CHAPITRE 20

Mon crâne me fait mal, je me sens très faible.

Peu à peu, des bribes de souvenirs refont surface et la tristesse comme le chagrin refont, eux aussi, surface. Je veux juste comprendre. Des souvenirs, des mots importants à mes yeux de mon père et moi me font davantage mal au cœur. Ils me fendent le cœur en deux parties : celle qui est si triste que je pourrais rester clouée au lit jusqu'à la mort et celle qui est si enragée qu'elle pourrait brûler une ville s'il le faut. Je suis tellement mal. Le corps de mon père a dû finir je ne sais où, mais certainement pas auprès de celui de ma mère. Et ça, ça me détruit encore plus. Comment a-t-il pu me faire ça et puis venir m'embrasser par la suite ? Il a détruit ma vie.

Mes yeux papillonnent doucement et mes sens me reviennent, l'odorat avec cette odeur d'humidité, le goût avec l'amertume de cette situation, l'ouïe lorsqu'un bruit me fait retrouver la vue et puis le toucher quand je sens un coton toucher mon front. Je tourne ma tête faiblement et tombe face à face avec Elyo. J'essaye d'user de mes mains pour le repousser, mais rien n'y fait, je suis solidement attachée sur une chaise, mains et chevilles.

- Ne m'approche pas, je ne veux plus te voir.

- Je soignais la plaie que je t'ai faite Dahlia, fait-il comme s'il voulait que je me sente reconnaissante envers lui.

- Je m'en fous Elyo, ne t'approche plus de moi. Laisse-moi m'en aller ou laisse-moi te tuer, mais je ne veux plus te voir.

Il se redresse et me regarde de toute sa hauteur. Je suis impuissante alors, je ferme juste les yeux. S'il ne veut pas me laisser en paix, je vais tout simplement l'ignorer jusqu'à ce que je puisse m'occuper de son cas. Délicatement, ses doigts viennent caresser ma joue alors, je sursaute et ouvre les yeux, le regard noir.

- Ne me touche pas, articule-je la mâchoire serrée.

- Dahlia je...

- Non Elyo, non, je ne veux pas croire à ça.

Il ne dit rien tandis que j'essaye de ravaler mes larmes. Mais cette fois-ci, impossible, je fonds en larme en répétant : « pourquoi ? » ce qui le fait baisser les yeux.

- Je t'en prie, regarde-moi. Regarde-moi et dis-moi que tu ne m'as pas menti, dis-moi que tout ceci est un mensonge...

Ma tête bascule en arrière tellement je suis fatiguée. Je n'en peux plus, je ne veux pas y croire. Il a tué mon père, mais je ne veux pas le croire. Je ne veux pas que ce soit lui. Ça ne peut pas être lui. Il relève les yeux vers moi alors que je m'apprête à m'engouffrer davantage dans mon désespoir.

- Dis-moi que tu n'es pas celui qui les a tués, je t'en supplie Elyo... Pas toi non...

Et sur ces mots, il se laisse tomber à genoux, la tête rivée vers le sol. Ce geste est pour moi un aveu. Il ne l'a jamais dit, il ne me l'a pas sous-entendu. Là, il l'admet. Il admet avoir tué mon père et ainsi, il a brisé mon cœur et ma vie. Je sanglote si fort que je manque d'air et Elyo ne bouge pas, même quand je le supplie de démentir. Mais au fond de moi, peu importe ce qu'il me dira, je sais ce qu'il a fait, je ne veux pas le croire, mais je connais tout de même la vérité. Je sais ce qu'il a fait et lui aussi.

- Explique-moi, pourquoi ? Qu'est-ce qu'on t'a fait pour mériter ça ?

Il relève la tête, nous sommes à présent à la même hauteur. Il a le regard vide. Il a l'air exténué.

- Ton père a orchestré la mort de mes parents Dahlia. Il a tué les miens.

Alors c'était ça, cette vengeance. Il me l'a dit, mais je n'aurais jamais pu croire qu'il parlait de tuer ma famille.

- Qui es-tu Elyo ? Raconte-moi, je dois comprendre ! Mon père n'est pas du genre à tuer pour un rien, s'il l'a fait, il a une raison !

Sa mâchoire se serre. Je m'effondre encore plus, je ne peux pas croire que mon père a tué des innocents.

- Ma mère était enceinte de moi, mon père devait de l'argent au tien. Il n'a pu le rembourser à temps alors ta famille l'a tué. Je ne l'ai jamais rencontré Dahlia. Jamais et tout ça à cause de ton père !

- Mon père n'aurait jamais fait ça ! rétorque-je.

Mon père n'est pas du genre à tuer des gens pour de l'argent, il les menace brusquement, mais les gens restent en vie. Ils vivent dans une terreur constante, mais ça les pousse à rembourser, surtout s'ils ont des enfants. Mon père est loin d'être un monstre ! Elyo me regarde avec les yeux bordés de larmes comme s'il était déçu que je ne le crois pas, mais entre lui et moi, je connais le mieux mon père et je n'ai pas directement tué le sien. Alors je ne mérite pas ça, je suis la plus déçue ici.

- Quand j'avais douze ans Dahlia, douze putain d'années ! crie-t-il en se levant.

Il passe ses mains dans ses cheveux en se taisant un instant, comme s'il se demandait s'il fait bien de me raconter tout ça. Il a l'air de devenir fou.

- Ton putain de père et je sais que c'était lui, je l'ai reconnu Dahlia, hurle-t-il en approchant son visage du mien, il est venu chez moi, douze ans après et nous a tabassés, moi et ma mère. Il l'a tué sous mes yeux.

Je n'arrive pas à y croire, si j'écoute Elyo, mon père à ruiner sa vie. Et Elyo a détruit la mienne.

- Alors, tu n'as jamais cessé de me mentir ?, demande-je en connaissant déjà la réponse.

Il me regarde avec dégoût et ça fait mal. J'ai mal au cœur.

- Je vois et bien sache que je suis désolée pour tes parents, mais mon père ne méritait pas ça. Jamais je ne te pardonnerai pour ce que tu m'as fait. Je parie que depuis le début, tu es du côté de Moreno.

- Je ne suis plus d'aucun côté Dahlia, tu n'auras jamais dû regarder ces vidéos. Moreno et moi avions un accord et ma part du marché n'a pas été respectée alors lui aussi, il va payer.

Je ris jaune.

- Tu es pathétique Elyo Morretti. Quelle était ta si importante part dans ce marché qui mettait en jeu la tête de mon père ? crache-je un sourire en coin.

Je suis en train de péter les plombs. Mon cerveau est en train de griller.

Elyo sourit, il ferme les yeux et bascule sa tête en arrière puis, il plonge son regard dans le mien.

- Toi, principessa.

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