Chapitre 22 : Les Irys
Le lendemain matin, je ne parlais à personne de ce qui s'était passé pendant la nuit. Personne ne fit attention à mon air fatigué, mettant sûrement ça sur le fait de l'angoisse qu'aurait pu me créer notre départ prochain pour la Terre.
Après le petit-déjeuner, je sortis jouer avec Opale, rapidement rejointe par les autres.
— Opale, utilise morsure ! s'amusa Anniah. Mor-su-re !
— Tu es sérieuse, Anniah ? Tu vas dresser Opale comme un Pokémon ?! s'écria Aris.
— Utilise morsure sur lui ! répéta Anniah.
Elle soupira quand Opale se mit sur le dos, faisant la morte pour obtenir des caresses.
— Dommage, soupira Arwen, un sourire amusé sur le visage. Au moins, tu auras essayé !
— Mais je vous emmerde, se vexa Aris. Je ne suis pas un cobaye pour chien-Pokémon.
On éclata de rire devant son air frustré. Till et Carl, qui discutaient tranquillement un peu plus loin, ne purent s'empêcher de rire également.
Dylan allait ajouter quelque chose mais on ne sut jamais quoi, car au même moment on aperçut Gayl, blessé, soutenant Sarah qui était dans le même état, suivis par d'autres Entraînés qui semblaient s'être fait battre à plate couture.
Arwen lâcha un cri horrifié et courut vers eux, on fit tous de même. Sarah, visiblement blessée au niveau des bras et des jambes, marmonnait des gros mots si malpolis qu'on en fut tous mal à l'aise.
— Que s'est-il passé ?! s'écria mon père en sortant.
— Une révolte, et des fuites sur Terre, dit Gayl en grimaçant de douleur. Sous prétexte qu'il y a trop d'inégalités dans la vie. Ils sont très nombreux mais se sont divisés en deux groupes, l'un qui allait rétablir tous les droits des hommes sur Terre et l'autre qui reste ici pour nous faire chier. Bordel !
Des médecins accoururent pour aider les Entraînés.
— Où est Stène ? demanda Sarah entre deux insultes.
— Personne ne l'a vu depuis hier, dit une femme médecin en l'aidant à s'allonger sur un brancard.
— Il est à Scriruslème, devinais-je.
Tous me regardèrent avec de gros yeux.
— Ils nous le rendront quand ils s'en "seront servis", et ne me demandez pas comment je le sais, ce serait trop long.
— On en reparlera plus tard, grommela Sarah.
***
Gayl, rapidement remit de ses blessures grâce aux pouvoirs des médecins, s'efforçait de raconter ce qu'il s'était passé aux quatre rois, mais cela semblait compliqué : ce qu'il racontait n'avait aucun sens.
— Les... Iris ? répéta le roi Soan. C'est quoi ce délire, encore ?
— Irys, avec un "y", répéta Gayl. C'est le nom que ces rebelles se sont donné.
Anniah me lança un regard perplexe que je lui rendis. On écoutait tous à la porte de la salle des trônes car nous n'avions pas été autorisés à les écouter. Un jour, quelqu'un devrait vraiment leur dire que la porte n'était pas si épaisse que ça et qu'ils parlaient fort.
— Les Irys veulent abolir la royauté, fit-il. Ils veulent renverser le pouvoir et le remplacer par une démocratie.
— C'est une blague ? demanda lentement mon père. Je fais tout, absolument tout pour qu'il n'y ai pas de différences de statut social dans mon peuple, et ils croient qu'un président en ferait autant ?
— Apparement, les Entraînés et leurs familles seraient privilégiés par rapport aux commerçants et autres, et pour ce qu'ils disent de vous, n'en parlons pas !
— Si, si, parlons-en, répliqua Soan. Que disent-ils de nous, ces iris mal orthographiés ?
Dylan ne put se retenir de glousser devant la réplique de son père. Aris le fit taire d'un coup de coude dans les côtes.
— Ils disent que vous abusez de vos pouvoirs, que vous êtes au-dessus de vos propres lois, que vous ne savez pas diriger un royaume, et j'en passe. Les Irys vous détestent.
Les quatre rois durent faire une drôle de tête, car Gayl se hâta d'ajouter :
— Hé, je ne fais que rapporter, je ne suis absolument pas d'accord avec leurs revendications !
— Je l'espère bien ! fit Edwin.
— Pourquoi se font-ils appeler les Irys ? demanda Arwen, qui avait eu le droit de rester avec les rois (quelle privilégiée !). Cela pourrait peut-être nous aider à comprendre leurs réelles motivations.
— Ah ça, vous les reconnaîtrez facilement si vous en croisez un, fit Gayl. Ils se sont nommés comme ça car leur leader a un œil bleu et l'autre violet, et que son second a un œil jaune et l'autre rose.
— Laisse moi deviner, leur logo est un œil ?
— Vous êtes très perspicace, roi Elrick, ne put s'empêcher de rire Gayl. Un œil violet, pour être précis.
— Un œil bleu et l'autre violet, répéta alors mon père, pensif. Alarick Joyvicks. En revanche, je n'ai aucune idée de qui est son second.
— C'est Pyrè Trallinoria, répondit le roi Edwin. Un œil jaune, l'autre rose. Il n'y en a pas deux comme lui.
— Manque de chance pour eux, les soi-disant personnes incapables de régner connaissent le nom de chaque membre de leur clan et se souviennent également de leur apparence, s'amusa mon père. Qu'ils y arrivent, après, on en reparlera.
— Attendez, vous dites que le leader des Irys est Alarick Joyvicks ?! répéta Arwen sur un air incrédule. Mais c'est quoi leur problème, dans cette famille ?!
—Je me disais la même chose, dit mon père en éclatant de rire.
Les trois autres rois durent afficher une mine perplexe. À vrai dire, je n'avais moi-même aucune idée de qui étaient ces fameux Joyvicks.
— Alarick Joyvicks a été un Entrainé pendant quatre ans, un Premier, même. Un jour, il a prit une semaine de congé, et juste après, sa femme est tombée enceinte. À la naissance de leur enfant, qui se nomme Violette, il a quitté les Entrainés.
— En grandissant, poursuivit Arwen, on s'est rendu compte que Violette rejetait tous les petits privilèges que lui offraient le poste qu'avait longtemps occupé son père car elle disait ne pas vouloir récolter les fruits du succès de quelqu'un d'autre, comme celui d'avoir le droit de quitter les cours sur un coup de tête, par exemple. Mais elle a même fini par abandonner sa famille et son nom de famille et est restée dans une F.A.M depuis pour ne plus être considérée comme la fille d'un ancien Premier mais comme Violette, la dessinatrice passionnée.
— Ça a visiblement atteint son père, s'amusa le mien. Les Irys... il faut toujours que cette famille en fasse trop, ils sont incroyables.
— Il ne peuvent pas se tenir tranquille juste deux ans d'affilé ?
— Visiblement non, commenta le roi Edwin, et s'ils le faisaient, ce serait pour préméditer quelque chose d'encore plus gros !
Leur conversation dériva lentement du sujet des Irys. J'échangeai un regard déçu avec les autres en m'éloignant de la porte.
— Il nous reste quatre jours avant notre départ sur Terre, fit Anniah quand on se fit assez éloignés. Que comptez-vous faire en attendant ?
Alors que ceux du Nord annoncèrent rentrer chez eux pour revoir un peu leurs autres amis, je ne sus quoi réponse. Finalement, je décidai de rester ici pour jouer avec Opale... ou autre chose, que je ne saurais expliquer.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top