Chapitre 19 : Avouer

Il était coincé, il fallait bien qu'il lui dise tout. Il soupira rapidement en baissant les épaules. Passant une main sur sa nuque, gêné, il reprit la parole.


Sanji : Bon, d'accord. Mais pas ici, pas en plein milieu de la rue.

Omnia : Si tu veux, je connais un petit café pas loin d'ici, on y sera mieux.

Sanji : Ok. Mais j'espère que tu as du temps devant toi parce que ça risque d'être long.

Omnia : J'ai fini ma journée, en fait si j'étais pressée, c'était de rentrer chez moi *rigole un peu*

Sanji : Tant mieux, disons que l'histoire est un peu longue.

Omnia : Ne t'inquiète pas pour ça.


Ils décidèrent alors de se rendre dans un café pas loin d'ici. Pendant le trajet, un long silence s'était installé entre eux. Ils ne savaient pas quoi se dire. Ou si, ils savaient quoi se dire mais préféraient ne pas le faire ici. Après tout, il s'agissait tout de même de leur vie privée. Sanji regardait le sol, la tête complètement baissée, Omnia, elle, l'observait en long, en large et en travers pour tenter de décrypter le visage de Sanji. Mais ayant la tête baissée, elle ne le pouvait pas. Après dix minutes à peine, mais qui semblaient avoir été une éternité pour Sanji, ils arrivèrent à destination : Le café « One Piece ». Drôle de nom pour un café mais le gérant l'était tout autant. En arrivant, il vit au comptoir un homme qu'il connaissait assez bien, Gol.D.Roger. Le père du frère de Luffy. En vérité Ace et Luffy n'avaient aucun lien de sang mais ils se considéraient comme frère avant tout. Et Sanji faisant parti de la bande d'amis les plus proches du chapeau de paille avait forcément rencontré son frère. Celui-ci arrivait d'ailleurs dans la salle.


Ace : Sanji ! Ça fait un bail putain. Qu'est-ce que tu viens foutre ici ?

Omnia : Tu les connais ? *étonnée*

Sanji : Ce qui m'étonne, c'est que toi, tu les connaisses.

Omnia : Je suis une cliente régulière, je passe souvent.

Ace : Souvent ? Tu déconnes, t'es là tout le temps. *rigole un peu*

Omnia : Et toi ? Tu les connais d'où ?

Sanji : C'est le frère d'un de mes meilleurs amis, Luffy.

Omnia : -à Roger- T'as un autre fils, pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?

Roger : *rigole* Ce n'est pas mon fils, c'est le fils de Monkey.D.Dragon, un de mes plus proches amis. Quand on a eu nos fils respectifs, on avait trop de boulot pour s'en occuper et on ne pouvait pas assurés leur garde. Donc, c'est le père de Dragon, Garp qui s'en est occupé. Ils ont grandis ensemble et à force, ils se sont considérés comme de véritables frères.

Omnia : Je vois, incroyable histoire tout de même.

Ace : Et encore, on a un troisième frère. *rigole* Sinon, Sanji, comment tu connais Omnia ?

Sanji : La sœur de Zoro.

Ace : -à Omnia- Zoro ? Ton petit frère qui est en terminale ?

Omnia : Oui, lui. Il vient d'intégrer le lycée de Sanji et sa classe.

Ace : *éclate de rire* Attends, un nouveau dans la P-3 ? Le vieux est devenu sénile avec l'âge ou quoi ?

Roger : Arrête de raconter n'importe quoi Ace. *le réprime gentiment*

Ace : Désolé. *essuie ses larmes de rire* Mais comment tu peux la connaitre si Zoro vient à peine d'intégrer votre classe ? Surtout que vous avez l'air de parfaitement vous connaitre et de très longtemps j'ai l'impression.

Sanji : Nos familles se connaissaient donc on a fini par se côtoyer.

Ace : Oh je vois. Au temps pour moi.

Omnia : -à Sanji- Bon, on va s'assoir ?

Sanji : Je te suis.


Ils saluèrent rapidement Ace et Roger, avant d'aller s'installer à l'une des tables du fond, celle la plus au fond, où personne ne pourrait les entendre. Cachés par les poutres, ils s'étaient installés dans un petit cocon et pouvaient se parler en toute tranquillité. Avant d'aller s'asseoir, ils avaient pris soin de commander, un café noir sans sucre pour Omnia et un café au lait pour Sanji. Ils attendaient désormais leurs boissons. Un autre silence s'était installé entre temps. Plus pesant cette fois-ci, Sanji ne savait pas comment aborder le sujet, il se grattait la nuque, nerveusement, ne sachant pas où mettre ses mains. Omnia, elle, les bras sur la poitrine, installée au fond de sa chaise, regardait de haut en bas le blond. Elle voyait son malaise mais elle se contenta de soupirer et de poser ses coudes sur la table pour caler son menton dans ses mains.


Omnia : Alors ? Que je sache, c'est toi qui voulais venir. Tu ne voulais pas dire ça en public. Donc, de quoi s'agit-il ?

Sanji : C'est ... euh ... délicat à aborder.

Omnia : On s'en fout de ça. Je suis adulte, je sais me gérer toute seule.

Sanji : Ok, c'est à propos de ... Madame.


Un long silence s'en suivit. Omnia avait désormais les yeux écarquillés. Mais pourquoi diable il lui parlait d'elle ? Qu'est-ce qu'elle venait foutre en plein milieu ?


Omnia : Pourquoi tu veux parler de Madame ? Il s'est passé quelque chose ?

Sanji : *relève la tête brusquement, écarquille les yeux* Tu ... l'appelles comme ça aussi ? Mais pourquoi ?

Omnia : *soupire* J'en ai aucune idée à vrai dire. Je crois que j'ai commencé quand ils sont revenus.

Sanji : Revenus ?

Omnia : *rigole doucement* Ah oui, je sais que tu es au courant de pratiquement tout et pas moi, mais tu ne sais pas pour cette partie-là. La seule partie de l'histoire que je connaisse d'ailleurs. Quand ils sont revenus, June-June a refusé catégoriquement de me dire ce qu'il s'est passé.

Sanji : Et de quoi est-ce que je ne suis pas au courant ?

Omnia : Déjà, je suis la première de Madame mais quand j'étais sur le point d'avoir trois ans, Madame était enceinte. Rien de bien alarmant, c'est chouette d'avoir un petit frère ou une petite sœur. Mais voilà, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, une dame est arrivée, June-June. Elle m'a dit qu'elle était une amie de Madame et qu'elle allait s'occuper de moi pendant un moment. Et l'un des seuls souvenirs que j'ai de cette époque, c'est moi toute petite qui regardais ma mère partir. Je la voyais s'éloigner de moi, je criais son nom pour qu'elle se retourne, qu'elle se précipite vers moi, me prenne dans mes bras en me disant qu'elle avait fait une erreur, qu'elle ne partirait pas. Mais rien de tout ça ne s'est passé. June me tenait fermement pour m'empêcher de partir et de la rejoindre pendant qu'elle, elle continuait son chemin sans se retourner. Sans même m'adresser un seul regard. Elle m'a complètement rejeté. Mais à ce moment-là, j'avais June-June. Même si je savais que ce n'était pas ma vraie mère, elle l'est rapidement devenue, je n'avais personne d'autre aussi. Mais des fois, June-June était bizarre, elle disparaissait soudainement et revenait quelques heures après comme si de rien n'était. J'ai compris qu'elle allait quelque part, qu'elle allait voir quelqu'un. Mais je ne savais pas qui. Et un jour, elle est revenue.

Sanji : Revenue ? Comment ça ?

Omnia : Madame. Elle est revenue. Et elle avait avec elle un enfant qui venait à peine de naitre dans ses bras, pendant qu'elle tenait la main d'un autre enfant qui lui, devait avoir deux/trois ans. C'était Zoro. J'étais aux côtés de June-June mais je ne pouvais pas me précipiter dans les bras de ma mère, elle m'en empêchait. Et là, elle a tendu le nouveau-né à ma mère de substitution. Et elle est repartie. Comme ça. Sans même me dire bonjour, désolé, je suis revenue, je repars, au revoir. Quand j'ai levé les yeux pour voir le visage de June-June, j'ai été choquée. Elle, qui d'habitude, riait pour un rien, s'extasiait de tout, avait le visage fermé. Elle se mordait la lèvre inférieure, j'avais l'impression qu'elle se retenait de ne pas pleurer. Je pense que je n'ai jamais été aussi choquée de toute ma vie. *rigole nerveusement* De voir June-June aussi désespérée m'a laisser penser un instant qu'elle regrettait cette décision. Qu'elle s'en voulait d'avoir laissé partir Zoro avec elle.

Sanji : Et après ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Omnia : Rien de bien extraordinaire. J'ai continué de vivre avec June. La seule différence c'était que Chotiko était avec nous maintenant. Il y avait plus de vie dans la maison, c'était assez agréable je dis pas. J'ai vécu innocemment, comme ça pendant des années et des années. Et un jour, un jour d'on je me souviens même plus de la date, quelqu'un a sonné à la porte, June est allée ouvrir. Les personnes sont rentrées dans la maison et June les a conduit au salon, moi, trop curieuse, je suis allée dans le salon pour voir, j'avais douze ans, même à cet âge, je restais une enfant très curieuse qui voulait tout savoir. Et c'est là que je l'ai revu. Madame, assise dans le canapé, tranquillement avec, à ses côtés, un enfant d'à peu près dix ans que j'ai immédiatement reconnu. Zoro. Il avait le visage totalement fermé, il ne laissait absolument pas transparaitre ses émotions. Je dois avouer que j'ai eu peur sur le coup. C'était terrifiant à voir. Comment un gosse pouvait-il avoir ce genre d'expression ?

Sanji : ...

Omnia : Toi tu le sais hein. Mais moi, je le sais pas. Je sais pas ce qu'il s'est passé pendant toutes ces années. Je sais pas ce qu'elle lui a fait. Et je le saurais sans doute jamais mais c'est pas grave. Je m'en fiche. Quand j'étais plus petite, j'étais vraiment intriguée. Surtout par la proximité qu'avait Zoro avec Madame mais surtout ... sa façon de l'appeler.

Sanji : Madame ...

Omnia : Oui. J'étais vraiment surprise sur le coup, voire même plus que surprise. C'était mon petit frère, on avait la même mère mais il l'appelait comme ça. Comme si c'était une étrangère mais qu'en même temps, il la respectait profondément. Ça m'a retourné l'estomac. Je savais pas pourquoi je réagissais comme ça mais je ne me sentais absolument pas bien. Qu'il l'appelle comme ça, ça m'a foutu les j'tons. Et à force, à force de le voir l'appeler de cette manière, je l'ai fait moi aussi. Je savais pas pourquoi Zoro le faisait, après tout, ce n'était pas une étrangère pour lui, il avait vécu avec. Mais pour, ouais pour moi, c'en était une, d'étrangère. Alors pour moi, c'était normal de l'appeler comme ça. Et puis, il y a eu toi dans l'histoire, toi qui t'es tapé l'incruste. Madame avait dit que ta famille était des gens horribles qui te faisaient souffrir. Je trouve ça drôle en y repensant, j'ai l'impression que Madame a fait bien pire à Zoro. Même si je sais pas trop pourquoi. Mais t'étais tellement proche de lui. Vous étiez censés vous détester mais un profond lien de confiance vous unissait. Vous étiez inséparable. C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à te connaitre et à t'apprécier. Je sais pas trop comment Madame et ta famille se sont connus et je pense que c'est ton cas aussi. Mais ce que je sais, c'est t'as un putain de lien avec Zoro, il y a un truc qui vous unit. Comme ... un secret.


Après toutes ces révélations, un long silence s'en suivit. Les larmes montaient aux yeux d'Omnia, elle se retenait de pleurer en plein milieu du café et ça, Sanji le savait. Il se sentait mal désormais. C'était de sa faute tout ça, il était responsable de l'état dans lequel elle était, parce qu'il avait fait remonter des souvenirs douloureux. Il se mordit la lèvre inférieure. Son cœur lui faisait mal. Encore une fois, il était coupable. Coupable de faire souffrir une personne alors qu'il aurait très bien pu ne pas le faire. Mais ses pensées néfastes furent coupées par l'arrivée de leurs boissons. Essuyant rapidement ses yeux pour qu'Ace ne se doute de rien, elle lui tendit son plus beau sourire faussé. Ace fit semblant d'y croire et repartit après leur avoir souhaité une bonne dégustation. Ils avaient désormais un autre centre d'intérêt que leur conversation devenue pesante. Tout à coup, Sanji se surprit à trouver son café incroyable et onctueux et délicieux et ...


Omnia : Alors ? Je t'ai dit tout ce que je savais, à toi. *ravale une larme*

Sanji : Avant tout, j'aimerais te dire que je suis sincèrement désolé.

Omnia : *reste interdite* Pourquoi ?

Sanji : Je sais parfaitement ce qu'il est arrivé à Zoro quand il vivait avec Madame mais je ne peux rien te dire.

Omnia : Ne t'inquiète pas, je m'en fiche maintenant.

Sanji : Si tu le dis. Enfin. Tout d'abord, j'aimerais te dire quelque chose ...

Omnia : Hum *l'écoute, prend une gorgée*

Sanji : J'aime Zoro.

Omnia : *crache soudainement son café* Quoi ?! C'est une blague ?!

Sanji : Tu crois vraiment que je vais blaguer sur un sujet aussi sérieux. Je suis pas aussi con que lui putain.

Omnia : Bon, ok. Tu l'aimes. Et ? C'est censé m'avancer à quelque chose que je sache ça ?

Sanji : Ben, c'est à cause de ça que ...

Omnia : *impatiente* Que ?

Sanji : Je suis malade.

Omnia : Malade ? Tu as quoi ? Et pourquoi ce serait parce que tu l'aimes que tu es malade ?

Sanji : Syndrome post-traumatique. C'est Zoro qui a subi mais c'est sur moi que ça retombe.

Omnia : Oh le bâtard.

Sanji : Omnia ! S'il te plait !

Omnia : Ouais désolée. Mais c'est pas la seule info, non ? Je sais que ça fait déjà beaucoup que tu m'avoues aimer Zoro et aussi que tu es malade par sa faute.

Sanji : Il est chez un ami médecin en ce moment, il se repose.

Omnia : Le rapport ? *perdue*

Sanji : Le rapport c'est qu'il est blessé.

Omnia : Pardon ?! Mon petit frère est blessé ?!


Alors qu'Omnia semblait sur les dents, prête à massacrer quelqu'un, Sanji lui expliqua tout ce qu'il s'était passé avec Chotiko. Ça, ça faisait partie des choses qu'il pouvait dire, Omnia étant au courant pour la double personnalité de Chotiko. Et c'était bien normal. C'était avec elle qu'il avait vécu, elle était là, tout ce temps quand Chotiko avait pété un câble la première fois et que Rokuro était apparu. C'était elle qui l'avait calmé un nombre incalculable de fois pendant ses crises d'angoisse. Elle l'écoutait le plus posément possible mais Sanji voyait bien qu'au fond d'elle, elle était sur les nerfs. Il sentait qu'elle pouvait envoyer valser sa tasse de café à l'autre bout de la pièce d'un instant à l'autre.


Mais le pire restait à venir. Lui avouer que Madame était de retour. Elle ne l'avait quasi pas connu mais elle savait que c'était de sa faute si Zoro allait mal, qu'il était comme ça, incapable de faire confiance aux gens, son éternel regard froid plaqué sur le visage. C'était de sa faute si June-June avait arrêté de rire et de sourire pendant un moment, qu'elle perdait sa joie de vivre si elle était dans le passage. Elle soupçonnait d'ailleurs que la joie constante de June n'était pas vraiment naturelle et qu'elle était aussi derrière ça. C'était de sa faute si Sanji souffrait du syndrome post-traumatique, Zoro, ayant tout dit à Sanji, il s'était, pour une raison ou pour une autre, senti coupable. Il souffrait, lui aussi pouvait faire des crises de panique à tout moment.


Elle souffla d'un seul coup, surprenant Sanji par ce geste. Puis elle vint planter ses yeux dans ceux du blond et lâcha enfin la bombe.


Omnia : Elle est de retour hein ?

Sanji : *baisse la tête* Oui ...










---------------------

Hello tout le monde, dix-neuvième chapitre ^^


Chapitre assez long. On a beaucoup de révélations aujourd'hui, surtout avec l'histoire du point de vue d'Omnia. On a donc tout ce qui va autour mais pas le fond des choses. Elle sait quelques choses mais très peu au final.


Et on a l'apparition du "One Piece" sous forme d'un café. Originalité/20. Et les interventions de Roger et Ace qui sont là pour faire du remplissage mdr

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top