Préparatifs (partie 2)

Point de vue de Lucy...

Malgré cette torture que je me suis moi-même infligée, je n'ai pas réussi à endiguer le flux constant d'images libidineuses qui ont résulté de cette simple suggestion quelques heures plus tôt. J'ai déjà vu de quoi il avait l'air en tenue civile et en tenue militaire mais à quoi peut-il bien ressembler avec un costume et une cravate ? Le fantasme du patron sexy par excellence... Je suis tellement, totalement, foutue bon sang !

- À quoi penses-tu Lucy ? me demande ma partenaire de shopping. Tu regardes cette robe depuis un bon moment tu sais ?

- À rien en particulier Ever ! paniquais-je d'avoir été surprise de la sorte. Je me demandais seulement... si elle conviendrait pour la soirée ?

J'ai honte de lui mentir. Cependant, je ne peux pas lui dire que son supérieur m'attire plus qu'il ne le devrait. Autant sa douceur que son côté autoritaire. Il a beau être énervant... Je ne peux pas l'expliquer. Encore moins à elle ! C'est vrai quoi... Elle ne me laisserai jamais tranquille sinon. Déjà qu'elle a dis qu'on se dévore des yeux lui et moi... sans parler de nous arracher nos fringues. Le pari débile qu'elle a fait avec Bixrow ce matin en est la preuve, même si elle soutient qu'elle ne le pensait pas forcément. Personnellement j'ai un doute. Ce n'est pas la première fois qu'elle fait ce genre d'allusion, même si les précédentes n'étaient pas forcément verbales. Je me rappelle encore les mimiques qu'elle faisait quand le Colonel Drear a tenté de m'apprendre à tirer en se collant à mon dos et que je pouvais sentir chaque crête et chaque vallée de son torse...

Allez, c'est pas le moment de repenser à ça. En plus, il ne s'agit peut-être que d'une histoire de frustration sexuelle... C'est sûr même ! Le seul avec qui j'ai été proche et avec qui j'ai eu des rapports sexuels, c'est Dan. Notre dernière fois remonte à avant son départ... Je suis restée tellement longtemps en jachère que je fantasme sur le premier homme sexy et à mon goût qui pourrait s'occuper de mon jardin ! Suis-je pathétique ou désespérée à ce niveau ? Ou alors volage ? Dan me fait toujours un certain effet après tout... Du moins, je crois ? Raah, j'en sais rien !

- Lucy ! m'interpelle une nouvelle fois Ever. Freed nous attend et va finir par s'enraciner à côté de la caisse si on ne se dépêche pas. Mais si tu veux mon avis, celle-ci est parfaite, dit-elle en désignant la robe que je fixe.

Il s'agit une robe bustier bordeaux, légèrement évasée et qui m'arrive juste en-dessous des genoux. Elle est simple mais le tissu est incroyablement doux. Le seul problème sera pour remonter la fermeture éclair dans le dos, et pour la redescendre, forcément.

- Tu feras un malheur si tu la portes. Tes seins vont ressembler à deux plats bien garnies, rit-elle. Les vieux pervers pourraient même avoir une crise cardiaque en te voyant ! enchaîne t'elle en cachant le bas de son visage avec son éventail, ne laissant ainsi que ses yeux rieurs à découvert.

- Tout de suite... marmonnais-je, dépitée de sa remarque.

- Quoi qu'il en soit, tu ferais mieux de te dépêcher de choisir. Nous devons être rentrés dans moins d'une heure, me met-elle en garde subrepticement.

- Je sais, je sais... Réunion stratégique et patati et patata, c'est ça ? « Je ne tolérerai aucun retard, sauf si vous tenez à connaître l'Enfer », dis-je en imitant faussement le Colonel et son froncement de sourcils.

- Tu as tout compris ! Mais un conseil... ajoute-t-elle sombrement en murmurant si bas que je peine à l'entendre. Ne l'imite jamais quand il est dans les parages si tu tiens à la vie... Je sais de quoi je parle.

- J'ai appris à vous connaître depuis que vous êtes là. Et je sais que je ne dois rien faire qui soit susceptible de le contrarier sinon je le payerai chaque matin. Mais il exagère quand même ! On a eu son briefing ce matin... ronchonnais-je en gonflant un peu mes joues.

- Un briefing pour la journée afin de répartir nos tâches, oui. Une réunion stratégique avant l'arrivée de ton cavalier, ce n'est pas la même chose. Accepte-le et attends-toi à ce qu'il nous rabâche les mêmes consignes que d'habitude... Sinon, pour la robe ? Tu la prends ou on continue de chercher ?

- Je vais aller l'essayer et si elle me va je la prendrai. C'est vrai qu'elle est belle et cette couleur me va bien au teint ! affirmais-je en me dirigeant vers les cabines d'essayages, mon amie sur les talons et mon futur achat dans les mains.

Une fois notre séance de shopping terminée, nous avons suivi Freed qui était resté avec nous dans le magasin afin de récupérer nos sacs. Du moins c'est sensé être la version officielle si on nous demande pourquoi notre chauffeur nous accompagne. Officieusement, c'est uniquement pour nous garder à l'œil... En tout cas la vendeuse était aux anges et nous a chaudement remercié pour les achats, nous invitant même à revenir. En même temps, deux robes de luxe, sans oublier les deux paires de chaussures qui vont avec... Je peux comprendre que la qualité des matières premières entre en compte mais il faut pas exagérer non plus... Vingt mille bijoux par robe et dix mille autres par paire de talons. J'ai cru m'étouffer avec ma salive en entendant le montant qu'elle réclamait. Et encore, nous avons eu droit à une réduction...

- Mes demoiselles, dit-il avec déférence en ouvrant la portière arrière de la limousine tout en effectuant une courbette.

Ever et moi nous engouffrons à l'intérieur. Freed referme derrière nous et dépose nos achats dans le coffre avant de revenir prendre le volant pour nous ramener à la maison.

- Ténèbres à Dragon. Tu me reçois ? demande Freed en activant le micro inclu dans son oreillette. Daisy et Peach sécurisées. Arrivée sur site prévue dans vingt minutes, déclare t'il avant de reprendre la parole après un court silence. Compris Dragon. Terminé.

Après cette communication plutôt brève, Freed reprend sa conduite normalement sans même nous adresser un mot. Et sans se rendre compte qu'il y a deux femmes prêtes à massacrer le premier venu, dans son dos.

- Freed ? l'appelle Ever en tentant tant bien que mal de conserver son calme.

- Oui Ever ?

- Qui a décidé de ces noms de code sachant que j'en possède déjà un qui me convient très bien ? le questionne t'elle avec une certaine raideur.

- J'aimerais beaucoup le savoir aussi. Que je ne me trompe pas de nom lors de son éloge funèbre... déclarais-je avec un sourire mielleux mais sur le même ton qu'elle.

- Je l'ai prévenu que vous n'apprécieriez pas. Je décline toute responsabilité, mais Bixrow s'est dit que ce serait approprié à cause de la couleur de vos cheveux. Si vous devez vous en prendre à quelqu'un, c'est à lui, répond-il, impassible.

Ever et moi n'avons pas besoin d'échanger un seul regard pour savoir que nous sommes sur la même longueur d'ondes. La vengeance est un plat qui se mange froid... Le retour en voiture se passe dans un silence des plus complets, occupées à imaginer les pires châtiments que nous pourrions infliger à ce farceur sans cervelle.

- Nous sommes arrivés, nous signale soudainement Freed en coupant le moteur.

Je n'avais même pas remarqué que nous étions dans le parking souterrain avant de sortir de la voiture. Au moment où je récupère mon sac, un second véhicule se gare à côté de nous et le Colonel en sort. C'est quoi ce look à tomber par terre ? Il porte un teeshirt noir, moulant, qui épouse son torse ciselé et qui laisse voir ses bras musclés. Une paire de lunettes de soleil Rayban noires, style Aviator, posée sur son nez et masquant ses yeux. Un jean tout aussi sombre. Une veste en cuir marron jetée négligemment sur son épaule. Avec son air arrogant et sa cicatrice, il arbore le look de bad boy mature à la perfection, mais pas tout à fait non plus. Il retire ses lunettes, inutiles dans un sous-sol, et les accroche à son col. Ses yeux reflètent toute une palette d'émotions intenses qui me sont destinées. Autant dire que la température a soudainement augmenté de plusieurs degrés. Du moins c'est l'impression que j'ai car j'ai très chaud d'un coup. Il m'adresse un petit sourire satisfait et passe devant nous sans prendre la peine de s'arrêter.

- Lulu, désolée de te perturber dans ta contemplation mais je crois que tu as un peu de bave... Juste là, m'informe Ever en désignant la commissure de mes lèvres.

Je me rembrunis et l'essuie avec ma manche. Prise en flagrant délit. Tuez-moi...

Point de vue de Luxus...

Je ne pensais vraiment pas que j'obtiendrai publiquement ce genre de réaction de sa part, après tout elle est beaucoup plus discrète d'habitude. La plupart du temps, je surprends son regard avide, posé sur mon corps, dans les miroirs de la salle d'entraînement. Ou alors, je la surprend en train de se mordiller ses lèvres quand je la taquine en laissant transparaître le désir que j'éprouve pour elle. Mais je dois avouer que toutes ses petites réactions gonflent mon égo. Voir ses yeux refléter la même faim que les miens... J'aime savoir que je lui fais de l'effet. D'un autre côté, je préférerai le contraire. Je ne peux pas me permettre de commencer quelque chose avec elle. Cela ferait obstruction au but même de ma mission et nous finirions tous les deux blessés. Si seulement c'était si simple de m'en convaincre. Plus nous restons longtemps, plus ma résolution s'amenuise. Et ces trois idiots qui en rajoutent une couche avec leurs élucubrations et ce pari débile... J'espère que les avoir menacés de leur refuser leur prochaine permission les dissuadera de recommencer... Quoiqu'il en soit, c'est presque l'heure. Je me dirige vers la salle à manger, que nous utilisons comme salle de réunion, pour y trouver Bixrow déjà installé et pianotant sur son ordinateur portable.

- Tout s'est bien passé ici ? je lui demande en entrant.

- R.A.S. Boss ! Tout était calme et le personnel vaquait à ses occupations.

- Bien. Zoldio ? continuais-je en posant ma veste sur le dossier de la chaise que j'ai utilisé un peu plus tôt.

- Il a fait son travail comme d'habitude. Rien qui ne sorte de l'ordinaire, répond-il. Je sais que d'habitude tu as un bon flair mais là, vraiment, je commence à me demander si tu ne verrais pas le mal partout... Il n'a rien fait de suspect depuis que nous sommes ici.

- Dès que les autres nous aurons rejoins nous pourrons commencer, l'informais-je après avoir soupiré. Et je ne deviens pas paranoïaque Bix, si c'est là où tu veux en venir. Pas plus que je ne le suis normalement en tout cas. Et ça nous a déjà sauvé la vie plusieurs fois.

Nous n'avons pas eu à attendre longtemps avant que Freed, Ever et Lucy, apparemment remise de ses émotions, se joignent à nous. Ils s'installent aux mêmes places que ce matin et attendent que je prenne la parole.

- Bien. Ce sera court. Vous savez déjà individuellement ce que vous avez à faire. Je veux simplement rappeler certains points, annonçais-je. Tout d'abord, mesdemoiselles, assurez-vous d'être prêtes un peu avant 19h00. Dan doit se pointer à cette heure-là. Ever, Lucy, lui et moi nous rendrons par la suite à la réception en limousine. Léo sera notre chauffeur. D'après les informations que Dan a transmis à Lucy, et celles que nous avons regroupé, il n'y aura pas de fouille au corps, ce que je trouve suspect personnellement mais bon... Tous les gros bonnets de la ville se réunissent au même endroit et n'importe qui pourrait se pointer avec un arsenal qu'il passerait inaperçu avant qu'il ne soit trop tard. Tch... Cela peut aussi s'expliquer par la présence de gardes personnels cependant, grommelais-je. D'un autre côté, ça arrange nos affaires et nous pourrons cacher des armes sur nous. Ever, je te fais confiance pour choisir quelque chose de petit et pratique que tu pourras facilement atteindre. Veille simplement à ce que ton chargeur soit plein et à en avoir de rechange. Lucy, là je vais parler pour toi. Je suis mortellement sérieux alors je te le redis une dernière fois. Ta sécurité primera sur tout le reste. Et quand je dis « tout », c'est « tout » ! Même sur Dan Straight. Si tu es en danger, tu seras notre priorité. À partir du moment où tu seras en lieu sûr, je pourrais envisager d'aller le chercher. Pas avant. Accepte-le sinon tu peux faire une croix sur ce gala de charité.

Je la dévisage tandis qu'elle soutient mon regard impitoyable. Je sais qu'elle n'apprécie guère ce que je lui impose, mais c'est comme ça.

- À vos ordres Colonel... Je suis bien obligée de toute façon. Je respecte toujours ma parole. J'ai dis à Dan que je l'accompagnerai pour le soutenir. Et c'est ce que je compte faire !

- Parfait alors, murmurais-je, ravi de l'avoir fais plier à ma volonté aussi rapidement.

- Parfait ! répète t'elle sur un ton venimeux avant de se relever. Si tu as terminé, j'aimerai aller me faire belle !

- Oh ? J'ai hâte de voir ça Princesse... soufflais-je assez bas pour qu'elle ne m'entende pas, oubliant totalement mon équipe et observant le balancement des hanches de cette belle blonde toute en courbes en train de se diriger vers la porte.

- Hey Boss, t'es vraiment sûr que tu veux pas te la faire ? intervient Bixrow une fois qu'elle est partie.

Point de vue de Lucy...

Dire que Cancer a gentiment accepté de venir nous coiffer et nous maquiller, avec l'accord de Luxus cela va sans dire, est un doux euphémisme. Il était absolument ravi de me revoir après tout ce temps. Par contre, il n'a toujours pas abandonné le surnom « crevette » dont il m'a affublé lorsque j'étais petite. Et il le dit toujours à tout bout de champs. À chaque phrase presque. C'est même pas « presque » en fait. C'est tout le temps. Une chose est sûre en tout cas. Ce soir, s'il y a un buffet de fruits de mer je l'éviterai avec soin.

- Lucy ! Tu es prête ? Dan va arriver d'une minute à l'autre ! m'informe Ever à travers la porte de ma chambre.

- J'en ai pour une seconde Ever ! Je mets mes chaussures et j'arrive ! l'informais-je à mon tour. J'aurai juste besoin de ton aide pour la fermer ma robe !

- D'accord, je t'attends !

J'enfile un fin bracelet en or à la hâte, attrape une pochette pour y mettre mon téléphone ainsi que mes papiers d'identité et mets mes talons tout en faisant attention à l'heure. Il ne manquerait plus que je me fasse réprimander par Luxus devant Dan... Je me regarde dans le miroir et souris, satisfaite du résultat. Je sors de ma chambre et, comme promis, Ever m'attend.

- Tu es magnifique Lucy ! me complimente t'elle.

- Merci. Toi aussi Ever ! Cette robe verte est fabuleuse sur toi. Elle te va parfaitement !

- N'exagères pas voyons ! Tournes-toi que je ferme la tienne.

Je fais volte-face pour qu'elle puisse remonter la fermeture éclair puis nous nous rendons au rez-de-chaussée. J'ai hâte de sortir, de voir du monde et de parler à d'autres personnes... Ma liberté me manque, même si j'ai bien conscience d'être restreinte car ma vie est menacée. Voyons le bon côté... au moins je me suis fais de nouveaux amis. Nous arrivons dans le hall d'entrée. Il ne nous reste plus qu'à descendre les escaliers sauf que ce que je vois me fige sur place. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Il n'y a plus que lui et moi qui existons.

Au pied des marches, nonchalamment adossé à la rambarde, se tient le Colonel Luxus Drear. Il porte un costume noir, tout ce qu'il y a de plus sobre, une chemise violette et une cravate d'un bleu très sombre. Un bleu qui pourrait rappelé la couleur du ciel nocturne lorsque les étoiles brillent mais que la nuit n'est pas encore tout à fait installée. Un bleu d'une nuit de pleine lune. Ses cheveux blonds sont hérissés en un style faussement négligé qui lui donne un air plus sauvage. La faute également à son sourire ravageur. Quant à sa cicatrice,  elle attire l'attention sur ses yeux cobalt qui me fixent. Cet homme est attirant dans n'importe quelles circonstances. Un véritable démon de luxure ambulant. Un péché vivant... C'est vraiment injuste.

- Lucy, reprends-toi ! me chuchote Ever alors que je mordille ma lèvre en essayant de masquer mon trouble.

- Je ne vois pas de quoi tu parles... rétorquais-je de mauvaise foi en la suivant jusqu'au rez-de-chaussée.

- Dan vient d'arriver. Vous avez tout ce qu'il vous faut ? nous demande le Colonel sans me quitter des yeux.

Nous confirmons n'avoir rien oublié au moment où Léo arrive avec mon cavalier... qui ne passe pas inaperçu vu le volume de sa voix.

- Wow P'tit Lu ! Tu es splendide ! s'exclame t'il en tentant une nouvelle fois de me sauter dessus pour me prendre dans ses bras.

Et bien sûr, il se fait intercepter avant d'y arriver... comme l'autre jour.

- Oh ! Bonsoir Luxus, bonsoir mademoiselle. Je suis désolée je n'ai pas retenu votre prénom, les salue t'il en remarquant leur présence.

- Ever, répond t'elle simplement.

- Enchanté ! Vous êtes l'amie de P'tit Lu, c'est ça ? Vous vous êtes connues comment ? J'avoue que je suis curieux ah ah !

- Arrête de t'exciter pour rien et partons, grommelle Luxus qui le traîne par le col derrière lui.

- Je peux marcher tout seul tu sais ? Et je te signale que... Aïe ! s'exclame t'il en atterrissant sur ses fesses.

Luxus l'a pris au mot. Il l'a lâché sans prévenir. Là encore comme l'autre jour... Ever et moi nous regardons et poussons un soupir. On va devoir les tenir en laisse si on ne veut pas qu'un meurtre soit commis ce soir... J'aide Dan à se relever et Ever réprimande silencieusement son supérieur avec des signes discrets qu'elle effectue avec ses mains. J'ai beau ne rien y comprendre, il y en a certains qui restent universels malgré tout...

- Si vous voulez bien me suivre, la voiture est prête, nous informe Léo qui se faisait discret jusqu'à présent.

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