Lucy Heartfilia

Point de vue de Lucy...

Revoir Dan a été un choc. Quand nous nous sommes séparés nous avons tous les deux convenus qu'une relation à distance ne fonctionnerait pas entre nous. Lui devait se consacrer à ses études et j'étais sensée me préparer à prendre la relève de mon père à la tête du Conglomérat Heartfilia. Au final, en ce qui me concerne, rien ne s'est passé comme prévu... J'ai été écartée de cet avenir par des manigances douteuses venant de personnes en qui mon pauvre père avait placé sa confiance. Les quelques minutes passées avec Dan aujourd'hui m'ont renvoyée plusieurs années en arrière, à une époque où je n'étais pas la dernière représentante de ma famille...

Perdue dans mes pensées, j'ai erré dans les jardins jusqu'à ce que mes pas se dirigent d'eux mêmes vers le mémorial où se trouve la tombe de mes parents. Ce n'est qu'en y arrivant que je remarque le bruit de pas qui me suivent. La personne dans mon dos me laisse de l'espace et ne dit rien. J'ai reconnu son parfum fleuri porté par le vent. Elle me laisse juste confronter ma solitude en paix. Sa présence me rassure. Durant tout le mois écoulé nous sommes devenues bonnes amies. J'oserai même dire qu'en dehors des employés du Manoir, c'est ma meilleure amie. À l'école, les élèves n'osaient pas vraiment m'approcher. Ils me pensaient hautaine, vaniteuse, seulement intéressée par l'argent et obnubilée par mon propre confort. Les enseignants n'ont rien fait pour arranger cette image, me privilégiant d'une certaine manière en me montrant plus de respect que nécessaire. Il n'y a que Dan, avec sa joie de vivre, son sourire désarmant, son franc-parler et son attitude d'imbécile heureux, qui a eu l'audace de m'approcher, malgré les différentes mises en garde de nos camarades.

Au départ, je pensais qu'il essayait de me parler pour se moquer de moi avec ses amis alors je ne lui répondais pas. Je l'ignorais tout en ayant conscience qu'agir de cette manière pouvait en conforter certains dans l'idée que je les prenais de haut et que je ne m'abaisserais pas à leur adresser la parole. Il n'a pas baissé les bras. Les jours qui ont suivi, il était là, s'asseyant à côté de moi à la cafétéria et me parlant de lui, essayant de me faire répondre à ses questions. Vraiment, le début de notre amitié a été étrange. J'étais mal à l'aise. J'avais l'habitude que tout le monde m'évite mais je m'en accommodais. Que quelqu'un s'impose à sa manière était inédit. Puis j'ai commencé à me détendre jusqu'à sourire puis rire des bêtises qu'il disait pour me dérider.

- Tu devrais sourire plus souvent ! Tu es déjà belle mais tu l'es encore plus comme ça. Tu as un sourire magnifique après tout !

C'était la première fois qu'un de mes camarades me faisait un compliment. J'étais si surprise que je n'ai même pas pensé à le remercier. Je l'ai juste regardé et mes joues ont commencé à chauffer soudainement. C'est encore très clair dans mon esprit. Cet adolescent énergique brisait la coquille que je m'étais construite pour me protéger du monde en dehors de chez moi. Il la faisait disparaître avec une facilité déconcertante. C'est à partir de ce jour que j'ai commencé à lui répondre. D'abord quelques mots, murmurés si bas qu'il fallait presque qu'il tende l'oreille pour m'entendre. Plus je prenais confiance plus je m'ouvrais. Il lui aura fallut plusieurs mois pour qu'on ai une vraie conversation et à partir de ce moment nous sommes devenus inséparables. Nous sortions tous les week-ends en ville nous balader, nous allions au parc d'attractions et à la plage pendant les vacances. J'allais chez lui et lui venait chez moi. Petit à petit notre amitié a mué en quelque chose d'autre. Je n'en ai pris vraiment conscience que lorsque j'ai commencé à faire attention à comment je m'habillais, me maquillais et me coiffais. Mon cœur battait la chamade quand je l'apercevais au loin, nerveuse en me demandant s'il me trouverait jolie.

Ce soir-là, lors de notre dernière sortie avant la rentrée, nous avons regardé le feu d'artifice qui clôturait la fête foraine. Naturellement, nos doigts se sont enlacés et j'ai posé ma tête contre son épaule tandis qu'il penchait la sienne vers moi pour la faire reposer contre ma chevelure. Notre premier baiser a eu lieu devant les grilles du Manoir. Il était bref, maladroit mais réconfortant en même temps. J'étais heureuse puis, juste avant de reprendre les cours, j'ai commencé à douter, à repartir dans mes anciennes habitudes, à me fermer, de crainte qu'il n'assume pas le baiser. Toutes mes peurs, il les a balayé d'un revers de main quand, en m'apercevant, il a couru vers moi pour me prendre dans ses bras et m'embrasser devant tout le monde avant de hurler que le premier qui embêterait sa petite amie aurait affaire à lui.

Les deux ans qui ont suivis ont été remplis de moments à deux. Nous étions de plus en plus proches. J'adorais le voir et l'aider à répéter ses textes pour le club de théâtre autant qu'il aimait m'entendre m'exercer au violon. Il nous est bien arrivé de nous prendre la tête pour des broutilles mais dès le lendemain nos querelles étaient oubliées. C'est d'ailleurs lors d'une de nos réconciliations que nous avons sauté le pas... Nous nous sommes laissés emporter par l'instant et nous sommes donnés l'un à l'autre. Notre première fois a été lente, nous nous sommes découverts mutuellement, avec patience et passion. Je me souviens encore tous ses compliments sur ma beauté, tous les mots doux, les surnoms affectueux et les « je t'aime » que nous nous sommes échangés...

Mais un beau jour, tout ça a pris fin. Il a obtenu son diplôme et a été accepté à l'Académie Nationale de Bosco. Pour intégrer cette école il faut d'excellentes notes et il avait travaillé dur pour ça. Pourtant, quand nous parlions de l'avenir, ça nous paraissait si simple... Dans notre vision du futur idéal, nous ne nous serions jamais séparés. Pourtant, la réalité nous a bien vite rattrapé. Nous avons fini par nous quitter sur le quai de la gare, devant le train qui devait l'emmener à Crocus et de là prendre l'avion pour Bosco. Aucun de nous n'a pu retenir ses larmes. Je m'accrochais à lui, refusant de le lâcher jusqu'au dernier moment. J'avais le cœur brisé et je pleurais tandis que nous échangions notre dernier baiser. Quand il a fini par s'écarter de moi, attrapant mes doigts pour que je relâche sa veste, il m'a intimé d'être heureuse. De trouver mon propre bonheur.

Puis il est parti. Il est monté dans le wagon et je n'ai pu que regarder ce dernier s'éloigner. C'était la dernière fois que je voyais et parlais à l'homme que j'aimais, jusqu'à aujourd'hui. Nous avions convenu de changer tous deux de numéro de téléphone pour ne pas être tenté de nous parler, sachant que si nous succombions à cette tentation, nous souffririons bien plus.

Mais être heureuse ? Le temps que je me remette de mon chagrin, la dépression de mon père s'est aggravée et ses associés qu'il considérait comme ses amis l'ont poignardé dans le dos. Ils ont abusé de sa confiance, de sa générosité, de son hospitalité. Ils ont abusé de lui autant qu'ils ont pu. Jusqu'à ce qu'ils demandent la faveur de trop et que mon père se révolte. Et ce regain lui a coûté la vie. J'ai d'abord perdu ma mère adorée, j'ai ensuite renoncé à l'homme que j'aimais, puis j'ai été privée de mon père bien aimé...

Je fixe l'ange figé dans le temps et la pierre, réfléchissant à ce que je ressens au fond de mon cœur. Je ne peux pas nier le fait que mon pouls s'est emballé en reconnaissant Dan, mais n'aurais-je pas dû avoir envie de sauter dans ses bras comme avant ? N'aurais-je pas dû vouloir l'embrasser jusqu'à être rassasiée au risque de m'asphyxier ? Est-ce le choc de le revoir qui a éclipsé tout le reste ? Ou y'a t'il une autre raison que je refuse de reconnaître ?

- Lucy ? Le temps se rafraîchit. Tu vas attraper froid si tu ne te couvres pas, intervient Ever d'une voix douce sans pour autant s'approcher de moi.

- Dis Ever... Comment sais-tu que tu es amoureuse ? lui demandais-je en ignorant sa mise en garde.

- Eh bien, c'est difficile à dire. C'est un sentiment complexe quasiment impossible à décrire. Il n'a aucune logique. Mais... Selon moi, quand tu es amoureuse tu le sais au fond de toi. Ton cœur se gonfle juste en pensant à cette personne, au point qu'il pourrait éclater et que tu ne ressentes aucune peur. Tu veux la choyer, l'aimer. Tu veux son bonheur plus que le tien.

Je médite sur ses paroles. Ce qu'elle décrit me fait penser à mon ancienne relation avec Dan. Mais maintenant ? Est-ce que ce sentiment dévorant est toujours présent ? Ou s'est-il enfuit sans que je m'en rende compte ?

- Lucy, le vent se lève. Il va bientôt pleuvoir. Tu vas attraper la mort et...

- C'est bon Ever, la coupais-je. Je rentre. Merci de m'avoir laissé réfléchir en paix, dis-je, reconnaissante.

J'adresse une prière muette au ciel puis rebrousse chemin avec elle. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur que je constate à quel point ma peau est fraîche. Virgo arrive immédiatement avec une veste légère que je m'empresse d'enfiler avant qu'elle nous conduise au salon et que nous acceptions la tasse de thé qu'elle nous propose pour nous réchauffer. Après son départ, je replonge brièvement dans mes pensées jusqu'à être interrompue.

- Je crois que nous devrions sérieusement parler toi et moi. Depuis que nous sommes rentrés tu agis bizarrement. Tu t'es renfermée d'un seul coup. Tu sais que si quelque chose te tracasse tu peux m'en parler. Je ne dirais rien à Luxus si tu me le demandes, insiste t'elle. À moins que ça ne concerne directement ta sécurité bien sûr.

Je soupire et la dévisage avant de me tourner vers l'immense baie vitrée donnant une vue magnifique sur le jardin baigné par les doux rayons du soleil couchant.

- Je me remémorais juste le passé... lui avouais-je.

- Tu veux en parler ? Ça te soulagera peut-être.

- C'est simplement que... Revoir Dan... Ça a remué tous les souvenirs que j'avais enfouis au fond de moi. C'est perturbant.

- Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? me demande-t-elle.

Je réfléchis brièvement avant de lui répondre avec sincérité.

- À vrai dire, je n'en sais rien. Je suis heureuse de savoir qu'il est rentré. Mais j'ai peur de le voir repartir. Mes sentiments le concernant sont confus...

- Laisse-toi le temps. Tu viens juste de le retrouver. Quand tu auras accepté la situation avec ton cœur et non avec ton cerveau tu y verras plus clair, me conseille t'elle.

- Je sais que tu as raison. Cependant je ne peux pas m'empêcher de me poser certaines questions, murmurais-je.

- Lesquelles ? s'enquiert elle.

- Eh bien... Pourquoi maintenant ? A-t-il encore des sentiments pour moi ? Suis-je toujours amoureuse ? M'a-t-il remplacé et si oui... Serons-nous capables d'être amis après avoir été amants ? Est-ce que notre ancienne relation et la distance ont anéantis notre amitié ? Est-ce que Luxus va me laisser le voir ? débitais-je.

- Je n'ai pas de réponse à tes interrogations à part la dernière. Mais permets-moi de te poser une question en retour. Pourquoi penses-tu que Luxus t'empêcherait de le voir ?

- Eh bien... Je ne sais pas. Il aime tout contrôler et j'ai bien remarqué qu'il voulait abréger notre conversation cet après-midi. Hier il a été plutôt gentil et je commençais à le voir autrement que comme un connard mais là...

- Lucy. Sous son côté bourru Luxus est un homme doux qui prend soin de son entourage. Tu devrais le voir avec la petite Asuka, la fille d'Alzack et Bisca, nos snipers d'élite, quand il est à la base. Cette enfant lui fait faire ses quatre volontés et il se transforme en une espèce de gros nounours câlin. En dehors de cet endroit, il n'aime tout simplement pas montrer ses émotions. Dans notre travail, si tu te fais capturer avec des camarades et que tu montres trop d'inquiétude pour eux par exemple, tes ennemis vont les utiliser contre toi. Nous nous sommes tous créés un rempart à notre manière. S'il a pu te sembler malpoli, pressé ou autre, sache que c'est uniquement car il n'était pas à l'aise de rester sur place à découvert. Durant toutes nos années de service, nous avons appris qu'être immobiles faisait de nous des cibles faciles pour nos ennemis. De même nous étions plus facilement réparables.

- Mouais... Je sais pas. J'ai l'impression qu'il n'aime pas Dan.

- Ça, seul lui peut le dire, me sourit t'elle.

- C'est bien le problème ! Il ne dira rien, râlais-je.

- Qui ne dira pas quoi ? demande une voix masculine à quelques mètres derrière moi.

Je me retourne et fusille l'intrus du regard. Ce dernier me regarde en m'adressant ce petit sourire moqueur dont il a le secret. Il le fait exprès ou quoi ?! Pourquoi débarque t'il toujours dans mon dos ?! Et toujours quand on parle de lui ? Oh mon dieu... Je regarde brièvement Ever pour constater que sa peau a pris une teinte laiteuse. Faites qu'il ne l'a pas entendu le qualifier de « nounours câlin » sinon je ne donne pas cher de sa peau... Ours. Peau. Peau d'ours. Ne pas vendre la peau de l'ours. Vous voyez ? Aaaah mon pauvre cerveau a été court-circuité par l'angoisse. Je me gifle mentalement et essaye de reprendre mes esprits alors qu'il repose une question.

- Alors ? insiste t'il devant mon absence de réponse.

- Je disais que tu ne me diras jamais si tu apprécies ou pas Dan, lâchais-je entre mes dents.

- Que je l'apprécie ou pas n'a pas d'importance, répond-il en haussant les épaules. Je dois simplement faire mon boulot et garder ton petit cul loin des ennuis, ajoute-t-il avec bonne humeur.

- Arrête de citer des parties de mon corps comme le sale obsédé pervers que tu es ! Ça a de l'importance pour moi. Je ne veux pas que tu m'interdises de le voir ! m'énervais-je subitement.

Je vois le Colonel froncer les sourcils et son visage s'assombrir à mesure que je parle. Je sais que je devrais me taire mais j'ai besoin que ça sorte.

- Lucy tu... commence Ever.

- Tch... Je te rappelle que nous ne sommes pas là de gaieté de cœur Princesse. Nous sommes en mission. On doit te protéger jusqu'à ce que tu te trouves un foutu mari qui, on l'espère, te mettra à l'abris du danger ! Nous n'avons aucune garantie qu'il sera assez fort pour t'éviter des ennuis qui pourraient s'avérer mortels comme nous le faisons en ce moment ! Nous n'avons pas notre mot à dire sur qui portera ton choix. Il n'y a qu'une chose sur laquelle je serais intransigeant, quels que soient tes sentiments ! Je t'interdirai de voir quiconque menacera ta vie. Si ton précieux Dan cherche à te faire du mal, je n'hésiterai pas à t'éloigner de lui de n'importe quelle manière. Quitte à t'expédier dans un bunker ultra-sécurisé d'où tu ne ressortira que quand j'en déciderai ! Et si je dois en arriver aux extrêmes au point de me salir les mains pour accomplir mon devoir je n'hésiterai pas. Entends-le bien ! Et une dernière chose petite demoiselle à la mémoire courte. Tu ne te gênais pas pour me lorgner hier pendant que je faisais mes pompes. Ne crois pas que je n'ai pas vu le regard que tu portais sur mon corps à travers le miroir. Tu peux me baiser avec tes yeux mais moi je n'ai pas le droit de ne serait-ce que te taquiner ? J'appelle ça de l'hypocrisie. Est-ce que ça te convient comme réponse ?! hurle t'il hors de lui avant de repartir d'où il venait sans me laisser le temps de m'exprimer.

- Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? demandais-je dans un murmure coupable.

- Tu l'as énervé... C'est tout. Ne t'en fais pas. Il va aller se défouler pour évacuer sa colère...

- Ever... Qu'est-ce qu'il voulait dire par « se salir les mains » ? lui demandais-je tout en redoutant la réponse.

- Lucy... Est-ce que tu es vraiment prête a entendre ça ? demande-t-elle en s'agitant nerveusement.

- Je crois que j'en ai besoin.

Elle inspire profondément et soupire avant de me regarder dans les yeux et d'ouvrir la bouche afin de me répondre.

- Pour te protéger, Luxus est prêt à risquer sa propre vie et à tuer. L'objectif principal et officiel de notre mission est ta protection. L'objectif secondaire et officieux est de « résoudre le problème », m'annonce t'elle d'une voix qui semble dénuée d'émotions tout en remontant ses lunettes sur son nez. À ta place, j'essaierai de présenter des excuses à Luxus... Il ne méritait pas ta colère. Surtout pour une taquinerie aussi innocente. Il a déjà fait pire après tout. Puis on s'est bien amusées avec lui aujourd'hui... rajoute t'elle sur un ton plus doux.

Au moment où Virgo est venue nous prévenir que le repas était prêt, aucune de nous n'avait ajouté quoi que ce soit. C'était inutile... Je me sentais mal. Je m'étais énervée contre lui sans raison, ne pensant qu'à moi. Je n'étais pas non plus obligée de l'insulter. J'aurais pu laisser passer sa réflexion mais il a fallu que je n'en fasse qu'à ma tête encore une fois... Il avait raison. J'ai apprécié le mouvement de ses muscles sous sa peau. J'ai eu des pensées obscènes le concernant et il m'a déjà cloué le bec avec sa réflexion sur le sexe anal quand je disais qu'il avait un balai coincé dans le cul. Sa taquinerie aujourd'hui n'était rien en comparaison mais le surplus d'émotions a eu raison de ma patience. Je suis bien une hypocrite quand j'y pense...

Il ne s'est pas montré de tout le dîner. L'ambiance était inconfortable et tendue. Freed ne faisait que regarder sa montre. Bixrow ne cessait de faire naviguer ses yeux entre la porte et moi. Il devait se douter que j'avais quelque chose à voir avec son absence. Ever semblait perdue dans ses pensées. De mon côté, je rechignais à manger et me flagellais sur mon propre comportement. Il avait voulu me faire plaisir et avait autorisé une sortie en ville aujourd'hui. Il n'avait pas été désagréable et je m'étais bien amusée même. Quand j'y pense... Je ne l'ai même pas remercié.

- Excusez-moi... Je n'ai vraiment pas faim et je suis fatiguée... Je vais me coucher. À demain... annonçais-je en me levant de table pour sortir de la salle à manger.

Je me rends à ma chambre, tête baissée et mes bras entourant mon corps. J'ai honte. Je me sens horrible. Plus j'y pense et plus j'ai envie de pleurer. J'ai vraiment été méchante avec lui. Au détour d'un couloir, je me cogne contre une torse musclé mais avant de reproduire l'incident de l'après-midi, deux mains imposantes me rattrapent. Durant à peine une seconde je me retrouve pressée contre un buste chaud dans une étreinte réconfortante. Mais l'instant d'après, ce n'est plus le cas. Il m'a relâché et a continué sa route sans faire plus attention à moi. En me retournant dans le but de l'interpeler, je le vois disparaître dans la salle que je viens de quitter.

Je porte ma main à mon cœur et serre mon chemisier alors que mon menton se met à trembler et qu'une l'arme solitaire finit par s'échapper.

Je suis vraiment pathétique...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top