Chapitre 56. Dieu Merci

Hello tout le monde ! J'espère que vous avez passé un bon week-end !
Je voulais remercier ceux qui ont voté pour Félins au WCF2019, m'étonnerait qu'on gagne, mais c'est adorable de l'avoir fait alors que je ne vous en avais même pas parlé.

Plein de bisous

—— Deen ——

Je compris à l'instant même où Violette se pressa contre moi qui était l'homme qui venait de sortir de la voiture.

Il était grand, très grand, une silhouette relativement svelte, des cheveux blonds foncés grisonnants coupés courts, il ne devait pas avoir plus de cinquante ans.

Plutôt bel homme pour un mec qui sortait de six ans de taule.

— Papa... murmura Violette.

Elle tremblait comme une feuille, mon instinct de protection me fit aussitôt passer un bras autour de sa taille. Son père suivit mon geste des yeux et me dévisagea de longues secondes avant de reporter son attention sur sa fille.

— Vous devriez partir, dis-je en m'efforçant de rester le plus calme possible pour apaiser Violette, Vous n'avez rien à faire ici.

La main de cette dernière rejoignit la mienne sur son ventre et s'y agrippa.

— Je veux simplement parler à Violette.

— Ce sera pas possible.

Doucement mais fermement, je poussai la jeune femme à prendre le chemin de la maison.

— S'il te plaît, Violette, ce sera pas long, insista-t-il.

Elle hésitait, c'était pas une bonne idée. Je me penchai alors pour murmurer à son oreille et tenter de la convaincre de rentrer.

— Chérie, on s'arrache de là. Je vais pas me maîtriser longtemps.

— Je veux qu'il parte. Fais le partir.

Parfait.

— Ok, rentre. Je te rejoins.

À mon grand soulagement elle ne se le fit pas dire deux fois et se détacha de moi pour rejoindre la maison.

— Violette ! cria son père, Violette s'il te plaît, je ne veux pas te faire de mal.

Elle se retourna, me lançant un regard hésitant.

— Rentre, ordonnai-je, j'arrive.

Violette hocha la tête et finit par disparaître à l'intérieur de la baraque.

Je me rapprochai alors de l'homme d'un pas déterminé.

— Écoute moi bien fils de pute, tu dégages de là, tout de suite. Elle veut pas te voir.

— Je dois parler à ma fille. C'est chez moi ici, répondit-il, Vous n'êtes personne pour m'interdire de venir dans ma propre maison.

J'avais que de la haine pour ce type abject, il avait détruit sa famille et fait du mal à la femme que j'aimais. Il allait pas falloir qu'il me chauffe trop parce que je sentais que mes nerfs ne tiendraient pas le coup longtemps.

— T'as pas compris ? Elle veut pas te voir. T'as cessé d'être son père quand t'as osé poser la main sur elle. Maintenant arrache ta gueule fissa ou j'te détruis.

Il ne bougea pas, me défiant presque du regard.

— Elle doit entendre ce que j'ai à lui dire. Je lui ai écrit plusieurs fois quand j'étais en prison. Je pense que sa mère ne lui a pas transmis mes lettres. Alors je dois lui dire en face.

Je le saisis alors par le col de sa veste en cuir, il avait vraiment pas l'air de comprendre quand je restais poli.

— On s'en bat la race de ce que t'as à lui dire, c'est trop tard. Tu peux plus l'atteindre maintenant, t'as capté ? Je serai toujours entre toi et elle. Et si je suis pas là et que j'apprends que t'as essayé de lui parler, je te retrouverai et crois moi que j'te ferai la peau. Maintenant dégage ou j'commence le boulot.

— Lâche-moi.

Au lieu d'obéir à son ordre je le repoussai violemment jusqu'à ce que son dos heurte sa caisse.

— C'est pas moi qui t'lâche, c'est toi qui disparaît, d'ici et de sa vie.

Tout en le maintenant d'une main, j'ouvris de l'autre la portière de la voiture et le poussai brutalement à l'intérieur.

— Un jour c'est elle qui voudra me voir et tu pourras rien faire pour l'en empêcher. Que tu le veuilles ou non, elle a besoin de son père.

— Elle avait besoin de son père toute son enfance et t'étais trop occupé à cogner sur sa mère.

Je m'apprêtais à lui claquer la portière au nez mais il protesta brusquement en saisissant mon bras.

— Attends.

Il ouvrit la boîte à gants et sortit un petit paquet qu'il me tendit.

— T'as l'air de beaucoup tenir à elle. Donne lui ça s'il te plaît. C'est tout ce que je te demande. Laisse la libre de prendre ses décisions.

Un peu décontenancé dans ma colère, je me demandai ce qui était le mieux pour Violette.

Je finis par saisir le paquet et l'enfouis dans la poche de ma doudoune.

— Fais pas les mêmes erreurs que moi, ajouta-t-Il.

— Ça risque pas.

Il me dévisagea de longues secondes, les yeux brillants.

— J'aurais répondu ça aussi, à trente ans, dit-il avec un sanglot dans la voix.

De nouveau énervé, je claquai la portière une bonne fois pour toutes. C'était vraiment un pauvre type.

Je le vis essuyer ses yeux d'un revers de manche avant de finir par démarrer. J'attendis que la voiture ait disparu pour retourner vers la maison.

À peine avais-je ouvert la porte que Violette se jeta sur mes lèvres, ne me laissant absolument pas le temps de dire quoi que ce soit.

Surpris, je mis quelques secondes à répondre à son baiser, saisissant son visage entre mes paumes, je sentis que ses joues étaient trempées de larmes. Elle était rarement aussi sauvage, il me sembla même que c'était la première fois qu'elle m'embrassait avec une telle passion.

Comme elle défaisait déjà la fermeture éclair de ma doudoune, je compris qu'elle en voulait plus, moi aussi, mais était-ce vraiment le moment ?

— Attends, attends, murmurai-je en séparant nos lèvres, Tu veux pas qu'on en parle ?

— Non.

Je la dévisageai quelques secondes, pour guetter une potentielle hésitation.

— T'es sûre ? Je veux pas que t'aies mal... ou...

— Deen, ferme-la.

Ok, bon visiblement elle était déterminée, elle en avait besoin, j'en mourrais d'envie depuis des mois, pourquoi s'arrêter en si bon chemin.

Nos vêtements ne furent bientôt qu'un lointain souvenir, mais je ne pouvais m'empêcher de flipper en voyant de nouveau les bleus qui couvraient sa peau. C'était assez déstabilisant, j'avais vraiment peur de lui faire mal.

— Deen, putain ! s'énerva-t-Violette, Tu peux arrêter de faire ton puceau ? Je t'ai connu bien plus entreprenant !

Et je l'avais connue bien plus innocente.

Elle s'agrippa à ma nuque pour ramener mon visage contre ses lèvres, me mordant violemment.

Piqué dans mon orgueil, je décidai d'oublier ses côtes cassées et ses marques violacées, de toutes façons, si elle avait mal, elle se plaindrait.

Vraiment je l'avais jamais vue dans cet état, non pas qu'elle ait été prude auparavant, mais là, j'étais vraiment surpris d'à quel point elle se déchaînait.

Limite je me demandais si elle s'était beaucoup entraînée à la chose durant ces derniers mois.

Je m'étais toujours un peu contenu dans ma « sauvagerie » avec Violette, j'ignorais pourquoi avec elle c'était différent, mais ce soir elle m'allumait tellement, j'en devenais fou et laissai une partie bien plus animale de moi prendre le dessus.

La saisissant brusquement par les hanches, je la plaquai contre le mur pour la dévêtir de l'ultime barrière vestimentaire qui nous séparait.

— On y va ? demandai-je déjà à bout de souffle.

Je m'attendais à ce qu'elle m'engueule une nouvelle fois de lui poser une question. Mais au lieu de ça, elle hocha la tête et son sourire éclaira ses traits brouillés par les larmes. Je lus tant d'amour et de reconnaissance dans ses yeux noirs que dans un sursaut de désir, je pris brusquement possession de son corps.

C'est à ce moment là que je réalisais l'ampleur du manque. Comme quoi, remplacer une femme par une autre, d'un point de vue sexuel, ne suffisait pas à combler certaines frustrations.

Et y'avait clairement aucune voix qui prononçais mieux mon nom dans ce genre d'instant.

J'eus la sensation étrange que celle qui était censée être ma maîtresse était bien plus ma femme que celle que je trompais.

Sans aucun regret.

Lorsque Violette laissa retomber sa tête contre mon épaule, à bout de force, je finis par perdre  pied à mon tour, étouffant un juron conte la peau fragile de son cou.

Le souffle en déroute, les mains ancrées sur ses cuisses, je sentis la jeune femme se mettre tout d'un coup à sangloter violemment et ses bras autour de ma nuque se resserrèrent. Je la gardai contre moi pour nous laisser tomber dans le canapé quelques mètres plus loin.

— Regarde moi, murmurai-je alors que son visage était toujours caché dans le creux de mon épaule, Il est parti c'est fini, ma belle.

Comme elle ne bougeait pas, j'attrapai son menton pour la forcer à ramener sa jolie tête vers moi.

— Oh, c'est fini, dis-je en chassant l'eau sur ses joues, Demain on se barre de là, on va prendre l'air. Juste nous deux, ok ?

Violette hocha la tête. Avec un air amusé, je repris son geste préféré et tirai doucement sur les commissures de ses lèvres pour faire naître un sourire sur son visage.

— T'es moins moche comme ça, plaisantai-je.

— Je t'aime Mikael, murmura-t-elle.

Je déglutis avec difficulté, pendant que ses mots me faisaient frissonner.

La gorge sèche, je perdais mes moyens en sentant mon incapacité à répondre à sa phrase, qui pourtant me retournait de l'intérieur.

— Je... euh tu... Enfin c'est pas... Putain ! m'énervai-je.

Violette éclata de rire avant de pousser un gémissement de douleur en se tenant les côtes.

— Comment faire perdre son air sûr de lui à Deen Burbigo.

J'étais quand même soulagé qu'elle prenne la situation avec le sourire. C'était ce qu'il y avait de bien avec Violette, elle disait les choses gratuitement, sans attendre de retour.

De toutes façons, on s'avait très bien tous les deux que j'étais dingue d'elle. Mon plus beau « Je t'aime » était autour de son poignet.

— Merci, Deen. Sans toi...

Elle ne finit pas sa phrase et un nouveau frisson me parcourut lorsque j'imaginai Violette seule face à son père.

Putain, merci Maman de l'avoir appelée.

Quelques heures plus tard, après avoir dîné, fumé et parlé de notre départ du lendemain pour Toulon, Violette avait l'air bien plus apaisée. Mais moi j'avais toujours dans la tête la discussion avec son père, sachant qu'il m'avait remis quelque chose pour elle.

J'hésitais à lui en parler, ne sachant ce qui était la meilleure chose pour elle. La vérité, j'avais archi peur que tout ceci la perturbe trop, qu'elle fasse la connerie de reprendre contact avec lui. 

Et en même temps je voulais rien lui cacher, c'était toujours pire.

Finalement elle aborda le sujet au moment de se coucher. J'étais assis sur son lit en train de traîner sur Instagram pendant que Violette préparait son sac, elle se retourna subitement.

— Deen, il t'a dit quoi mon père ? Je crois qu'en fait j'ai envie de savoir.

Putain, on était pas près de dormir.

— Tu veux en parler maintenant, t'es sûre ?

Elle hocha la tête, je jetai mon portable à l'autre bout du lit et lui fis signe de venir s'assoir près de moi.

— Il m'a pas dit grand chose en fait. Juste qu'il voulait te parler, qu'il t'avait écrit quand il était en prison mais que ta mère t'avait sûrement pas donné les lettres. Et il m'a donné un truc pour toi, je sais pas ce que c'est.

Violette écarquilla les yeux.

— Putain c'est pour ça que ma mère m'a reprochée d'être la seule à qui il avait pensé quand il était en prison.

— Sûrement, acquiesçai-je.

Curieusement ces informations n'avaient pas l'air de tellement l'atteindre.

— T'as fait quoi de ce qu'il t'a donné ?

— Dans la poche de ma veste, attends.

Un peu inquiet, je me dépêchai d'aller récupérer le paquet pour le lui ramener.

Je le lui tendis, elle parut hésiter.

— Tu crois que...?

Ce serait mentir si je disais que j'avais envie qu'elle l'ouvre. Mais peut-être que c'était mieux.

— Faut qu'tu le fasses sinon ça va te prendre la tête pendant des jours jusqu'à ce que tu craques et que tu l'ouvres à un moment où je serai pas là pour t'aider à gérer.

Violette acquiesça et saisit le paquet d'une main tremblante. Elle mit une éternité à l'ouvrir et j'avais envie de lui arracher des mains pour déchirer le papier à sa place.

On reconnut la boîte rouge au même moment. Elle porta sa main à sa bouche en me lançant un regard désespéré.

Je me sentais mal. Parce que j'avais archi peur.

Elle finit par ouvrir la boîte de la montre, j'eus aussitôt envie de la saisir et de la jeter à travers la pièce.

Un sentiment sur lequel je me refusais à mettre un nom me retournait les entrailles. Comme si j'avais peur qu'un retour de son père dans sa vie l'éloigne de moi.

— C'est exactement la même, murmura-t-elle.

Je détestais profondément l'instant de faiblesse qui m'avait fait accepter de donner ce putain de paquet à Vio.

— Mais j'en ai plus besoin.

Elle referma la boîte, se leva et la posa sur sa commode. Avant de revenir et de s'assoir sur mes genoux.

— Je te remercierai jamais assez, Deen.

Violette m'embrassa doucement et le sentiment désagréable qui me contractait le ventre s'atténua quelque peu.

Quand elle s'endormit dans mes bras il avait disparu.

Pourtant mon sang ne fit qu'un tour lorsqu'en me réveillant au milieu de la nuit, je ne la trouvai pas à mes côtés.

Je me levai d'un bond.

— Violette !

Pas de réponse, en sortant dans le couloir, je vis avec soulagement de la lumière provenir de la chambre de ses parents.

— Violette qu'est-ce que tu...

Je ne terminai pas ma phrase, elle était assise sur le lit au milieu d'un bordel pas possible. Des papiers partout.

Elle tenait dans sa main une page recouverte d'une écriture manuscrite, les yeux dans le vague, l'air totalement sur une autre planète.

Visiblement, elle avait trouvé les lettres.

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