|4| Jasmine
Jasmine dévala les escaliers à toute vitesse. Elle allait être en retard. Elle attacha ses longs cheveux bruns encore mouillé à cause des ablutions qu'elle avait faite pour la prière de Fajr en une queue de cheval et descendit à la salle à manger.
— Salam Aleykoum, Jasmine ! Crièrent ses petits cousins, Marwa et Malek, quand elle arriva dans la cuisine.
— Aleykoum Salam, Répondit la jeune fille de dix-sept ans en leur souriant timidement.
— Tu vas être en retard ! Lui fit remarquer sa cousine Marwa, en croquant dans sa tartine.
Jasmine embrassa la joue de sa cousine de douze-ans et ébouriffa les cheveux de Malek, le garçon âgé de dix ans rit. Ils étaient tout les deux habillés pour l'école, ne manquait plus qu'on les y emmène.
— Je sais... je sais, Marwa. T'inquiètes pas, je prendrais le bus pour y arriver plus vite, d'après les horaires il arrive dans dix minutes.
Elle prit une gorgée d'un verre de thé à la menthe qu'elle trouva sur la table et le but d'une traite.
Il était dégoûtant, ce n'était définitivement pas sa tante Aïcha qui l'avait fait.
— C'était mon verre ! S'exclama une voix en colère en entrant dans la salle à manger. Je l'ai pas fait pour toi !
Jasmine soupira, c'était sa cousine, Selma. La brune aux cheveux bouclés lui lança un regard noir en s'asseyant à table. Elle était encore en pyjama, au grand étonnement de Jasmine, les deux cousines avaient le même âge, et Selma avait elle aussi un stage à faire.
— Et toi Marwa, combien de fois va falloir te le dire ?Arrête de lui parler ! Déclara Selma en direction de sa petite sœur.
Marwa baissa les yeux, lançant un regard désolé en direction de Jasmine qui se contenta de lui donner un petit sourire réconfortant.
Ce n'était pas grave. Elle était habituée à la méchanceté de Selma.
— Ou sont Tante Aïcha et oncle Zyed ?
Malek voulut répondre mais Selma lui fit signe de se taire.
— Ils sont allés à la mairie. Répondit froidement Selma. Tu sais, pour les papiers concernant l'adoption...
Jasmine sourit à pleine dent. Enfin une bonne nouvelle ! Elle n'avait pas encore dix-huit ans et ne voulait pas finir en foyer ou dans une famille d'accueil.
— Ne sourit pas comme ça, idiote. Dit Selma en la fuisillant du regard. Mes parents ne t'adoptent pas pour le plaisir, mais parce que grand-mère Inaya les y a obliger...Si ça ne tenait qu'à eux, ils n'adopteraient jamais l'enfant d'une fornicatrice et d'une lâche. Tu devrais avoir honte de ta mère, W'Allah.
Aïe. Ça faisait mal.
Jasmine ne dit rien, elle détestait lorsque Selma mentionnait sa mère, surtout si c'était pour l'insulter. Mais malheureusement, elle ne pouvait rien faire contre elle.
— N'utilises pas le nom de Dieu quand c'est pour dire ce genre de chose, Selma. Dit une voix en entrant dans la cuisine.
Jasmine leva les yeux et vit que c'était son cousin Abdel, le jeune homme âgé de dix neuf ans était l'aînée de la fatrie Samidi. Selma lui lança un regard noir et se resservit du thé à la menthe. Abdel lui donna une petite tape sur la tête faisant rire Malek et Marwa et il s'assit à table.
— Tu vas pas à ton stage ? Demanda t-il à Selma, qui pianotait sur son téléphone.
Selma parut agacé mais répondit tout de même :
— Si, j'y vais. J'accompagne ces deux là à l'école et j'irais rejoindre Lina et Mathilde, on fait notre stage dans la nouvelle boutique de vêtements qui vient d'ouvrir, ça va être trop bien.
— Sah ? Combien de fois on t'a dit de pas traîner avec ces deux là ? Ce sont des meufs à problèmes, tu vas finir dans leurs histoires tu vas pas comprendre. Je te jure que si j'entends que t'es dans toutes ces histoires avec des gars comme elles, W'Allah que je te...
— C'est bon, c'est bon. L'interrompit Selma. J'ai compris, pour qui est-ce-que tu me prends ?
— À ton avis ? j'ai aucune envie que tu deviennes comme tante Soraya...Ah, pardon Jasmine.
Jasmine ne dit rien, elle n'était pas très proche de son cousin, mais il avait toujours été gentil avec elle, visiblement il pensait comme Selma et le reste de leur famille : Elle était une honte, le fruit d'un péché entre sa mère et un inconnu qui l'ont ensuite abandonnée.
Elle voulait pleurer, mais non. Voir le visage de Selma se tordre en un sourire narquois suite à la gaffe de son frère, l'en empêcha. Ils ne méritaient pas qu'elle pleure pour eux.
— J'y vais. S'entend-elle dire en mettant rapidement ses chaussures.
— Pourquoi tu demandes pas à Jasmine où et avec qui elle fait son stage. Demanda Selma en souriant en se tournant vers son grand frère.
Jasmine la fusilla du regard, au vu de son sourire, elle connaissait déjà la réponse.
Ou faisait elle son stage ? À la bibliothèque, pas très amusant, c'est certain... Ç'était une idée de son prof d'histoire Mr Oraculum, qui lui avait proposé, étant donné que tout les endroits à qui elle avait demander l'avait refusée...
Et avec qui ? Elle ne savait pas, elle n'avait pas vraiment d'ami excepté Liam, un intello de sa classe avec qui elle avait sympathisé, c'était un vrai rat de bibliothèque, plutôt gentil et assez timide. Lui, allait faire son stage au cabinet d'avocat de son père.
Contrairement à elle il ne serait pas enfermé dans la bibliothèque municipale avec leur professeur d'histoire.
— Il en a de la chance... Souffla t'elle.
— Qui ça ? Demanda Malek en se tournant vers elle.
— Hein... euh, rien..je pensais à voix haute.
— "Il" en a de la chance ? Fit remarquer Selma. Tu vois Abdel, c'est pas de moi que tu devrais surveiller mais elle... après tout comme on dit : Tel mère, tel fille...
Jasmine aurait voulut lui sauter dessus, la frapper, l'insulter, mais ça ne servirait à rien.
Abdel se contenta de la dévisager puis se leva, sortant de la pièce après que son téléphone se soit mit à sonner.
Le regard de Jasmine dévia vers la petite plante qui se trouvait derrière Selma, reposant sur le comptoir. Elle la fixa, la plante ne bougea pas. Elle n'était pas très grande, ce n'était qu'une petite plante décoratif, elle aurait peut-être des fleurs à cet instant si l'on s'occupait bien d'elle.
Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle leva doucement la main, et tenta de fair pousser la plante.
Rien ne se passa.
Biensur....à quoi est-ce-que je pensais...Pensa t'elle en détournant le regard de la plante.
Elle se sentit bête, à cause du rêve qu'elle avait fait, elle s'était imaginée qu'elle avait des pouvoirs. Ridicule. Ce renard disait vraiment n'importe quoi.
Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place et osa reposer son regard de nouveau en direction de la plante.
Jasmine ne vit aucune différence mais ce qu'elle n'avait pas remarquer, c'était que la plante avait poussé. De quelques centimètres oui, mais ça avait poussé.
— Bon, j'y vais. Dit-elle en prenant son sac. À ce soir.
Ses petits cousins là saluèrent. Et Selma se contenta de lui dire sarcastiquement :
— Ouais, ouais, c'est ça. Va t'en.
Jasmine leva les yeux au ciel en fermant la porte derrière elle.
⊱ ────── ⋆ ❖ ⋆ ────── ⊰
Jasmine entra dans le bus et mit ses écouteurs.
Elle regarda par la fenêtre en repensant à ce qu'il s'était passé.
Elle était heureuse de savoir que sa tante et son oncle l'adopterait, mais savoir qu'ils y étaient forcés étaient plutôt insultant.
Personne ne voulait d'elle, et ce à cause de sa mère...
Soraya.
C'était le nom de la femme qui lui avait donné la vie.
Elle ne l'avait jamais rencontrée, elle ne savait même pas à quoi ressemblait sa mère. Après que celle-ci l'ait abandonné à ses grands parents, Jasmine avait vécu avec eux. Sa mère n'était pas mariée, du moins pas à leur connaissance, Jasmine était donc considérée comme une enfant hors mariage et sa famille ne s'est jamais caché pour la juger pour cela.
Après la mort de son grand-père il y a quelques moi, sa grand-mère Inaya l'a confia à sa fille aînée, Aïcha. Tante Aïcha était mariée, avec quatre enfants,et une bonne situaton, elle était la fierté de la famille, tout le contraire de sa petite sœur Soraya qui était devenue synonyme de honte, de lâcheté et de fornication dans leur famille.
Tante Aïcha et son mari Zyed était gentils avec Jasmine, mais elle savait qu'ils avaient pitié d'elle, qu'ils avaient honte aussi d'avoir été désigné pour la garder. Elle était un fardeau pour eux.
« Selma est peut-être mauvaise, mais au moins, elle n'est pas hypocrite elle... »
Sa cousine la détestait, pour une raison qu'elle ignorait.
Jasmine avait l'impression qu'ils savaient tous quelque chose sur elle qu'elle ignorait elle même.
C'était franchement déroutant.
Elle regarda son reflet dans la vitre du bus. De longs cheveux bruns et une peau naturellement bronzé, elle tenait cela de sa mère d'après ce que lui avait dit sa tante un jour. Mais la seule chose qui la différenciant des autre membres de sa famille était ses yeux verts, eux les avait tous marrons.
Peut-être les tenait elle de son père. Elle ne savait pas qui il était, ni même à quoi il ressemblait, tout ce qu'elle savait était son nom : GreenWood. C'était ce qui était écrit dans la couverture dans laquelle ses grands-parents la trouvèrent lorsque sa mère l'avait abandonné :
"Jasmine GreenWood"
Elle se demandait souvent dans le passé pourquoi ils l'avaient abandonnée, mais désormais, elle s'en fichait, la curiosité avait laissé place à la colère. Tout ce qu'elle espérait est que si un jour elle venait à les rencontrer, leur explication serait valable.
Le bus s'arrêta, et elle descendit à son arrêt. Juste devant la bibliothèque.
En s'approchant elle fut surprise de voir trois jeunes filles attendant devant le batiment.
L'une portait un voile noir, un pull blanc oversize, une jupe longue de la même couleur que son voile et des baskets blanches. Elle était noire et son teint était plutôt clair, ses yeux étaient d'un marron très foncés.
Jasmine la reconnut, comment étant Assyra. Une fille très appréciée dans sa classe et dans le lycée, elles étaient assise à côté en histoire et Jasmine l'appréciait beaucoup, Assyra était la déléguée de sa classe et l'avait intégrée dans la classe lorsque celle-ci y fut transférée. Elle était très gentille avec une personnalité assez...original.
Assyra était en pleine conversation avec une fille aux cheveux châtains clairs ondulés attaché en queue de cheval, elle avait des yeux bleus océan et elle portait un tee-shirt blanc, une veste en jean bleu clair et un short de la même couleur. Elle portait aussi des baskets blanches et un sac à dos bleu sur son dos.
C'était Nayla, la capitaine de l'équipe de natation, c'était aussi la meilleure amie d'Assyra et ce, depuis le collège d'après ce qu'avait entendu Jasmine.
Jasmine s'avança vers elle et vit une fille sur le côté, à l'écart. Elle avait de longs cheveux blonds lâché, un bandeau noir, des yeux gris et portait une chemise blanche, une jupe noire, un collant de la même couleur et des bottines toutes aussi foncés.
C'était Céleste, elle aussi une fille de sa classe, Jasmine ne lui avait jamais vraiment parler, celle-ci étant de nature discrète et réservé, préférant rester à l'écart plutôt que de se mélanger aux autres.
— Ah, Jasmine ! S'exclama Assyra en courant vers elle.
Elle était très excitée, comme à son habitude. Nayla était sur ses pas, souriant à Jasmine. Céleste arriva elle aussi, souriant timidement.
— Toi aussi tu fais ton stage ici ? Demanda la voilée. Il y'a qui d'autres ? Tu le sais ?
— Je... je sais pas, répondit Jasmine. Je pensais que je le ferais seule mon stage, en fait.
— Laisse moi deviner, c'est le professeur Oraculum qui t'a proposé de le faire ici ? Demanda Nayla en haussant les sourcils, un petit sourire se formant sur son visage.
— Oui ! Avoua Jasmine, surprise. Comment tu le sais ?
— Faut croire que le professeur Oraculum avait tout prévu... Souffla Céleste.
— Je suis sûre qu'il nous a prit toutes les quatre exprès parce qu'il savait qu'on allait pas refuser...si ça se trouve il compte nous faire faire tout le sale boulot ! Genre... ranger les livres par ordre croissant ou nettoyer la bibliothèque de fond en comble ou encore...
— Euh... je ne suis pas sûre que Mr Oraculum ferait ça, fit remarquer Céleste.
Assyra s'arrêta, réfléchit quelques secondes et acquiesça.
— Oui, t'as raison, ça serait très surprenant de la part du professeur Oraculum, de faire ça.
— Qu'est-ce qui serait serait surprenant de ma part ? Retentit une voix juste derrière elle.
Prise par surprise, Assyra sursauta et se retourna brusquement. Elle cria de surprise et fusilla le Professeur Oraculum du regard.
C'était un homme d'environ une trentaine d'années, il avait la peau pâle, des cheveux aussi brun que sa barbe et des yeux couleur hazel. Il avait un regard doux et les regardait en souriant. Il avait toujours ce regard quand il les regardait toutes les quatres dans son cours. C'était un très bon professeur d'histoire et ses cours étaient tout aussi fascinant que lui, c'était un homme drôle, avec une personnalité plutôt enfantine, et il était parfois assez agaçant mais ça n'empêchait pas ses élevés de l'apprécier pour sa bizzarerie.
Céleste, Nayla et Jasmine rirent toutes les trois doucement alors qu'Assyra grondait le professeur :
— Non mais ça va pas ! Lui cria t'elle. J'ai failli faire une crise cardiaque ! Vous êtes pas bien ou quoi ?
Le professeur se mit à rire nerveusement alors qu'elle s'avançait prête à en découdre.
— Vous n'avez pas compris la leçon ? Dois-je vous rappeler que c'est à cause de vous que Mme Smith a une jambe dans le plâtre !
Céleste, Nayla et Jasmine se tournèrent vers le professeur. De quoi parlait Assyea ?
— Assyra, de quoi tu parles ? Demanda Nayla, en dévisageant le professeur qui avait envie de disparaître.
— Ah oui, j'ai complètement oublié de te le dire... En gros, J'étais partie rendre un livre à la bibliothèque quand j'ai vu... ce cher professeur Oraculum ici présent, effrayer la pauvre Mme Smith alors qu'elle rangeait les livres du haut de la bibliothèque. Et devine quoi, non seulement il ne s'est pas excusé mais en plus il a pousser l'échelle sur laquelle elle était. Expliqua Assyra.
— Non... c'est pas vrai, il a pas fait ca... Murmura Nayla.
— Et si, Affirma Assyra. À votre avis ? Pourquoi c'est lui qui la remplace et pas quelqu'un de plus expérimenté ?
Elle termina sa phrase en lançant un regard accusateur au Professeur qui rougit, gêné.
Les trois filles regardèrent le professeur bouche bée alors qu'Assyra souriait narquoisement. C'était donc à cause de lui que la pauvre Mme Smith était en convalescence ?
— Alors là... j'arrive pas à y croire souffla Jasmine, en regardant le professeur choquée.
— Mais c'est horrible ce que vous avez fait ! S'exclama Céleste. La pauvre !
— Pour ma défense, je n'ai pas fait exprès de pousser l'échelle ! elle est tomber toute seule.
— Mais oui, c'est ça. Dit Assyra en levant les yeux au ciel. On vous croit. Vous avez de la chance que Mme Smith soit si gentille, à sa place je vous aurai dénoncé aux flics pour tentative de meurtre !
— Tu exagères Assyra... et puis j'ai glisser ! Ce n'est pas de ma faute si cette vieille mégère n'a pas d'équilibre !
— Professeur Oraculum ! S'exclama Céleste, outrée. Vous devriez avoir honte !
— C'est fou, vous ne culpabiliser même pas ! Renchérit Jasmine.
— C'est clair, Termina Nayla, indignée. Cest honteux !
— Oui... bon, ça va hein ! Marmonna le professeur en détournant le regard. C'est bientôt l'heure de l'ouverture ! Allez, suivez moi, nous... nous reparlerons de ça dans... et bien pas maintenant !
Il s'empressa de saisir les clefs de la bibliothèque de sa poche et de l'ouvrir, ouvrant grand la porte principale de la bibliothèque et y pénétra rapidment.
— Je rêve ou il a.... Commença Jasmine, la bouche ouverte.
— Fui ? Termina Assyra. Oui, il l'a fait.
Elle éclata ensuite de rire par la suite avant de se mettre à courir vers la bibliothèque, rapidement suivit par les autres.
Leur stage allait enfin commencer !
Si elle savait ce qui les attendait...
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