18. Course poursuite

Je ressors de la maison et explique rapidement ce que j'ai appris lors de ce souvenir. Personne n'émet d'hypothèses, nous sommes tous trop occupé à réfléchir dans notre coin.
Je pars faire le tour des habitations avec l'espoir de trouver un souvenir mais je reviens bredouille. Cela me frustre énormément. J'étais sur une bonne piste et tout disparaît à nouveau !

Quand je reviens devant la maison, tout le monde s'est réuni à l'ombre à l'intérieur de la maison d'Amonet.
J'attends un peu dehors pour réfléchir seule.

Je savais que, grâce à Kumiko, les Ailes Blanches et les Gardiennes étaient liées. Mais j'ignorais que cette organisation existait déjà à l'époque des pharaons !

Heureusement, la suite de mon voyage est tout tracé, la Grèce est mon prochain objectif. Bien qu'il y ai des temples grecs ailleurs qu'en Grèce, c'est ma seule piste et je compte bien la suivre.
Mais je crains malheureusement que ce soir la seule chose importante que j'ai appris lors de ce souvenir. Et puisqu'il ne semblait pas y en avoir d'autres, j'allais devoir faire avec... mais il me semble clair que la nouvelle étape du voyage se situe en Grèce.

Alors que je mets un pied dans la maison, Youmna et Dalila sortent de cette dernière avec un air paniqué.

- Que ce passe-t-il ?

Dalila me fais signe que ce n'est pas le moment et m'intime de les suivre.
J'interroge Noah du regard quand ce dernier sort de l'ancien lieu de vie d'Amonet. Il me prend le poignet et m'entraîne rapidement à la suite des deux femmes. Je me libère de la pression de sa main et le suis sans poser de questions. Il a l'air de se passer quelque chose de grave et ce n'est sûrement pas le moment de discuter.

Une fois à l'intérieur de la Jeep, Youmna fait tourner la clef dans le moteur, appuie sur la pédale d'accélérateur et la voiture démarre en trombe dans un nuage de poussière. Dalila ne touche pas à la radio et pianote distraitement sur la boîte à gant. Comme à l'allée, Noah est assis sur le siège de droite et moi sur celui de gauche.

- Que ce passe-t-il ?

Je répète cette phrase une seconde fois dans l'espoir d'avoir des réponses.

- J'ai eu une vision dans la maison, m'explique Dalila avec une voix chevrotante, j'ai vu les Ailes Blanches chez Amonet.

Je m'accroche de toutes mes forces à la poignée au-dessus de mon siège quand Youmna entame un virage brusque.

Mon cerveau charbonne depuis que Dalila m'a révélé sa vision.
Depuis quand les Ailes Blanches sont-ils au courant de notre escapade en Égypte ?

- Tu t'es déjà trompé dans tes visions ? l'interroge Noah.

- Jamais.

L'assurance dans la voix de Dalila ne présage rien de bon...

Ils nous ont retrouvés... mais comment ?

Avec Noah nous faisons attentions à nos moindres faits et gestes et nous sommes tous le temps à l'affût.
Je tourne la tête vers Noah avec une pensée désagréable en tête. Je me mets une claque mentale pour avoir osé douter de lui ne serait-ce que deux petites secondes. J'ai confiance en lui, et il me l'a suffisamment prouvé.

- Nous sommes suivit, annonce soudain Youmna, rompant le silence dans lequel était plongé la Jeep.

D'un même mouvement, Noah et moi nous retournons et observons dernière nous. Trois gros Humer nous poursuivent.

- Ils nous suivent depuis quand ? demandé-je à notre conductrice.

- Je dirais cinq minutes. Et à la vitesse ou nous roulons, c'est loin d'être une coïncidence.

Je continue à observer les voitures tout en essayant d'apercevoir un visage à travers l'épaisse vitre. Nous prenons de plus en plus d'avance.
Soudain, la voiture freine violemment et mon front percute le pare-brise arrière.
Légèrement sonnée, je mets la main sur mon front pour vérifier si je saigne. Je n'ai rien mais je vais avoir une belle bosse.

J'entends une porte claqué et je me retourne vers l'avant de la voiture. Youmna est descendu en laissant Dalila au volant.

- Que faites-vous ? demande Noah paniqué.

- Il faut que je rentre à la maison. Je ne peux pas vous suivre dans votre aventure, dit posément Youmna.

Dalila, sur le point de redémarrer, regardé sa mère avec tristesse.
- Tu t'en sortiras ? demande-t-elle inquiète.

- Bien sûr ma chérie, elle regarde derrière nous. Maintenant filer et ne vous inquiétez pas pour moi.

Je vois le sable autour d'elle voler comme pour former un bouclier. Son expression toujours douce se transforme en un masque de guerrière.

La mère et la fille se regardent une dernière fois puis Dalila appuie sur l'accélérateur au moment où les trois voitures arrivent à notre niveau.
Je regarde la silhouette de Youmna disparaître dans ce paysage inhospitalier.

- On va ou maintenant ?

Noah interroge Dalila avec espoir.

- Je n'en n'ai aucune idée, lui répond cette dernière, lui brisant au passage ses espoirs.

- Tu es en train de me dire que tu ne sais pas où tu vas ?

- Parce que tu crois que j'ai eu le temps d'élaborer un plan en une minute peut-être ? lui crie Dalila avec colère.

Je ne prête plus attention à leur conflit et m'apprête à répondre à notre conductrice.

- Il faut qu'on aille...commençais-je.

Une puissante déflagration m'envoie directement dans les bras de Noah, à l'autre bout de la Jeep. Je me redresse, une voiture nous a foncé dedans.

Et merde !

- Ils nous ont rattrapés ! dis-je paniquée.

- Non, tu crois ? ironise Dalila.

Je lève les yeux au ciel et me retiens de lui lancer une pique bien placé mais ce n'est clairement pas le moment. La voiture tangue de plus en plus à mesure que l'on avance. Le moteur se met à ronfler de plus en plus fort à chaque palier de vitesse passé. J'imagine que l'on a quitté la route pour un chemin plus... rock n' roll ?

Au moment où le Humer se prépare à frapper une seconde fois notre voiture, Dalila fait une embardée et deux des voitures de nos poursuivants se télescopent.

La chauffarde qui nous sert de conducteur se met à ricaner bruyamment en tournant le volant pour remettre la voiture droite.

- Attention ! hurle Noah.

Une gigantesque tour de terre vient frapper notre voiture en brisant le pare-brise arrière, passe entre Noah et moi pour s'encastrer dans le pare-brise avant en le brisant en mille morceaux, qui volent partout dans l'habitacle.
Un bout de verre m'écorche la joue, à quelques centimètres de mon oeil invalide.

Dalila murmure quelque chose, sûrement une injure en arabe, avant d'accélérer encore plus.

- Maman va me tuer si je ramène la voiture dans cet état, maugrée-t-elle.

- Tu auras de la chance si tu es encore en vie ce soir ! répliqué-je.

- Du coup ou doit aller où bordel ? s'enquit Noah.

- En Grèce.

Dalila me regarde en haussant les sourcils. Je crois qu'elle n'a pas confiance en mon idée...

Un pic de glace vient transpercer la vitre à ma droite. J'ai juste le temps de me jeter sur Noah pour le sortir de la trajectoire du projectile. Une seconde pluie de verre nous tombe dessus.
Mon ami me remercie d'un signe de tête et essaye d'attaquer une des voitures avec sa magie. Je retourne à ma place en faisant tomber les bouts de verre à mes pieds pour éviter de me couper.

- Ok, va pour la Grèce, finit par articuler Dalila.

Je ne comprends pas comment elle fait pour être aussi concentré sur la route et encore réussir à faire de l'ironie... Parce que moi, je suis complètement terrorisée. Mes mains tremblent sans raison et j'ai du mal à réfléchir correctement. Heureusement que mes réflexes sont encore là pour sauver la vie de Noah !

Je finis par faire comme lui et me concentrer pour créer une boule de feu à lancer sur mes ennemis. Au début, il n'y a rien et, à force de me concentrer, une petite boule de feu finit par apparaître dans ma main. Je me concentre encore pour la faire grossir un peu.

Une fois mon projectile formé, je passe la moitié de mon buste par la fenêtre pour viser la voiture juste derrière nous. Ma boule de feu atteint sa cible en plein dans le mile. Le Humer sors du petit chemin de sable avant de revenir à l'attaque.

Je n'ai pas le temps de me réjouir car Dalila tourne brusquement à gauche, m'éjectant au passage de la voiture.

                             ※※※

Je marche le long de la route me menant à Suez. J'ai un patient qui m'attend là-bas. Je suis sans cesse sur mes gardes depuis que le porte-parole des Ailes Blanches est venu me voir pour me dire que c'était ma dernière chance d'adhérer à leur cause. Je lui ai refermé ma porte au nez sans lui fournir de réponses et, depuis, je guette son retour. Je crains qu'il n'essaie de me tuer.

J'entends des pas calés sur ma vitesse. Cette personne essaye sûrement se passer inaperçu, mais, ayant passé toute ma vie dans ce désert, ce genre de ruses de fonctionnent plus avec moi.

Je secoue mes doigts pour réveiller ma magie. Je me fais peut-être des idées, mais ma sécurité passe avant tout.

Je comprends que je ne me suis pas trompé au moment ou un pic de glace explose derrière mon dos, se brisant sur mon bouclier.

Je me retourne pour faire face au porte-parole des Ailes Blanches. Je sors ma dague d'un des plis de ma robe et me met en position de combat.

- C'est elle qui t'envoie, n'est-ce pas ? demandé-je à l'homme.

- C'est exact, répond-t-il , ma mère n'aime pas que l'on lui désobéisse.

Je fronce les sourcils, cet homme est vraiment le fils de la dirigeante de cette organisation ou est-ce simplement un membre de sa famille ?

- Ses alliés et ses représentants sont bien plus nombreux que tu ne le crois, Amonet. Bientôt, nous serons assez pour former une armée capable d'envahir le monde.

Sur ces paroles, il m'attaque.

                            ※※※

Je roule sur plusieurs mètres avant de m'arrêter. Je lève la tête et le monde se met à tourner. Un point noir de plus en plus gros fonce vers moi sans ralentir.

Le Humer !

Je roule plusieurs fois sur moi-même et évite de peu la voiture qui ne passe qu'à un mètre de moi.

Je l'ai échappé belle

Je me lève, je suis pleine de poussière et j'ai les cheveux devant les yeux. A travers le rideau de mes cheveux, j'aperçois une silhouettes familière descendre d'un des Humer.
Je me mets à courir pour lui échapper, l'adrénaline se déverse dans mes veines.

Je m'arrête au bout de plusieurs mètres, cela ne sert à rien de courir, il va falloir que j'affronte Siera.
La dernière fois que je l'ai vue en vrai, c'était pendant l'attaque du Palais de Sirielle. Elle complotait avec Isildor et trois autres personnes.

Elle fait un signe de main à la voiture qui a failli m'écraser et elle repart sans demander son reste. Elle part sûrement à la poursuite de Dalila et Noah. Je me demande s'ils vont bien, notre séparation à été... un peu brusque.

Un raclement de gorge me fait relever la tête. Siera me fait face et attend visiblement que je fasse quelque chose.

- Cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vue, n'est-ce pas ?

La voix rauque de Siera est comme dans le souvenir de Kumiko, elle garde le même ton sûr et implacable.
Je hoche la tête.

- Cela fait longtemps en effet, répondis-je avec fermeté.

Le fait de la voire en vrai me donne une envie de vengeance vis à vis de tous ces gens morts dans la bataille du Palais. Je repense a la domestique transpercé d'un coup d'épée.
Je regarde Siera avec colère. Il est temps qu'elle paie !

- Tu sais, me tuer ne changera rien à ta situation actuelle. Quelqu'un d'autre viendra prendre ma place. Par contre, tu la mettras dans une colère noire. Elle n'aime pas que l'on face du mal à ses enfants.

Mais de qui parle-t-elle ?
Je sais qu'il est inutile de lui demander, elle ne me répondra pas. La sécurité et l'immense effet de surprise qu'elle doit avoir la fait gagné à rester dans l'ombre. C'est à moi de me débrouiller pour trouver de qui il s'agit.

- Tu raisonnes bien Jane, ricane Siera.

Je serre les poings, c'est vrai qu'elle a le pouvoir de lire dans les pensées.

- Tu sais Jane, dans toute cette histoire, je ne suis qu'une générale de son armée. Comme tous ceux qui était dans la même pièce que moi le jour de l'attaque.

- Tu veux dire qu'Isildor est un général ?

- Pour qui crois-tu qu'il travaillait ? Qui lui a donné son immortalité d'après toi ?

Isildor travaille pour les Ailes Blanches ?
Je ne m'y attendais pas. En même temps, cela me parait logique. Il n'y a plus aucun doute sur le fait qu'Isildor était l'amant de Sirielle comme je l'ai vue dans ses souvenirs. Et ils sont très vieux. Cela veut dire que c'est bel et bien les Ailes Blanches qui sont responsables de l'attaque du Palais du Crépuscule et de la mort de Sirielle...
Mais pourquoi Isildor a-t-il accepté de tuer celle qu'il aimait ?

- Et Coal dans tout ça ?

Je n'ai pas pu m'empêcher de poser la question.

- C'est aussi un général depuis peu. Plus précisément depuis qu'il nous a permis de savoir que tu cherchais les souvenirs des Gardienne à travers le monde.

Je grimace. C'est grâce a cette information qu'ils savent ou je vais. Pour des Immortels, les lieux de vie de leur ancêtres est loin d'être inconnue. Les Ailes Blanches ont tout simplement attendu que je me rende dans leur piège.

- Tu comprends vite, c'est bien, me dit Siera. Dommage qu'après notre affrontement, tu ne puisses plus te servir de cette capacité.

Sans attendre une seconde elle crée une minuscule tornade et m'envoie dans ma direction.
Je n'ai pas le temps de l'éviter et je suis projetée plusieurs mètres plus loin.

J'atterrie sur le dos et quelque chose me rentre dans la colonne vertébrale. Je mets ma main dans mon T-shirt et sens une lame, coincée entre mon jean et mon T-shirt, contre ma paume. Je retire l'arme de mon haut et remarque avec surprise qu'il s'agit de la même dague que celle qu'avait Amonet durant le combat que j'ai vue en souvenir.
Comment est-elle arrivée là ?

Je n'ai pas le temps de répondre à cette question car je suis à nouveau projeter dans les airs avant de retomber sur les fesses.

- Je pensais que te tuer serai plus drôle, se plaint Siera.

Elle se rapproche de moi. Elle est sur le point de m'attraper par le col de mon T-shirt quand je tends la main vers elle. Une boule de feu se forme presque immédiatement avant de frapper le bras gauche de Siera.

Oui !

Je reste concentrée pour faire appel plus facilement à ma magie.
Mon ennemie pousse un hurlement de douleur et recule de quelques pas. J'en profite pour me relever. Je crois qu'elle va avoir du mal à me tuer.
Elle doit penser à la même chose car elle ne dit plus rien et reste éloignée de moi.

Son bras n'est pas beau à voir, il est couvert de plaque presque aussi rouge que mon oeil invalide.
Nous restons là à nous regarder en chien de faïence pendant un petit moment. Aucune de nous deux ne souhaite lancer la première offensive. Finalement, je trouve que je me débrouille plutôt bien face à une femme de plusieurs siècles.

Siera finit par créer un bouclier de sable autour d'elle et me fonce dessus. Je l'évite au dernier moment et roule dans le sable avant de me relever rapidement. Elle se déplace tellement rapidement que j'ai du mal à éviter un coup de poing avant d'être aveuglé par le sable en suspens dans l'air.

Je ne vois plus rien et essaye d'enlever le sable de mes yeux sans succès. Un coup que je ne vois pas venir m'atteint à l'estomac et je perds l'équipe pour tomber, sur le ventre, dans le sable.

Mes larmes enlèvent peu à peu le sable de mes yeux. J'entends les pas de Siera juste derrière moi. J'entends qu'elle sort une arme blanche d'un fourreau.

Je me calme et reste à terre pour lui tendre une embuscade. Je me force à respirer doucement et à écouter tout ce qu'il se trouve autour de moi. Mon rythme cardiaque s'accélère mais je me force à me calmer. Ce que je vais faire relève du suicide. Mais après tout ce que j'ai fait, je trouve cela presque normal.

La lame siffle dans l'air et je me retourne pour la bloquer avec ma dague. Siera écarquillés les yeux de surprise quand nos deux lames s'entrechoquent. Je ne perds pas une seule seconde et profite de sa surprise pour en finir avec elle.

Je lui envoie mon pied en pleine tête. Elle pousse un cri mais d'un geste rapide, je reforme une boule de feu que je projette au niveau de son visage.

Je détale sans demander mon reste et quitte le lieu du combat, les hurlements de Siera dans les oreilles.

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