Première leçon

Point de vue de Lucy...

Je faisais un rêve fabuleux dans lequel je partais explorer un monde rempli de magie et de créatures fantastiques quand j'ai été réveillée en sursaut par un fou furieux blond qui a fait irruption dans ma chambre pour renverser mon matelas et moi avec. Et pour quoi ? Pour son plaisir personnel sans doute car j'avais deux minutes de retard pour le petit-déjeuner ! Bah oui, qu'est-ce que je croyais ? Le Colonel Drear a un emploi du temps serré, attention... D'accord, je n'ai pas entendu mon réveil, mais en même temps, est-ce que c'est humain de se lever à cinq heures et demie du matin ?! Même quand je suivais mon enseignement à domicile je me levais une heure et demie plus tard ! Mais parce que Monsieur impose sa loi de pacotille, je dois m'y plier. Ce qui est sûr par contre, c'est que je ne veux plus jamais subir de tel réveil ! La rencontre avec le sol a été brutale et je me suis permise de l'incendier copieusement. J'avais cependant l'impression que ce que je disais rentrait par une oreille et ressortait par l'autre la seconde suivante. Il m'a expliqué, en haussant le ton pour que « j'imprime bien dans ma petite tête », qu'à l'avenir je devais me lever seule si je ne voulais pas avoir à en subir les conséquences, puis il est sorti de ma chambre en précisant que j'avais cinq minutes pour me préparer et pas une de plus. Ce goujat m'attendait même devant ma porte pour être sûr que je la lui faisais pas à l'envers en me recouchant ! C'est donc de mauvaise humeur que je descends grignoter un morceau après m'être habillée. Même pas le temps de prendre une douche tss...

Je suis maintenant installée à table et je fusille des yeux mon geôlier qui boit tranquillement le café que lui a servi Virgo. J'espère qu'il est bouillant et qu'il va se brûler la langue, ça lui apprendra ! J'aurai même apprécié qu'elle échange le sel et le sucre juste pour lui. Mon regarde dérive vers Bixrow et Freed qui semblent plutôt calmes. Enfin, le premier a l'air de somnoler mais avec son casque je ne peux pas le garantir et le second a le nez dans sa tablette et une tartine à la confiture dans la bouche... Tous les deux ont l'air extrêmement fatigués. Je me demande pourquoi ? Je reporte mon attention sur l'homme exécrable qui me fait face. Ever tente d'engager la conversation avec moi mais mon esprit est accaparé par les tortures que je m'imagine infliger au blond.

- Princesse, m'interpelle soudainement ce dernier. Il est bientôt l'heure de prendre votre première leçon. Mais d'abord vous allez assister à l'entraînement de mon unité. Ça vous donnera une idée de ce qui vous attend.

- Causes toujours tu m'intéresses, grommelais-je entre mes dents en portant ma tasse de thé à mes lèvres tout en lui lançant un regard assassin.

Ses trois subordonnés se figent. Ils me regardent comme si une deuxième tête avait poussé sur mes épaules. Mon interlocuteur principal repose son mug et croise ses bras sur son torse. Il laisse passer plusieurs secondes durant lesquels nous nous toisons avant de finalement rétorquer quelque chose.

- Est-ce que je dois refaire comme hier soir ? Je n'hésiterai pas et vous le savez. D'ailleurs au passage... Jolies jambes, dit-il en me faisant un clin d'œil et en m'adressant son sourire à la fois pervers et victorieux.

Je recrache mon thé à sa déclaration alors qu'une délicate couleur rouge se manifeste sur les joues de ses compagnons mais également sur les miennes. Pas forcément pour les mêmes raisons cela dit...

- Allez vous autres, bougez votre cul. Je vous veux en salle d'entraînement à six heures quinze précises ! ordonne t'il à ses compagnons en réglant sa montre. Gare à celui ou celle qui sera en retard ! ajoute-t-il sur un ton menaçant.

- À vos ordres Colonel ! s'exclament t'ils en sortant de leur stupéfaction pour se précipiter dans le couloir.

En quelques instants il ne restait plus personne dans la pièce. À part bien sûr Monsieur Je-suis-un-tyran-sexy et moi... J'ai de la chance dis donc. En fait, non. Achevez-moi. Rapidement de préférence avant que je n'essaye de l'assassiner avec le couteau à beurre.

- Allez Princesse. On y va aussi, dit-il en se levant. Vous devez vous changer. Ce que vous portez ne convient pas.

- Et en quoi ma tenue n'est-elle pas convenable ?! rétorquais-je.

Après tout je vois mal ce qu'il voudrait que je mette à part ce que je porte actuellement. Je suis en pantalon de yoga et débardeur. J'ai également une brassière de sport pour que ma poitrine ne me gêne pas. Qu'est-ce qu'il veut de plus sérieusement ?!

- Avec ces vêtements vous ne verrez pas votre corps bouger. Vous êtes trop couverte, soupire t'il comme s'il s'agissait d'une évidence.

- Trop couverte ?! m'indignais-je en repoussant brusquement ma chaise pour me remettre debout. Est-ce vraiment pour que je puisse voir mes mouvements ou est-ce juste un prétexte pour vous rincer l'œil ?!

- Je n'ai pas à me justifier que je sache. Vous n'êtes pas la première à m'avoir comme instituteur. Vous n'aurez qu'à poser la question à Ever si vous doutez de mes motifs ! Maintenant vous venez avec moi, m'ordonne t'il.

Il n'a pas fallu longtemps pour que son humeur change du tout au tout. J'ai conscience de l'avoir énervé. Mais j'ai également conscience que c'est sans doute une mauvaise idée de le mettre hors de lui. Ses iris qui tiraient sur le bleu cobalt se sont assombries juste assez pour prendre une teinte plus grise. Dans son regard, je découvre le militaire froid qu'il peut être. Je ne sais pas pourquoi mais ce regard me perturbe. Je me demande quel éclat il pourrait avoir dans d'autres circonstances... Pourquoi je pense à ça maintenant ? C'est pas comme s'il me plaisait de toute façon ! Je préfère me taire et lui emboîte le pas à travers les couloirs jusqu'à ma chambre. Il pénètre dans celle qu'il s'est approprié et en ressort tout aussi vite avec un sac de gym qu'il me tend, m'exhortant de me changer avec les vêtements qui se trouvent à l'intérieur. Je m'en empare et m'enferme dans la mienne.

- Il rigolait vraiment pas quand il disait que j'étais trop couverte... râlais-je à voix basse en découvrant le contenu du sac.

Une brassière qui semble plus ajustée que la mienne, avec laquelle je risque même d'avoir du mal à respirer, et un short qui va à peine couvrir mes fesses. Vraiment minimaliste... Pas le choix de toute façon. Si je ne les mets pas je n'ose pas imaginer sa réaction. Je soupire. Autant en finir rapidement...

Point de vue de Luxus...

Je suis adossé au mur du couloir en attendant la jeune femme. Je regarde ma montre une énième fois. Putain... c'est pas si compliqué de s'habiller. Ça devrait lui prendre à peine deux minutes ! Elle me rappelle Ever au début quand elle n'était pas foutue de respecter les horaires imposés. Elle a vite pris le pli en comprenant qu'elle devrait en faire plus que les autres élèves pour compenser ses retards. Je lui laisse encore trente secondes pour sortir... Passé ce délai, j'entre, qu'elle soit prête ou pas. Mais si elle ne l'est pas et que je fais ça, ça sera considéré comme du harcèlement sexuel. Quand je repense à la douceur de ses cuisses... Des images d'elle dans des positions obscènes assaillent mon esprit. Je dois absolument penser à autre chose avant de me retrouver à l'étroit dans mon pantalon. Je passe une main sur mon visage et me pince l'arrête du nez. C'est pas vrai... Pourquoi me met-elle dans cet état ?! Je la connais même pas et elle est littéralement ma mission ! Je dois la protéger, pas la baiser bordel. Allez Luxus, pense à un truc gerbant. Pense à ton grand-père en slip de bain ou pire... Pense à la vieille sorcière qui bosse à l'infirmerie de la base, en bikini. Beurk...

Finalement, embourbé dans mes pensées je n'ai pas remarqué que deux minutes supplémentaires s'étaient écoulées. Perdant patience, je vais pour frapper à la porte de la jeune femme mais, au même moment, celle-ci s'ouvre sur une belle blonde essoufflée. Qu'est-ce qu'elle a fabriqué pour être dans cet état ? Pas que la voir comme ça, haletante et la peau échauffée, n'est pas plaisant... Stop ! Pense à Polyussica en maillot... Pense à Polyussica en maillot !

- Blondinet... La prochaine fois... Assure-toi de prendre... une taille au-dessus ! J'ai bataillé comme une damnée... rien que pour enfiler... ce truc ! dit-elle en désignant le haut qui la compresse alors qu'elle essaye de reprendre son souffle.

Se rend-elle compte que son geste attire mon regard sur sa poitrine ?! Merde... Je suis pas aidé. Malgré tout je conserve un visage neutre et lui fais signe de me suivre. Je vérifie ma montre. Au moins nous sommes dans les temps. Alors que nous arrivons à destination, elle semble comprendre où je l'ai conduis... Peut-être que j'aurais dû la prévenir ? Mais j'aime bien sa petite langue acérée. Elle est une des rares à ne pas avoir peur de me tenir tête après tout.

Point de vue de Lucy...

- C'est quoi ce bordel ?! Pourquoi la salle de réception est encombrée de machines et de matelas ?! Est-ce que je dois m'attendre à d'autres mauvaises surprise de votre part ?!

- J'ai demandé à votre chef du personnel, Caprico je crois, une salle assez grande. Je lui ai expliqué ce que je voulais en faire bien entendu. Je sais donc que cet endroit n'a pas servi depuis des années. Pas la peine de vous mettre dans tous vos états donc. Allez attendre sur le banc là-bas, m'ordonne t'il en me désignant le mur à droite de l'entrée. Les autres ne vont pas tarder à arriver.

Je vais m'assoir mais pas sans manifester l'irritabilité qu'il m'inspire à contrôler ma vie comme si j'étais une simple enfant. Je ferme les yeux et compte jusqu'à dix dans ma tête pour essayer de me calmer. Je repense à ce qu'a dis Ever hier. Une fois que tout sera en place comme il le désire, sera-t-il moins exigeant ?

- Oh Blondie ! s'écrie t'il alors qu'il est juste devant moi.

- Quoi ?! Je suis pas sourde ! Et tu es tout aussi blond je te ferais remarquer Blondinet !

- Tiens ? On se tutoie maintenant ? Ça ne me gêne pas, ronronne t'il en croisant les bras. Mais fais vérifier ton audition, ça fait trois fois que je t'appelle !

- Quoi ?! Se tutoyer ?! On ne se tutoie pas ! m'indignais-je.

- Pourtant tu viens de le faire Princesse, alors on s'en tient au tutoiement dorénavant.

Je tremble de rage. Ce mec m'énerve ! Et qu'elle conne je suis aussi ! On est pas amis ! Pourquoi j'ai dis « tu » ?!

- Bien ! Apparemment tu as de l'énergie à revendre... Ça me plaît, ajoute-t-il à voix basse. Sinon, j'essayais d'attirer ton attention pour commencer la séance. Ils se sont échauffés en s'étirant et en courant dehors. Maintenant il vont faire quelques prises afin de neutraliser leur adversaire. Regarde bien ce qu'ils font.

J'acquiesce de mauvaise grâce et me tourne vers les tapis. Je n'avais pas remarqué qu'ils étaient rentrés. Les garçons son torse nu, avec juste un short et Ever a pratiquement la même tenue que moi. Cette dernière m'adresse un sourire encourageant qui me réconforte un peu. J'observe Bixrow et Freed se mettre en place sur les tapis. Je n'avais pas remarqué la différence entre les deux mais maintenant je la vois. Bixrow est taillé comme un nageur. Il est grand, a un torse développé mais des hanches étroites. Là encore il porte des lunettes de protections. Freed est plus petit mais mieux équilibré bien que moins musclé. L'action s'est passée si vite que je n'ai pas tout compris. Les deux sont couchés sur le dos. Freed tient fermement un des bras de son adversaire, l'entourant avec ses cuisses pour l'immobiliser, et tirant dessus dans un angle étrange. Bixrow essaye de se dégager mais finit par taper trois petits coups sur la jambe de son camarade qui le libère aussitôt.

- Mec ! Tu t'améliores vraiment ! le félicite t'il. Je n'ai pas eu le temps de réaliser que tu m'avais mis à terre avant que tu ne sois déjà sur moi !

Freed accepte le compliment avec une attitude humble, inclinant juste la tête avec un sourire timide. Il se replace au bord du tapis, laissant le champs libre à Ever. Elle possède un corps mince mais musclé, c'est indéniable. Mais Bixrow fait un peu plus d'une tête de plus qu'elle et doit faire plus du double de son poids. La démonstration à laquelle j'assiste me laisse bouche bée. Elle dévie un premier coup de poing avant de se baisser pour éviter un coup de pied ciseaux et d'enchaîner avec un balayage qui le fait rudement tomber sur les fesses. Mais elle ne s'arrête pas là. Avec agilité, elle se place dans son dos et enroule ses jambes autour de son cou et commence à serrer. Il déclare forfait comme précédemment. Je n'arrive pas à croire qu'elle ai pu si facilement mettre au tapis un homme en pleine condition physique... Je sens soudainement un regard sur moi. Je tourne la tête et rencontre les yeux cobalt de leur propriétaire qui me fait signe de le rejoindre. Il est dans la même tenue que les deux autres hommes, ce qui laisse son torse et ses jambes totalement à découvert. Je suis mal. Je suis très mal ! Autant j'aime ce que je vois, autant je flippe. C'est ce monstre qui veut m'entraîner ?! Une brindille. Oui c'est ça. Comparée à lui, je suis une brindille. Et lui c'est Goliath...

J'avance d'un pas trébuchant, perdant mon assurance à mesure que je me rapproche de lui. Les couleurs ont dû déserter mon visage. Après ce qui me semble être les plus longues secondes de ma vie, je m'arrête à quelques pas de sa position. Ses lèvres se retroussent légèrement vers le haut comme s'il essayait de retenir un sourire. Puis il ouvre la bouche...

- Dans un premier temps je vais t'apprendre à tomber, et donc à bien te réceptionner. Ça t'évitera de te faire mal inutilement. Nous nous concentrerons ensuite essentiellement sur l'esquive. Ton éducation, notamment les leçons de danse que tu as suivi, t'ont pourvu d'une certaine endurance, souplesse et agilité que tu dois mettre à profit. Quand tu auras assimilé les bases nous pourrons passer à l'étape suivante. Pour que tout ça fonctionne il va quand même falloir que tu prennes un peu de muscles. Veilles à bien t'échauffer. Ça m'ennuierait que tu te blesses car tu ne l'es pas assez.

Je me lamente intérieurement... Dans quoi je me retrouve embarquée ? Quelqu'un peut-il me le dire s'il vous plaît ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top