je ne veux plus te mentir.
Sidérée, je ne sus que répondre. Mais ç'aurait été mentir d'affirmer que voir Tom aussi fragile et vulnérable me laissait indifférente - je ne pouvais tout simplement pas ignorer sa détresse.
— Cette... cette nuit, je laisserai ma porte de chambre déverrouillée pour que tu viennes récupérer les clés, finit-il, toujours sans lever les yeux vers moi.
Les conditions de ma liberté se trouvaient là, à ma portée, devant lui. Je pourrais retrouver mon père, les fantômes de ma famille, mes amis... je pourrais aider à faire évader tous les prisonniers des Scriruslèmiens. Mais pourtant...
Je regardai le couteau posé devant Tom. Il était absolument sérieux en disant qu'il mettrait fin à ses jours si je partais.
Oh, putain.
***
La soirée était passée en un instant et il était désormais quatre heures du matin. J'avais donc été dans la chambre de Tom, comme il me l'avait demandé, et...
"Sale con". C'étaient les deux mots que j'avais écrit sur le papier que j'avais posé sur les clés, dans sa chambre. J'avais ensuite fait glisser le couteau sous son lit pour qu'il n'y touche pas.
J'avais temporairement renoncé à ma liberté pour... qu'il ne se blesse pas.
Mais quelle conne, putain ! pensai-je en me passant furieusement une main sur le visage.
Allongée dans mon propre lit, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Tom avait réellement laissé sa vie entre mes mains. Soit il était totalement stupide, soit il voulait me prouver quelque chose à moi-même. Que je ne le détestais pas ? N'importe quoi.
Si tu n'étais qu'une simple esclave, me souffla ma raison, il n'aurait pas placé sa vie entre tes mains.
Oh, tais-toi, stupide voix de la raison.
Je serrai les lèvres. Une esclave se devait de détester son maître. Il ne pourrait jamais en être autrement. Peu importe notre passé commun, nous ne pouvions plus être ensemble.
Il était un Scriruslèmien, et j'étais une Gayleienne, un simple pion, une énième proie. Le lion et la gazelle n'avaient rien à faire dans le même camp.
Sauf quand le lion était blessé et aux portes de la mort et que ladite gazelle refusait de voir le prédateur disparaître, n'est-ce pas ?
Je soufflai longuement, excédée.
— Tout va bien ? me chuchota Carl.
— C'est de l'ironie ?
— Pardon.
De temps à autre, la porte du dortoir s'ouvrait, laissant entrer ou sortir un autre prisonnier appellé par quelqu'un. Ce fait m'empêchait également de trouver le sommeil.
— Pourquoi es-tu sortie, tout à l'heure ? s'enquit-il encore.
— J'avais quelque chose à faire.
— À propos de Miracle ?
— Ne l'appelle pas comme ça, par pitié, l'implorai-je en me passant une main sur le visage. Ce type est tout sauf un miracle. C'est une malédiction.
— On ne peut pas l'appeler autrement ici, fit-il en quittant son "lit" et se hissant sur le mien. C'est comme ça.
— Soit.
Je m'adossai au mur contre lequel la largeur de mon lit s'appuyait.
— Dans ce cas, je préfère ne pas l'appeler du tout.
Carl s'approcha de moi et me serra tendrement dans ses bras.
— Il faut que tu dormes un peu, Lucie.
— Je te renvoie ton ordre.
— C'est surtout pour toi que je m'inquiète. Je suis habitué à rester éveillé plusieurs jours depuis que j'ai six ans, pas toi.
— Il faut qu'on trouve un moyen de s'échapper de cet endroit. Peu importe le prix. Gayleri est presque sans défense face aux Ailés !
Et je vais péter un plomb si je dois supporter la présence de Tom trop longtemps, me retins-je d'ajouter.
— Traite nos parents d'incapables, pendant que tu y es, rit doucement mon frère.
— Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je veux dire, dis-je en retenant tant bien que mal un sourire amusé. C'est simplement qu'à part Erwan et Misa, qui ont eu la sagesse d'esprit de ne pas nous suivre sur Terre, tous les enfants des dirigeants de clans se trouvent sur Scriruslème... alors que c'est nous qui sommes les plus puissants.
— Rectification : c'est toi la plus puissante. Mais je vois où tu veux en venir, ne t'en fais pas.
— Nous sommes les principales défenses de nos clans respectifs, poursuivis-je, ignorant volontairement sa première phrase. Maintenant que nous sommes prisonniers et incapables d'utiliser nos dons, les Ailés n'auraient qu'à lancer une minuscule offensive pour détruire notre planète ; après tout, ils ont tout ce qu'ils veulent, à savoir nous tous. Il faut absolument que l'on réussisse à rentrer.
À rentrer, mais de préférence avec une personne de plus qu'à notre arrivée.
— C'est impossible de réunir tous ceux qui ont été envoyés aux quatre coins de Scriruslème en peu de temps, Lucie ! Il nous faudrait des mois, voire des années.
— Cela ne nous empêche pas d'essayer, Carl ! Car si on ne tente rien, la destruction de Gayleri sera inévitable !
— De toute façon, reprit-il plus doucement, la guerre aura lieu avant la fin de l'année. La bataille finale. L'épilogue de ces longues années passées depuis la déclaration. Tout cela se terminera bientôt.
—Et c'est à nous de choisir entre abandonner Gayleri et tout faire pour se battre aux côtés des nôtres.
Il n'ajouta rien de plus et cela ne me dérangera pas.
Surtout car j'étais trop bornée pour admettre qu'il avait presque entièrement raison et que j'avais épuisé mon stock d'arguments.
Mais, soit. J'étais déjà assez épuisée comme ça.
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