Chapitre 48. Fausse Note
——Deen——
Deux mois plus tard
J'étais putain de stressé, ce soir Nora et moi allions annoncer au groupe qu'elle était enceinte et comment dire... Je craignais pas mal leurs réactions.
Le principal problème, c'était Maya. Nora pouvait pas l'encadrer, elle était jalouse comme pas possible, j'avais refusé d'arrêter de la voir et elle le digérait pas. Maya de son côté supportait pas Nora non plus, j'avais donc eu toutes les peines du monde à ce que chacune accepte de voir l'autre le temps d'une soirée à chez nous.
On avait invité tout le L, plus les femmes. Ça faisait du peuple dans l'appart, ils n'allaient pas tarder à arriver, ma copine finissait de se préparer dans la salle de bain. Sa grossesse commençait vraiment à devenir visible et il était grand temps de le dire aux autres.
Clem et Ken nous avaient annoncé six mois plus tôt qu'ils attendaient leur deuxième enfant, Maya avait accouché des jumeaux en mai et je savais de source sûre qu'Idriss et Lucie prévoyaient d'en mettre un autre en route. On se multipliait tous comme des lapins.
La trentaine.
La sonnette de l'entrée retentit et j'ouvris rapidement au couple Samaras, qui, fait suffisamment rare pour être souligné, arrivait en premier.
— Putain t'es énorme ! rigolai-je en voyant Clem et son ventre mille fois plus gros qu'elle.
Elle me fusilla du regard en me menaçant de m'assommer avec. Ken rit lui aussi en me checkant chaleureusement.
— On a mis Iris chez ma mère, expliqua Clem en se laissant tomber illico dans le canapé, on s'est dit qu'une petite peste de vingt-deux mois qui court partout, c'était un coup à se faire renvoyer chez nous avant le dessert !
Je ricanai, ils avaient pas fini de s'en voir avec cette môme. Un caractère de cochon comme pas possible.
— J'espère que toi tu seras plus calme, murmura la jeune maman en caressant son ventre, Deenou t'as pas un truc à boire ? Je suis en train de me dessécher.
Comme je me levais pour accéder à sa demande, Nora apparut dans le salon et fit la bise au Samaras. Entre elle et Clem l'entente n'était pas des plus cordiales, mais au moins elles arrivaient à se supporter.
Les autres arrivèrent au compte goutte, jusqu'à ce que les deux couples Akrour se ramènent avec pour le coup, les trois gosses qui allaient avec.
— Les jumeaux dorment, expliqua Maya en entrant, La voiture c'est radical. Je peux les mettre dans une pièce un peu au calme ?
J'indiquai à mon amie l'ancienne chambre de Max en saluant son mari et la branche cadette de la famille.
Naël me frappa dans la main comme si j'étais son meilleur pote de toujours.
— On a pris plein de jeux pour lui t'inquiète, je pouvais pas le faire garder ce soir, Violette est en Suisse et... enfin bref.
J'étais pas inquiet pour lui, c'était un gosse parfaitement adorable qui pour le coup, était archi calme.
Maya qui était revenue salua tout le monde en ignorant parfaitement Nora. Je vis Hakim lever les yeux au ciel et je ne pus m'empêcher de me dire que cette soirée risquait fortement de se terminer en bain de sang.
Autant faire comme avec un pansement, arracher d'un coup sec.
— Bien les gars, fis-je quand tout le monde fut posé pour l'apéro. J'ai un truc à vous dire.
— Vous allez vous marier ! lança 2zer joyeusement, J'en étais sûr putain.
Euh non. Calme toi gros, tu vas foutre des idées dans la tête de Nora et elle va me gaver, pensai-je.
— Me dis pas que c'est ça Deen... me menaça Maya, C'est pas ça ? Pas vrai ?
— Ça te poserait un problème ? demanda Nora avec véhémence.
La jeune femme allait répliquer mais son mari plaqua sa main sur sa bouche.
— Non c'est pas ça, répondis-je.
Un soupir général suivit ma phrase.
— Nora est enceinte.
Hakim poussa un cri qui n'avait rien à voir avec ma révélation, enfin pas directement. Maya venait tout simplement de mordre violemment dans sa paume.
— C'est une blague ? lança-t-elle.
En face de moi des regards interloqués et des yeux ahuris.
— Hein ? Déjà ? s'étrangla Alpha, Mais vous êtes ensemble depuis...
— Huit mois oui... complétai-je, C'était pas vraiment prévu.
Maya ricana cyniquement.
— En tout cas, pas prévu par toi.
Nora lui jeta un regard assassin, tandis que les gars commençaient à s'animer pour nous féliciter.
— Qu'est-ce que t'insinues la Polak ? grogna ma copine.
Ok, on allait tout de suite se détendre, parce que j'allais pas tenir une soirée avec deux bombes à retardement armées comme pas possible.
— Voilà et on a fait l'écho du quatrième mois hier et... C'est une fille, dis-je calmement.
— Bsahtek mon frère ! me lança Alpha, on est content pour vous walaye.
Je lui répondis par un sourire et Ken me checka joyeusement en me félicitant aussi. J'étais juste triste que Nora soit un peu mise de côté, tout le monde restait assez froid avec elle.
La soirée se poursuivit entre questions, partage des expériences respectives sur les mioches, et piques acerbes entre Maya et Nora.
J'allais vraiment finir par péter un câble, elles se comportaient comme des gamines.
Seules deux personnes n'avaient pas ouvert la bouche depuis l'annonce, Clem et Hakim. Tous deux semblaient en proie à de grandes réflexions comme s'ils ne savaient juger si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle.
Finalement, durant un moment où Clem m'accompagnait pour débarrasser vite fait, sa langue finit par se délier.
— Comment tu gères ça ? me demanda-t-elle.
— Euh... bah... J'essaie de me préparer psychologiquement au fait que dans quelques mois j'aurai une famille. Putain ça fait des années que je dis que je veux faire des gosses, je suis censé être prêt. Mais là maintenant... C'était... inattendu.
Clem poussa un soupir en s'appuyant le dos contre le frigo, elle croisa les bras sur son ventre.
— Tu vas être incroyable Deen, je me fais aucun souci pour ça. Ce qui me dérange... C'est plus... Nora.
Elle ne m'avait encore jamais vraiment dit ce qu'elle pensait de ma copine. D'un regard interrogateur, je l'encourageai à poursuivre.
— J'ai un peu l'impression qu'elle veut te garder par tous les moyens et que cette grossesse est justement un moyen. Je me trompe peut-être mais... Deen, il faut pas que tu restes avec elle uniquement parce que vous allez avoir un enfant. Je sais que tu penses que c'est mieux pour ta fille... Mais je crois que c'est pire pour un enfant de grandir dans une famille où les parents font semblant de s'aimer, plutôt qu'avec des parents séparés.
Elle me disait explicitement qu'il fallait que je quitte Nora. C'était quand même assez dingue venant de Clem qui était plutôt du genre à donner une chance aux gens.
— Clem, je suis bien avec Nora... Et on avance ensemble, c'est une fille bien. Vous la jugez tous de l'extérieur, mais moi je la connais vraiment.
— C'est pas Nora que je juge Deen. C'est votre relation. Maintenant si tu me dis que tu l'aimes et que c'est la femme de ta vie, j'arrêterai de me poser des questions.
La phrase qui me revenait sans cesse dans la tête. J'étais toujours incapable d'y répondre.
— Alors ? C'est la bonne meuf ou pas ? me demanda-t-elle.
Dans mon esprit un sourire éclatant et des fossettes adorables m'empêchaient de répondre par l'affirmative.
— J'en sais rien, avouai-je.
— Pourquoi tu persistes alors ?
Parce que la bonne meuf, comme tu le disais si bien Clem, je pouvais de toutes façons pas l'avoir.
À quoi bon quitter Nora pour un rêve inatteignable.
Je connaissais trop bien Violette pour savoir qu'elle serait malheureuse comme les pierres, en sachant que j'avais abandonné ma fille pour elle. C'était même pas envisageable.
Putain il fallait vraiment que je l'oublie.
— Tu l'as vue cet été, pas vrai ?
C'était vraiment usant de ne pas pouvoir penser tranquillement en présence de Clem ou Maya.
— On s'est croisés, répondis-je, en août.
— Elle est au courant pour la grossesse, n'est-ce pas ?
Je lui répondis par un hochement de tête affirmatif. Pourquoi remuait-elle le couteau dans la plaie ?
— Je comprends mieux son attitude, ces derniers mois elle était un peu... bizarre, murmura-t-elle.
Je mourrais d'envie de lui en demander davantage mais savais que ça risquait de finir de me pourrir la soirée.
Des cris dans le salon alertèrent mon attention, je reconnus la voix de Nora puis celle de Maya.
Et merde.
Échangeant un regard avec Clem, on se précipita en même temps dans la pièce. Les deux femmes s'étaient levées, Lucie tentait de calmer Maya et le reste des invités regardait la scène en se marrant.
— Ose dire que t'as pas voulu ce gosse ! J'ai su dès que je t'ai vue que t'étais une putain de michto ! s'époumona Maya, T'as rien à faire avec Deen ! Tout le monde est d'accord là-dessus ! Y'a rien de moins évident que vous deux, ça marche pas ! Alpha pourrait rajouter un couplet dans Ça va ensemble pour dire que Deen et Nora, ça va pas ensemble !
Ok elle délirait complètement, j'ignorai ce qu'avait dit Nora auparavant, mais Maya était vraiment très en colère.
— Mais toi t'es qui pour parler de mon couple ? D'où tu donnes ton avis ? Personne te l'a demandé ! Tu te prends grave pour la reine mais t'es personne ! Ferme bien ta grande gueule, je suis avec Deen que tu le veuilles ou non !
Maya poussa un ricanement qui me fit froid dans le dos, Nora avait beau avoir du caractère, elle aurait jamais le dessus sur la froide méchanceté dont pouvait faire preuve la femme de Mékra.
— Mais regarde toi ! lança cette dernière, Tu penses vraiment que quelqu'un croit à votre relation. Ils font juste les hypocrites ! Ah ça, quand c'était Violette, y avait du monde pour gueuler, mais là on vous entends moins ! Pourtant laisse moi te dire que Violette était cent fois meilleure pour Deen que tu le seras jamais. Quand bien même tu lui ferais douze gosses dans le dos, tu seras jamais elle. Et il ne t'aimera jamais comme il l'a aimée ou comme il a aimé Clem. En fait, il t'aimera jamais c'est plus simple.
— Ne lui parle pas comme ça, la repris-je.
Le visage de Nora se décomposa. Je fermai les yeux. Maya était allée beaucoup beaucoup trop loin. Ma copine méritait pas qu'on lui parle de cette manière, quelques soient ses défauts.
— T'es vraiment une grosse salope, laissa-t-elle échapper.
J'allais intervenir mais à la surprise générale, la voix d'Hakim qui n'avait pas ouvert la bouche depuis le début, s'éleva soudainement.
— Fais pas la ouf toi parce que je te jure qu'on va pas s'entendre. Maya, prends tes affaires, on récupère les gosses et on se tire. T'as parfaitement raison, j'ai pas envie de faire semblant.
Il repoussa sa chaise et se leva sous le regard ahuri de tous les autres.
— Mékra tu déconnes ? lança Ken, Maya a grave abusé.
— Ferme ta gueule, lui répondit le Kabyle, Tu sais très bien que la seule raison pour laquelle tu valides cette vieille kehba, c'est parce qu'elle l'éloigne de Violette. Deen, t'es grand garçon, mais tant qu'elle sera là, compte pas sur moi pour mettre un pied chez toi. On se verra en studio.
J'étais scotché, mais trouvai quand même suffisamment de force pour tenter d'arrêter tout ça.
— Mékra arrête, vous avez même pas essayé de la connaître.
Maya revenait déjà avec ses fils, Hakim en récupéra un et secoua la tête.
— J'ai pas besoin. Tu le sais très bien.
Le traitromètre.
Maya s'approcha quand même de moi.
— Je suis désolée Deen, mais je pense absolument tout ce que j'ai dit. T'as le droit de m'en vouloir, de me faire la gueule jusqu'à la fin de tes jours. Mais je regrette rien, et tu sais très bien que j'ai raison.
Derrière moi Clem sembla soudainement s'animer.
— En fait, lança-t-elle, je suis d'accord avec vous. Rien ne m'oblige à faire semblant. Vous pouvez me ramener ?
Ça ne lui ressemblait pas du tout. Elle était plutôt du genre conciliante. Maya acquiesça et au même moment, Lucie se leva.
— Bah moi aussi je me casse. Idriss tu fais quoi ?
Son mec la regarda avec des yeux complètement hallucinés.
— Bah... ça se fait pas de...
— Ok, surveille ton fils.
Une puissante colère me gagna soudainement. Ils étaient mes meilleurs amis, ils étaient censés me soutenir, pas se barrer quand on était pas d'accord.
— Vous savez quoi ? Barrez vous tous, crachai-je, Dégagez.
Ils parurent hésiter, puis voyant que je ne riais pas du tout, se levèrent les uns après les autres et quittèrent l'appartement.
Nora était pétrifiée sur le canapé, sonnée depuis la dernière tirade de Maya.
Mon poing s'abattit de rage contre le mur. Ils m'avaient tous profondément énervé.
J'aurais dû aller rassurer ma copine, lui dire que ce que Maya lui avait balancé n'était qu'un tissus de mensonges. Mais j'avais pas la force de mentir ce soir.
Alors je sortis sur la terrasse pour fumer un joint, les yeux fixés sur ma montre.
Plus tard dans la nuit, je fus réveillé par des sanglots, Nora pleurait à chaudes larmes à côté de moi. Et là encore, je fis semblant de dormir et de ne pas l'entendre. Par manque de courage, par manque d'amour.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top