CHAPITRE 25
Alors que ma famille est encore en train de célébrer mon retour et déplorer la disparition de mon père et Ermano, je rejoins le bureau de mon père afin de suivre les instructions qu'il m'a laissées. Je dois en savoir plus avant cette réception, avant de me retrouver face à celui qui m'a enlevé tout ce qu'il me restait. J'ouvre la porte du bureau et admire un instant depuis le pas de la porte la pièce quasiment remplie de bois. Je l'imagine là, assis, en train de regarder des papiers que je n'ai jamais compris, une cigarette qui se consume dans le cendrier de crystal et un verre de rhum ou de whisky selon les jours, avec un seul glaçon posé à sa gauche. Je soupire. Jamais plus, je ne verrai cette scène. Jamais plus mon père ne fera partie de ces scènes. Alors d'un geste de la main, je balaye ces pensées et entre dans le bureau.
J'ouvre le tiroir central du meuble en chêne massif qui soutient encore tous les objets de mon père et trouve la clé en farfouillant entre les papiers et les enveloppes. Je me retourne alors face à la bibliothèque. Je ne savais pas que derrière celle-ci, il y avait depuis tout ce temps une pièce secrète. Je suis les instructions et retire l'album photo de ma famille. Je me fais violence pour ne pas m'y attarder. J'y découvre une vieille serrure alors, j'y glisse la clé que j'ai trouvée plus tôt et déverrouille cette porte. Le cliquetis du loquet se fait entendre alors, je tire l'étagère qui glisse sur le sol et tombe nez à nez avec un genre de salle d'archives. Il y a des papiers poussiéreux, des cartons, des étagères sur lesquelles sont entreposées des archives. D'un pas hésitant, je m'en approche. Je regarde les étagères, un livre attire mon attention, il ressemble à un journal de bord, il y en a des dizaines. Je fais un bref calcul dans ma tête et laisse ma curiosité prendre le dessus.
2012.
Je l'extirpe de l'étagère et souffle dessus afin d'éloigner les particules de poussières. Je le feuillette délicatement, appréciant la familiarité de l'écriture de mon père. Il raconte ses journées, ses semaines, ce qu'il a fait, il se livre dans ces bouquins et si mes calculs sont bons, c'est en 2012 que mon père aurait assassiné ma mère d'Elyo. Je connais mon père, il n'aurait jamais fait ça sans aucune raison. Je balaye les pages petit à petit, le nom de Moreno est omniprésent, mon père ne cesse de répéter qu'il doit conclure un marché avec lui, les affaires vont mal et qu'il a besoin d'un territoire, le fameux territoire qu'aujourd'hui, Moreno veut récupérer au détriment de ma famille.
Soudain la porte du bureau claque, je sursaute et rejoins la pièce principale. Je tombe face à Elyo. Je dépose le livre sur le bureau et referme la pièce d'archives. Son regard me brûle, il sirote son verre, son énième verre. Je ne comprends pas ce qu'il me veut. Il me détaille sans pour autant dire un mot puis finit son verre d'un trait. Il s'approche des bouteilles de mon père posées sur un chariot métallique, il semble sélectionner avec justesse son prochain breuvage. Je croise mes bras sur ma poitrine, ne comprenant pas ce qu'il me veut. Il me tend du bout des doigts un verre que je refuse sèchement, je veux savoir pourquoi il est là, je pense avoir déjà été assez claire sur les nombreux sujets qui nous concernent.
- Elle parle, woah !, dit-il sur un ton des plus ironiques.
Il ramène le verre qu'il m'a tendu à ses lèvres et le bois cul sec. Ce con va véritablement finir bourrer.
- Qu'est-ce que tu me veux à la fin ?!
À son tour de se taire, il ne dit rien et se resserre un verre. Je soupire d'exaspération en le dévisageant, il se retourne et fait comme précédemment, s'enquille le verre en une fois puis le claque contre le chariot métallique. Je sursaute, mais malgré moi, j'essaye de ne rien divulguer.
- Elyo arrête de boire autant !, m'agace-je.
- Écoute ! Je l'ai fait, c'est vrai ! crie-t-il.
Là, je comprends tout de suite de quoi il me parle. Il veut vraiment me détruire jusqu'au bout. Je le dévisage davantage avec un regard des plus noirs possibles.
- Tu as trop bu, va te coucher Elyo, tente-je.
- Et ça, fait-il en se désignant, c'est le contrôle que tu exerces sur moi Dahlia !
Se bourrer la gueule ? Si c'est juste ça le contrôle que j'exerce sur lui, je préfère qu'il n'en est pas.
- Mais je suis toujours là et ça, c'est le contrôle que tu as sur moi !, réplique-je sans réfléchir.
Je ne sais pas comment c'est possible, mais au fond de moi, j'espère toujours qu'il y a du bon en lui. J'espère du plus profond de moi que tout ceci est une mascarade.
- Je cherche des solutions Elyo, je..., j'hésite, j'espère trouver quelque chose de bon en toi, quelque chose de meilleur que l'assassin de mon père !
- Écoute-toi Dahlia putain ! Tu cherches à me protéger, tu cherches à oublier que je l'ai fait !
- D'accord, très bien Elyo ! crie-je en frappant contre le bureau, je t'en veux du plus profonds de mon âme parce que tu as merdé Elyo encore ! Tu m'as mise dans une position où je dois te protéger contre ma famille, où je dois aller à l'encontre de mes valeurs pour toi ! À cause de toi, je dois aller à l'encontre de tout ce en quoi je crois, de tout ce pour quoi on m'a éduqué ! Et tout ça pourquoi Elyo ?! Parce que tu m'attires indéniablement ! hurle-je.
Elyo me regarde avec un visage dépité, il a l'air hors de lui, mais aussi blessé.
- Alors arrête d'être attiré par moi, crache-t-il avant de se resservir un verre.
- Je ne peux pas Elyo ! Et arrête de boire !
Je m'approche de lui et pose son verre sur le chariot. Il me dévisage et malgré moi, je reste attirée par lui. Je le regarde d'un air dégouté, pourquoi a-t-il tout foutu en l'air ? Je frappe de nerf contre son torse.
- Sors d'ici ! Sors d'ici ! hurle-je.
Sur ces mots, Elyo acquiesce et qui la pièce. Je ferme la porte derrière lui et me laisse glisser contre en pleurant. Pourquoi a-t-il fait ça bon sang ?
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