Lamia - partie 2
Lamia eut un mal fou à se concentrer durant ces dernières heures devant l'écran de son ordinateur. Elle scrutait sans arrêt le coin où la petite horloge la narguait. Son téléphone fixe sonna. L'hôtesse d'accueil lui indiquait que son livreur était revenu. Au moment où la secrétaire lui annonçait qu'elle faisait monter le porteur de colis, Lamia bafouilla et lui expliqua avec empressement qu'elle préférait descendre elle-même. La fille à l'autre bout du fil n'insista pas. Lamia se leva se son fauteuil et s'assura que l'épingle était toujours en place. S'il s'agissait bien du coursier habituel, celui-ci avait toutes les chances de correspondre au profil de son amoureux transis. Un joli petit brun aux yeux brillants et à la mine enjouée. Elle n'aurait jamais pensé qu'un type aussi dynamique se montrât en réalité un grand timide. Elle s'arrêta une nouvelle fois devant le large miroir du hall et inspecta sa mise. Elle déboutonna un tout petit peu son gilet et vérifia que ses rondeurs pigeonnantes étaient suffisamment visibles. Elle trottina jusqu'au stand d'accueil où l'attendait le charmant jeune homme qui lui sourit en la reconnaissant.
Il fut lamentablement professionnel durant toute l'opération de délivrance du paquet : de la vérification de son nom jusqu'à la signature au stylet sur son pad. Elle resta debout face à lui, lui lançant de petits sourires insistants pour l'inviter à révéler son identité secrète. Comprenant qu'il était vraiment trop timide pour oser faire le premier pas, Lamia décida de prendre les choses en mains.
« Oh ! Mais il manque un paquet, non ? Vous devez l'avoir oublié dans votre fourgon.
— Euh... Non. Tout est là, je vous assure.
— Vous en êtes certains ? Il vaut mieux aller vérifier sur place, non ?
— Euh... »
Lamia s'empressa de s'agripper à son coude et le traîna vers l'extérieur, où le camion attendait, le hayon grand ouvert. Lamia, amusée par le désarrois de son admirateur empoté, se sentit pousser des ailes. Elle escalada maladroitement le plateau du fourgon, avec une cambrure excessive, s'assurant que le jeune homme ait une vue imprenable sur son bassin tendu. Elle se releva en relevant le plus possible sa jupe moulante et se dirigea vers le fond du compartiment faisant mine de s'intéresser aux cartons empaquetés. Le livreur resta quelques secondes l'observer, incapable de se décider. Il enjamba enfin la marche que Lamia avait ignorée quelques secondes plus tôt et la rejoignit à l'abri des regards de la rue.
La jolie brunette se tourna vers lui, prête à l'écouter. Mais les mots ne vinrent pas ; le garçon demeurait interdit.
« Voilà. On est seuls. Je t'écoute » l'encouragea-t-elle.
Le livreur, embarrassé, recula d'un pas et la scruta des pieds à la tête.
« T'es du genre directe, toi ? »
Le type l'attrapa par la taille et l'attira soudain à lui. Il plongea le visage dans la longue chevelure et lui lécha le cou, juste derrière l'oreille.
Lamia ne s'attendait pas tout à fait à cette réaction, mais après tout pourquoi pas. Les grands timides sont aussi les plus extravertis une fois qu'ils sont lancés. C'est en tout cas ce qu'internet lui avait enseigné dans les blogs féminins. Elle agrippa ses fesses pour l'encourager et lui indiquer qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Le coursier lui passa à son tour une main sur les fesses et l'autre derrière la cuisse, l'invitant à la redresser. Lamia s'empressa de soulever sa jupe trop serrée par la position. Il la plaqua alors contre la montagne de cartons et appuya sa queue durcie contre l'entre-jambe de la jeune femme. Ses lèvres gonflées formaient un coussin tendre sous la braguette tendue. Lamia sentit leurs désirs monter en quelques secondes. Elle était déjà humide et prête à l'accueillir. Elle le pressa du mieux qu'elle put contre elle et chercha sa bouche pour l'embrasser. Le livreur s'éloigna d'elle au moment où la langue léchait le vide où il s'était tenu la seconde précédente. Il la lâcha assez brutalement pour attraper la glissière de son pantalon d'uniforme.
« Putain de zip à la con ! Bouge pas, beauté, j'en ai pour deux secondes. »
Lamia en profita pour défaire totalement son gilet et remonter le mieux possible les balconnets de son soutien-gorge. Le garçon peinait à se dépêtrer de sa braguette, trop pressé pour s'y prendre correctement. Il siffla un « yes ! » victorieux et ridicule lorsque sa queue émergea enfin de l'ouverture. Lamia eut à peine le temps d'entrevoir le sexe dressé, que son partenaire se jetait à nouveau sur elle.
« T'as un préservatif, au fait ?
— Pas le temps, beauté ! »
Le type se frotta frénétiquement quelques secondes contre ses collants avant de gémir de satisfaction. Il expira brièvement et s'essuya vaguement dans une peau de chamois qu'il venait d'attraper entre deux cordes élastiques du fourgon. Il remballa son engin maigrichon, se pencha vers elle et la gratifia d'un bisous sur la joue et d'une petite tape sur le cul.
« Merci beaucoup, c'était sympa. Par contre je suis désolé, mais là je suis à la bourre et j'ai encore deux tonnes de colis à livrer avant dix-huit heures. Laisse-moi ton numéro : on se refera une vraie baise quand on aura plus de temps. Tu fais quoi ce week-end ? J'ai une livraison à faire demain matin à Saint-Malo. On peut passer le samedi là-bas : je connais un petit hôtel mignon avec vue sur les murailles. »
Lamia ausculta son entrejambe frustré. Le mec s'était lâché sur ses collants et elle n'avait rien sentit du tout. Elle le regarda, un peu absente, lui tendre un bon de commande et un stylo pour recueillir son numéro.
« Euh. Mon numéro de poste c'est le dix-huit dix-neuf. Appelle-moi quand tu as d'autres colis pour moi.
— Ok, on fait ça. T'es sûre pour Saint-Malo ? Ça te dit vraiment pas ?
— Non, merci. J'aime pas trop les huîtres en fait.
— Ouais, je comprends. Pas grave. On se revoit à la prochaine livraison.
— Ok.
— Bon, là par contre, faut vraiment que je file.
— Ok. Laisse-moi juste trente secondes pour... »
Lamia émergeait peu à peu, encore étourdit par la scène navrante à laquelle elle venait de participer. Elle enleva précautionneusement ses chaussures et fit rouler son collant trempé du bout des doigts espérant ne pas sentir le foutre du précoce sur ses genoux. Elle jeta la boule de nylon près de la peau de chamois abandonnée au sol et déguerpit du baisodrome ambulant.
« Salut » entendit-elle juste avant le claquement du hayon qui se refermait derrière elle. Elle eut un dernier geste de la main qu'elle adressa à son livreur.
« C'est ça : salut. » souffla-t-elle a mi-voix alors qu'elle franchissait les portes automatiques du hall de sa boîte.
Dépitée, la jeune femme alla retirer le colis resté sur le stand d'accueil et évita le regard de l'hôtesse.
Lamia esquiva également le reflet du miroir quand elle avança sur les marches de l'escalier principal. Elle souffla, contrite, et réajusta son gilet et sa jupe avant de retourner vers son bureau. Elle se sentait bête. En lissant ses cheveux elle se rappela qu'elle portait toujours un chaton pirate sur le côté du crâne.
« Mauvaise pioche ! » relativisa-t-elle.
Elle eut le réflexe de l'enlever, mais se rappela les mots réconfortants de la lettre. Elle se raccrocha à cet espoir absurde, que d'ici ce soir, un chic type lui ferait oublier cette mésaventure grotesque.
N'empêche que ce saligaud de livreur lui avait bien retournée la tête. Elle ressentait tout le poids de la soudaine excitation retombée brusquement : sa chatte encore mouillée par l'espoir d'être rassasiée et ses seins déçus d'avoir pointés pour rien.
Elle se rassit à son bureau. Ses collègues absorbés par leurs écrans ne remarquèrent pas la durée exceptionnelle de son absence, pas plus que la subite disparition de ses collants.
Incapable de se remettre au boulot, la jolie brune comptait les minutes avant de s'échapper de l'établissement. Elle avait l'impression de sentir la sueur et le sexe. C'en était trop. Elle ne pensait plus qu'à une chose : se faire défoncer correctement avec un minimum de savoir-faire. Elle se retint de chercher le numéro de Lambert dans l'annuaire d'entreprise. Pourtant, un petit rendez-vous d'un quart d'heure dans l'infirmerie n'aurait pas été pour lui déplaire. Non, l'agent technique n'était pas du genre à écrire des lettres et acheter des barrettes kawaii.
Un mail urgent vint la distraire de ses fantasmes impérieux et elle se força à traiter la demande avec ce qui lui restait de conscience professionnelle. L'opération fut délicate, car chacune de ses réflexions était parasitée par d'autres pensées bien plus grivoises. Quoi qu'il arrive cette fin d'après-midi, elle ne finirait pas son week-end sans une queue à se mettre sous la dent. Elle s'en fit le serment au moment où elle valida l'envoi de son mail de réponse.
Un coup d'œil à l'horloge et elle décida que la journée de travail avait bien trop duré. Elle éteignit son poste et enfila son manteau avant de quitter ses collègues ennuyeux. En passant devant les toilettes, elle marqua une pause et sembla réfléchir.
« Oh, et puis zut ! » s'exclama-t-elle avant de s'engouffrer chez les dames. Lamia baissa la lunette du WC et y posa son sac pour mieux le fouiller. Elle agrippa son vibro et l'épousseta avant de se contorsionner pour le mettre en place. Elle mit la télécommande dans sa poche et quitta les lieux d'un pas joyeux.
Comme elle était partie un peu en avance, elle en profita pour se rendre jusqu'à la gare à pieds. Sa démarche souple et rapide lui rappelait à chaque pas la présence coquine de son jouet au creux de son ventre. La sensation était plaisante et elle impulsait de temps à autres, de petits coups secs aux muscles de son périnée. La chaleur irradiait sa culotte et elle profitait de la balade dans les rues de la ville. Ainsi équipée, elle se sentait un peu honteuse et terriblement excitée, un peu comme si elle se serait promenée presque nue aux yeux de tous. Elle remarqua plus que d'habitude, les regards des hommes sur elle, peut-être encouragés par le sourire mutin qui ne la quittait plus. Sa marche rapide la conduisit jusqu'à son car qui attendait déjà, porte ouverte, les premiers passagers.
En regagnant sa place attitrée, elle passa la main dans sa poche et caressa du bout de l'ongle le petit boîtier électronique. Elle prit son temps avant de l'enclencher. Elle voulait profiter du moment, savourer les quelques secondes d'impatience avant de se laisser complètement aller. Elle chercha d'abord la meilleure position pour s'installer, les pieds fermement appuyés contre le marche-pied et les genoux légèrement écartés et enfoncés contre le dossier du siège devant elle. Elle releva un peu sa jupe puis étala du mieux possible son manteau sur le bas de son corps, pour que personne ne puisse deviner les prochains mouvements de son bassin, bien qu'aucun passager n'était en vis à vis. Enfin, elle attendit, fiévreuse, le vrombissement du moteur et le départ de l'express régional.
Elle passa les mains sous la couverture de son trench : la gauche contre sa cuisse tenait la télécommande, tandis que la droite se glissait sous la dentelle de sa culotte et cherchait déjà son clitoris.
Dès les premières vibrations du jouet elle fut parcourut par une première décharge de plaisir. Elle gémit faiblement, se retenant de s'exprimer trop fort. Elle eut un rictus de satisfaction sauvage et tourna son visage vers la vitre pour mieux cacher ses grimaces de délectation. Le ronronnement constant de l'autocar sous ses fesses venait accentuer celui du sextoy. Elle monta la puissance par une pression de l'ongle sur la commande et affermit la pression sur son clitoris. Elle le frotta de plus en plus fort entre son majeur et la surface dure de l'œuf qui vibrait juste en-dessous. Ses aisselles étaient trempées, ses seins durs et dressés frottaient contre le soutien-gorge rembourré. Elle aurait voulu cueillir un de ses seins pour se pincer un téton et ainsi accompagner cet orgasme naissant qui s'apprêtait à la terrasser.
Elle bascula le crâne contre l'appuie-tête, de moins en moins attentive à sa lourde respiration. Elle avait fermé les yeux, trop concentrée sur le nid brûlant de son extase, là où ses doigts humides de cyprine roulaient sur sa chatte. Elle se pressait toute entière autour de l'œuf, bandant tous les muscles de son bassin, mise au supplice par le silence qu'elle cherchait encore à imposer à son plaisir.
Elle jouit dans un instant de surprise et de libération lorsqu'elle sentit une vive pression sur son bras. Elle paniqua, haletante, le front tiède de transpiration et ne comprenait pas ce que le garçon lui disait. Elle resta le regarder, terrifiée et toujours sous l'emprise de l'orgasme, ne sachant comment réagir, comme au sortir d'un rêve trop brusquement interrompu.
« Ça va ? Vous allez bien, Mademoiselle ?
— Que... Oui ! Oui, ça va, merci. Je...
— Vous aviez l'air de faire un cauchemar. On aurait dit que vous gémissiez dans votre sommeil, comme si...
— Hein ? Non, non. Je vais bien je vous assure. C'est gentil.
— Je peux m'asseoir près de vous ? »
Lamia, une mèche de cheveux en travers du front pris conscience du ridicule de la situation. Elle se releva d'un coup, vérifia que son manteau la couvrait toujours et le tira de justesse alors que le garçon s'asseyait sans attendre sa réponse.
« Comme vous aviez le visage tourné vers la vitre, je n'avais pas vu la barrette. Je n'étais pas sûr que vous la portiez, alors je me suis rapproché pour vérifier. »
La brunette se souvint de la lettre au bout de quatre secondes durant lesquelles elle était demeurée interloquée, encore sous le choc de la surprise. Au creux de son ventre, le jouet vibrait toujours sur un rythme irrégulier. Elle avait lancé le programme aléatoire du mécanisme dans un geste incontrôlé. En se redressant un peu plus elle provoqua une pression irrésistible sur la paroi de son vagin.
« Ah ! s'écria-t-elle dans un hoquet incontrôlé.
— Oh pardon ! Je me suis assis sur votre main ? s'inquiéta le jeune homme.
— Non. Pas du tout. Ah ! »
Lamia n'en pouvait plus. Elle avait lâché la télécommande et tentait de la retrouver désespérément en fouillant sous son manteau.
Le garçon souleva le trench coat sous les yeux horrifiés de la jeune femme. Il passa sa main sous lui et en sortit le boîtier.
« C'est à vous ?
— Non ! mentit-elle par réflexe.
— On dirait un baladeur MP3, mais il n'y a pas d'écouteurs. C'est peut-être un modèle sans fil. »
Le jeune homme se mit à tester chaque bouton de l'appareil, déclenchant sans le savoir une succession violente de décharges dans la vulve de sa voisine. Lamia regardait fascinée les doigts pianoter au hasard sur les touches. Elle se mordit les lèvres et cacha son visage sous ses longs cheveux, incapable de surmonter son regain de plaisir. Elle voulait supplier le jeune homme de continuer, de la guider vers de nouveaux délices. Elle attrapa l'avant-bras de son voisin et le serra aussi fort que les contractions qu'elle sentait dans sa chatte électrisée. Elle aurait voulu lui saisir la queue et le branler sans autre forme de procès, pour partager le moment incroyable qu'elle vivait et lui communiquer son plaisir.
Le garçon ne broncha pas ; il se contentait de jouer distraitement avec les boutons de la télécommande mais ne comprenait pas le sens des ondes qui se dessinaient sur le petit écran à chaque fois qu'il passait d'un programme à un autre. Il s'en lassa au bout de quelques temps et trouva le bouton d'arrêt. Lamia fut aussi soulagée que déçue.
« Donne-moi ça. En fait, je crois que c'est bien mon MP3. »
Lamia le lui arracha des mains et le jeta dans son sac à main sous ses pieds.
« Voilà, c'est moi. Je suppose que tu as lu ma lettre ? »
Lamia sourit enfin, repue et apaisée. Elle avait reconnu le jeune geek de l'autocar aperçu le matin même derrière un magasine.
« En fait, je crois que j'espérais très fort que ça soit toi, lui avoua-t-elle. — Je m'appelle Lamia. Et toi ?
— Dan. Enchanté. »
Il lui tendit une main en signe de salutation. Elle hésita un instant avant de la saisir et de la serrer délicatement contre ses doigts encore parfumés et mouillés de sa propre intimité.
« Tu fais quoi ce soir ? demanda Lamia, aguicheuse.
— Euh... J'ai rien de prévu. Pourquoi ?
— Parce que j'ai beaucoup pensé à toi aujourd'hui. »
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janvier 2016
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