Chapitre 8

Durant la nuit, Sophie fit le point de la journée qui venait de s'écouler.

Elle avait retrouvé sa mère. Elle avait obtenu un "laissez-passer" pour la bibliothèque d'Éternalia. Elle était donc proche de retrouver son père. Elle devrait donc s'y rendre dès le lendemain. Mais pour l'instant, elle essayait de s'endormir. Au bout d'une demi-heure, elle finit par réussir.

*

Sophie se réveilla d'un sommeil très étrange : elle avait rêvé que sa mère était pourchassée par un homme en armure de soldat grecque de l'antiquité. Ensuite elle invoquait des tas de rochers au-dessus de l'homme, mais celui-ci les détruisait d'un claquement de doigt. Quand sa mère s'était fait rattrapée par l'homme, il l'avait plaquée au sol. Elle le suppliait d'arrêter, mais il n'en avait rien à faire.

Mais quel était donc cet étrange rêve ? Soudain, elle prit conscience que l'homme dont elle avait rêvé, c'était son père. On lui avait dit qu'il était un héros, et elle avait pensé à un héros grec ! Saleté d'éducation humaine...

Sophie se leva donc et s'habilla en s'efforçant de ne pas songer à sa nuit mouvementée. Aujourd'hui, c'est le grand jour ! se dit-elle. Elle doit se rendre à la bibliothèque d'Éternalia pour trouver des informations sur la localisation de son père. Elle s'habilla donc très bien. Autant faire bonne impression à la capitale du Royaume des Elfes. Elle choisit donc la tenue qui lui allait le mieux dans celles que Flori lui avait confectionnées.

Ensuite, elle mit un minimum de maquillage (il ne faut pas exagérer, c'est juste pour aller à la bibliothèque !) et descendit dans la salle-à-manger. Des éclateroles l'attendaient. Une surprise d'Edaline, sans doute. Elle en mordit une bonne bouchée et se prépara à partir. Fitz, Biana et Dex devaient la retrouver devant chez-elle. Elle patienta cinq minutes avant que les Vacker n'arrivent.

Fitz était bien habillé, comme d'habitude. Il embrassa Sophie sur la joue. Puis, la Télépathe vit Biana. Dire qu'elle était époustouflante était trop faible.

— Tu es magnifique ! dit Sophie à son amie.

Magnifique. C'était le mot. Elle était vêtue d'une robe incrustée de bijou, comme si elle se rendait à un mariage.

— Biana, commença Sophie, tu sais qu'on va juste à la bibliothèque ? On ne se rend pas à une fête.

— Je n'ai pas besoin d'une bonne raison pour bien m'habiller, rétorqua-t-elle.

— On n'avait pas remarqué... marmonna Fitz assez bas pour que personne ne l'entende.

Du moins, c'est ce qu'il croyait, car sa sœur l'avait entendu et le fusilla du regard.

— Bon, on y va à cette bibliothèque ? fit Biana pour changer de sujet.

— Il faut attendre que Dex arrive, fit remarquer Sophie. D'ailleurs, quand on parle du loup...

En effet, le jeune homme venait de se matérialiser devant eux.

— Salut tout le monde ! lança-t-il à la cantonade. Je n'arrive pas trop tard ?

— Non, répondit Biana. Tu es à peine en retard.

Dex esquissa un sourire qui creusa ses fossettes et Biana devînt subitement rouge pivoine. Sophie fronça les sourcils mais se dit qu'ils avaient des problèmes plus urgents à régler. Elle se promit d'interroger Biana à ce sujet.

Ils sautèrent en se tenant tous par la main direction... Éternalia !

*

— Eh bien ! s'exclama Sophie à leur arrivée. Cette cité ne cessera de me surprendre.

Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle venait à la capitale. Mais une des caractéristiques principales des elfes est qu'on est toujours surpris, même si ce n'est pas la première fois.

— Bon, dit Sophie, on y va ?

— C'était une question ? demanda Fitz.

— C'était une question rhétorique, rétorqua-t-elle.

Ils marchèrent dans les rues d'Éternalia quelques temps. Il n'y avait personne dans les rues, hormis quelques civiles égarés. Pourquoi ? Car le Conseil menait une audience bien sûr. Le peuple peut assister à ces réunions. Pour signaler qu'une audience était en cours, on plaçait un étendard spécial au-dessus du bâtiment, lui avait expliqué Fitz quand il l'avait emmené à ce même endroit pour la convaincre de l'existence des elfes.

Ils parvinrent enfin à la fameuse bibliothèque.

— Ouah ! s'exclama Sophie.

Et c'était amplement justifié. La Bibliothèque d'Éternalia était gigantesque : trois énormes bâtiments en pierre sculptée formant un U. Çà et là, des fontaines plaquées d'or, avec des statues représentant différentes créatures du monde : des elfes, nains, ogres, trolls, gnomes et des créatures non-intelligentes. La porte d'entrée (ou plutôt le hall d'honneur vue la taille) se situait au bâtiment central. C'est là que les amis se rendirent.

— Et on va devoir chercher là-dedans ? demanda Keefe. On va prendre une journée entière à trouver cette légende...

Sophie soupira. L'optimisme légendaire de Keefe...

— Ne t'inquiète pas, répondit Fitz, il n'y a qu'à demander à la bibliothécaire, et elle nous la trouvera. On raconte qu'elle connaît par cœur l'emplacement de chaque livre de la bibliothèque.

Dex siffla.

— Eh bien, elle doit en avoir une de mémoire !

— Tu l'as dit, fit Sophie.

Ils pénétrèrent dans la Bibliothèque d'Éternalia. L'intérieur était encore plus majestueux que l'extérieur. Avec ses étagères qui s'étalent partout sur les murs, tellement que le seul meuble qui ne soit pas une étagère, c'était le bureau de la bibliothécaire. Celle-ci n'était pas comme les clichés des bibliothécaires chez les humains, où l'on voit toujours une vieille femme habillée d'une robe.

Non. Premièrement, celle-là était très jeune et très belle : elle avait les cheveux châtain et les yeux bleus perçants. Elle avait attaché ses cheveux en une queue-de-cheval qui facilitait ses déplacements. Mais ce qui était le plus frappant chez-elle, c'était le fait qu'elle se trouvait à plusieurs endroits à la fois. Au sens propre du terme : plusieurs bibliothécaires identiques se baladaient dans les bâtiments pour satisfaire les clients.

— Co... comment est-ce possible ? interrogea Sophie.

— Vous n'avez donc jamais vu de multiplicatrice à l'œuvre ? demanda une voix juste derrière elle.

Sophie se retourna d'un bond et toisa la bibliothécaire d'un œil menaçant.

— Non, il faut dire qu'elles ne semblent pas courir les rues, rétorqua Sophie.

— En y pensant, c'est assez logique, déclara la jeune femme. Étant donné que je suis la seule répertoriée, c'est normal si vous n'avez jamais vu une multiplicatrice dans l'exercice de ses fonctions. Ce talent m'aide beaucoup pour mon métier. Je produis plusieurs clones de moi-même que je peux contrôler à distance.

— Êtes-vous la vraie ? demanda Biana.

— En effet, répondit-elle. Dès que je vous ai vu arriver, je me suis dit que j'allais me charger de vous en personne.

— Ce doit être difficile de maintenir tous ces clones, dit Fitz.

— À force d'entraînement, cela devient beaucoup plus facile, répondit-elle.

— Quel âge avez-vous, au juste ? demanda Keefe.

Sophie lui fit un coup de coude et lui lança un regard sévère. Il haussa les épaules avec un sourire arrogant.

— J'admire votre audace, jeune homme, lança la bibliothécaire. Je m'appelle Jamiru et j'ai eu cinq mille cinq cents ans la semaine dernière.

Sophie et ses amis écarquillèrent les yeux.

— Vous ne faites pas du tout votre âge, dit la jeune Télépathe.

Elle avait certes les oreilles pointues, chose que Sophie venait seulement de remarquer, mais elle était si belle et avait l'air si jeune.

— Cela faisait longtemps que j'attendais votre visite, mademoiselle Foster, déclara Jamiru. Je me demandais quand Forkle vous enverrait ici.

— Une seconde, vous connaissez Forkle ? s'exclama Sophie.

— Quoi, fit Jamiru, le chef du Cygne Noir ne vous a jamais dit qu'il avait une femme ?

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