|5| La Bibliothèque
- Assyra... s'il te plaît ! S'il te plaît ! S'il te plaîiiiit !
- Moins fort, Léa ! Il y a des gens qui lisent et qui travaillent !
Assyra lança un regard aux personnes présentes dans la bibliothèque : certains lisaient, d'autres travaillaient, et quelques-uns jouaient sur les ordinateurs.
- Dis oui ! Je t'en supplie y'a que toi qui peut m'aider !
- Chut ! fit un vieil homme, fusillant du regard Assyra et Léa.
- Ah oui... désolée. Alleeeez, Assyra, s'il te plaît !
La jeune fille soupira d'exaspération. Léa, sa camarade de classee, venait tout juste de débarquer de la boulangerie voisine pendant sa pause. Depuis environ vingt minutes, elle ne cessait de la supplier, malgré les refus catégoriques d'Assyra.
Cette dernière se tenait derrière le bureau d'accueil en bois poli, échangeant un regard contrarié avec Léa, qui paraissait déterminée.
- Assyra, s'il te plaît, je t'en supplie.. Ne me fais pas payer cette amende exorbitante... Ce n'est pas ma faute si je prends du temps à lire !
Assyra soupira en se massant les tempes.
- Léa, combien de fois va-t-il falloir que je te le dise ? Ce n'est pas moi qui décide ! Les règles sont les règles !
Léa baissa les yeux un instant, puis releva son regard implorant.
- Allez... Je te promets que je ferai plus attention la prochaine fois. S'il te plaît, au nom de notre amitié !
Assyra hésita, partagée entre l'envie d'aider son amie et la conscience de ce qui serait juste.
- Bon... d'accord, je vais essayer de voir avec Monsieur Oraculum... mais je ne te promets rien.
Elle lui sourit légèrement. Léa, pleine de reconnaissance, se jeta dans ses bras, manquant de la faire tomber.
- Merci, t'es la meilleure ! s'exclama-t-elle. Bon, maintenant que c'est réglé, je dois retourner à la boulangerie, ma pause est presque finie.
Léa quitta la bibliothèque, laissant Assyra souffler de soulagement.
Ces vingt minutes d'insistance avaient été un vrai supplice. Léa ne voulait vraiment pas lâcher l'affaire !
Elle jeta un œil à sa montre, qui affichait bientôt midi trente. C'était presque l'heure de déjeuner, et elle mourait de faim.
- Assyra, enfin te voilà ! Céleste et moi avons terminé de trier ces fichus livres ! s'exclama Nayla en s'avançant vers elle.
- Il ne reste plus qu'à les ranger sur les étagères, ajouta timidement Céleste.
À cet instant, le professeur Oraculum fit son apparition, Jasmine sur ses talons.
- Bien joué, les filles ! Vous avez fait du bon boulot. Jasmine et moi avons trié les livres par genre, il ne reste plus qu'à les ranger.
- J'ai trié les livres, corrigea Jasmine en fusillant le professeur du regard. J'ai tout fait toute seule !
- Mais enfin, pour qui me fais-tu passer, Jasmine ? s'indigna le professeur, d'un air théâtral. J'ai participé, moi aussi !
- Oui, pendant deux minutes, rétorqua Jasmine. Dès que vous avez eu ce livre fantastique entre les mains, vous avez cessé de travailler pour le lire ! J'ai dû finir tout le travail toute seule !
Céleste, Assyra et Nayla se tournèrent vers le professeur, qui détourna le regard, embarrassé.
- D'accord, d'accord, je l'admets. Je me suis octroyé une petite pause... mais ce n'est pas de ma faute ! Je ne peux pas résister à un bon livre, surtout s'il est fantastique !
- C'est vrai que les livres fantastiques sont géniaux, admit Assyra. Ce sont les meilleurs !
Ils se tapèrent dans la main, exaspérant les trois filles derrière eux.
- Assyra, ne l'encourage pas...
- Oui, bon... j'admets que j'ai un peu éxagére...Concéda le professeur.
Les trois filles échangèrent un regard blasé, puis déclarèrent à l'unisson :
- Un peu ?
Le professeur prit un air indigné, mettant sa main sur sa poitrine comme s'il feignait une crise cardiaque.
- Je suis... scandalisé ! Faites au moins semblant de ne pas être d'accord avec moi ! Je ne suis pas du tout du genre à éxagérer en réalite, sachez le !
- Oui, bien sûr, monsieur, répondit Assyra d'un ton sarcastique. Ce n'est vraiment pas votre genre...
Le professeur la fusilla du regard avant de partir s'asseoir sur la chaise de Madame Smith, reposant ses pieds sur son bureau.
- Ne vous gênez pas, surtout..., souffla Nayla, trouvant que le professeur abusait un peu.
Le professeur haussa les épaules, et Nayla leva les yeux au ciel.
- Bon, c'est l'heure de la pause. On peut aller déjeuner, maintenant ! Dit timidement Céleste en designant l'horloge.
Le professeur leur fit un signe d'au revoir de la main, mais son regard fut soudain attiré par une lettre posée sur le bureau.
C'était étrange, car elle n'était pas là tout à l'heure. Il y avait un symbole de patte d'animal dessus. Le professeur la prit et la lut.
Les filles avaient pris leurs sacs et se dirigeaient vers la sortie, lorsqu'elles furent interpellées par la voix soudain sérieuse du directeur, assis correctement cette fois-ci, le teint légèrement blême :
- Dites-moi, les filles... croyez-vous en la magie ? Pensez-vous qu'il existe... disons... différents mondes que le nôtre ?
Son sérieux dérouta les filles, car il n'était presque jamais sérieux. Elles se demandaient toutes pourquoi il posait cette question, franchement étrange.
- Euh... je crois en la magie, moi, répondit Jasmine en haussant les épaules. Je crois en la sorcellerie, la magie noire, etc. Mais des mondes différents ? Je ne sais pas trop...
- Moi, pas du tout, répondit Nayla. Quant aux autres mondes... non. Le multivers, c'est un peu tiré par les cheveux, vous ne trouvez pas ? Les planètes, oui, mais des mondes différents ? J'en doute.
- Moi, je ne crois en aucun des deux, avoua Céleste. On n'est pas dans un livre ou dans un film...
- Moi, j'y crois totalement.
Tous se tournèrent vers Assyra.
- Vraiment ? demanda le directeur, les yeux pétillants d'espoir.
- Oui... enfin, le monde des djinns existe selon mes croyances. On ne le voit simplement pas. Et je crois aussi à la magie noire, aux malédictions, au mauvais œil...
- Mais je ne parle pas de ce genre de magie ! Ni du monde des djinns ! s'agaça le professeur, perdant son sang-froid. Je vous parle d'un monde où...
- Mais chut ! l'interrompit le vieil homme de tout à l'heure, assis à une table, un livre à la main. Chut ! Y'en a quessaye de lire bon sang !
- Chut vous-même ! répliqua le professeur Oraculum en le fusillant du regard. C'est moi le bibliothécaire, et personne ne me dit « chut » !
Le vieil homme lui lança un regard noir avant de reprendre sa lecture, en marmonnant tout sauf des compliments.
- Bref, où en étais-je... Ah oui ! Je vous parle... je vous parle... Oh, et puis zut ! Vous ne me facilitez pas la tâche...
- Quelle tâche ? demanda Céleste. De quoi parlez-vous ?
Le directeur ne répondit pas, et à leur grande surprise, il les poussa hors de la bibliothèque et ferma la porte derrière elles.
- Mais qu'est-ce qui vous prend ? lui cria Nayla à travers la porte. Vous nous virez de notre stage ou je rêve ?
- VOUS ALLEZ NOUS DIRE CE QUI VOUS PREND, OUI ? hurla Assyra en frappant sur la porte. OUVREZ CETTE PORTE !
Le directeur ouvrit quelques secondes plus tard.
- Cessez ce boucan, voyons, c'est une bibliothèque, je vous rappelle ! Et puis, c'est l'heure de votre pause non ? Allez déjeuner et revenez dans... deux heures. J'ai quelque chose à faire !
Il referma la porte avant qu'Assyra ne puisse répliquer. Elle resta immobile quelques secondes avant de soupirer d'exaspération, puis, d'un ton plus calme, elle demanda aux autres :
- Bon, on va manger ? Je meurs de faim. Et si on allait au parc ?
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- Alors ? Grand Mage ?
Jack Oraculum souffla d'exaspération tandis que le renard blanc face à lui arborait un sourire narquois, couché sur le bureau de la bibliothèque.
Le Professeur Oraculum avait fait sortir tout le monde de la bibliothèque, d'abord les filles, puis les autres personnes présentes.
La lettre qu'il avait lue était un message de Frost, le renard des neiges, qui lui disait expressément qu'il avait besoin de le voir, et la bibliothèque semblait être l'endroit parfait pour cette entrevue. Cette vieille mégère de Mme Smith allait le tuer quand elle découvrirait qu'il avait fermé la bibliothèque plus tôt que prévu, mais ce n'était pas le moment de penser à ça.
- Elles ne me croiront pas si je leur révèle qui elles sont, avoua-t-il, penaud.
- Donc, la manière forte est celle qu'il faut employer, en déduisit le renard.
- Es-tu... vraiment sûr que ce soient elles ? demanda le mage en lançant un regard dubitatif à Frost.
- Oui, pourquoi ? Tu ne penses pas que ce sont elles ?
- Si... je... C'est juste que savoir qui elles sont... je sais bien que ce sont elles, Zaïra ne peut se tromper, et puis la ressemblance est frappante mais...
- Mais... ?
Frost connaissait déjà la réponse.
- Elles... Je n'arrive pas à croire qu'elles soient bien leurs filles... Et puis elles sont si jeunes, si innocentes... Elles s'apprêtent à découvrir une vérité qui bouleversera complètement leur vie, et...
- Et ?
- Et je... J'ai peur pour elles... Je me suis beaucoup attaché à elles, bien qu'elles puissent parfois être très agaçantes... Elles vont être exposées à un danger perpétuel, et lorsqu'elles connaîtront la vérité à propos de leurs pouvoirs, de la quête, de leur histoire...
Frost sourit légèrement. Il avait bien vu à quel point Jack tenait aux jeunes filles.
- Mais il le faut, déclara-t-il finalement. Tu le sais autant que moi, nous n'avons plus le temps.
- La quête... l'Usurpateur... les dragons... Pourront-elles surmonter ces épreuves ? En reviendront-elles indemnes ?
- Nous devons croire en la prophétie. Dans la forêt des Songes, je pouvais ressentir leur fort potentiel magique... Et, je dois t'avouer quelque chose : elles ne sont pas seulement en danger à Etheria.
Les yeux de Jack Oraculum s'écarquillèrent tandis que Frost s'expliquait :
- L'Usurpateur a décidé d'envoyer ses sbires de confiance après elles, d'après mes sources. Ils sont peut-être déjà sur Terre.
- Le roi Callum est-il au courant de ce qu'il se passe ?
- Non, il l'ignore. Comme tu le sais, il ne croit pas en la Grande Prophétie et est complètement sous l'emprise maléfique d'Umbraël...
Jack serra les poings, de frustration et d'inquiétude mêlées.
- Tu as raison... Il est sous l'influence de ce démon et est persuadé qu'Umbraël est véritablement de son sang. Étant donné qu'il est en voyage au Royaume Doré avec la princesse Stella, j'imagine qu'il ne sait pas ce qui se passe à Etheria en ce moment même...
- Non, malheureusement. Le roi ne se rend même pas compte du plan d'Umbraël, et c'est justement pour cela que nous devons avertir les Gardiennes de la Quête et de la prophétie. La survie d'Etheria dépendent d'elles, ainsi que l'avenir de la descendance d'Éther.
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