Chapitre 21 : Illonys, aussi dit secrets et mal de dos

— Mais qu'est-ce que... ?! cria-t-on en même temps.

Je me relevai et m'écartai précipitamment de lui, regardant tout autour de moi. Nous étions dans ce qui devait être sa chambre : un lit à baldaquin bleu trônait au centre de la pièce, et la seule source d'éclairage était la fenêtre qui laissait entrer la pâle lueur de la nuit. À part une chaise et une petite étagère le long du mur, la pièce était vide, froide, impersonnelle.

— Que fais-tu ici ? me demanda-t-il en sortant son épée de son fourreau.

Mon bracelet prit la forme d'une longue épée en or, avec une poignée sertie de diamants. On se tourna autour quelques minutes, personne n'osant attaquer le premier.

— Pour la deuxième et dernière fois, que fais-tu ici ?

— Oh, bonne question, je rêvais simplement de te tuer et j'ai débarqué ici comme par magie. Coïncidence ? Je ne crois pas.

— Quoi, c'est pour le médecin ? demanda-t-il d'un ton exaspéré sans baisser sa garde. Va-t-en et on vous le renverra dès qu'on aura fini de se servir de lui. Mais ici, tu vas causer beaucoup, beaucoup de problèmes. Et tu ne tiens pas à finir esclave, je me trompe ?

— De quel médecin parles-tu ? m'agaçai-je.

— Celui que nous nous avons volé ce matin, fit-il sans son éternel sourire amusé, ce qui me surprit.

— Pourquoi faire ?

— Tu n'as pas besoin de...

— Je finirai bien par le savoir, donc...

— C'est vraiment une bataille de celui qui réussira à coup...

— Tais-toi, d'accord ? Je veux juste rent...

— C'est ça, décampe en vitesse avant que je ne prévienne la garde et ma fami...

— Oh, bébé Ayan se cache derrière papa-maman, que c'est mign...

— Retire ce que tu viens de dire où je...

Je n'eus pas besoin de le couper ; quelqu'un d'autre s'en chargea en frappant à la porte.

— Qui que ce soit, fit Ayan, je me tiens en présence de la princesse Gayleienne Lucie et nous risquons de nous battre, alors restez dehors !

Je devinais que la personne recula de derrière la porte, comme effrayée, avant de tourner les talons et de s'enfuir en courant.

— Heureusement qu'il n'a pas parlé, rigola Ayan sans baisser son épée.

Mes bras commençaient à fatiguer car une épée en or n'était pas la chose la plus légère au monde. J'aurais bien voulu tuer Ayan sans plus attendre, mais il restait le risque qu'il ne me batte et me fasse prisonnière.

Du coin de l'oeil, je vis que la faille dorée qui m'avait faite arriver ici et qui avait continué de flotter au milieu de la chambre descendit pour se placer un peu à ma droite. Je n'aurais qu'à y sauter pour rentrer.

— Je me demande quand même comment tu as pu t'approprier une capacité de Scriruslèmien, siffla Ayan. Ça n'augure de bon pour nous.

Une silhouette noire passa à toute allure entre nous. Je regardai Ayan avec perplexité. Il n'avait pas bougé. Et je n'avais pas rêvé car il semblait également l'avoir vu, sauf qu'elle avait maintenant disparu.

Je ressentis une vive douleur dans le haut de mon dos. J'avais dû me faire mal en tombant sur Ayan, tout à l'heure. Je serrai un peu plus le manche de mon épée. Nerveuse et blessée, je n'avais aucune chance de tuer Ayan. Je soupirai et me laissai glisser dans la faille après avoir insulté le blond et mit le feu à son bureau.

J'atterris par terre, dans ma chambre, ravivant ma douleur au dos. Je grimaçais. En tout cas, ma rage d'il y a quelques minutes était passée, j'étais bien trop perplexe maintenant.

Qu'était cette silhouette que nous avions vu ? Que faisait-elle dans la chambre d'Ayan, où avait-elle filé ?

Il faisait très sombre dans ma chambre puisque nous étions la nuit, donc j'allumai une bougie, ce qui m'épuiserait moins que d'utiliser mes pouvoirs pour m'éclairer. Mon dos me fit à nouveau mal. Je m'assis sur mon lit, ne comprenant pas. Je n'avais pas eu l'impression de mal tomber, Ayan avait bien amorti ma chute.

Comme au bout de quelques minutes, la douleur ne partait pas, je fis le choix d'aller réveiller quelqu'un, car je me sentais de moins en moins bien. Dans le couloir, mes oreilles se mirent à siffler. Je m'arrêtais quelques secondes le temps que cela passe. Je me sentais vraiment mal, à présent.

Je descendis les escaliers pour arriver à l'étage du dessous, puis je réalisai que j'avais un autre problème : je n'arrivais plus à avancer, j'étais tout bonnement épuisée alors que je dormais encore il y a moins d'une heure.

Je m'assis par terre, au milieu du couloir, et fermais les yeux en serrant les dents. J'avais dû tomber malade. Mais aussi rapidement, quand même... ?

J'eus alors l'impression de tomber en chute libre. Quand je rouvris les yeux, j'étais dans la salle ronde de Sèrtio et Aranaèle, qui descendirent immédiatement de leur cube.

— Je t'avais dit qu'on aurait dû mieux la surveiller, soupira Aranaèle en m'adressant de son mieux à un mur de la salle redevenue carrée.

— Comment aurait-on pu deviner qu'Illonys était déjà réveillé ? répliqua Sèrtio en posant sa main sur mon front, fâché. Ça ne fait que quelques millénaires qu'il dort. C'est trop tôt.

— Qui est Illonys ? demandai-je en m'efforçant d'entrouvrir les yeux.

— Quelqu'un que tu n'aurais dû rencontrer que l'an prochain, fit sèchement Aranaèle en faisant apparaître un verre, qui se remplit tout seul. Bois ça.

Je regardais avec méfiance le liquide anormalement bleuté.

— Lucie, si nous voulions t'empoisonner nous aurions pu le faire depuis très longtemps déjà, s'amusa Aranaèle, redevenant de bonne humeur.

Je soupirai. Elle avait raison ; cela faisait presque quatre ans qu'ils me surveillaient. Je bus le contenu du verre, constatant avec étonnement qu'il n'avait absolument aucun goût.

Je me sentis un peu mieux après cela. Aranaèle passa sa main dans mon dos et passa un soupir de soulagement.

— Juste à temps, souffla-t-elle. Sèrtio, nous sommes des génies.

— Des anges-gardiens, tu veux dire ? s'amusa-t-il en regardant amoureusement sa femme.

— De quoi parlez-vous ? demandai-je en me redressant un peu.

— De rien, de rien, fit Sèrtio.

— Euh... si ? Et puis, cela me concerne, quand même ! J'ai le droit de savoir ce qu'il vient de se passer.

Ils échangèrent un long regard, un sourire amusé scotché aux lèvres.

— Tu n'as pas encore besoin de le savoir, finit par dire Aranaèle, amusée. Et non, cela ne te concernait pas exclusivement...

— Ce qu'elle veut dire, renchérit Sèrtio qui était visiblement très amusé, c'est que si nous n'étions pas des génies, comme dit ma femme, tous les Gayleiens et toi y compris auraient eu... un léger problème ?

Ils éclatèrent de rire, riant d'une blague qu'eux seuls comprenaient.

— Non, vraiment. Ne te tracasse pas à ce sujet, et vas te coucher, tu as besoin de te reposer, fit Aranaèle en se reprenant.

— Et, par pitié, renchérit Sèrtio. La prochaine fois que tu vois une silhouette de la sorte, viens ici sans attendre ! Surtout si c'était bien Illonys.

— Mais qui est Illonys ? insistai-je.

— Rappelle-toi de notre dernière discution, Lucie, fit Aranaèle. Pas de questions.

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