Chapitre 24 : Arrivée
C'est toujours furieuse que je retournai dans ma chambre. Entre un chien-Scriruslèmien, un père qui ne prenait pas ma défense et un frère qui savait tout et ne disait rien, il y avait de quoi m'énerver.
De plus, c'était aujourd'hui que nous allions nous rendre sur Terre pour partir à la recherche de quinze malchanceux descendants de Gayleri. Je devais me calmer pour ne pas m'énerver sur les autres princes et princesses que je croiserais, car sinon, cela finirait en bagarre générale - avec l'épisode "voiture" de chez Maria, je savais déjà que cela finirait mal.
J'inspirai et soufflai longuement à plusieurs reprises. J'aurais bien aimé bénéficier de la présence de Crevette - cet adorable Glimoréa m'ayant aidé lors de mon voyage vers le Nord - mais depuis quelques temps, il ne venait plus me voir. Faute de mieux, je me dirigeais vers mon armoire, l'ouvris et sortis un objet qui était auparavant caché derrière un tas de T-shirts parfaitement pliés.
Je souris en ouvrant le sac à dos, celui que j'avais récupéré quand les Scriruslèmiens avaient attaqué notre château à coup de fumigènes paralysants. J'en sortis le diadème qui m'appartenait - et que je ne portais que pour les grandes occasions -, puis la carte de Gayleri, et mon collier. Je l'avais laissé là dedans pour ne pas le perdre, et le ressortais quand j'en avais besoin... comme maintenant.
J'ouvris le petit pendentif en forme de cœur. Voir la photo de notre famille encore heureuse et complète me réchauffa le cœur. Une famille parfaite, si l'on oubliait qu'elle était recomposée et que Carl était en réalité mon demi-frère. Une famille où ma mère n'était pas morte, où Carl n'était pas traumatisé, où mon père accordait facilement sa confiance et où je ne me souciais pas de l'identité d'un putain de pigeon.
Je serrai un peu plus fort le médaillon, jusqu'à ce que sa forme soit gravée dans ma paume. Je n'avais pas envie de m'en séparer le temps de notre mission sur Terre. Je le passais autour de mon cou, et me sentis un peu mieux. C'était le seul objet auquel je m'étais tellement attachée, et ce n'était pas pour rien.
– HEYYYYYYY ! hurla Dylan en atterrissant sur mon lit.
Il fut rapidement suivi d'Anniah, d'Arwen, d'Aris, puis de Diane, de Clara et de tous les autres.
– Qu'est-ce que vous faites ici ?! m'irritai-je.
– Bah, on passe par là pour tous nous regrouper, fit Alix en haussant les épaules comme si ce qu'elle affirmait était parfaitement logique.
– Oui, mais pourquoi dans ma chambre et pas dans le hall, bon sang ?!
– Pour te faire parler, fit Dylan en me tirant la langue.
Je soupiras, un sourire amusé sur le visage. Décidément, ce séjour sur Terre promettait d'être... disons, divertissant !
– Où est Carl ? s'enquit Aris.
– Avec mon père, répondis-je en rangeant la carte et mon diadème dans le sac à dos.
– Et Opale ? demanda joyeusement Anniah.
Mon sourire se fana.
– Avec Carl, dis-je lentement. Dans les deux sens du terme, si on considère qu'Opale est Opale.
– Je n'ai pas vraiment compris, dit Clara - Éléa ? - avec perplexité.
– Oh, allez donc demandez à mon père, lui qui sait toujours ce qui est le mieux, soupirai-je d'un ton sec en m'affalant sur une chaise.
– Euh... je vais demander à William ce qu'il se passe, dit calmement Arwen en se dirigeant vers la porte. Nous partirons après le repas de midi, au fait.
Personne ne dit rien après son départ.
***
La matinée était passée très rapidement, si rapidement que nous étions déjà sur Terre dans une agence immobilière - si nous devions rester, autant avoir un... environnement... "convenable" ?
– Oui, oui, répéta Clara. Deux villas côte à côte.
– Mais... fit l'employé, totalement prit au dépourvu.
– Ce n'est pas si compliqué à comprendre ? s'agaça Loís, impatient. Deux putains de villas côte à côte reliées par un même jardin.
– Mais-
– Vous savez dire autre chose que "mais" ?! s'impatienta Aris.
***
Deux villas côte à côte reliées par un jardin nous appartenaient désormais.
– L'une pour les filles, l'autre pour les garçons, ordonna Arwen avec un demi-sourire. Je n'ai pas envie de me retrouver avec des disputes dès le matin.
Nous nous précipitâmes tous dans les chambres que nous préférions, et, bon sang, nous avions largement le choix.
***
Dans le salon de la villa des Palmiers - celle des filles, pour faire plus simple - , nous nous étions tous regroupés pour prendre un goûter et discuter des jours à venir.
– Hé, c'est quoi, ça, encore ?! s'écria Alix en secouant son nouveau téléphone, frustrée. Heureusement qu'on a pas ça sur Gayleri.
Je vis rapidement ce qui occupait son écran : une simple publicité.
– Bon, c'est quoi le code du wifi ? Si on a le wifi ?
Arwen le lui donna avec agacement, pressée que l'on parle de stratégie pour récupérer le plus vite possible les quinze descendants de Gayleri.
– Heu... les gars ?
On releva tous la tête vers elle. Elle semblait tout à coup plus inquiète qu'autre chose.
– Je crois qu'on va vraiment devoir se montrer extrêmement discret, en fait.
Elle nous tendit le téléphone pour qu'on puisse lire l'article de presse sur lequel elle était tombée.
《Le mystère du "Fairy Tale" prend de l'ampleur
En ce jeudi 17 juin, l'affaire Fairy Tale prend de plus en plus d'ampleur. La fille d'une juge célèbre a dernièrement montré beaucoup d'attention au compte latin "Les mystères d'Aléslowet", qui est un présumé conte de fées, un livre banal et sans intérêt.
Or, de fil en aiguille, beaucoup de personnes ont lu et traduit cette ouvrage sur le net, et ont lancé des théories comme quoi "Aléslowet" serait bien réel. Ces rumeurs se sont répandues dans tous les pays aux alentours, qui ont eux-mêmes transmis le mystère à leurs voisins.
"Fairy Tale", un sujet dangeureux ?
En effet, des émeutes et des manifestations commencent déjà apparaître dans les rues des capitales. Le peuple veut savoir.
Jusqu'à présent, les lecteurs des "Mystères d'Aléslowet" sont divisés en deux parties : ceux qui racontent que ce ne sont que des mythes, et d'autres qui croient dur comme fer que chaque mythe a une part de réalité.
Et les chefs d'état, alors ?
Ils n'ont pour l'instant pas pris la parole sur le sujet, mais certaines célébrités commencent déjà à prendre part au débat.
Aussi, comment éviter un sujet dont on parle partout, dans la presse jusque dans les réseaux sociaux ?》
On resta longuement silencieux, puis je me décidai à rompre le silence :
– OK, je vais tuer Émilie.
– C'est elle qui a lancé tout ça ?! s'étonna Dylan.
– Oui, confirmai-je en soupirant.
Un long silence plana, que je me décidais à briser :
– Dites, on peut prendre part à ce débat, non ?
– On ne peut pas mettre le bazar sur Terre et repartir en silence, dit Dylan.
– Et pourquoi pas ? fit Diane en se redressant dans sa chaise, intéressée.
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