Sophie passa la matinée à soigner et nourrir les animaux.
Elle donna son bain à Verdi, alla jouer un moment avec Félix et Luna qui considéraient toujours le gorgodon comme leur "copain"et s'obstinaient à lui rendre visite. Elle amena de la grésillisse à Silveny et Greyfell.

-Sophie bien? lui transmis l'alicorne

-Très bien. Elle lui transmis quelques images de ses amis, de ses parents qui lui faisaient un câlin, et l'inévitable question.

-Keefe?

Sophie lui projetta quelques images.

-Keefe et Sophie bien! affirma l'alicorne en lui envoyant un flot de chaleur et d'émotions.

-Oui, dit la Télépathe souriante.

-Sophie voler?

La jeune femme ravie accepta.

-Il faut que je prévienne Grady et Edaline.

Elle fila à toutes jambes à la recherche de ses parents.
Elle les trouva nourrissant le manticore. Cette bête la faisait frissonner, avec ses multiples rangées de crocs et son dard frémissant.

-Ah Sophie, dit Grady, ne t'approche pas trop, Slurg est de mauvaise humeur ce matin.

-Je ne risque pas, assura la Télépathe. Je voulais seulement vous informez que j'allais voler avec Silveny un petit moment.

Edaline déposa une bassine de légumes au goût de viande devant l'animal. Elle se redressa et écarta une mèche de cheveux ambre de son visage.

-D'accord, mais n'allez pas trop loin et pas trop longtemps, dit-elle en adressant un sourire à sa fille.

La Télépathe hocha la tête contente.
Son père couvert de plumes et sentant la sueur la serra contre lui et déposa un baiser sur son front.

-Amuse-toi bien, on se voit tout à l'heure.

Silveny attendait un peu plus loin, elle lui chatouilla le cou de ses naseaux, ce qui fit glousser la jeune femme.
Elle lui caressa l'encolure. L'alicorne plia les genoux l'invitant à monter.

Pendant deux heures elles survolérent pâturages et océan.
Silveny lui transmettait des images des frasques de ses bébés, de Greyfell sans oublier de petits "Keefe! Keefe!Keefe!" Ou de "Maman paillettes!" A intervalles réguliers.

Sophie était heureuse, cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus voler. Elle donna à l'alicorne une ration supplémentaire de friandises.

Elle monta dans sa chambre se doucher et se changer, s'occupa de son petit lutin et descendit manger un morceau.

🌟🌟🌟🌟🌟

-Ma parole, s'exclama Ro en entrant dans la chambre, ça vire à l'obsession.
Tu ne peux pas t'empêcher de la dessiner hein? grommela la princesse quand elle découvrit Keefe installé devant son chevalet, occupé à croquer une Sophie endormie, un drap autour de la taille.

Les détails étaient ahurissants, chaque plis du draps, chaque courbes, chaque traits de son visage étaient présents. Il avait même dessiné un petit lutin blotti sur son oreiller.
Le tableau donnait l'impression de respirer au même rythme que la jeune femme endormie.

Ro était époustouflée par sa beauté.

-Non, confirma l'elfe avec un sourire en déposant son crayon. Quel heure est-il ?

-Dix heures, c'est Lord Snobinard qui m'a demandé de monter voir ce que tu faisais. Tu as dormis au moins? demanda-t-elle en pointant le tableau de sa griffe.

-Pas beaucoup, admit l'Empathe en se frottant les yeux.

-Si j'étais toi, j'irais me rafraîchir avant la conversation de la mort qui tue avec ton cher papounet, ricana la princesse.

Keefe gémit, il n'avait vraiment pas envie d'endurer ça.
Mais il s'exécuta tout de même sous les conseils et les commentaires incessants de Ro.

Une demi-heure plus tard, il descendit l'escalier, tel un condamné grimpant à l'échafaud.
Il grignota sans enthousiasme une tranche de Guimolle.

Il sortit sur la terrasse en marbre d'abalone, un livre sous le bras.
Il s'installa confortablement sur la balancelle, un flacon de Jouvence posé sur la table.
Il tournait négligemment une page, en se balançant de temps en temps.

Son père se montra un quart d'heure plus tard.

-Tu as tout ce qu'il te faut? demanda Lord Cassius d'une voix mielleuse.

-Oui merci, fit Keefe sans lever les yeux de son livre.

Enfin, Sophie n'était pas là et il aurait nettement préféré passer du temps avec elle au lieu d'être coincé ici.
Mais bon, ça ne regardait pas Lord Fouine.

-Tes affaires pour ton voyage à Paris sont arrivées, je les ai posées devant la porte de ta chambre.

Il s'assit sur la balançoire en face de son fils.

-Très bien, j'y jetterait un oeil après, répondit-il toujours plongé dans son ouvrage.

Lord Cassius soupira.

-Keefe... j'aimerais te parler de Sophie.

-Qu'est-ce que tu veux savoir? demanda l'Empathe méfiant, en posant son livre à côté de lui, regardant son père dans les yeux.

-S'il te plaît, ne le prends pas comme ça, répondit son père d'une voix lasse. J'essaie juste de t'aider.

-D'accord, fit Keefe en soupirant et en se passant une main sur le visage.

-Je voulais te faire une proposition, mais avant ça, j'ai besoin de savoir si vos sentiments sont sincères et peuvent durer.

-Tu sais bien que je suis fou amoureux d'elle et que c'est réciproque.

-Est-tu sûr de ses sentiments pour toi?

Keefe aquiesça et avec un sourire narquois, fit remarquer à son cher papa.

-Après tout, tu es Empathe toi aussi, tu devrais le savoir.

-Je vous le confirme, intervint l'ogresse avant que son père n'ai pu répondre. (Elle s'était appuyée contre une colonne couverte de lierre).
Elle n'est heureuse qu'avec Lord Bellcoiffe. (Elle pencha la tête sur le côté et regarda son protégé d'un oeil inquisiteur). Je me demande quand même ce qu'elle lui trouve à ce blondinet maigrichon.

Keefe s'ébouriffa les cheveux d'un air avantageux et répondit avec un sourire.

-Je rends tout meilleur.

Lord Cassius leva les yeux au ciel, puis il revient à son fils avec un sourire suffisant.

-Elle ne peut pas être assortie, dit-il brutalement. Ça te pose un problème? Fitz, lui, l'a mal pris.

Keefe lui jeta un regard noir et lui répondit d'un ton glacial:

-Non, ça ne me pose aucun problème. Nous avons essayés de rechercher ses parents biologiques, car elle me l'avait demandé. Je ne sais pas si elle est arrivée à ses fins et je ne veux pas le savoir. Sophie a fait le choix d'arrêter ses recherches, quitte à ne pouvoir être assortie.
Fitz a décidé de ne pas poursuivre sa relation avec elle. Ces choix sont les leurs et ne me regardent pas.
J'aime Sophie!
Je me fiche de son statut ou de ce que les autres pensent de nous.

Lord Cassius un minuscule sourire aux lèvres, sauta du coq à l'âne.

-Quels sont tes projets avec elle?

Le changement de ton de son père le prit au dépourvu.

-Je lui ai demandé de venir vivre avec moi une fois que le problème des Invisibles sera réglé.

-Tu comptes l'épouser?

Même l'ogresse tendit l'oreille.
Il en avait sa claque de toutes ces questions. Il répondit agacé:

-Si elle arrive à me supporter mon humour et moi, alors oui.

La princesse écarquilla les yeux.
Mais Keefe était sûr de lui.
Il savait qu'il finirait par la demander en mariage et qu'il fonderait une famille avec elle.

Lord Cassius continua sur sa lancée, sans prêter attention aux changements d'humeurs de son fils.

-Où allez-vous vivre? Tu as déjà une idée?

-Je n'y ai pas encore réfléchit, avoua-t-il en s'ébouriffant les cheveux.

Lord Cassius lui dit d'une voix douce et sincère.

-Elle est la bienvenue ici, Keefe, je sais qu'elle aime beaucoup cet endroit.
(Il désigna la villa et le paysage alentours d'un geste de la main).
Je suis sûr que tu pourras lui faire une petite place pour qu'elle puisse laisser quelques affaires ici.
Tu n'auras qu'à m'avertir quand elle voudra venir et j'irais dans mon appartement en Atlantide.

-Pardon? s'exclama le jeune homme abasourdi.

-Eh ben dit donc! fit Ro avec des yeux ronds.

Lord Cassius soupira.

-Le temps que tu trouves autre chose, si tu n'es pas à l'aise avec elle dans cette villa. À moins que tu ne préfères dormir chez elle avec Grady en-dessous? fit-il avec un sourire moqueur en haussant un sourcil.

-Mais je ne peux pas débarquer avec Sophie et te mettre à la porte! s'exclama l'elfe choqué.

-Tu sais très bien que je passe plus de temps en Atlantide qu'ici, même si j'apprécie le calme de cet endroit.

Ro s'approcha en décroisant les bras.

-Vous allez leur laisser la maison de temps en temps c'est ça?

-Si ils le désirent oui, répondit-il en haussant les épaules.

-Pourquoi? insista la princesse.

Il se passa une main sur le visage las.

-Je ne veux que le bonheur de mon fils et si c'est avec Sophie ça me va.
C'est une jeune femme avec du caractère et pour être franc je l'apprécie, même si elle n'a pas sa langue dans sa poche.

Keefe se sentait perdu.

-Au début, reprit-il, je pensais déménager définitivement en Atlantide et leur laisser la villa, mais si Keefe a d'autres projets... c'est à eux de voir.

-Vous tenez vraiment à être grand-papa dans l'année? persista l'ogresse.

Le jeune homme devint tout pâle, il ne savait plus où se mettre.

-Ma fois, dit Lord Cassius en haussant les épaules, ça mettra un peu de vie dans cette maison.

-Ça, c'est sûr, aquiesça la princesse, surtout si il ressemble à celui-là! (Elle pointa Keefe de sa griffe).

-Mais.... essaya de protester l'intéressé.

-On pari qu'ils seront parents avant de se marier? continua l'ogresse avec un grand sourire pleins de dents pointues sans prêter attention à son protégé.

Visiblement, l'idée semblait séduire Lord Cassius. Il jeta un coup d'œil à Keefe.

-Connaissant sa fougue, je perdrais mon pari si je vous affirmait le contraire, or, je ne veux pas devoir porter une armure ogre au mariage de mon fils.

Le jeune homme était à deux doigts de rendre sa part de Guimolle.

-Chouette! fit Ro en sautant et en tapant dans ses mains. (Elle se tourna vers son protégé). Tu entends ça? Tu as la bénédiction de ton papa pour nous faire un mini-Keefe!

Sous le choc, il monta dans sa chambre, s'assit sur son lit et se prit la tête entre les mains.
La discussion avait été encore pire que ce qu'il avait pu imaginer.
Il entendait toujours Ro par la fenêtre ouverte et d'après ce qu'il comprenait, il était question d'une petite Keefette.
Il grimaça et alla fermer la fenêtre. C'était trop.

Il empocha ses carnets de croquis, il prit son sac et redescendit l'escalier.
Il n'était pas attendu avant encore quelques heures à Havenfield, mais tant pis, il ne supportait plus d'entendre les deux autres parler de bébé.

L'ogresse lui adressa un grand sourire quand elle le vit arriver, quant à son père, il lui demanda de réfléchir à sa proposition.
Il sauta à Havenfield sans prendre la peine de leur répondre.