PROLOGUE
«Yoongi chéri ? Fit une voix aiguë près de moi, alors que j'enfonçais un peu plus ma tête dans l'oreiller. Réveille-toi, nous partons dans une petite heure, tu dois encore te préparer et finir ta valise.»
Des talons claquèrent sur le parquet de ma chambre, agressant mon ouïe, puis la porte se referma, me laissant à nouveau dans un silence reposant.
Je soupirai en frottant mes yeux pour chasser les derniers restes de fatigue, et soulevai ma lourde couette pour partir m'habiller en reniflant. La lumière passait faiblement au travers des volets fermés, m'éclairant suffisamment pour voir mon armoire.
J'avais beaucoup trop de vêtements à ma disposition, et je pris finalement un t-shirt noir, un jeans bleu déchiré aux genoux, une ceinture et des baskets noires également.
Comme ça, je ne ressemblais pas à ma famille et j'étais vraiment moi.
Le visage morne, je partis ensuite prendre une pomme dans la cuisine et croquai avidement dedans tout en faisant défiler les fils d'actualité de mes nombreux réseaux sociaux. Des nouvelles photos de profil à aimer, quelques posts à commenter pour le dire de l'avoir fait, et je rangeai mon portable dans la poche arrière de mon pantalon.
Je finis le fruit en léchant mes doigts et en essuyant le jus au coin de mes lèvres, puis me rendis dans la salle de bain.
Alors que je frottais énergiquement ma dentition déjà blanche, je me regardai un instant dans le miroir. Je vis un jeune garçon arrogant, pourtant mignon, mais le regard vide de toute émotion et l'air supérieur. J'effrayais souvent les rares personnes qui tentaient de m'approcher..
Mais je ne m'en portais pas plus mal. La solitude était devenue ma meilleure amie, car je n'aimais pas en général la compagnie humaine, avec tous ces hypocrites qui ne me parlaient que pour mon argent.
Ma famille était plutôt aisée, je pouvais acheter tout ce dont j'avais besoin.. Mais l'amour, l'amitié ou la complicité étaient des sentiments inconnus qui ne pouvaient être payés avec ma carte Gold.
Je me rinçai la bouche après ces pensées furtives, et vins relever mon t-shirt pour observer ma peau. Un léger sourire releva les côtés de mes lèvres, alors que je passais mes doigts sur le premier tatouage que je m'étais fait, en cachette, quelques semaines auparavant.
Les tatouages étaient une forme d'art que j'admirais, et le fait de marquer sa peau d'un dessin réfléchi et qui nous représente vraiment me plaisait.
Seulement, mes parents s'étaient catégoriquement opposés à cette idée, et j'avais du me rendre dans un salon avec une petite liasse de billets pour combler les quelques années d'avance sur ma majorité.
Mon tatouage représentait un immense dragon noir, les parties de son corps formées de flammes, et la tête dirigée vers mon omoplate. Son corps se dessinait sur mon côté gauche, et caressant ma peau nue de ses lignes agressives, tout le long de mon flanc. Le bas de son corps étaient caché par mon pantalon et mon boxer, mais il continuait sur l'intérieur de ma cuisse.
J'étais fier de ce dessin, j'avais longtemps hésité à le faire mais il me représentait : une tête brûlée qui dirigeait sa vie par ses propres lois, traçant son propre chemin, et non ceux qu'on lui imposait par les liens familiaux.
Je redescendis mon haut pour cacher cette œuvre d'art ancrée dans ma peau, puis passai un coup d'eye-liner sur mes yeux afin d'affiner mon regard. Ça me rendait bien plus beau.
Une fois ma valise terminée, je rejoignis mes parents à l'entrée, et les vis soupirer en voyant ma tenue de voyage. Si au début, ils n'avaient cesser de me faire tenter de changer de vêtements, à présent ils avaient laisser tomber face à ma détermination. Je tenais ça de mon grand-père.
Plusieurs dizaines de minutes plus tard, mes parents et mois nous trouvions dans la voiture, et je m'étais installé à l'arrière, contre la vitre. Mes écouteurs étaient placés dans mes oreilles, où se trouvaient de nombreux piercings dont j'étais également fier.
Bougeant la tête et le pied droit au rythme de la musique qui passait, je regardais le paysage défiler rapidement. Mon père n'arrêtait pas de parler de notre "fabuleuse" maison de vacances, une grande bâtisse achetée il y a quelques années et possédant une piscine ainsi qu'un jardin. Les voisins du quartier nous jalousaient, mais nous n'en avions que faire.
«Yoongi, enlève tes écouteurs s'il te plait. Me demanda mon père d'un ton autoritaire, sans quitter la route des yeux. Tu auras bientôt dix-sept ans, n'oublie pas. As-tu trouvé une copine depuis notre dernière discussion ?»
Je bougeais lentement ma tête de gauche à droite en reportant mon attention sur l'extérieur de la voiture, tandis que mon père soupirait en serrant un peu plus le volant.
Il remettait encore le sujet sur le tapis. Cela faisait parti des coutumes de notre famille de trouver une fille belle et riche, pour perpétuer notre descendance noble. Mais l'idée de me marier aussi jeune, avec une personne que je n'aimerais sûrement jamais, me rendait hors de moi.
En remettant mes écouteurs pour ne plus entendre leurs sermons, je souris doucement. Mes parents n'étaient de toute façon pas au courant d'un détail crucial dans l'affaire.
J'étais gay.
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