20. En route moussaillons
J'ouvre doucement les yeux et me remémore ce qu'il s'est passé hier. La voix du présentateur du journal télévisé d'hier soir tourne en boucle dans ma tête. Je ne sais pas si c'est une bonne idée que la terre entière soit au courant de ma "résurrection". J'étais beaucoup plus sereine en sachant que tout le monde me croyais morte. Je ne sais pas pourquoi mais cela avait un côté plus tranquille...
Mais maintenant je vais devoir faire avec. Il y a de forte chance pour que les Ailes Blanches soient déjà au courant de l'échec de Siera, dans ce cas, il vaut mieux que nous partions en direction de la Grèce le plus vite possible.
J'entends des bruits de casseroles venant de la cuisine. Je me lève sans faire de bruits, passe à côté de Dalila encore endormie puis sors de la chambre.
Une fois dans la cuisine au mur beige, je demande à Safiya si je peux faire quelque chose pour l'aider. Elle me fait signe que non et me désigne un bol poser sur la table de la salle à manger. Je la remercie et je vais m'asseoir devant mon petit déjeuner.
Je lève les yeux et mon regard se pose sur la télévision. Le souvenir de hier soir remonte devant mes yeux.
Quand je pense que le présentateur a dit que nous nous battions avec du matériel pyrotechnique...
Décidément, même devant de la magie, les gens essaient quand même se trouver une explication logique à ce qu'il se passe devant eux. Je crois qu'ils ont tout simplement peur de croire en ces choses-là, ou bien ils ne sont pas prêts à l'accepter.
Je regarde en détaille pour la première fois le salon autour de moi. La télévision est posée sur un meuble gris et deux canapés, de la même couleur anthracite, sont positionnés autour de la télévision. À gauche de la télévision, à côté de la porte qui mène à la chambre de Noah se trouve une bibliothèque débordant de livres.
Un grincement me fait tourner les yeux vers la porte qui mène au couloir de ma chambre. Dalila entre tranquillement dans la salle à manger et vient s'asseoir en face de moi.
- Il va falloir que l'on parte bientôt, me dit Dalila, je ne veux pas attirer d'ennuis à Safiya.
Je hoche la tête, parfaitement d'accord avec l'Immortelle. Après tout ce qu'elle a fait pour nous, c'est la moindre des choses de ne pas attirer des Ailes Blanches chez elle.
Nous prenons notre petit déjeuné dans un silence total. Noah finit par nous rejoindre une quinzaine de minutes plus tard. J'ai l'impression qu'il n'a pas dormi de la nuit. Il a des cernes immenses sous les yeux et il menace de s'endormir à tout moment dans son petit déjeuner. Safiya nous observe discrètement tandis qu'elle termine de nettoyer la vaisselle. Elle doit sûrement s'inquiéter pour Dalila.
Après une brève discussion sur la façon dont nous allons gagner la côte, nous partons dans nos chambres récupérer les maigres affaires que nous avons.
Une fois dans l'entrée, Safiya nous rejoint et glisse quelque chose dans la main de Dalila.
- Prend le, mon mari et moi ne l'utilisons plus depuis longtemps.
Noah me jette un regard interrogateur et je hausse les épaules, je n'en sais pas plus que lui.
Dalila remercie Safiya pendant plusieurs longues minutes. Une fois que Safiya a refermé la porte de chez elle, Dalila nous entraîne derrière la maison. Elle ouvre la porte d'un minuscule garage et nous fait signe d'entrée. Je plisse les yeux pour voir ce qu'il se cache dans la pénombre. Le contour d'une voiture apparaît peu à peu dans mon champ de vision. Dalila sors les clefs de la voiture qu'elle avait rangé dans sa poche et monte dans la voiture. Noah et moi le suivons. Une fois assise à l'arrière, je lui demande :
- Comment as-tu obtenu les clefs de cette voiture ?
- C'est Safiya que me les a donnés avant de partir.
Je revois dans la tête le moment où Safiya glisse les clefs dans la main de Dalila.
- Plus personne ne l'utilise depuis longtemps, ajoute l'Immortelle.
Elle n'attend pas plus longtemps et démarre. La vieille Jeep quitte rapidement les quartiers résidentiels pour des routes nationales.
- Ou allons-nous ? demande Noah.
- A Alexandrie. Là-bas, je connais un homme que pourras nous prêter un de ses bateaux pour traverser la Méditerranée.
J'ecarquille les yeux de surprise. Prendre un bateau pour traverser la Méditerranée ? Elle est complètement folle !
- Jane n'a pas tort, dit Noah, la traversé peut être dangereuse.
Je ne relève plus quand Noah lit dans les pensées. Ce n'est pas utile de protester puisqu'il continu quand même. Dalila double une voiture avant de répondre.
- Je connais très bien cet homme, il n'y aura aucun problème. Et si c'est l'état des bateaux qui vous inquiètent, alors il n'y a aucun problème. Il devrait pouvoir nous emmener sur son bateau de garde côté.
- C'est un garde côte ?
- Oui. Bien que normalement il n'est pas censé quitter les zones économiques exclusives, il peut essayer de nous emmener jusqu'en Grèce.
- Ce n'est pas illégal ? demandé-je légèrement inquiète à Dalila.
Elle hausse les épaules d'ignorance et sans aucun doute d'indifférence. Et bien ça promet... Bien que je dois avouer avoir fait bien pire depuis ma fuite du Palais, j'ai toujours peur de défier toutes les règles. Que se passera-t-il si nous nous faisons arrêter ?
Surtout que notre combat à beaucoup trop attiré l'attention sur nous... Je repense avec un frisson à notre discussion dans le bus avec Noah en Chine.
J'appuie ma main sur mon coude et regarde par la fenêtre. Un paysage uniforme s'étend à perte de vue.
Je soupire et m'appuie sur le dossier du siège en fermant les yeux. La soirée chez Safiya m'a vraiment fait du bien, j'avais l'impression d'être en sécurité. Je me laisse dériver peu à peu vers le sommeil.
- Jane ? la voix de Dalila me sors de ma torpeur.
J'ouvre les yeux et l'interroge du regard.
- Je me demandais ce que tu as fait quand tu es tombé de la voiture hier.
Noah, qui écrivait un message sur son téléphone, s'arrête d'écrire pour me regarder dans le rétroviseur. Je suis étonné, je ne me rends compte que maintenant que j'ai complètement oublié de leur en parler. Je ne préfère pas raconter le passage ou j'ai failli me faire écraser par un des Humer. Je n'ai pas envie que Dalila s'en veuille.
- Et bien, je commence. Après être tombé de la voiture, je suis tombé sur Siera, Noah et Dalila échange un regard surpris et je précise. Je connais son nom car elle me l'a dit et je l'ai déjà vue dans les souvenirs. Bref, on a combattu et j'ai gagné.
- C'est tout ?
Je regarde Noah de travers, je me suis battu contre une Immortelle beaucoup plus vieille que moi, j'ai failli me faire tuer deux fois... Je ne pense pas que ce soit rien du tout.
- La prochaine fois, je te laisse ma place. On verra si tu feras autant le malin, dis-je.
Dalila esquisse un sourire et m'interroge à propos de Siera :
- Dans quel souvenir as-tu vue cette Immortelle ?
- Dans celui de Kumiko.
Elle fronce les sourcils.
- Et c'est qu'elle époque ? me demande-t-elle.
- D'environ -400 à 400, répond Noah à ma place.
Dalila siffle d'admiration.
- Elle est aussi vieille que ça ? Tu as eu de la chance Jane, dit-elle, plus les Immortels sont vieux, plus leur magie est puissante.
- Ça, je m'en suis rendue compte, répondis-je en grommelant.
C'est au tour de Noah d'éclater de rire tandis que je lève les yeux au ciel. Cependant, son rire s'étrangle quand il regarde à nouveau son téléphone. Je m'accroche au siège devant moi et me penche par-dessus son épaule. J'écarquille les yeux quand je vois un titre de journal numérique affiché sur l'écran. Je le lis à voix haute pour que Dalila puisse comprendre.
"Explosion simultané d'usine dans le monde entier dans la nuit du 23 au 24 septembre 2018.
La nuit du 23 au 24 septembre a été ponctuée de 30 explosions simultanées d'usines chimiques dans les quatre coins du monde. Les dégâts matériels et le bilan humain n'est pas encore connu mais s'annonce déjà catastrophique.
Les enquêteurs viennent d'ouvrir une enquête au sujet de ces usines. Une histoire dont on n'a pas fini d'entendre parler"
A la fin de la lecture, elle affiche une mine soucieuse.
- Vous croyez que ce sont les Ailes Blanches ? demandé-je.
- Ce n'est pas impossible, affirme Dalila, vous avez bien entendu ce qu'à dit leur porte-parole ? Et d'après ce que tu m'as raconté sur les tags et les messages en Chine, cela ne m'étonnerait pas.
Je suis sceptique, je suis certaine qu'ils sont capables de le faire.
- Mais pourquoi feraient-ils une chose pareille ? Ça n'a pas de sens.
Noah se retourne sur son siège pour me regarder, jusque-là, il n'avait pas dit un mot. Son visage exprime la même inquiétude que Dalila.
- Bien sûr que si que ça a du sens, m'explique-t-il. Les Ailes Blanches veulent prouver qu'ils sont capables du pire pour atteindre leur but. La porte-parole avait dit qu'ils étaient prêts à tout pour préserver la paix.
- Et si les Ailes Blanches ne l'ont pas acquis par la discussion...
- Ils l'auront par la guerre, conclut Dalila avec une voix tremblotante.
"Vous ne nous avez pas pris au sérieux, vous avez tort." Est-ce que cela veut dire que les Ailes Blanches ont mis leur menace à exécution ? J'ai bien peur que oui. Avec des gens capable de contrôler les éléments, faire exploser des usines a dû être un jeu d'enfant...
Je respire profondément pour refouler la peur et le stress qui commence a m'envahir, ce n'est pas le moment de paniquer. Il faut que je sois totalement lucide pour réfléchir correctement. Sauf que je n'ai pas la moindre envie de réfléchir. A chaque fois que je ferme les yeux, je m'imagine des explosions partout sur la terre, des gens qui hurlent et des membres des Ailes Blanches utilisant leurs pouvoirs pour détruire des usines. D'après les visages des deux autres Immortels, je crois qu'eux non plus n'ont pas spécialement envie de partager les scénarios catastrophes qui surgissent dans leurs esprits. A force de regarder le paysage monotone, je fini par m'endormir sans rêver de quoi que ce soit.
- Jane.
Une main me secoue par l'épaule et j'ouvre les yeux.
- Pas trop tôt, me dit Noah en souriant.
Je réponds par un bâillement tout en sortant de la Jeep. Dalila à garée sa voiture a quelques minutes d'un port.
En me retournant, je suis accueilli par des centaines d'immeubles éclairé par le soleil couchant.
On a roulé toute la journée ?
- Pas exactement, me répond Noah. On est parti vers onze heure ce matin et on s'est arrêté vers seize heure pour manger, mais puisque tu dormais on ne t'a pas réveillé.
- Trop aimable, répondis-je en entendant mon estomac gargouiller.
Noah me fait un sourire malicieux avent de me tendre un sandwich.
- On s'est dit que tu aurais peut-être un petit peu faim.
Je prends le sandwich et mord dedans à pleine dents. Tout en suivant Noah et Dalila qui s'enfoncent dans le port, je me demande comment elle compte se procurer un bateau au garde côte dont elle nous a parlé.
J'avale la dernière bouché de mon sandwich au moment où nous arrivons devant un bateau. Je lève la tête afin de voir toute sa taille. Même les énormes yachts que nous avons dépassés plus tôt font pâle figure face à lui. J'observe Dalila qui semble hésité à entrer mais au moment où elle se décide à embarquer, un homme grand aux larges épaules sort du bateau. Ses sourcils et sa barbe broussailleuse dissimule une partie de son visage. Quand ses yeux minuscules et légèrement enfoncé dans leurs orbites se posent sur Dalila, il lui adresse un large sourire avant de lui serrer la main.
- Dalila ! s'écrit-il avec une voix gutturale. Ça faisait longtemps ! Qu'est-ce qui t'amènes ?
Quand son regard se pose sur Noah et moi, en retrait derrière Dalila, il fronce ses énormes sourcils et regarde l'Immortelle en quête d'explications.
- J'aurais besoin d'un coup de main, dit-elle sans détour.
Le marin fronce encore plus les sourcils, il regarde Dalila si intensément que je peux jurer qu'il nous a oubliés, Noah et moi.
- Quel genre de coup de main ? demande-t-il avec méfiance.
- J'aimerais que tu nous amène mes amis et moi, en Grèce.
Contre toute attente, l'homme de met à rire bruyamment. Il s'approche de Dalila et lui donne une claque amicale dans le dos.
- Je pensais que tu allais me demander bien pire, dit le marin. Son regard se pose à nouveau sur Noah et moi. C'est eux tes amis ?
Elle acquiesce et l'homme semble à nouveau nous oublier.
- Montez.
Le marin s'éloigne sur le quai et disparaît derrière un yacht. Je détourne la tête pour me concentrer à nouveau sur Dalila mais elle me dissuade d'un signe de tête de poser des questions. Je crois que je vais devoir attendre. J'embarque à sa suite dans le bateau et cela me rappelle le moment on j'ai quitté la Chine avec Noah.
Après avoir suivi Dalila dans une dizaine de couloirs, je suis absolument certaine qu'elle a déjà mis les pieds ici. Au milieu d'un couloir, elle ouvre une porte et nous pousse à l'intérieur. Je m'assoie sur le petit canapé rouge un peu miteux et Noah vient s'asseoir juste à côté de moi. Avant même que l'on ait le temps d'ouvrir la bouche, Dalila commence à parler :
- Je connais Mihr, l'homme du port, depuis que je lui ai sauvé la vie il y a quelques années. Depuis ce moment, il le répète des que je le vois qu'il a une dette envers moi et qu'il doit absolument faire quelque chose pour m'aider. Je profite donc de cette dette pour qu'il nous amène en Grèce.
Cette explication me satisfait mais je ne peux m'empêcher de me demander comment elle lui a sauvé la vie... J'entends des pas dans près de la cabine où nous nous trouvons et je me demande tout à coup comment réagira le capitaine quand il apprendra qu'il y a des passager clandestins sur son bateau, d'autant plus qu'il s'agit d'un bateau de garde-côte. La porte s'ouvre à la volé dans un horrible grincement.
- Le bateau quitte le port dans dix minutes, annonce Mihr avant de refermer la porte et de partir aussi vite qu'il était venu.
Je m'adosse sur le mur de la cabine et fixe le plafond. Au bout de dix minutes environ, le bateau se met en branle.
- Il est temps d'aller demander le programme au capitaine, dit Dalila en brisant le silence qui s'était abattu sur la cabine. Je reviens.
Elle ouvre la porte de la cabine qui se remet à grincer et disparaît dans le couloir. Noah s'allonge sur le canapé et ferme les yeux.
- Je crois que c'est le bon moment pour faire une petite sieste, dit-il en baillant.
Je soupire et appuie ma tête contre le mur de la cabine. Je suis à nouveau sur un bateau qui va m'amener vers une destination dont je ne connais presque rien à la recherche d'une Immortelle dont je ne connais rien. Tout cela s'annonce déjà formidable...
Au bout d'une trentaine de minutes, Dalila revient avec une mine sombre et je devine que tout ne s'est pas passé comme prévu.
- Alors ?
- Mihr nous larguera dans un bateau à moteur immatriculé en Europe à la frontière maritime entre l'Égypte et la Grèce. Il ne peut pas faire plus.
- C'est déjà pas mal, dis-je sans réel conviction.
Dalila fait la moue et s'assoit sur la minuscule place restante du canapé.
- On est censé arriver demain, ajoute-t-elle.
Je hoche la tête sans rien ajouter.
- Comment fais-tu ?
Je suis interloqué devant la question de Dalila, comment je fais quoi ?
Voyant que je n'ai pas compris, elle précise sa question.
- Comment fais-tu pour voyager d'un pays à l'autre sans te poser de questions ?
Je retiens un rire qui monte dans ma gorge. Moi ? Ne pas me poser de questions ? Mais je réfléchis quand-même à la question de Dalila et plusieurs réponses me viennent.
- Je crois que c'est mieux de ne pas se poser trop de questions, dis-je. Après j'ai aussi un but. Je m'accroche à lui pour ne pas lâcher.
Je me tais soudainement. Pourquoi est-ce que je parle de cela ?
- Tu es vraiment courageuse, chuchote Dalila. Cela fait à peine une heure que nous sommes partis et j'ai déjà envie de rentrer chez moi...
Sa remarque me fait rougir. Je ne crois pas spécialement être courageuse, j'affronte juste les situations qui se présentent à moi comme je peux. Je dirais même que depuis que je la connais, Dalila a bien plus montrer son courage que moi.
Je la revois face aux hommes de l'armée des Ailes Blanches, seule au milieu d'une tornade.
- Tu sais Jane, ce n'est pas ma magie qui montre mon courage. A ta place je me serai sûrement déjà effondré de désespoir, me dit-elle avec un sourire.
- C'est grâce à Noah que je n'ai pas abandonner, avoué-je. Je n'aurai certainement pas fait ce chemin toute seule.
Dire toutes ces choses qui me tracassent à haute voix m'a fait du bien. Avec ce qu'elle m'a dit, je vois Dalila sous un autre angle.
- Au fait Jane, bon anniversaire. A tes seize ans !
Je sursaute, c'est vrai que l'on est le 24 septembre ! Avec tout ce qu'il s'est passé, j'avais complètement oublié.
- Comment le sais-tu ?
Elle rit doucement.
- Tu sais, depuis que tu es devenue l'apprenti Gardienne, toutes sortes d'informations circulent sur toi.
Je fais une grimace avec de sourire à Dalila.
- Merci d'y avoir pensé !
Elle me fait un clin d'œil avant de sortir un petit paquet d'une de ses poches et de me le donner. Je le déballe et découvre un porte-clefs en forme de sphinx. Je remercie Dalila et elle semble heureuse que mon cadeau lui plaise.
Je ne quitte pas la cabine du voyage. Je passe mon temps à imaginer des scénarios catastrophes ou les Ailes Blanches ont pris possession du monde entier. Finalement Noah vient me chercher en début d'après-midi pour me dire que nous sommes arrivés à l'endroit prévu pour notre départ.
Je le suis en dehors de la cabine après avoir récupéré mes affaires et celles de Dalila, Noah a déjà son sac sous le bras. Après plusieurs minutes de déambulations dans les couloirs du bateau, nous débouchons sue le pont ou Mihr nous attend en compagnie de quelques marins. Dalila est déjà en grande conversation. Quand on s'approche de lui, Mihr délaisse Dalila pour se concentrer sur nous.
- Voilà votre moyen de transport ! annonce-t-il.
Je regarde avec appréhension le minuscule bateau à moteur que Mihr montre du doigt. Vu son état, rouillé par endroit et les planches de bois qui servent de siège, ce bateau doit être assez vieux...
- Je suis désolé, c'est tout ce que j'ai, dit-il à Dalila. Je ne peux pas vous donnez un bateau de garde-côte ! D'une, vous ne pourrez jamais nous le rendre et de deux j'aurai de gros problèmes si vous êtes pris à naviguer dessus.
Dalila semble avoir compris que Mihr ne changera pas d'avis car elle s'approche du vieux bateau à moteur avec un visage résolu.
En tout cas, elle n'abandonne jamais...
Dix minutes plus tard, après avoir remercié les marins, nous sommes à l'eau dans notre petit bateau. Il semble que Dalila sait où aller car elle se dirige avec certitude vers le Nord-est. Même après plusieurs heures je n'arrive pas à m'habituer au moteur du bateau qui fait un bruit d'enfer. Dalila, assise près de moi s'occupe de la trajectoire du bateau Depuis que nous avons quitté le bateau des gardes côtes, nous n'avons croisé très peu d'autres bateaux.
Je mets la main dans l'eau et regarde la traînée qu'elle produit. La mer Méditerranée est assez froide. Je sens la caresse de l'eau que ma main. Je lève la tête et admire le soleil se refléter sur la mer. Ici, sur ce minuscule bateau, j'ai l'impression que nous sommes seuls au monde. En plissant les yeux, je vois au loin une bosse grise se former. Nous approchons de la Grèce. Malgré la saison, le soleil brille assez fort pour que l'on n'ai pas froid. Les embruns mouillent toujours plus ma veste et mon jeans. J'entends Noah se plaindre à l'avant du bateau et se pencher en avant pour disparaître sous les planches. Étant donné qu'il est dos à moi et que le vent nous pousse, je n'entends pas distinctement ce qu'il raconte.
Je prends plusieurs grandes inspirations à la suite pour remplir mes poumons de l'odeur de la mer et ferme les yeux.
- Attention !!!
Le cri de Noah, bien que couvert par le vent, m'alerte.
- Quoi ? crié-je à m'en écorchée la gorge pour qu'il m'entende.
Je regarde dans tous les sens autour du bateau pour espérer découvrir ce qu'a vu Noah mais il n'y a rien. Je croise le regard de Dalila et elle hausse les épaules.
- Bombe. BOMBEEE ! hurle soudain Noah en pointant l'endroit où je me trouve du doigt.
Je me lève d'un bond et regarde sous la planche ou je suis assise. Je remarque avec effroi une charge de quatre dynamites soudé à la coque du bateau. Je recule précipitamment vers Noah et Dalila fait de même. Il faut qu'on saute du bateau ! Je me vois mal désamorcer une bombe avec trois fois rien.
- Elle va sauter quand à ton avis ? demande Dalila avec effroi.
Noah n'a pas le temps de répondre qu'une détonation me déchire les oreilles.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top