13. Imprévus

Je parcours le journal de Tao depuis quelques dizaines de minutes. Quand je lis son journal, je ne peux m'empêcher de penser que n'importe quel historien rêverait et donnerait tout ce qu'il possède pour avoir ce journal. Voir même pourvoir parler avec Tao. Un authentique Immortel qui a vu beaucoup de chose, je vous le dit !

Son journal est classé par époque. Je lis la plume pas sur et très enfantine d'un petit garçon avant de passer à celle plus assurée et réfléchit de celle d'un adulte mur – voir plus vieux. J'ai l'impression qu'il a visité tous les pays possibles et imaginables de la terre. À force de tourne les pages, je tombe, vers la fin, sur une page plus qu'intéressante. Une liste de nom de femme et de date. Je reconnais le nom de Kumiko, Alinore et Sirielle. Les cinq restants me sont totalement inconnus. J'en déduis qu'il s'agit de la liste des Immortelles. Je déchiffre les noms, Adelina Amonet et Niala. Les deux autres sont illisibles, on dirait que de l'eau est tombée dessus. Je relis ces trois nom et en reconnaît au moins un : Niala. Kumiko a prononcé son nom quand elle discutait avec Siera. Elle parlait de la descendance de Niala. Qu'es ce que ça peut bien vouloir dire ?

Je continue à tourner les pages sans rien trouvé d'intéressant. Apparemment, Kumiko connaissait plus de chose que lui sur les Ailes Blanches. Aucune des pages de son journal parle de cette mystérieuse organisation...

Je lève les yeux vers le haut du palais. D'où je me trouve, je peux parfaitement voir la pièce ou avait eu lieu la discussion entre les deux Immortelles. J'imagine que le regard de Kumiko croise le mien, qu'elle me parle des Ailes Blanches.

Je suis de l'œil un groupe d'oiseaux volant vers l'est. J'ai toujours rêvé de volé, c'est un désir qui ne m'a jamais quitter malgré le fait que j'ai grandi, j'ai toujours gardé espoir que le fait que la magie existe peut-être dans notre monde. J'ai été servie... Même les lois de la gravité ne peuvent plus me faire changer d'avis, j'ai vu une femme léviter au-dessus de moi, je peux croire à tout maintenant. Quand je pense que la moitié des filles de la terre s'imaginait être choisi par Sirielle pour être initié... Ma réflexion fait naître une question qui me terrorise. Le monde entier est-il au courant pour l'attaque du château ? Me recherche-t'ont ? Une armée a-t-elle été élevée contre Isildor ou bien personne n'est au courant ?
À force d'y réfléchir, je me demande quelle est la meilleure option.
Le savoir où l'ignorance ?

Un dilemme intéressant...

La savoir fait avancer les choses mais peut aussi être néfaste mais l'ignorance n'est pas mieux, elle peut, certes, sauvé des vies mais aussi servir à contrôler des populations... Tout à un double tranchant, chaque chose. Sinon, à quoi rimerai le bien et le mal ?

Je sens que je commence à divaguer, ces interrogations multiples ne m'aideront pas. Mon attention se reporter vers le journal, j'ai le choix entre trois destination, c'est déjà pas mal... Je regarde les noms. Avec un peu de chance ils me renseigneront sur le pays d'origine de ces Immortelles.

Adelina ne me dit rien, Niala non plus. Je tique sur le prénom Amonet, on dirait un vieux prénom Égyptien. Je regarde la date a côté de son nom. - 2000 à - 1590 av. J.C.

Je laisse échapper un sifflement, c'est très vieux ! Mon œil lit et relit les prénoms inscrit sur le papier. Pourquoi Sirielle, pourquoi le monde entier ne dit qu'il n'y a que quatres Immortelles ? Impossible que Sirielle n'est pas été au courant, elle le cachait forcément... La question est pourquoi. Pourquoi caché l'existante de quatre autres Immortelles ?

Je me doute que si elles avaient marqué l'histoire, elles seraient peut-être connues. Mais il y a forcément des traces de leurs vies quelque part.

Ce qui m'étonne de plus en plus c'est que Sirielle ne m'a jamais parlé des Ailes Blanches alors que Kumiko semblait faire une alliance avec eux. Je soupire, Sirielle m'a caché bien trop de chose pour que je puisse espérer comprendre quoi que ce soit maintenant. Si je veux quitter la Chine il va falloir que je trouve un moyen de transport.

On en revient toujours aux mêmes problèmes...

Sans papier ni rien je n'ai aucune chance. La main serre les billets étroitement liés.

Quoique.

Un sourire apparaît sur mon visage. L'argent résout la plupart des problèmes. Quoiqu'il en soit, il faut que je gagne Shenyang. Je me lève et regarde les ruines du palais. Combien de temps va-t-il resté comme ça avant que quelqu'un d'autre ne le trouve ?
Je fais demi-tour et m'enfonce dans la forêt.

Grâce à mon téléphone portable, je trouve rapidement une carte qui m'indique ou se trouve la ville. La marche est silencieuse. Je crois que depuis le début de ma fuite, j'ai du faire autant de kilomètres à pied qu'en avion ! Le calme des forêts arrive toujours à me détendre.

J'écoute attentivement autour de moi, j'entends le chant d'un oiseau, repris par un autre beaucoup plus loin. Un ruisseau coule à ma gauche. Je regarde encore une fois mon téléphone, la marche ne devra pas être longue. Avant d'avoir fait un détour par le palais, je pouvais apercevoir les gratte-ciels. Je sais qu'avec mon téléphone je pourrai regarder les informations à propos d'Isildor mais j'ai trop peur. Trop peur de ce que peuvent dire les journalistes. Trop peur de ce qu'a pu faire Isildor depuis qu'il est au pouvoir. Je regarde ce portable comme s'il venait tout droit de l'enfer et le range dans ma poche. Je ne veux pas savoir, pas encore. En rangeant mon téléphone, je ses les billets de banque et le collier contre mes doigts.

Avec l'argent que j'ai, je vais pouvoir m'acheter une place sur un bateau ou dans un avion sans problème. Si le collier est en vrai diamant, je pourrais l'échanger contre un faux passeport.
Je ne reviens pas que je me fasse ce genre de réflexion. Acheter illégalement un passeport, quand je pense que j'ai toujours eu la trouille de sécher une simple heure de cours.

C'est dur d'être Lara Croft.

Sauf que là je ne joue pas à un jeu vidéo. Je suis vraiment en danger de mort. La mort, une des peurs que presque toute la population partage. Je repense avec un frisson à ce que le disais ma mamie. Quand je ne serai plus là, tu pourras l'avoir.
Cette phrase me paraissait tellement innocente quand j'étais petite. Finalement, face à sa tombe, j'aurais volontiers donné tout ce qu'elle m'avait légué pour qu'elle puisse revenir. J'ai regretté pendant des mois de ne pas être allé la voir plus souvent, de ne pas avoir dit : je t'aime, une fois de plus.

J'inspire profondément, même l'air a du mal à rentrer dans mes poumons tellement ma gorge est remplie de sanglots retenus. Je me demande, si un jour cela partira, le manque, la tristesse, la culpabilité. Tout cet enchevêtrement d'émotions fortes comme un tsunami. Ma mère était devenue distante, elle regardait la télé et lisait sans vraiment lire, des dizaines de livres sur le deuil.

Perdre quelqu'un c'est un peu comme un trou noir, c'est un peu comme l'infini...

Cette phrase, j'ai l'impression qu'elle résumait tout ce que je ressentais.
Soudain, mon pied bute sur une énorme pierre. En regardant de plus près je remarque que ce n'est pas une pierre, c'est une vielle dalle. Je lève les yeux et remarque que je marche sur un ancien sentier dallé depuis un certain temps.

Devant moi, à une centaine de mètres, je vois une petite construction en pierre. C'est la même architecture que la fontaine au palais. Je m'approche tranquillement pour mieux détailler ce kiosque.

Six poteaux gravés du symbole des Immortelles soutiennent un dôme de pierre. Ce dome protège de la pluie un simple banc en pierre. La végétation s'est approprié l'endroit. Des plantes grimpantes recouvrement presque entièrement le toit. Je m'assois sur le banc et regarde la forêt. Une douleur reconnaissable entre mille éclate dans mon cerveau.

                            ※※※

Trois semaines...

Siera est parti sans me donner plus d'indications. Peu importe, je serai me préparer au départ seule. Mes domestiques et les membres de mon armée ont connaissance de la situation. Je n'ai pas encore mis Tao au courant. Je redoute sa réaction. Il ne voudra sûrement pas partir. Pas maintenant en tout cas. Les visions lui mènent la vie dure. Quant à moi, je sais que je ne trouverai pas ma remplaçante en restant dans ce palais.

Cependant j'ai encore largement le temps, Adelina a vécu six cents ans. Je n'ai pas connu énormément de batailles mais celles que j'ai faites ont attiré l'attention. Combattre avec du feu et de la glace, voilà qui n'est guère discret.

Adelina a toujours été surprise par ma capacité à contrôler la magie. Elle qui ne maîtrisait que l'eau a eu du mal à m'aider pour les autres éléments. Je ne pense pas que Tao aura beaucoup de magie, son don lui prend déjà beaucoup trop de temps et de travail. Il maîtrisera peut-être l'air, la magie la plus simple à maîtriser car elle se trouve partout.

Trois semaines. Les Ailes Blanches ne plaisantent pas avec la sécurité. Je sais que son armée est puissante. Elle a toujours eu le goût de la grandeur, c'est ce qu'il m'inquiète le plus. Adelina m'a toujours dit de me méfier d'elle, et elle a raison. Je doute que les membres des Ailes Blanches savent toujours ce qu'elle prévoit de faire. Mais ils ont bien trop de respect pour elle pour oser se rebeller. Elle dirige cette organisation depuis si longtemps. Malgré tout, je n'ai jamais remarqué de grande différence. Les Hommes continent a guerroyer sans vrai but appart se remplir les poches.

- Je jure de faire mon possible pour préserver la paix, quel qu'en soit les moyens.

Je laisse échapper un rire amer et méprisant. Quel qu'en soit les moyens. Je sais qu'elle a déjà organisé un assassinat contre un roi projetant d'attaquer un Empire voisin. Le résultat ? Une guerre civile pour savoir qui montera sur le trône désormais libre. Un magnifique résultat. Pourtant elle n'a jamais baissé les bras.

Évidemment, ayant une alliance avec elle, je dois respecter mon engagement. J'ai déjà empêché mon roi d'attaquer d'autres royaumes. Toutefois, je sais reconnaître quand une cause est perdue d'avance, contrairement à elle.

La paix pour la paix. Je prends une moue désabusé, les Ailes Blanches ne comprendront jamais. Elle ne comprendra jamais. Tout en réfléchissant à quoi emporter avant le départ, je tortille une tige de lierre dans ma main. Lentement, elle se met à pousser. Elle grandit autour du poteau et, de toutes petites feuilles naissent avant de grandir. Une douce odeur de fleur et de feuilles envahi l'air.

Je m'arrête et souris.

- Tao, viens, dis-je doucement.

J'entends les pas du petit garçon sur les feuilles. En quelques secondes il est assis à côté de moi. Je tourne la tête vers lui et lui sourit. Il me rend un sourire avec quelques dents en moins.

- Mère, vous vouliez me dire quelque chose n'est-ce pas ?

Je ris légèrement.

- Décidément, je ne peux rien te cacher, lui dis-je en passant mon bras par-dessus son épaule pour l'attirer vers moi. Nous allons partir.

- Partir ou ? me demande-t-il innocemment.

- Loin d'ici. Il faut que nous quittions la Chine, c'est bien trop dangereux.

Un moment passe. Mon fils n'a pas prononcé un seul mot. Peut-être consulte-t-il le futur ? Je n'en sais rien. Son don le fait devenir plus renfermé sue lui même chaque jour qui passe. J'en reviens a regretté les jours où il n'était seulement qu'un nourrisson. Le temps passe si vite...Tao finit par se lever et me prend par la main.

- Je vais préparer mes affaires, vous m'accompagnez ?

Je me lève et nous quittons le kiosque main dans la main.

                              ※※※

Je lève la tête vers le haut du kiosque. Décidément, Tao était très mignon étant petit. Mais je suis surtout dégouté. Kumiko parlait d'elle. Mais qui est elle ?

Sûrement la chef des Ailes Blanches d'après ce que j'ai pu comprendre.
Peut-être que Kumiko a d'autres choses à me révéler ?

Si je restais, je découvrirai sûrement des choses intéressantes, peut-être même que je découvrirai qui est elle.
Je reste un moment assise sur le banc à réfléchir à des hypothèses aberrantes. Niala. Une Immortelle ? Un nom de code ? Un lieu, une ville ?
Je soupire et me lève avec peine. Je descends les quelques marches du kiosque qui me mènent au sol. Il faut que je continue. Je sors mon portable et grimace, il ne me reste que trente pour cent de batterie. Je reprends ma carte et continue mon chemin. Tout en marchant, je fais une liste mentale de ce que je dois faire une fois arrivé à Shenyang.

1. Je dois me trouver un nouveau passeport.
2. Me trouver des nouveaux vêtements ne serai pas du luxe.
3. Embarquez dans un avion pour n'importe quel autre pays.
N'importe quel pays ?

Je repense aux maigres possibilités que j'ai et un seul pays me semble être le bon. L'Égypte. Le pays des pharaons. À y penser, je me dis qu'Amonet a dû vivre pendant cette période de l'histoire de l'Égypte. C'est très vague je le sais bien. Mais bon, j'aurais dû plus écoutés en cours d'histoire.
Sauf qu'il y a un léger problème. Il n'est pas très bon de se rendre en Égypte ces temps si.

Même la géopolitique n'est pas avec moi.

Je ne suis pas énormément les informations mais je sais que dernièrement, les Égyptiens souffrent de l'opération de l'armée pour lutter contre les djihadistes. Beaucoup de civils sont déjà morts.

Je ne peux m'empêcher de réfléchir à tout ce qu'il se passe. Même si je ne suis pas toute les informations, la géopolitique est quelque chose qui m'intéresse. Il se passe tellement de choses depuis plusieurs années. Je ne pense à que ce soit vrai mais j'ai l'impression que tout à commencer le 11 septembre 2001. Quand le monde entier s'est rendu compte que les puissants États-Unis peuvent aussi être touchés. J'ai du mal à tout comprendre. J'ai l'impression qu'il se passe plusieurs guerres en même temps. Bien sûr, pour ne pas aider à comprendre, elles se passent toutes aux mêmes endroits.

Je secoue la tête pour me sortir cette pensée de la tête. Je n'ai pas envie de penser à cela. La marche ne doit plus être très longue. Quand je lève les yeux vers le haut des arbres, je peux de nouveau voir les toits de certains gratte-ciels. J'y suis presque. Entendre les bruits caractéristiques d'une ville me fait m'arrêter. Cela fait un bout de temps que je suis isolée du monde. Il y a bien eu la ville et les deux aérodromes, mais rien de comparable à ce que j'ai devant les yeux.

Une montagne de gratte-ciels se succèdent devant moi. Comme d'habitude, il y a la nouvelle et l'ancienne ville et le contraste entre les deux est plutôt saisissant. Mon œil se perd dans la contemplation des gigantesques gratte-ciels tous plus beau et brillants les uns que les autres. Pour accéder à la partie moderne, je vais devoir passer par l'ancienne ville.

J'ai rejoint la ville sans mal mais quand je croise le regard de plusieurs chinois, je me dis qu'il y a un problème. Comme je l'ai fait plusieurs jours plus tôt, je vais me regarder dans la vitrine d'un magasin. Et le résultat est... Ce qu'il est.

Les nouveaux vêtements offerts par Doria sont troués de partout. Le bas de mon jean à plusieurs traces de brûlé et est presque complètement déchiré à cause des ronces du palais. Le gilet n'est pas en meilleure état. Je décide de me détourner de mon reflet pour ne plus avoir à le voir.
Je repense à ma liste de tout à l'heure. D'abord le passeport ou les vêtements ?

Une bonne douche non plus ne serai pas du luxe...

Je tourne les trois possibilités dans ma tête et finir par choisir les vêtements. Je refais donc ma liste.

1. Acheter de nouveaux vêtements
2. Prendre une douche
3. Me trouver un nouveau passeport
4. Partir le plus vite possible pour l'Égypte

- Ça me semble être un bon plan, fit une voix grave dans mon dos.

Je sursaute et me retourne d'un seul coup. Je sens une agréable chaleur irradier mes mains.

Un jeune homme, deux ans de plus que moi je dirais, me regarde avec un sourire en coin, le corps nonchalamment appuyer contre la vitrine du magasin. Deux yeux bruns claires légèrement en amande me regardent avec amusements. Des pommettes hautes, son teint mate et un nez droit lui donne un certain charme. Ses fines lèvres sont mises en valeur par une petite moustache. Je regarde plus en détail le reste de son corps. Il est svelte mais légèrement musclé et surtout il est grand, il faire au moins un mètre quatre-vingt. Des cheveux noirs et emmêlés rehaussent le côté nonchalant du garçon.

Je fronce les sourcils. Il a certes l'air sympathique mais ça n'explique pas le fait qu'il ait, potentiellement, réussi à lire dans les pensées.

Siera...

À la vue de mon visage étonné et inquiet il sourit de toutes ses dents.

- Tu penses tellement fort que c'est dur de te rater.

Je me crispe. Un Immortel.

- Au moins tu as une bonne déduction. Mais tu ne veux pas ouvrir la bouche ? Parler seul est un peu gênant.

- Qu'es ce que tu veux que je te dise ? ma voix est rauque et irrité.

Il hausse des sourcils plutôt épais.

- Ton nom, se sera déjà un bon début, dit-il d'un air narquois.

Je me force à expiré pour chasser mon envie de le transformer en torche humaine. Je ne suis même pas sûre que j'y arriverai.

- Jane. Je m'appelle Jane.

- Noah, ravi de te rencontrer. Si tu veux je connais plusieurs personnes capables de te fournir un passeport tout neuf pour un peu d'argent. C'est pas si loin d'ici.

- Pourquoi est-ce que tu m'aiderais ?

Un rapide sourire éclaire son visage. Je croise les bras pour lui signifier que j'attends sa réponse.

- Tu sais, tous les Immortels ne sont pas des monstres. Et le monde entier ne veut pas ta mort. Moi par exemple.

Noah ne m'inspire pas du tout confiance mais je vais avoir besoin de lui pour me trouver un passeport. Je pourrais très bien le semer au moment de prendre l'avion.

- Il vaut mieux prendre le bateau que l'avion si tu veux l'avis de la personne que tu souhaites abandonné en Chine.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Ce garçon a vraiment de l'humour.

- Alors, il me tend la main, je t'aide à te trouver de nouveaux vêtements, un passeport et je m'engage à te laisser tranquille. Marché conclu ?

Je lui serre la main d'un air entendu.

- Marché conclu.

Il me lâche la main et on s'aventure dans des ruelles plus petites les unes que les autres. Je me demande ce qu'il m'est passé par là tête pour que j'accepte de le suivre sans broncher.

Tu n'as pas le choix.

Il est vrai de Noah à l'air de connaître la ville mais son don me fait penser à Siera et ne me dit rien qui vaille. Après tout, je ne sais même pas qui sont mes ennemis dans cette aventure. Il se peut bien qu'une autre Immortelle avant Kumiko a eu des enfants et qu'une lignée d'Immortels ai vu le jour. Mais le fait que Noah puisse appartenir aux Ailes Blanches m'interpelle. Je ne sais toujours pas si cette organisation à un lien avec Isildor. Il y a tellement de chose que j'ignore.

Je rentre dans le dos de quelqu'un. Je lève les yeux et vois Noah me regarder avec amusements.

- Alors, on ne sait plus s'arrêter ? Je sais que je suis séduisant mais pas au point de se jeter sur moi.

Je lève les yeux au ciel. D'après ce que je vois, Noah a plus l'air d'un bouffon prétentieux que d'une personne qui souhaite ma mort.

- L'habit ne fait pas le moine, chuchote-t-il d'un air malicieux.

Je décide d'ignorer cette remarque provocante et regarde autour de moi. Ici, perdu aux milieux des ruelles, il n'y a plus aucune trace des gratte-ciels. Quelques pots de fleurs sont posés sur le rebord des fenêtres et la décoration s'arrête là.

- Ou sommes-nous ? demandé-je à Noah.

- Chez une personne capable de te faire un nouveau passeport.

Je regarde la façade de la maison d'un air perplexe. À part le crépi délavé et craquelé, ce lieu n'a rien de spécial. Noah ouvre la porte et me fais signe de le suivre.
Et si c'était un piège ?
L'immortel lève les yeux au ciel.

- Non Jane ce n'est pas un piège. S'il-te-plaît fait-moi confiance.

Je grimace face à cette remarque. Je commence sérieusement à détester cette phrase. Combien de fois me suis-je fait trahir avec cette phrase ?

Une fois, c'est déjà suffisant...

L'envie de prendre mes jambes à mon coup me secoue soudain mais je refuse de céder. Je mets donc un pied devant l'autre et monte les marches jusqu'au perron où je rentre à la suite de Noah.

A peine entrée, une odeur de poussière et d'encre le pique le nez. Une ampoule électrique et ses fils à nu pendouillent lamentablement au-dessus de ma tête. Grâce à cette faible lumière, je peux apercevoir, au fond à droite de la pièce, une silhouette dans l'ombre. Je plisse les yeux pour mieux distinguées pour mieux définir les contours de son corps.

A un mètre devant moi, j'entends Noah se racler la gorge. Il croise les bras sur sa poitrine et attends.
Mon regard passe de Noah a l'inconnu sans parvenir à comprendre. Que se passe-t-il ?
J'en profite pour observer pièce autour de moi.

Elle n'est pas très grande, moins de 10 mètre carré. Des dizaines de bibliothèque remplie à rabord par de vieux papiers menace de s'effondrer. A l'opposé de l'inconnu, un gigantesque et massif bureau en bois brut est couvert par des centaines de dossier et de feuilles. Difficile de s'y retrouver.

Finalement, après trois longues minutes de silence, le propriétaire de la maison prend enfin la parole.

- Alors Noah, tu amènes une invitée ? demande la voix de stentor.

Je frissonne, sa voix à quelque chose de malsain.

- Pas exactement, elle a besoin d'un nouveau passeport.

- Et elle a de quoi payer ?

Faîtes comme si j'existais pas surtout...

Je devance Noah avant qu'il ne réponde.

- Oui, elle a de quoi payer ne vous inquiéter pas.

L'homme éclate d'un rire puissant et s'avance vers la lumière. Il est grand, très grand. Son visage, sa peau et sa stature m'indique qu'il n'est clairement pas chinois. Quand il remarque que je le fixe, il sourit et montre deux rangées de dents taillés en pointe. Je fais un demi-pas en arrière avant de me reprendre. Ses yeux noirs se moquent sciemment de moi sans rien dire.

- Comme tu as pu le deviner Jane, commence Noah, c'est John qui va te réaliser ton nouveau passeport. Et comme tu lui a merveilleusement, il grince des dents en prononçant le mot, indiqué que tu avais de l'argent, tout va pour le mieux.

Je hausse un sourcil en écoutant sa phrase. Je n'arrive pas à comprendre le sous-entendu. Il me semble qu'il faut de l'argent pour pouvoir payer ce genre de personne non ?

Noah me prend par le bras et nous fait sortir de la maison. Avant de fermer la porte il crie à John.

- Je reviendrai chercher le passeport dans une heure !

Une fois dehors je tire brusquement mon bras gauche pour qu'il le lâche. Qu'est-ce qu'il lui prend ?

- J'en reviens pas que t'ai fait ça !

Je ne réponds pas. Faire quoi ? Annoncer que j'avais de l'argent ?

- Exactement !

- Aurais-tu l'obligeance d'arrêter de lire mes pensées si tu ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

- Qu'est-ce qu'il devrait m'arriver ? demande-t-il sur un ton de pure colère. Tu m'enflammeras sans problème ?

- J'y ai déjà pensé.

A peine ai-je terminée ma phrase que le sol se met à trembler autour de nous. Je suis brusquement projeté en arrière, ou j'atterris quelques mètres plus loin, le souffle coupé. Je regarde Noah mais me fige. Les mains tendues en avant, il contrôle une tour de terre de trois mètres de haut. L'endroit où je me trouvais il y a quelques secondes est complètement enseveli.
J'ai beau essayer de toute mes forces, je ne parviens pas à faire apparaître mon feu. Noah a dû le comprendre car d'un mouvement de poignet, toute la terre s'effondre pour ne former plus qu'un gros tat. Il s'approche de moi et me soulève du sol sans difficulté.

- La prochaine fois, laisse-moi faire avant de parler.

Cet affrontement me laisse un goût amer dans la bouche, Noah et moi ne jouons clairement pas dans la même cour. Et il me l'a bien fait comprendre. Cependant, il y a quelque chose que je ne comprends pas.

- Qu'es ce que j'ai fait de mal ?

Il prend une grande inspiration et quitte la rue. Je le suis en abandonnant tout espoir d'avoir ne réponse.

- John est dangereux. Il ne recule devant rien pour de l'argent. A chaque fois que j'ai besoin de son aide, je le paye avec ma magie.

- Avec ta magie ?

- Oui, je lui offre une faveur qu'il peut utiliser n'importe quand. C'est ce que j'avais l'intention de faire aujourd'hui mais tu m'as devancé. Maintenant que tu lui as promis de l'argent, il va vouloir de l'argent.

- En quoi est-ce un problème ?

Il s'arrête et se retourne pour me faire face.

- Il demande des sommes astronomiques !

Je mets la main dans la poche pour sortir le collier de Doria. Je le secoue devant son nez.

- Tu crois que c'est suffisant ? demandé-je d'un air sarcastique.

- Ce sont des vrais diamants.

A son ton, ce n'était pas une question mais une affirmation.

- Avec le plus petit de tous, tu pourras largement t'acheter ce fichu passeport, murmure Noah pour lui-même.

Oui. Je pense qu'il ne m'en veut plus à présent...

-En effet. Grâce à ton diamant, je ne dépendrais pas une nouvelle fois de ce type. Maintenant, il va falloir aller t'acheter de nouveau vêtements si tu veux passer un agréable moment en bateau jusqu'en Égypte.

Avec l'aide de Noah, je parviens sans problème à me procurer tout ce dont j'ai besoin assez rapidement. Quand l'heure de revenir chez John sonne, je pense à quelque chose. J'attrape précipitamment le bras de Noah pour l'arrêter.

- Tu as donné mon vais nom à John ! Il va me reconnaître et me faire un passeport à mon nom. Je ne pourrai jamais passer inaperçu !

- T'inquiètes, j'ai tout prévu. L'heure que je lui ai laissé, c'était pour qu'il puisse préparer le passeport. Maintenant, on va y mettre les informations qu'il faut.

Je pousse un soupir de soulagement.

- Après que tu auras ton passeport, continue Noah, tu pourras quitter la Chine.

J'acquiesce en silence. Le puzzle des Immortelles va être très long à faire. Il vaut mieux que je ne perde pas de temps. Pourtant... La compagnie, bien que parfois instable, de Noah va sans aucun doute me manquer. Je n'ai plus envie de faire cavalier seul. A vrai dire, je n'en n'ai jamais eu envie, c'était plus un concours de circonstances.

Je vois qu'un léger sourire s'étend sur les fines lèvres de Noah. Il a dû écouter mes pensées. Cependant il ne dit rien et je l'en remercie.

- Nous y voilà, annonce-t-il une fois arrivé devant la porte.

Il l'ouvre et pénètre dans la maison suivit de très près par mes pas. John est assis à son bureau et semble nous attendre, un passeport vide dans les mains.

- Vous voilà enfin !

Il nous sourit, ce qui a pour effet de me mettre mal à l'aise. Indifférent à mon malaise, il continue.

- Noah, tu connais les règles. On paye et ensuite je travaille.

- Bien sur.

Il jette un œil à ma poche et me fait signe de donner le diamant que nous avions déjà détaché.

Il ne vaut mieux pas qu'il voit le collier entier, m'avait soufflé Noah.

D'une main légèrement tremblante, je pose doucement le diamant sur le bureau. John écarquille les yeux à la vue de la plus recherchés de toutes les pierres précieuses. Par peur qu'on ne la lui prenne, il récupère la pierre et la range dans une des poches de sa veste de costume. 

- Il va s'en dire que le passeport est payé.

Noah me sourit et se rapproche du bureau de John.

- Donc nous pouvons commencer ?

- Exactement.

John me fait signe d'approcher.

- Nom, prénom ?

- Roisset Manon.

Je hausse les sourcils et regarde Noah avec une moue désabusé.

C'est quoi ce prénom ?

Il hausse les épaules l'air de dire : c'est tout ce que j'ai trouvé. Les questions de John s'enchaînent les unes après les autres. A la fin, il prend une de mes empreintes digitales et prend une photo de moi.

N'étant plus utile pour le passeport, je vais m'asseoir sur une chaise traînant dans la pièce et attends.

- Jane !

On me secoue par l'épaule et je bondis sur mes pieds. La jungle et le visage de Noah se superpose. Je cligne plusieurs fois des yeux et me laisse tomber dans le fauteuil. Le souvenir de la course poursuite défilé avec netteté dans ma tête. Je baille et m'étire.

- Quel heure est-il ? demandé-je à Noah.

- Une six et demie du matin.

- J'ai dormi aussi longtemps ?

- Oui. Et l'ai une bonne nouvelle. Ton passeport est définitivement terminé mademoiselle Manon Roisset.

Il me tend le petit rectangle devenu si précieux à mes yeux. Je le prends et me dépêche de le glisser dans le sac que j'ai acheté quelques heures plus tôt.

- Pendant que tu dormais j'ai aussi regardé les horaires de bateaux pour se rendre en Egypte. Il n'y a pas de trajet direct mais le prochain par à huit heures.

Je me redresse sur mon siège pour mieux écouter Noah. Toute trace de fatigue à disparue de mon visage.

- Tu veux dire quoi par trajet direct ?

Noah sort son portable et me montre une mappemonde sur son téléphone. Pendant qu'il m'explique par ou je vais passer, il suit le trajet avec son doigt.

- Nous allons longer les côtés de la Chine, faire une escale en Malaisie, une en Inde et nous serons définitivement en Egypte.

J'incline légèrement la tête pour monter que j'ai compris.

Attends une minute... Nous ?

Noah me sourit et ses yeux pétillent d'une étrange façon. Il a hâte de voyager. J'essaie d'être contre cette idée mais je n'y arrive pas. J'ai vraiment besoin de quelqu'un pour m'accompagner. Surtout que Noah n'est pas quelqu'un d'ordinaire, il peut très bien se défendre s'il y a un problème.

Et accessoirement me défendre s'il y a un problème.

Je lève les yeux vers lui.

- Très bien, quand partons nous ?

Un sourire s'étend sur son visage.

- Tout de suite !

Il m'aide à me lever et nous quittons la maison de John après l'avoir remercié.

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