Chapitre 64. Trompes de Fallope
P'tain je suis trop productive en ce moment ça va plus... On est quasiment sur un triple update là. Merci l'insomnie ❤️
——Deen——
J'avais rarement eu autant la haine contre quelqu'un. J'espérais ne pas croiser Nora au détour d'une rue parce que j'étais vraiment pas certain de réussir à maîtriser ma force. Je commençais clairement à me demander si elle avait pas fait une poupée vaudou à l'effigie de Violette.
Avec une amabilité plus que relative, je récupérai le sac de médicaments que le pharmacien me tendait et quittai son établissement.
J'étais sur les nerfs comme jamais, j'avais tellement envie de revenir en arrière et d'annuler ce putain de concert à Marseille où j'avais eu l'immense malheur de croiser cette sale pute.
Fallait que j'aille au sport, j'avais besoin de décompresser. Mais d'abord, Vio avait des médocs à prendre...
Les dents serrées, je composai le code de l'immeuble de Violette avant de me précipiter dans les escaliers. Ces trois derniers jours avaient été épouvantables, elle était horriblement malade, ne pouvait strictement rien avaler, vomissait trois fois par heure. On avait vu le médecin qui avait automatiquement prescrit des analyses auxquelles elle s'était pliée de bonne grâce.
J'avais pas trop compris ce que les résultats disaient, mais je venais d'avoir l'explication et ça me rendait fou.
Faisant tourner la clé dans la serrure, j'entrai dans l'appart avant de claquer violemment la porte derrière moi.
— Deen ?
— Ouais, j'arrive.
Poussant la porte de sa chambre, je la trouvai enfouie dans ses couvertures, son ordinateur sur le ventre. Son teint était épouvantable, bien symbolique de ce qu'elle avait. Je m'assis sur le lit pour embrasser son front et elle me sourit de toutes ses dent et posa son pc sur la table de nuit.
Tellement courageuse, ma Violette.
— Alors ? demanda-t-elle, Le médecin a dit quoi ? Je vais mourir dans d'atroces souffrances à vingt-deux ans et on fera un film sur nous ?
Sa remarque me fit sourire, y'avait qu'elle pour plaisanter sur son sort de cette façon.
— Non, à priori tu devrais t'en sortir, lui répondis-je, Mais ça va être chiant et très long.
— Merde alors, je me voyais déjà dans un cercueil blanc recouvert de roses, avec toi qui pleures au-dessus, répétant à qui veut l'entendre que jamais tu ne retrouveras quelqu'un comme moi, que ton cœur est brisé pour toujours et que tu me seras fidèle jusqu'à ta mort.
Cette fois je ris carrément, en quelques secondes elle venait presque de me faire oublier mon seum intergalactique.
— Et Sneazz qui joue du violon, juste à côté, ajouta-t-elle en riant.
Putain, je voulais finir ma vie avec cette nana.
— Bon tu veux savoir ce que t'as ou pas ? finis-je par lui demander.
— Oui ! Dis-moi que c'est un minimum stylé, comme ça je pourrais me la péter en disant que j'y ai survécu.
Pas vraiment. Pas vraiment du tout en fait.
— Une hépatite B aiguë. Ce qui veut dire que... Je l'ai aussi.
Elle fronça les sourcils sans comprendre.
— Attends, mais... Pourquoi ? Et pouquoi toi t'es pas en train de bé-ger partout si t'es malade aussi ?
— Attends que je t'explique ce que m'a dit le médecin, Gamine. En fait c'est assez rare que les symptômes soient aussi forts que les tiens, la plupart du temps c'est juste une fatigue chronique, un sale teint et une légère perte de l'appétit. Tu peux même avoir quasiment aucun symptôme. Sauf que toi ben... ton foie doit être un peu plus vénère que le mien. Je vais faire des analyses aussi de toute façon.
Violette me considéra quelques secondes, je sentais que certains détails lui échappaient.
— Mais... Pourquoi on l'a nous deux ?
— Parce qu'on a fait les cons à Genève.
Elle porta sa main à sa bouche, l'air soudainement horrifiée. Le pire c'était qu'elle avait plaisanté là-dessus après.
— Oh merde ! Mais comment on sait qui l'a refilée à qui ?
— Je crois que la réponse est assez évidente ma chérie, avec combien de mec tu l'as fait sans protection depuis allez, disons un an ?
J'eus soudain un peu peur qu'elle me sorte une liste longue comme le bras de coups d'un soir. Mais je me rappelais notre discussion chez ma mère, c'était pas le cas.
— Que toi... admit-elle.
— Voilà.
J'avais le démon et l'envie de me faire greffer une capote pour le restant de mes jours. Même si en y repensant, c'était vraiment pas très pratique.
— Mais, t'as fait des tests avec Nora non ?
— Oui, évidemment. Ils étaient négatifs, pour les deux. J'en suis sûr j'ai vu ses résultats. Habituellement je fais ultra attention à ça. Avec toi, je sais pas pourquoi, c'était l'impulsion du moment et... j'avais un peu perdu l'habitude d'y penser avec Nora. Je suis vraiment désolé, si tu savais je m'en veux à mort.
Sa main se posa sur ma joue et elle la caressa doucement en me souriant affectueusement. Elle m'en voulait pas, même si pour le coup elle avait de quoi.
— Deenou, moi aussi j'aurais dû y penser. On était deux, on est tous les deux responsables. En revanche, ce que je ne m'explique pas, c'est comment ça se fait que t'aies pu choper cette merde alors que quand t'as fait ton test avec Nora, vous étiez clean tous les deux.
Bah c'était justement la question que je me posais depuis le résultat.
— T'as vu personne d'autre que Nora depuis le dépistage ?
Je n'avais aucun besoin de réfléchir à cette question, jusqu'à Violette, j'avais été parfaitement fidèle à Nora, même pas un moment d'égarement, même pas une pelle.
— Non, personne. Je te promets.
— Je te crois, t'aurais aucun intérêt à me mentir. Ça peut se transmettre comment autrement ?
— Le sang, mais on n'avait pas l'habitude de s'échanger nos seringues en rentrant le soir.
Violette éclata de rire et grimaça de ses côtes encore douloureuses. La pauvre, elle vivait un enfer lorsqu'elle vomissait.
— Donc ça veut dire que Nora est allée voir ailleurs pendant qu'on était ensemble, ajoutai-je, mais je comprends pas comment elle a fait, parce qu'elle me collait H24. Comme elle voulait avoir accès à mon portable, j'avais accès au sien. Honnêtement j'ai jamais rien vu de chelou dans son comportement, même en y réfléchissant je vois pas avec qui elle aurait pu me tromper.
Même si c'était la théorie la plus « crédible » j'avais vraiment du mal à l'envisager, d'autant plus que je savais que Nora était vraiment très amoureuse de moi et je la voyais mal prendre le risque de me perdre alors qu'elle faisait tout pour me garder.
— J'ai une autre théorie.
Je relevai les yeux vers Violette qui avait également l'air en pleine réflexion.
— On est d'accord que Nora voulait absolument te garder, pour ça elle a même décidé de te faire un gosse. Or, pour faire un bébé, faut pas de capote. Donc elle avait tout intérêt à ce que son test soit négatif. Donc si tu veux mon avis, elle a trouvé un moyen de te mentir sur le dépistage, tout comme sur sa contraception.
Brillante, ma meuf était totalement brillante. D'ailleurs j'avais même pas besoin de vérifier, j'étais persuadé qu'elle avait raison.
— T'es un génie.
— Et elle c'est une sacrée connasse. Non seulement elle se débrouille pour tomber enceinte, mais en plus elle te refile des IST. Elle croit t'aimer, mais ça c'est pas de l'amour. D'ailleurs, il faut absolument que tu refasses un dépistage, si elle a falsifié le sien, qui sait ce qu'elle a pu cacher d'autre.
Ma haine était bien revenue.
— C'est bon j'en ai ras le bol, je vais porter plainte.
Le visage de Vio s'éclaira soudainement, je savais qu'elle attendait ça depuis un moment. Mais là ça pouvait plus durer, Eff avait raison, je pouvais pas laisser ma fille en de pareilles mains.
— Euh juste, Deenou, il faut faire quoi pour se soigner ?
— En fait y'a pas grand-chose à faire, interdiction de consommer de l'alcool, et un médoc à prendre tous les jours... Pendant... Très longtemps. Je t'ai pris des anti-vomitifs quand même, pour calmer tes nausées, mais je pense que ça va quand même être compliqué pour toi d'aller en cours pendant les semaines qui viennent. De toutes façons tu vas avoir d'autres analyses et des rendez-vous récurrent chez le médecin.
Violette soupira, l'air résignée à voir son année lui filer sous le nez. Elle n'avait vraiment pas de chance la pauvre. Le sort s'acharnait contre elle. Je venais de lui annoncer quelque chose de vraiment grave, mais elle restait plutôt calme, comme si elle avait accepté depuis longtemps que rien ne serait jamais facile pour nous.
— Faudra quand même que j'aille bosser au Zénith, ils ont accepté de me garder parce que je connais du monde, mais ils vont pas me payer si je fais pas d'heures. Et mon loyer ne va pas se payer rien qu'avec mes babysitting.
J'avais limite envie de lui proposer de venir s'installer chez moi, mais je voulais pas brusquer les choses. Tant que l'affaire Nora serait pas réglée, mieux valait y aller en douceur.
— En tout cas je suis vraiment désolé de t'imposer ça... fis-je, Tu sais quand t'as vomi l'autre nuit, j'ai vraiment eu peur que tu sois enceinte.
Je m'allongeai près d'elle, posant ma tête sur ses cuisses. Violette me sourit et dénoua l'élastique qui retenait mes cheveux pour passer ses doigts dedans.
— Putain t'imagines le drame.
Je ne préférais pas imaginer non, en même temps entre un bébé et une IST... Voir Violette malade à cause de moi, ça me rendait fou. Quel con, moi qui d'habitude était archi prévoyant là dessus.
— D'ailleurs, tu dois arrêter la pilule, enfin t'en parleras avec le médecin, mais c'est pas bon avec ce que t'as. Comme l'alcool quoi. Au fait, ma mère m'a dit que fumer avec la pilule c'était un suicide programmé. Ça serait bien que tu te mettes un minimum à t'inquiéter pour ta santé, chérie. J'ai pas envie que tu nous claques entre les doigts à trente piges.
En guise de réponse, elle hocha la tête, continuant ses mouvements dans mes cheveux. Je commençais petit à petit à m'habituer passer du temps avec elle sans culpabiliser, et c'était bien.
Mon téléphone se mit alors à vibrer dans la poche mon jean, brisant le moment de silence et d'apaisement que nous partagions.
— C'est Maya, fis-je en décrochant, Oui ?
— Pokémon capturé. On vous l'emmène où ?
Hein ?
Au son dans le téléphone je pouvais comprendre qu'elle était en voiture.
Mon sang ne fit qu'un tour. Je sentais venir le vieux plan foireux.
— Quoi ? demandai-je.
— On a chopé Norapute, je suis avec Id' et Hakim, On en fait quoi de ta tchoin enceinte ?
Est-ce qu'elle était vraiment en train de me dire qu'ils avaient kidnappé une femme enceinte ?
Bordel mais qui gardait leurs gosses pendant ce temps ?
— Vous êtes où ? demandai-je.
— Hakim on est où ?
J'entendis vaguement la voix de son mari lui répondre.
— On est dans le dixième. Du coup ? T'es où toi ? On te rejoint.
— Je suis chez Violette, je pense pas que ce soit une bonne idée de...
— Ok on arrive.
La communication était déjà coupée. Je me redressai brusquement et Violette me tendit mon élastique pour que je rattache mes cheveux.
Je pensais pas que Maya mettrait vraiment son plan à exécution. Elle comme Hakim, quand il s'agissait de régler des comptes, c'étaient les pires. Bonnie and Clyde.
— Ils la ramènent vraiment ici ? me demanda Vio qui avait suivi la conversation.
— Ouais. Je suis pas super serein.
Vue sa tête, elle ne l'était pas non plus.
— Tu restes tranquille dans la chambre tu te reposes, d'accord ? T'as pas besoin de la voir. J'enverrai Idriss pour te tenir compagnie.
— D'accord.
Je me sentais un peu mal de lui imposer ça après le truc horrible qu'on avait appris aujourd'hui. En fait, j'avais la désagréable sensation d'être sale, et d'avoir sali Violette. C'était loin d'être une nana qui se donnait au premier venu, c'était pas le genre de fille déluré qui pense que toutes ces choses n'arrivent qu'aux autres, mais elle était tombée sur moi.
Amour propre et sexe sale, font rarement bon ménage.
— Je suis tellement désolé, répétai-je.
— Deenou, arrête, t'es autant victime que moi dans l'affaire. Et je suis aussi coupable que toi. On a été très cons. Tu sais, je te disais que je serais là pour la fin du monde. Bah franchement, quand je vois tout ce qui nous tombe dessus...
Je hochai la tête, c'était tout à fait ça. J'avais l'impression de vivre un apocalypse permanent depuis quelques semaines.
— Je t'aime.
Elle rougit violemment et je me penchai pour l'embrasser pendant que déjà, la sonnerie de l'interphone retentissait.
— Je t'envoie Idriss dès qu'ils sont en haut.
Je quittai la chambre avec une rage sourde, et quand le visage de Nora m'apparut entre ceux d'Hakim et Maya lorsque j'ouvris la porte, je sentis la haine me donner des fourmis dans les mains. J'aurais pu lui pardonner le bébé, j'aurais pu lui pardonner l'appartement, mais jamais d'avoir rendue Violette malade.
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