9. Questionnements
Je me réveille avec un énorme mal de crâne. Quand j'étais petite, je croyais que quelqu'un frappait ma tête avec un marteau. Je souris en repensant à ces vieux souvenirs. Ma vie me semble si dénuée de sens à l'heure actuelle. Sauf qu'en plus de mon mal de tête, mon bras me lance toujours. Je regarde de plus près et remarque qu'un bandage est enroulé sur de la blessure. Je ne sais pas si la balle a été enlevée ou si elle est toujours à l'intérieur. Je grimace à cette seule pensée.
Au moins j'ai moins mal qu'avant, me réconforté-je.
Je ferme un instant les yeux pour me rappeler ce qu'il s'est passé avant ma chute. Les images delà course-poursuite me reviennent en mémoire. Le me lève brusquement. Où suis-je ?
Je regarde rapidement autour de moi. Je suis assise sur un lit de fortune. Plusieurs meubles sont soudés au sol pour les éviter de bouger. Qui m'a kidnappé ?
Ce qu'il se passe n'a aucun sens. Si j'ai été capturé par les hommes de l'armée, je dois déjà être morte. Alors pourquoi suis-je ici ? Et je suis où d'ailleurs ?
Je me lève discrètement. Si mes kidnapper ne sont pas encore au courant de mon réveil, je ne tiens pas à les prévenir. Une fois debout, une étrange sensation s'empare de moi. Le sol tremble légèrement, je m'approche doucement de la porte et regarde à travers le hublot. Il n'y a personne.
Je pose la main sur la poignée et, étrangement, elle s'ouvre sans opposé de résistance. Une fois sortie de la pièce, je comprends la sensation de malaise que j'avais en me réveillant. Je suis dans un avion !
Enfin un avion, plutôt un jet privé.
Mais piloté par qui ? Je porte instinctivement la main à mon épée mais je ne suis plus armée. J'ai dû la perdre quand je suis tombé avant d'arriver en ville. Je vais devoir me débrouiller sans arme. J'avance discrètement vers le cockpit. Avant d'y entrer, je m'approche d'un hublot. Une mer de nuages s'étend à perte de vue devant moi. Je me demande vers où je vais, mais surtout qui m'emmène. Il n'y a aucun garde de l'armée alors je me demande qui pourrait piloter cet avion.
Au lieu de me poser plus de questions, j'inspire profondément et ouvre la porte. Au commande du jet, une silhouette féminine qui ne me dit rien. Je peux voir ses longs cheveux noirs dépasser à l'arrière du casque de pilote posé sur ses oreilles.
Je m'approche d'avantage. Sauf qu'une voix s'élevant du cockpit me fait m'arrêter net.
- Alors bien dormi ?, demande la voix.
Je grimace à l'évocation de cette phrase qui me rappelle trop Coal. Sauf qu'en attendant, je n'ai toujours aucune idée de qui c'est.
La femme mystérieuse tapote le siège à côté d'elle et je vais m'asseoir.
- Alors comme ça tu vas en Chine ?, sa voix est calme et posée.
Je bât deux fois des cils avant de réagir. Comment sait-elle que je vais en Chine ?
- Comment le sais-tu ? Et surtout qui est tu ?
Je laisse tomber le vouvoiement, je suis bien trop inquiète pour être polie.
La femme se tourne vers moi et nos regards se croisent. Elle a de magnifiques yeux bruns noirs tellement foncés que j'ai du mal à y distingués ses pupilles. Sa peau bronzée souligne des lèvres beige pulpeuse et un menton légèrement carré. Enfin son nez droit lui donne une beauté naturelle et une autorité discrète.
- Une chose à la fois veux-tu ? C'est ton petit copain qui t'a confié à moi. Il se trouve qu'on se connait depuis un petit moment et que j'avais une dette envers lui. Sauf qu'avec ton look, elle fronce légèrement son nez en signe de dégoût, j'ai clairement flairé l'embrouille. Mais bon, il m'a offert quelque chose que je ne pouvais pas refuser.
- Un bon paquet d'argent j'imagine ?
Un sourire satisfait vient illuminer son visage. Cependant ses yeux restent froids.
- Exactement. C'est pour cette raison que tu es actuellement ici.
Je ne peux penser qu'à une seule chose. Coal est en vie ! Et c'est lui qui m'a sauvé. Je comprends mieux pourquoi je ne suis pas morte ou quelque part dans un cachot à la merci d'Isildor.
- Ou est-il ?
Je la fixe en espérant trouver une réponse satisfaisante sur son visage.
- Il est resté là-bas, répond-t-elle laconiquement. Cependant il m'a dit qu'il te rejoindrait bientôt.
Je bouge ma tête de haut en bas. J'ai toujours autant de questions mais je ne suis pas sûre que ma mystérieuse interlocutrice à la patience d'y répondre. Surtout qu'elle est en train de piloter un avion.
- Si tu veux te changer, j'ai un sac rempli de vêtements dans la chambre. Prends ce que tu veux.
Je la remercie et quitte le cockpit en direction de la chambre. Je récupère le sac traînant sous le lit. Après plusieurs minutes de recherche, mon choix se porte sur un jean et un petit pull orange avec de petites étoiles. Je garde mes rangers abîmées car il n'y a pas de chaussures à ma taille dans son sac.
Comme je n'ai rien d'autre à faire je décide d'aller m'asseoir sur un siège et de regarder le paysage. Malheureusement pour moi, les questions que j'essaie de repousser depuis mon réveil reviennent subitement.
C'est Coal qui m'a emmené ici ? Pourquoi n'est-il pas venu avec moi ?
Toujours plus de questions mais aussi peu de réponses. Sauf que quand une question me quitte enfin une autre revient vers moi avec plus de force que la dernière. C'est un cercle sans réponse, c'est un mur de questionnements qui monte jusqu'au ciel. Je les vois toutes, peintes noir sur blanc, toutes les questions qui m'entourent et m'oppressent toujours d'avantage.
De fil en aiguille, je finis par me demander comment Coal a pu survivre aux deux attaques des traîtres de l'armée. Moi aussi, je me demande comment j'ai survécu...
Depuis toujours je ne me considère pas comme une battante ni comme une survivante. Je ne suis pas spécialement courageuse ni entêté, je suis juste... moi. Je ne sais pas si j'ai survécu grâce à moi ou grâce à ceux qui m'ont protégés. Par contre je sais que si je suis la maintenant, c'est surtout grâce à l'entraînement de Coal.
Je soupire. Déjà que je n'étais pas très heureuse d'être là nouvelle Gardienne Immortelle, la tournure qu'à prit les évènements me plaît encore moins. Il vrai que j'ai finis par m'habituer à la nouvelle vie mais...
Je soupire de nouveau. J'ai toujours espérer que je ferai quelque chose d'important dans ma vie. Pas sauvé le monde ni devenir présidente mais aider les gens au moins un minimum. Aider les pauvres et les démunis sans rien prétendre. Le faire juste pour le sentiment d'aider. Pas le sentiment de reconnaissance que certaines personnes cherchent en aidant les autres. Une façon pour eux de se rendre intéressant en profitant de la misère d'autris je suppose. Pour moi, aider les gens est déjà quelque chose de grand. Sauf que j'ai été projeté sur le devant de la scène sans le vouloir. Traquée par une armée commandé par une vielle femme et maintenant un vieux fou. Une sorte de jeu de la mort.
Je commence à croire que le monde entier me déteste.
Je dois tuer Isildor sinon c'est lui qui me tuera. Sauf si je me cache et ne fais pas de vague jusqu'à ma mort, Tao le fait bien.
Sauf que la réalité me frappe en pleine tête. JE SUIS IMMORTELLE, le temps n'a plus d'emprise sur moi depuis que j'ai passé les portes du Palais du Crépuscule. La seule façon pour moi de mourir serai de... Brrr
Mais après tout, pourquoi le tuer ? Que fera-t-il s'il accède au pouvoir ? Asservir le monde ? Sûrement pas, son armée n'est pas assez nombreuse pour vaincre une alliance de tous les pays du globe. Alors quoi ?
Je n'en sais rien, mais la seule chose que je sais c'est que toute la planète va commencer à se poser des questions à propos de Sirielle. Sa mort ne passera pas inaperçu. Et ma disparition non plus...
Ne pas faire de vague jusqu'à ma mort... Sauf que je ne suis pas comme Tao ni comme Sirielle ni comme aucune autre Gardienne. Quand j'ai vu Sirielle et quand j'ai vu Alinore dans mon souvenir, elles me semblaient tellement sur d'elles, capable de tout affronter et surtout elles semblaient tellement invincible... Sauf que je ne suis pas comme ça... Je ne le saurai jamais. Je ne reste pas droite ni digne devant la mort. Je suis terrifié et ne sais pas quoi faire. Je m'accroche aux quelques consignes de Tao pour ne pas perdre le nord. J'ai fait de la recherche des souvenirs mon premier objectif, mon point d'ancrage pour ne pas me perdre.
Quand votre seul objectif qui vous retient à la réalité vous a été donné par un homme à qui vous avez parlé seulement cinquante minutes et dont vous ignoriez totalement l'existence avant ce moment fatidique, le suivrez-vous ?
J'ai fais ce choix. Et je ne peux plus revenir en arrière mais peu importe. Je n'ai pas envie de regretter, pas avec tous ce qu'il m'arrive. Les souvenirs sont mes seuls objectifs, alors je tâcherai de ne pas les perdrent de vue.
Puisque je n'ai plus envie de ressasser mes choix et mes pensées moroses, je décide de lire le journal de Tao. Je prends une page au hasard et commence à lire.
Dimanche 13 juillet 1789.
Je regarde Paris à feu et à sang. La révolution bat son plein et l'inactivité de Sirielle également. Le roi ne tardera pas à mourir. Je dois avouer que je n'ai pas envie de m'attarder plus ici. Le pays des droits de l'homme. Un léger sourire s'étend sur mon visage. La Révolution ! Un des passages les plus importants de l'histoire de France. Mais tout cela me semble bien faible par rapport à ce que j'ai déjà vécu. Demain, la Bastille sera prise et les dernière alliés du roi en France choisiront leur camps quand la garde royale descendra aider les révolutionnaires à la prise de la Bastille.
Devant mes yeux, l'avenir de la France est toute tracé. Napoléon, Waterloo et bien d'autres lieux et dirigeants.
Le futur n'a aucun secret pour moi. Depuis toujours je sais décrypter l'avenir. J'ai vu le monde changer. En bien ou en mal ? Qui suis-je pour juger ? J'ai vu des guerres, des périodes de paix, des alliances et des dictateurs renversés par leurs peuples. Ainsi va le monde. Certains diront que tout empire à chaque décennie. Mais à chaque époques ses problèmes. Je pense que j'ai vécu assez longtemps pour être sûr de cela.
La prise de la Bastille. Une date s'impose automatiquement dans mon esprit. Le 14 juillet 1789. Je trouve ses réflexions sur le futur particulièrement intéressant. Il est vrai que je n'ai pas son recul ni sa sagesse mais ce qu'il dit est la fois terriblement juste et triste. Suis-je condamné à vivre des guerres et des dictatures dans ma désormais longue vie ?
Je lis encore quelques pages mais la fatigue me rattrape d'un coup, je suis terriblement fatiguée. Je m'endors le journal posée sur mes genoux.
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