Grady et Edaline avaient décidé de faire visiter leur nouvelle demeure à Sophie pour lui remonter le moral puisqu'elle revenait du centre de soins, où elle avait vu Keefe et avait dû lui annoncer des choses peu agréables. Sophie se matérialisa devant le nouveau portail d'Havenfield qui semblait fait de lierres et de fleurs entremêlées, certainement une création gnomique. Elle admira ce dernier en souriant, mais le plus impressionnant restait les dizaines de clôtures qui se trouvaient autour de la maison, s'étendant sur des centaines de mètres, abritant chacune une espèce différente. Des Mammouths laineux, à Verdi,  aux verminions.

Sophie huma l'air frais, elle était plus heureuse que jamais : elle revenait chez elle. Elle craignait qu'en fermant les yeux trop longtemps, tout ne disparaissent.  

Havenfield était plus resplendissant que jamais ! La nouvelle bâtisse était plus imposante que la précédente. Il semblait à Sophie que leur ancienne maison était une maison de poupée par rapport à celle-ci ! On arrivait par une jolie allée couverte de Pures qui filtraient le soleil pour n'en garder que quelques rayons, qui venaient tacher le sol de jaune. Le bruit des vagues s'écrasant sur la falaise toute proche, procurait un sentiment de sérénité. Au bout de cette allée ce trouvait une immense fontaine, au centre de cette dernière, il y avait un majestueux aigle en or, tenant entre ses serres une délicate rose  : l'emblème des Ruewen, la fontaine était de forme ronde et des jets d'eau scintillante s'échappaient du socle de la statut. Aucun doute, nous étions dans les cités perdues. Sophie resta interdite quelques instants devant une telle beauté, tout semblait être en accord avec la nature, rien ne prenait le dessus, la fontaine se fondait dans le décor. C'est alors qu'elle leva les yeux vers la façade de la maison, elle eut envie de s'asseoir pour mémoriser chaque détail de cette prouesse architecturale.

La plupart de la maison avait été reconstruite en émeraude, un souhait d'Edaline qui part ce vert voulait célébrer la vie. Mais elle avait également voulu entretenir son lien avec la nature en intégrant des centaines de plantes grimpantes à la façade, ainsi des milliers de fleurs venaient décorer les émeraudes. Le soleil rendait le tout scintillant, digne d'un palais de princesse comme en rêveraient toutes les petites filles. De hautes fenêtres, encadrées de bois vernis et de fleurs de toutes les couleurs, venaient terminer le tout. Un dôme de cristal se dressait tout en haut de cette spectaculaire structure, réfléchissant la lumière dans toutes les directions.

La porte d'entrée n'était autre qu'une massive porte de bois clair, décorée de fer forgé.            Sophie attrapa la main de Grady tandis qu'Edaline passait un bras autour de ses épaules, ensemble ils avancèrent doucement vers l'entrée. Sophie posa sa main sur le bois tiède et poussa délicatement la porte, la jeune télépathe eut le souffle coupé, l'intérieur........ l'intérieur était exactement le même qu'avant : un immense salon aux murs transparents donnant sur l'océan, un large escalier central en volute menait toujours vers les étages, un chandelier de cristal finement tressé cascadait depuis le toit en forme de dôme, rien n'avait changé ! A ceci près que le mobilier n'était plus clairsemé : de nombreux meubles aux couleurs chaleureuses se dressaient dans la pièce... Sophie sauta dans les bras de ses parents :

"Grâce à ta mémoire photographique, les gnomes ont pu recréer la maison dans ses moindres détails, du moins pour l'intérieur. Ça te plaît ? Demanda Edaline en resserant son étreinte.

- Ils ont fait un travail formidable ! S'exclama la jeune fille les larmes aux yeux.

Elle s'écarta doucement de ses parents pour mieux observer le salon, ce lieu était digne d'un magazine de décoration. Ce n'était pas un salon comme on aurait pu en trouver chez les Vacker, chez qui le luxe aurait laissé ébahi le plus riche des humains, non, il était élégant et simple et donnait envie de s'y poser pour admirer le paysage - et les dinosaures qui ce baladaient dans les pâturages.... nous sommes à Havenfield tout même !

- Monte vite voir ta chambre ! Lui conseilla Grady.

Sophie monta quatre par quatre les marches menant à cette dernière. Elle ralentit dans le couloir afin de le regarder dans les moindres recoins, cherchant une erreur dans la copie de la maison, mais rien n'avait changé. Sophie arriva à pas de loup devant la porte de sa chambre, elle hésita à entrer durant quelques secondes, inspira profondément et ouvrit la porte.

Là elle ne retint pas ses larmes, c'était la copie conforme de sa chambre, le même grand lit, le même tapis fleurit, les mêmes meubles, enfin bref tout était comme dans ses souvenirs. Jamais elle n'aurait cru cela possible. Elle était si heureuse de retrouver cette pièce qui avait abrité tant de moments de sa vie, aussi bien des moments tristes, que des moments de bonheur pure et simple. Sophie avait l'impression d'avoir plongé dans un souvenir, pendant une infime seconde elle crut que la maison n'avait jamais brûlée.

Elle se mit sur le bord de son lit et respira l'odeur des draps fraîchement lavés. Tout était parfait. Elle allait pouvoir reprendre sa vie là où elle s'était arrêtée. La jeune fille s'avança vers la l'immense fenêtre - si l'on pouvait appelait cela une fenêtre puisqu'elle allait du sol au plafond et faisait plusieurs mètres de long - et admira les prairies qui s'étendaient le long des falaises. Elle resta ébahie lorsqu'elle remarqua l'incroyable vu qu'elle avait sur le panacier de Calla. Il n'était qu'à quelques mètres de la maison (un de ses souhaits). Elle alla chercher le plus moelleux de ses fauteuils et le positionna devant la fenêtre, en passant devant son bureau elle eut la surprise de trouver une petite peluche, une éléphant bleu en chemise hawaïenne. Une larme roula sur sa joue lorsqu'elle saisit sa peluche, seul vestige de son ancienne vie.  Sophie se lova dans le fauteuil, Ella blottit contre son cœur, et se remit à scruter l'horizon.

Elle réalisa alors que c'était fini. Les Invisibles avaient été anéanti et ne feraient plus de mal, à quiconque. L'étau qui l'oppressait depuis des années se desserra jusqu'à n'être qu'un lointain souvenir. Elle allait pouvoir commencer une vie normale, elle ne serrait plus "la fille qui a été enlevé" ou "le monstre", mais elle était désormais "la fille qui a sauvé le monde". Elle laissa cette pensée vagabonder dans son esprit, un doux sourire s'étendant sur ses lèvres.

———————————————————————
Et voilà la suite « tant attendue » si je peux me permettre, rien de passionnant ici, j'ai juste imaginé Havenfield tel que ça aurait pu- selon moi - exister ! Bonne soirée à tous et toutes !