23. Le récit de Dalila
- Dalila ?
Elle m'attrape par le poignet et me met debout.
- Tout va bien ? me demande-t-elle en m'inspectant. Il faut que nous allions rejoindre Noah.
Je suis trop sonnée pour répondre quelque chose. Je me contente de hocher la tête et de la suivre le long du chemin. Je me retourne pour observer Isildor, couché face contre terre, assommé. Du moins, je l'espère. Je ne tiens mon salut qu'à ma nouvelle magie et l'intervention de Dalila.
Je regarde mes mains avec inquiétude, ma nouvelle capacité n'augure rien de bon. Et si je ne pouvais plus jamais toucher personne ?
- Tu sais où se trouve Noah ? demandé-je à Dalila.
Cette dernière hausse les épaules et sourit.
- Il suffit de suivre les traces de combats.
Subitement, Dalila se met à courir et je la suis du mieux que je peux avec ma jambe. Des corps gisent un peu partout sur le chemin. J'ignore s'ils sont morts où juste assommé, et je ne tiens pas à le savoir.
Nous trouvons Noah, debout au milieu d'un cercle de soldats au sol. Je soupir de soulagement avant de courir le rejoindre. Dalila est plus rapide que moi et s'arrête à quelques centimètres de Noah. Ce dernier n'en croit pas ses yeux.
- C'est vraiment toi ?
Dalila à un sourire taquin.
- Absolument.
Je me détourne au moment où Noah pose sa bouche conte celle de Dalila, cela ne me regarde pas.
J'en profite pour observer les lieux. Les Immortels qui ne sont pas à terre ont disparu. Je cherche une personne particulière au milieu des corps mais aucune trace de Siera. Elle a sûrement dû quitter les lieux.
- Comment tu as fait pour survivre ? demande Noah.
Je plisse les yeux, des formes bougent dans les buissons pas très loin de nous.
- On ferait mieux de partir d'ici, dis-je pressée.
Je leur montre les buissons et nous quittons les lieux le plus rapidement possible. Il n'y a peut-être rien dans les buissons mais je préfère que nous soyons en sécurité pour discuter.
Mes deux amis doivent penser la même chose car ils sont aux aguets durant notre retour à l'hôtel.
Aucun mot n'est échangé mais les regards se chargent de faire passer les messages. Le retour me semble mille fois plus long que l'aller. Je sursaute au moindre bruit suspect.
Quand nous atteignons enfin l'hôtel, le stress qui c'était inconsciemment accumulé depuis l'embuscade des Ailes Blanches retombe doucement dans un soupir de soulagement.
- On ne va pas rester devant la porte pendant dix ans non ?
La voix de Noah me fait sortir de mes pensées et je pousse la porte de l'hôtel. Nous passons silencieusement devant le même homme que hier et celui-ci doit certainement se demander d'où peut bien venir Dalila à la tête qu'il fait. Nous montons rapidement l'étage qui nous sépare de notre salut. Une fois devant la chambre 110, j'enfonce la clef dans la porte et me dépêche de rentrée. J'ai hâte d'entendre le récit de Dalila. Le cauchemar de cette nuit ma revient en tête...
Espérons que cela ne s'est pas exactement passé comme ça...
Nous nous asseyions sur le canapé et Dalila commence son histoire. Elle a dû comprendre à nos têtes qu'on ne la laissera pas tranquille tant qu'elle ne nous aura rien dit.
- Je me souviens juste d'un bruit me déchirant les tympans et du souffle de l'explosion. Quand je me suis réveillée, j'étais couchée sur une plage. J'ai mis un certain temps à me rappeler de ce qu'il c'était passé.
- Tu ne te souviens pas avoir nagé ?
Noah pose la question que j'avais peur de poser.
- Non, j'imagine que j'ai dû flotter, peut-être, jusqu'au rivage. Une fois que j'avais récupéré, j'ai quitté la plage pour me rendre en ville. J'ai tout de suite compris où j'étais en voyant l'architecture de la ville. J'étais à Athènes mais je n'avais aucune idée d'où vous pouviez être. Je me suis énormément inquiétée pour vous, je ne savais pas si vous étiez vivant ou mort au fond de l'océan.
- Tu es arrivé quand ?
- Je me suis réveillé en pleine nuit sur la plage. Le matin, j'étais déjà à votre recherche. J'ai eu énormément de chance en entendant une discussion entre deux personnes. Ils parlaient d'une embuscade à l'Olympion. J'ai compris qu'il s'agissait d'Ailes Blanches quand un des deux hommes fit apparaître une flamme dans sa main. Il était certain que vous tomberiez dans le piège de l'Olympion au lieu de vous rendre à l'Acropole. J'ai déduit qu'il s'agissait de vous deux et, quand ils ont dit que c'était l'heure, je les ai suivi.
Dalila marque une pause dans son récit et Noah et moi restons pendu à ses lèvres.
- Ils ont fini par rejoindre un groupe d'hommes et de femmes qui se dirigeaient vers l'Olympion déguisé en touristes. Je me suis faufilé à travers le groupe pour vous retrouver. Je savais où vous étiez et que vous étiez en danger. Je suis arrivée pile au bon moment pour aider et Jane et voilà.
- C'est déjà pas mal.
Je sourie à la remarque de Noah et m'empresse de poser la question qui me taraude depuis un moment :
- Tu as bien dit que les souvenirs d'Adelina sont à l'Acropole ?
- C'est ce que j'ai entendu, dit Dalila en haussant les épaules. Les Ailes Blanches vous ont tendu un piège car ils étaient sûr que vous iriez à l'Olympion. Mais je ne sais pas pourquoi ils étaient au courant de cela.
- On est peut-être suivi ? ma question me semble inutile car je suis certaine que c'est le cas.
Un silence remplie de réflexion suis ma remarque.
- Qui aurait pu nous suivre en plein milieu de la mer Méditerranée ? C'est forcément autre chose... murmure Noah.
Le visage de Dalila s'éclaircit d'un seul coup.
- Tu as raison Jane. Nous sommes bien suivit, mais pas de la façon dont tu le crois.
J'échange mon premier regard complice avec Noah depuis l'accident. Il n'a pas l'air de plus comprendre que moi. Maintenant que Dalila est bien vivante, il aura peut-être moins de mal à me pardonner...
Dalila soupire bruyamment et lève les yeux au ciel.
- Je parle de magie ! Il y a forcément d'autres Immortels que Noah à pouvoir lire les pensées !
- Mais personne ne peut entrer dans la tête d'un Immortel, protesté-je.
Noah ricane et je lui lance un regard noir. Est-ce que c'est vraiment le moment de se moquer de moi ?
- Oui c'est le bon moment, je te signale que je peux toujours lire tes pensées, alors quelqu'un d'autre aussi...
C'est à mon tour de soupirer bruyamment, Noah n'arrêtera sans doute jamais de me taquiner.
Dalila me regarde avec des yeux ronds.
- Tu ne sais toujours pas bloquer tes pensées ? couine-t-elle
- Quand en aurais-je eu le temps de le faire d'après toi ?
- C'est vrai que l'on n'a pas vraiment eu le temps... Mais il faut absolument que tu apprennes !
Je ne réponds rien et le silence s'installe de nouveau. Je trouve cela étrange que l'on soit à nouveau tous les trois, je croyais que notre trio était définitivement révolu. Mais je si heureuse que l'on soit à nouveau réunit.
Enfin, jusqu'à ce que l'avenir nous sépare de nouveau...
- C'est ça ! hurlé-je, faisant sursauter Noah et Dalila. Les Ailes Blanches savaient où l'on se rendait car un des leur voir l'avenir !
- Cela me semble bien plus probable que la lecture de pensées, articule lentement Dalila en fronçant les sourcils, mais également bien plus dangereux...
Noah saute du canapé et se précipite vers la porte-fenêtre du balcon pour observer dehors.
- En quoi est-ce si dangereux ?
Ma question fait sortir Dalila de ses pensées.
- C'est dangereux car les Ailes Blanches connaissent à l'avance tous nos déplacements, nous privant par conséquent de l'effet de surprise.
La scène de l'aérodrome et de la course poursuite en Égypte me revient en mémoire
- C'est sûrement à cause de cela qu'ils se trouvent toujours là où nous sommes.
Dalila incline la tête de haut en bas en guise de réponse.
- Et toi ? questionne Noah. Tu ne peux pas faire pareil qu'eux ? Voir l'avenir pour empêcher certaines choses d'arriver, je veux dire.
Mon amie se prend la tête entre les mains en murmurant.
- C'est impossible. Il y a des règles très strictes concernant l'avenir. Et, Noah tais-toi une minute avant de me couper la parole, je n'y arriverais pas. Voir l'avenir de façon aussi significative est impossible pour moi. Je n'arrive à voir que des morceaux non significatifs de l'avenir. Il faut une puissance dont je ne dispose pas, murmure-t-elle dépitée.
- Il y a bien quelqu'un que tu connais qui ai assez de pourvoir pour le faire, non ?
Elle secoue négativement la tête.
- La seule personne que je connais qui était capable de faire cela est Amonet.
Mais elle est morte...
- On est donc condamné à n'avoir aucune longueur d'avance sur nos ennemis, ce qu'il nous complique énormément la tâche, déclare gravement Noah. Ils sont sûrement déjà au courant que l'on projette d'aller à l'Acropole... C'est bien trop dangereux d'y aller.
- Mais nous avons besoin de ses souvenirs ! Sans eux, nous ne saurons jamais où aller !
Noah désigne ma veste d'un brusque mouvement du menton.
- Et le journal de Tao ? Il donne bien des indications sur les Gardiennes.
- Ce sont juste des prénoms ! Nous n'irons pas loin avec seulement des prénoms. Il faut que l'on aille à l'Acropole, les souvenirs d'Adelina sont peut-être les plus importants de tous ! imploré-je pour essayer de le convaincre.
Noah balaye d'un geste de main emplit de colère mon argument.
- Je refuse de prendre ce genre de risque. On devrait déjà s'estimer d'êtres tous les trois en vie après tout ce que l'on a affronté !
Noah avait quitté son poste de garde devant la fenêtre pour se planter devant moi. Nous étions à présent début tous les deux, face à face.
- Et on fait quoi maintenant ? me nargue Noah. On reste planté ici tous les deux ?
- Non. Nous allons à l'Acropole.
Nos deux têtes se tournent en même temps vers Dalila. Elle avait parlé posément et est toujours assise sur le canapé.
- Nous sommes trois, continue-t-elle, la majorité a décidé de partir pour l'Acropole. Maintenant Noah, si tu n'à pas envie de venir, tu peux rester ici.
Noah semble sur le point de dire quelque chose mais se ravise au dernier moment.
- Alors Qu'est-ce que l'on attend ? dit-il en soupirant et en croisant les bras sur son torse.
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