Le serment

-Une fois que tu auras prêté serment, tout retour en arrière sera strictement impossible. Tu es sûre de toi?

Sophie morte de peur aquiesça.

Il sorti de sa poche un petit poignard argenté. Le manche était gravé de runes incompréhensibles pour elle et la lame était décorée de fines volutes qui se métamorphosaient à la lueur des flammes.

-Donne-moi ta main.

Elle lui tendit une main tremblante, qu'il prit dans la sienne et la tint jusqu'à ce qu'elle se décrispe.
Sophie sentait des vagues de chaleur dans tout son corps qui eurent un effet appaisant sur elle.

-Tu ne dois pas bouger, tu entends?

La jeune femme hocha la tête.
Il plaqua le dos de sa main contre le mur et redressa ses doigts.

-Respire à présent, je vais t'aider, dit-il de sa voix riche.

Un nouveau flux d'énergie la traversa.
Puis elle sentit la lame sur sa paume. Sophie ferma les yeux de toutes ses forces.

Un coup de tonnerre fracassant résonna, la pluie tapait contre la vitre, un petit courant d'air froid s'infiltrait sous la fenêtre.

Prentice grava dans sa chaire tendre la rune des Gardiens.
Elle ne put retenir un hurlement tant la douleur était intense, mais elle ne bougea pas.
Chaque incision déclenchait de nouvelles souffrances, d'abord physique, puis mentale.
Puis elle eut l'impression que la rune se gravait également dans son coeur.

-C'est bientôt fini, dit-il pour la rassurer.

Il rangea le poignard.
La paume du Gardien s'était mise à saigner, sa propre cicatrice s'était rouverte. Il entremêla ses doigts avec ceux de la jeune femme et appuya sa blessure contre la sienne, des filets sang coulait sur la manche de sa tunique.

Sophie avait la main en feu, la douleur insupportable la fit sangloter tandis que leurs sang se mêlaient.
Un étrange et désagréable fourmillement passa dans sa main et envahit tout son corps.
La souffrance devint insoutenable avant de s'arrêter brusquement.
Ses yeux pleins de larmes devinrent d'un noir d'encre avant de retrouver leur couleur marron pailletés d'or habituelle.

Prentice dégagea doucement sa main et serra dans ses bras la jeune femme secouée de sanglots déchirant.
Elle se nicha contre son cou, il lui caressa les cheveux et lui chuchota avec douceur:

-Tu as été très courageuse.

Il la laissa pleurer tout son soûl, jusqu'à ce que sa terreur et sa douleur se dissipe.

La foudre traversa le ciel plombé et grésilla comme un feu d'artifice, laissant dans l'air une odeur d'ozone.

Elle se dégagea de ses bras.
Il sorti un mouchoir de son pourpoint et l'appuya contre la paume de la Télépathe qui referma la main dessus. Il la conduisit sur un fauteuil et lui tendit un flacon de Jouvence.
Elle but longuement et sècha ses larmes. Le Gardien s'accroupit devant elle, puis lava et soigna sa plaie.

Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis son arrivée, mais il devait être tard et Keefe devait s'inquiéter. Pourtant, elle ne pouvait pas rentrer avant d'avoir obtenu des réponses.

-Dis lui que tu sera là demain soir, dit le Gardien en hochant la tête.

Il sorti de la pièce.

-Keefe? appela la jeune femme.

-Sophie, répondit l'Empathe visiblement soulagé d'avoir de ses nouvelles. Il est minuit passé, quand est-ce que tu rentres?

-Je serais là demain soir.

Il grommela, puis se reprit.

-Tu vas bien au moins?

-Je... ça va.

-Tu me mens, déclara-t-il doucement.

-Tu as raison ça ne va pas. Je préférerais être avec toi à la maison, mais j'ai besoin de réponses.

-Je t'en prie, implora Keefe, ne fait pas quelque chose que tu pourrais regretter par la suite. (Il reprit avec colère). Je ne veux pas te perdre tu m'entends?

-Fais-moi confiance s'il te plaît, quoiqu'il se passe tu ne me perdra pas.

-Très bien, dit le jeune homme exaspéré. Si tu ne rentres pas demain je t'envoie Ro et elle a encore moins de patience que moi.

-J'en prends bonne note, répondit la Télépathe amusée.

-Fais attention à toi, recommanda-t-il avec douceur, je t'aime.

-Je serais prudente, ne t'inquiète pas. A demain mon amour, je t'aime.

Elle coupa la communication.
Prentice de retour lui avait servi un autre verre de vin.

Elle but une longue gorgée pour se donner du courage, Keefe lui manquait terriblement.

-Voilà comment va se dérouler la suite: premièrement je vais tout t'expliquer et deuxièmement je te transmettrait tout mon savoir avec l'aide des autres Gardiens.
Tu risques d'être un peu confuse, fatiguée, car nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous.
Une fois que tu auras assimilé ces informations, tout sera clair pour toi et tu redeviendra toi-même, à ceci près de quelques petits changements.

-Est-ce que cela modifiera ma relation avec l'homme que j'aime?

-Avec l'Empathe tu veux dire? Keefe, C'est bien ça?

-Oui, dit la jeune femme méfiante, comment le savez-vous?

-Je sais beaucoup de choses Sophie, dit-il avec douceur. Non,ton lien avec lui, déjà puissant, ne fera que se renforcer. Mais je t'en parlerai le moment venu.

Il vit une gorgée de son vin avant de reprendre la parole:

-Tu es à présent une des Gardiennes des Cités perdues. Nous ne sommes pas nombreux, cinq pour être précis.
Tu partages avec nous un lien maintenant: la rune gravée dans ta paume. C'est un symbole très ancien, qui permet entre autres choses de communiquer entre nous, ainsi qu'avec les Messagers.

Un bruit de déchirement, suivi d'un claquement sec et le tonnerre explosa.

-Les Messagers? répéta la Télépathe.

-Oui, aquiesça-t-il sa bouche s'étirant en un demi sourire, si j'ai bien compris, vous en avez déjà rencontré un à Paris.

-C'est Tiergan qui vous l'a dit? Alors il m'a menti? demanda-t-elle avec colère.

Elle se sentait trahie.
Elle lui avait fait confiance, toujours il avait veillé sur elle avec bienveillance, elle avait beaucoup d'affection pour lui.

-Oui, je l'ai effectivement vu. Mais il t'a dit la vérité, Sophie, il ne sait rien.

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