Chapitre 77 (1). C'était écrit

et c'est un double update !

Genève, 23 Aout 2022

Deenou,

Putain c'est trop cliché.

Je suis vraiment en train de t'écrire une lettre là ? Je crois bien que oui. J'ai l'impression d'être une femme de marin laissée au port, qui n'a d'autre recours que de jeter des bouteilles à la mer. Ahah, c'est complètement idiot. Je sais pas trop si je vais la poster, on croirait vraiment que t'es parti à la guerre alors que tu te dores juste la pilule sur Copacabana. (Her name was Lola, she was a showgirl). Je ferais surement mieux de t'envoyer un MP sur Instagram, mais j'avais peur que ça passe entre les messages enfiévrés de fan en chaleur.

J'ai pas dormi cette nuit, il y avait de l'orage et il faisait 100° dans ma chambre, je pouvais pas ouvrir la fenêtre parce que la pluie inondait tout. Mais du coup j'ai pas mal cogité, pensé à toi, réfléchi à tout ce qu'on s'est dit avant que tu partes. Je ne crois pas que quelques lettres soient mauvaises pour nous.

J'ai terminé mon travail à la fnac, ils étaient très contents de moi et si je veux revenir bosser en extra à la rentrée, ils me reprendront. C'est cool, on était vraiment une bonne équipe de vendeurs. Ah oui, au fait, j'ai vendu trois disques de toi. C'était marrant. L'album de Nek s'est mieux vendu que du shit, c'était hallucinant, je ne compte pas le nombre de personnes qui venaient me demander où ils pouvaient se le procurer. Je suis vraiment contente pour lui, il ne cesse de progresser, même s'il dit que ce disque était sûrement le dernier et qu'il pense sérieusement à se consacrer à la réalisation de films. Pourquoi pas après tout. Il bosse avec Clem pour adapter son premier roman au cinéma. Tu devrais les voir travailler ensemble, ça vaut son pesant de cacahuètes. (J'utilise vraiment cette expression ?).

Je ne vais pas te mentir, tout le monde t'en a énormément voulu d'être parti sans prévenir. Surtout Maya et Ken. Enfin tu dois être au courant parce qu'ils n'ont pas dû rester longtemps sans te faire connaître le fond de leur pensée.

Maya a clairement dit qu'elle allait te retrouver au Brésil pour t'émasculer, mais je ne pense pas qu'Hakim la laisse faire, tu devrais être tranquille. Leurs fils grandissent, c'est fou, ils sont magnifiques mais je commence réellement à flipper du caractère que va avoir Ilyes. Il est intenable. Imagine Iris au même âge, mais en deux fois pire. La seule différence c'est que lui, il dort la nuit. Amir c'est bien plus la force tranquille, un peu comme son père, sauf que lui il montre quand il est content.

Côté Samaras, Iris continue ses cauchemars, mais elle va rentrer à l'école à la rentrée, Ken est déjà complètement stressé en l'imaginant dans une classe remplie de garçons. Arthur parle un peu, c'est cool il dit « Maman », normalement il devrait être un peu plus facile à vivre. C'est fou parce qu'Arthur, physiquement c'est le portrait craché de Clem, mais je sens qu'il va être archi perché, comme Ken en moins nerveux. De toutes façons je crois qu'il a mis toute sa nervosité dans sa fille.

Lucie grossit à vue d'œil, personne ne comprend parce que pour Naël, ça ne se voyait même pas. Fram m'a dit hier qu'ils attendaient une fille, normalement ils veulent garder le secret jusqu'au bout, mais moi « je suis spéciale ». Et vu que je suis une grosse poucave, je te balance tout. Bon en revanche tu le gardes pour toi sinon je vais avoir des problèmes. Naël me demande sans arrêt où tu es, je dois lui expliquer que tu es en voyage. Il m'a demandé « Pourquoi t'es pas en voyage toi aussi ? » Alors je lui ai répondu que c'était pour rester avec lui. T'aurais vu sa tête, il était RA-VI.

J'imagine que ça t'enchante pas des masses que je te parle de toute cette marmaille, tu as du apprendre que Camille et Judith étaient également enceintes. Même moi ça commence à me mettre la pression. Elles sont toutes beaucoup trop fertiles. Enfin c'est la trentaine. L'Horloge biologique tout ça, elles veulent toutes des gosses. Vous les mecs, c'est moins important, vous avez plus de temps.

Je voulais quand même te donner des nouvelles parce que je sais qu'à part Clem, Eff et Ivan, tout le monde te fait la gueule, Ken est vraiment un gamin de t'avoir supprimé de la conversation Whatsapp. Mais t'inquiète pas, je le travaille au corps, il va finir par arrêter de t'en vouloir. Vous avez toujours été comme chiens et chats.

Je suis à Genève depuis le début du mois, Maman va mieux même si elle est toujours un peu difficile à vivre, elle recommence à voir ses amis et à retrouver une vie normale. J'avoue que je vais aborder la rentrée de façon plus sereine en sachant qu'elle est bien entourée. Tom et sa femme sont venus avec leur bébé, Mathis, et ils m'ont demandé d'être la marraine, je suis trop touchée.

Avant la rentrée je vais partir quelques jours chez Pauline à Marseille, je passerai sûrement embrasser tes parents à Toulon, ta maman me manque beaucoup, même si elle m'appelle régulièrement. D'ailleurs pense à lui « faire un facetime » comme elle dit, parce qu'elle s'inquiète pour toi.

Je me rappelle l'été dernier, à la même période, quand je suis arrivée chez la grand-mère de Pauline pour découvrir que c'était aussi la tienne. La tête de Maxime et Leïla... Impayable. Et quand tu es arrivé, je me suis mise à trembler à l'instant où j'ai entendu ta voix dans la maison. Je ne voulais pas me retourner, parce que je savais que j'allais de nouveau tomber amoureuse de toi. Évidemment ça n'a pas loupé. C'était à croire que t'avais fait exprès d'être aussi beau juste pour me faire mal... Et Nora... Je suis rarement haineuse, mais quand je l'ai vue, pendue à ton bras, avec sa beauté écrasante et sa présence envahissante, j'ai vraiment eu du mal à ne pas la détester.

Je me suis toujours demandé ce que tu pouvais bien me trouver de folichon, tout comme les fans qui ont percé à jour le mystère de mon identité. Personne n'a jamais compris ce qui t'attirait chez moi. Alors que tout le monde savait très bien que tu avais un succès certain avec la gent féminine. « Wah j'aime trop sa voix, quand il parle je veux lui faire plein de bébés. » Un des derniers commentaires en date sur un compte fan qui partageait ta story. J'ai failli répondre que dorénavant tu évitais les femmes qui voulaient te faire plein d'enfants.

Je devrais éviter de rire de ça, mais au fond qu'est-ce qu'on peut faire d'autre à part rire ?

C'est drôle, ça va faire deux mois que t'as mis les voiles, mais la façon dont tu es parti m'a tellement laissée en paix, que je m'aperçois que c'est pas si difficile. Bien sûr tu me manques, j'aimerais que tu sois là. J'ai encore des mauvais réflexes. Mais ton absence n'est pas aussi nocive qu'elle a pu l'être, parce que je sais que quoi qu'il arrive, c'est pour du mieux. J'évite de trop suivre tes réseaux, je ne veux pas me faire de films, t'es là-bas en homme libre, je suis libre aussi à Paris.

J'espère que tu as recommencé à écrire, parce que je sais que c'est la musique qui te sauvera là où je ne peux pas le faire.

Pauline et moi pensons accepter ta proposition de squatter chez toi, au moins quelques temps, c'est vrai que ce sera beaucoup plus facile d'être là-bas pour l'école. Et puis j'adore cet appart, même s'il s'enflamme facilement et qu'il n'y a pas de toit où on peut faire l'amour. Dans tous les cas je n'ai pas prévu de pécho Paupau.

Je fais plein de blagues depuis tout à l'heure, parce que j'espère que ma lettre va te faire sourire. Moi je souris et je pleure en même temps. Mais je ne suis pas triste, c'est juste qu'en t'écrivant, j'ai l'impression d'être proche de toi, c'est très étrange cette sensation. Quand j'écris les mots, c'est comme si j'avais un film devant les yeux.

Si j'écris que tu souris, je te vois sourire.

Si j'écris que tu es bronzé, que tu portes des lunettes teintées bleutées et qu'il faudrait que tu passes chez le coiffeur, je t'imagine de cette façon.

Si j'écris que tu m'aimes, je crois que tu m'aimes.

Tu vois, c'est magique.

Je vais terminer cette lettre parce que la magie commence à être un peu trop forte et que bientôt, je vais me mettre à croire que tu es dans la pièce à côté et que je vais sursauter en t'entendant rire.

Voilà je l'ai écrit, j'ai presque cru que c'était vrai.

Alors, pour faire durer un peu cette douce torture que m'inflige l'écriture de cette lettre, je te laisse en t'écrivant que je t'embrasse.

Mais pas de la façon dont on dit « je t'embrasse » à un ami.

Je t'embrasse passionnément, intensément, amoureusement.

Et quand je l'écris, je ressens tes lèvres sur les miennes et tes mains sur mes hanches.


Prends le plus grand soin de toi, tu sais à quel point ton bonheur m'importe plus que tout.

Je t'aime avec mon âme,

Violette.

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