Préparatifs (Partie 1)
Point de vue de Lucy...
L'équipe de Luxus a passé toute la semaine à étudier le lieu de la réception, à élaborer des plans et diverses solutions de replis en cas de problème et à se renseigner sur toutes les personnes qui doivent y assister. D'ailleurs, j'aimerai bien savoir comment ils ont pu obtenir la liste des invités. Elle est sensée être confidentielle quand même... Quoiqu'il en soit, mes journées ont été bien remplies. Le matin je m'entraînais avec le Colonel, subissant ses remontrances concernant mes progrès inexistants, tout en me rinçant l'œil. Autant allier l'utile à l'agréable, surtout quand « l'utile » est obligatoire. L'après-midi je me détendais avec Ever sur la terrasse en buvant du thé et en lisant des magazines ou en faisant des promenades dans le jardin, et le soir... Le soir j'étais seule, plongée dans de profondes réflexions sur ma « situation actuelle ». Quand était-ce la dernière fois que je me suis endormie paisiblement, sans être assaillie par des pensées lubriques concernant un grand blond sexy, musclé et bourru, ou bien nostalgiques concernant mon ex petit-ami mignon, jovial et démonstratif ? Des réminiscences de notre relation me sont parfois revenues en mémoire. Notamment nos moments tendres, son sourire et sa chaleur. Ses caresses qui me donnaient l'impression d'être la reine de son monde... Dans ces moments-là, quand mon conflit intérieur prenait le dessus sur tout le reste, je ne ressentais que de la trahison, sans pour autant savoir si je me sentais trahie qu'il soit parti, ou si j'avais les sentiment de le trahir en fantasmant sur un autre homme que lui.
Une fois dans ma chambre, seule avec ces pensées parasites, je me sens presque oppressée. Qu'est-ce que je veux réellement après tout ? Dan était très important pour moi et le sera toujours. Il est mon premier amour, mais comme n'a cessé de le répéter mon entourage, nous sommes restés sans nouvelle l'un de l'autre durant une longue période. Et concernant Luxus... malgré qu'il soit l'exact opposé de Dan, je ne peux pas empêcher mon cœur de s'emballer en sa présence. Rien que la proximité de son corps me met en émoi. Que suis-je sensée faire ? Qu'est-ce que je ressens vraiment ? Je suis perdue dans mes sentiments, comme prise au piège d'un immense labyrinthe dans lequel j'ai l'impression de m'enfoncer, sans espoir d'y trouver la réponse que je cherche. Je soupire lourdement, continuant de regarder dans le vague, du moins jusqu'à maintenant...
- Lucy ! m'interpelle soudainement une voix grave et autoritaire.
- Hein ?! Oui ! Quoi ? me redressais-je immédiatement en l'entendant, sachant pertinemment que je vais me faire enguirlander pour mon manque d'attention.
Je tourne la tête en direction de la voix et fais face au Colonel qui semble légèrement énervé au vu de la veine qui ressort sur sa tempe. Il expire fortement par le nez et me fixe de ses yeux bleus perçants aux reflets gris.
- J'expliquais le programme de la journée et tu rêvasses... Magnifique, déclare t'il sur un ton las. Je te rappelle quand même qu'on parle de ta putain de sécurité alors sois attentive s'il te plaît ! C'est mon dernier avertissement. La prochaine fois que je te reprends la tête dans les nuages en pleine réunion, je te ramènerais sur Earthland à ma manière !
- Compris... Colonel-grognon, maugréais-je sans faire attention à son équipe installée autour de la table et qui pâlit à ce surnom.
- Tch... N'oublies pas que tu as pris seule la décision d'accepter son invitation sans même prendre le temps d'y réfléchir ou de nous demander notre avis. Tu as été inconsciente et tu ne t'ai pas posée les bonnes questions. C'est nous qui rattrapons tes bourdes en mettant notre vie en jeu pour protéger la tienne ! me sermonne t'il en haussant le ton.
- J'avais bien compris, merci ! Mais comme je te l'ai déjà répété maintes et maintes fois depuis, quoi ? Allez, moins d'une dizaine de jours on va dire. Je suis persuadée de l'innocence de Dan ! Il n'a aucun intérêt à me faire du mal et on se connaît depuis des années ! Je ne comprends pas pourquoi tu réagis aussi excessivement ! En plus tu étais là ! Tu aurais pu poser ton foutu véto mais tu as préféré ne pas le faire. Ça aussi c'était ta décision ! répliquais-je en élevant la voix à mon tour.
- Effectivement j'aurai pu m'opposer à ta décision. Mais aurais-tu écouté ? Surtout devant lui ? Laisse-moi en douter. Et tu veux savoir pourquoi je réagis comme ça ? Saches que j'ai mes propres raisons, soufflées à mon oreilles par des années de services au cours desquelles j'ai développé une certaine aptitude à déceler les mauvaises intentions derrière le langage corporelle et les paroles creuses. Je ne lui fais pas confiance, point barre ! Maintenant, si la Princesse veut bien que l'on revienne au but de cette réunion...
- Nous n'arriverons pas à nous mettre d'accord de toute façon... capitulais-je.
- Je disais donc qu'après avoir étudié attentivement toutes les configurations que nous avons mis au point, j'ai décidé d'effectuer un changement de dernière minute. Je ne serais plus le seul à t'accompagner officiellement. Ce serait trop suspect et attirerait l'attention sur nous si je ne te lâche pas d'une semelle alors que tu es au bras d'un autre homme. Ever sera ma partenaire. Nous pourrons ainsi nous faire passer pour un couple d'amis, ce qui ne devrait pas poser de problème tant que ton cher et tendre Dan joue le jeu et ferme sa bouche pour rester poli. Sinon j'en entendrais parler jusqu'à la fin des temps, ajoute-t-il, les dents serrées en s'appuyant sur le dossier de son fauteuil qui se trouve être juste en face de moi. En cas de pépin tu t'enfuiras avec elle pendant que je vous couvrirai. C'est bon pour vous ? demande-t-il en nous dévisageant tout à tour, prenant bien soin de finir par moi.
Je vois Ever, Freed et Bixrow hocher la tête en signe d'accord. Sauf que je ne suis pas de cet avis. De base elle était sensée se faire discrète et se mêler aux serveurs pour surveiller les convives. Je comprends pourquoi il a décidé de modifier son plan. Mais le fait est que je suis persuadée que personne ne cherchera à me faire du mal au cours de cette soirée. Je serais entourée d'une foule de personnes ! C'est beaucoup trop de préparations pour pas grand chose.
- Moi, je ne suis pas d'accord ! m'opposais-je sans réfléchir plus longtemps.
- Oh ? Et quels sont tes arguments Princesse ? Je suis tout ouïe. Mais ne me dis pas que c'est parce que tu seras entourée de gens importants et que des flics seront présents pour assurer la sécurité. Je te rappelle que certains sont pourris jusqu'à la moelle. Je ne leur fais pas confiance. De plus, il y a de grandes chances pour que le Comte Leythis ai également été invité. Et si tu veux mon avis, il ne sera pas le seul à en avoir après toi. Ton père avait plusieurs associés. Peut-être que certains se sont rétractés en constatant jusqu'où cet enfoiré est prêt à aller, mais rien ne nous le garantis.
Je le fusille du regard tout en bouillonnant intérieurement. Je déteste quand il a raison et qu'il me prend de haut mais je ne suis pas une poupée non plus. Toute cette attention, c'est étouffant à la fin !
- Rien à ajouter ? insiste t'il en affichant un sourire moqueur, sachant indéniablement que je n'aurai aucun argument valable à lui opposer.
- Non.
Ce simple mot m'écorche la gorge. Je suis persuadée qu'avaler du papier de verre aurait produit le même effet...
- Bien. On est d'accord là-dessus donc. Ever et toi allez aller en ville pour « parfaire votre garde-robe », pour reprendre ses propres mots. Freed vous accompagnera en se faisant passer pour votre chauffeur. Il a l'attitude parfaite et n'éveillerait aucun soupçon. Quant à moi, je vous suivrai de loin en voiture. Si ça tourne mal je procèderai à une évacuation. Et bien sûr, je m'attends à ce qu'il n'y ai aucune protestation si ce cas de figure se présente, ajoute-t-il d'un air entendu en me fixant.
- Je ne les quitterai pas des yeux. Sauf lors de leurs essayages bien entendu. Ever, je compte sur toi pour cette partie, intervient Freed.
- Je n'avais pas besoin que tu me le dises. Ça tombe sous le sens voyons ! réplique Ever.
- Je n'en attends pas moins de vous. Restez bien alertes, leur répond calmement Luxus en détournant son regard du mien.
- Et moi Boss ? Tu ne m'as assigné aucune tâche... se plaint Bixrow en croisant les bras sur la table pour y poser son menton.
- Tu gardes le fort par tous les moyens et tu surveilles les allées et venues, lui ordonne t'il. Je veux que tes drones soient opérationnels et prêts au combat si nécessaire. Le terrain a été piégé par Freed. Tu n'as plus qu'à déclencher les pièges si besoin. Et n'oublies pas l'alarme pour prévenir le personnel qu'ils doivent se mettre à l'abris.
- Bien reçu ! s'exclame t'il en se redressant, la langue tirée, un sourire malsain et une lueur vicieuse dans ses yeux verts.
Il fait froid dans le dos quand il fait cette grimace franchement...
- Au fait, tu ne viens pas faire les magasins avec nous ? Tu n'as pas besoin d'un costume ? demandais-je à Luxus, dubitative.
- Chérie... J'ai déjà ce qu'il faut, répond-il nonchalamment alors que ce nouveau surnom semble rouler sur sa langue tel un bonbon. Je ferais preuve de négligence et d'un cruel manque d'organisation si je n'étais pas capable de prévoir ce genre de chose, tu ne crois pas ?
- Arrête de m'appeler comme ça... grinçais-je alors que sa voix me fait plus d'effet que je ne veux l'admettre.
Tandis que je cherche à transpercer son corps parfait avec mes yeux afin de faire disparaître son air arrogant, les trois autres en profitent pour y aller de leurs petits commentaires, pensant naïvement qu'on ne les entendra pas chuchoter...
- Deux cents bijoux que Lucy va finir par lui sauter dessus après un entraînement, propose Ever en se penchant vers ses deux acolytes.
- Je tiens le pari mais, pour moi, c'est le Boss qui va l'épingler contre un mur de la salle d'entraînement, affirme Bixrow. Ou carrément sur un tapis.
- Un peu de tenu tous les deux ! Ce pari est complètement absurde de toute façon ! les gronde Freed.
Luxus et moi tournons la tête dans leur direction. Nos visages s'assombrissent à mesure que nous écoutons leurs inepties.
- C'est bon Freed... Sois pas aussi rabat-joie. On peut ressentir la tension sexuelle entre ces deux-là à des kilomètres. Ils s'énervent l'un contre l'autre tout le temps pour un oui ou pour un non mais se dévorent des yeux. On dirait qu'ils vont s'arracher leurs vêtements dans la seconde qui suit. Si ça c'est pas un signe ! Et je pense vraiment que Lucy fera le premier pas, déclare Ever. Une femme aime utiliser son pouvoir de séduction, surtout quand elle est attirée par quelqu'un en particulier. Et il y a mille et une façons de séduire et de faire craquer un homme, soupire t'elle, les yeux dans le vague.
-On parle toujours de la miss ou tu te remets à rêver de l'adjudant Strauss ? Avoues, Elfman est si bon que ça au lit pour que tu fantasmes sur lui alors qu'on est toujours là ? l'embête Bixrow en la poussant avec son coude.
- Ferme-la abrutis ! siffle Ever en le frappant avec son éventail.
- Taisez-vous tous les deux ! Ça suffit vos gamineries ! Luxus n'est pas homme à se laisser séduire facilement ! Vous devriez le savoir depuis le temps, les sermonne Freed.
Tandis que les trois continuent de se chamailler, Luxus en profite pour se déplacer derrière eux.
- Vous avez pas bientôt fini votre cinéma ?! s'énerve ledit Colonel en faisant craquer les os de ses poings, la veine de sa tempe prête à exploser.
Les trois se figent instantanément sous la menace. Et si je profitais de la diversion qu'ils m'offrent pour m'éclipser ? Je ne tergiverse pas plus longtemps et me lève pour regagner ma chambre. Si je dois aller en ville, autant me préparer maintenant. Je déambule dans les couloirs tout en me remémorant leur conversation. Pourquoi ont-ils dû parler du Colonel et moi faisant connaissance dans le sens religieux du terme hein ? Surtout dans la salle d'entraînement... J'ai déjà du mal à me débarrasser des images de lui torse nu, de son corps luisant d'une fine pellicule de sueur qui rend son tatouage noir brillant, de son pantalon porté bas sur les hanches et qui laisse voir la fine traînée de poils partant de son nombril pour disparaître plus au sud sous sa ceinture... Sans parler de celles encore plus dénudées de mes rêves, quand le fameux pantalon se fait la malle. Je nous ai déjà imaginé dans des situations complètement chimériques, comme des préliminaires. Mais là, nous imaginer ensemble... ensemble. Nus, lui entre mes cuisses, ses grandes mains agrippant mes hanches pour compenser l'élan provoqué par ses coups de reins... Oh mon dieu. Mon cerveau va surchauffer ! Une douche ! Froide ! Très froide ! En voilà une idée parfaite ! J'accélère le pas, ne faisant pas attention aux serviteurs qui m'interpellent, et me rue dans ma salle de bain. Si je m'écoutais je me jetterai sous l'eau glacée toute habillée pour mettre ma libido en sourdine !
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