5. Le village d'Amilys

Un bruit me réveille, l'eau dans une casserole boue à quelques mètres de moi. La chaleur ambiante me fait du bien. J'entends un feu crépiter. Je suis bien, mal tête me fait toujours mal mais ce n'est pas grand-chose comparé à hier.

Hier ? Est-ce que c'était hier ?

Plus sereine du tout, j'ouvre les yeux. Quand je bouge mon cou pour pouvoir voir où je suis une horriblement douleur me fait fermer les yeux. Je respire doucement pour ne pas crier.

Je dois être forte.

Je rouvre les yeux et essaie d'ignorer la douleur. Je suis allongée sur un semblant de matelas, une couverture tricotée me couvre. Je me redresse sur les coudes pour observer les lieux. Il n'y a personne... Une délicieuse odeur de soupe à la carotte me fait sourire. L'intérieur de la grotte est très rustique. Des chaises en et une table en bois brute. Dans un coin je peux voir une étagère où se côtoient livres et herbes médicinales dans de minuscules bocaux en verre. Au milieu de la grotte se trouve un grand chaudron d'où provient l'odeur de la soupe. L'entrée est masquée par trois grands tissus. La seule source de lumière provient du feu.

Quand je pose mes pieds sur le sol et une douleur  vive irradie immédiatement mon mollet. Je retiens avec peine un hurlement. Puis soudain une question me vient. Suis-je dans la bonne grotte ?

En un rien de temps la panique monte comme une flèche.

Si j'avais été capturée ? Je suis sûrement en danger...

J'essaie de me lever mais la douleur est tellement violente que je dois à nouveau m'asseoir. J'attends quelques secondes que ma vue se stabilise et j'essaie de me relever. Il faut que j'arrive à me mettre debout si je veux pouvoir m'échapper d'ici.

Après une dizaine de minutes d'essais infructueux je réussie finalement à me lever. J'avance de quelque pas mais je sens mes jambes trembler. Je m'agrippe à une des chaises de la grotte pour que je puisse tenir debout. Je me sers de cette chaise comme d'un déambulateur pour marcher jusqu'à l'entrée de la grotte. A chaque pas ma jambe me tire et mon épaule me brûle.

Quand j'arrive à l'entrée je suis épuisée, je n'ai jamais autant souffert. J'écarte doucement les rideaux de la grotte. Ils sont doux et épais. Je mets quelques secondes à m'habituer à la vive lumière de jour. Je suis toujours dans la forêt près du palais, je reconnais la forme de leurs troncs. Ce village est constitué de grottes et de quelques petites maisons en bois camouflés pas le feuillage des arbres.

Des hommes et des femmes quittent le village, armés de fusils et d'arcs tandis que certains reviennent avec des proies chassées.

J'entends un morceau de bois craqué tout près de moi, je fais volte-face du mieux que je peux avec ma jambe et mon épaule. Un homme dans la quarantaine se tient à la roche à quelques mètres de moi. Ses cheveux noirs sont sales de terre et de de poussière. Sa peau tannée par le soleil reflète la dure vie qu'il doit mener. Je peux voir sur ses mains et ses avant-bras des cicatrices des plus vielles au plus récente. Malgré son apparence pas très attrayante son sourire est chaleureux et je me sens tout de suite en confiance avec lui.

Il se présente rapidement. Sar, c'est son nom, est un des meilleurs chasseurs d'Amilys, son village. Il habite dans une des grottes les plus haute grâce à ses talents de chasseur et de conseillé. C'est également lui qui m'a trouvée il y a trois jours. J'ai vraiment dormi 3 jours. Il me montre ensuite le chemin pour descendre sans danger vers le sol.

Une fois arrivés en bas nous marchons, je boite plutôt, vers le centre du village. Des hommes des femmes et des enfants préparent un grand repas commun. Sar m'explique qu'ici c'est la tradition que toutes les personnes du village viennent aider et ensuite manger le repas tous ensemble. Je crois que j'apprécie de plus en plus ce village. Je m'assois sur un des bûches qui sert de banc. Une petite fille vient me donner un panier de pommes de terre à épluché. Je vois à ses yeux marrons qu'elle se pose beaucoup de questions sur moi. Je lui souris pour la mettre en confiance, elle recule et part vers sa mère.

Je n'ai jamais été très douée avec les enfants...

J'épluche doucement les pommes de terre tout en écoutant les récits des adultes. Ils ne parlent que de l'attaque du palais.

Ils ont découvert les ruines du palais brûlés et détruit. Personnellement je n'ai aucun doute sur l'identité des vainqueurs... Ils parlent des morts qu'ils ont trouvés un peu partout, certains étaient encore en vie.

Quand je leur demande s'ils les ont aidés, ils me rient au nez.

- Jane, me dit Sar doucement, jamais de notre vie nous aiderons l'Armée Immortelle.

- Ils n'ont vraiment pas besoins d'aide, ils se sont battus les uns contre les autres, crache un des hommes du groupe.

Ils ont laissé mourir les survivants ? Un seul mot me vient :

- Pourquoi ?

Sar soupire longuement.

- Quand Sirielle remplaça Alinore, après la mort de cette dernière, elle jura qu'elle vengerait Alinore de l'affront que son armée lui avait fait. Elle envoya les hauts gradés de l'armée dans des camps en Sibérie et au Groenland. Oui au Groenland, me dit-il en voyant mon expression étonnée, ne doute jamais de l'influence que doit avoir une Gardienne partout dans le monde. Bref, Sirielle à envoyer certains de ses hommes en exils et a décidée de punir mon village...

Son village ? Qui punit un village ? Je regarde autour de moi, les visages des villageois sont tous tournés vers le sol. Je ne sais pas ce qu'ils ont vécus mais je ne crois pas que ce soit bien joyeux.

- Quel est le rapport avec ton village ?
Sar me fait un geste de la main pour me faire taire.

- Notre village a toujours été dans les environs du palais. Nous aidions les domestiques à subvenir aux besoins de la Gardienne et de son armée. Nous avons chassé pour elles durant des siècles. Seulement, la nourriture devint plus rare et nous devions allez toujours plus loin pour en trouver. Quand nous sommes allés voir Alinore pour lui faire part du problème elle n'a pas été d'accord pour nous fournir de la nourriture. Nous devions nous démener pour nourrir tout un palais notre village en plus.

Sar respire longuement, quand il reprend son récit, il a ses sanglots dans la voix. Je l'écoute, pendue à ses lèvres, je veux savoir la suite.

- Nous devions partir chassés à des kilomètres. Sauf que certains de nos chasseurs partaient mais ne revenaient plus. Certains mourraient de faim en chemins ou étaient attaqués par des ours ou pire. Notre village connut une famine sans précédent. Mais Alinore s'en fichait, elle voulait toujours plus de nourriture. Sar fit une courte pause.
> Finalement, un jour, des soldats virent au village nous proposé une vengeance. Ils nous parlèrent des kilos de nourriture enfouis sous le palais, de quoi nourrir notre village tout entier durant des semaines. Ils nous firent part aussi de leur projet d'attaque, Isildor, leur chef nous donna à nos ancêtres les dates exactes de l'attaque. Ils nous attendaient pour le combat. Nous avons réfléchi jours et nuits jusqu'à l'attaque. Finalement une dizaine de nos guerriers partirent. Ils revinrent le lendemain avec de la nourriture et une promesse qui nous délivra. Alinore était morte.
> Quand Sirielle la remplaça elle attaqua notre village et ordonna aux survivants de lui emmener une fille et un garçon chaque année pour qu'ils fassent parti de son armée. Une nouvelle vengeance mûrissait de notre côté mais il n'y avait plus aucun espoir. Sans le soutien de l'armée, nous ne pouvions pas attaquer un palais. Cela fait plus de cinq cents ans que nous attendions cette vengeance.

Le silence s'installe. D'une toute petite voix je pose la question qui me nargue depuis un moment.

- Sirielle est morte ?

- Sans aucun doute.

Je fais mon possible pour ne pas paraître triste ou choquée. Ces hommes et des femmes sont heureux de la mort de Sirielle, si je veux survivre il ne faut pas que je leur raconte ma vie... Sar à du remarqué mon expression.

- Je sais que ça doit faire un choc pour toi, mais une terre sans Immortelle est une terre libre, enfin presque. L'armée cherche toujours la future Immortelle pour en finir.

- Ils vont la tuer ?

- Oui.

Je respire du mieux que je peux, je n'ai jamais autant paniqué. Comment faire ? Je suis au milieu de personnes qui cherchent ma mort.

- Dit-moi Jane, que faisait tu au palais ?

La question qui fait mal.

Je déglutie le plus discrètement possible et essaie d'avoir l'air naturelle qu'à sur réponds :

- J'étais apprentie de l'armée.

Tous les villageois me regardent avec suspicion, je me sens très mal. Peut-être ont-ils remarqué que je mens ?

- Sar !

Une voix retenti de l'autre côté des buissons qui entourent Amilys. Heureusement pour moi tous les villageois se tournent pour découvrir ce qu'il se passe.

Sauvée...

Finalement deux grands baraqués portent un homme aux cheveux brun emmêlé de sang et de poussière. Il a l'air tout aussi musclé que les deux autres mais a l'air trop sonné ou trop blessé pour bouger. Il porte la tenue des soldats de l'Armée Immortelle.

- Qui est-ce ? Demande Sar pour tout le monde.

Les deux hommes soulèvent la tête du soldat, mon cœur se serre.

Coal...

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