Chapitre 37. Fous la merde

Yo tout le monde, 

Ce soir double update, parce que j'arrive pas à séparer ces chapitres l'un de l'autre. C'est un peu un chapitre en deux parties on va dire. Ça n'arrivera pas souvent alors j'espère que ça vous fera plaisir ❤️

Plein de bisous ! 


——Deen——

J'avais pas senti cette odeur vanillée depuis des mois et là elle emplissait mes narines, me rappelant à quel point Violette m'avait manqué. Ses larmes mouillaient ma peau, son corps tressaillait sous les sanglots. Il y avait des moments comme ça, où on aurait préféré mourir avant qu'il ne se terminent. Mais très vite, trop vite, elle se détacha de moi.

— Ça suffit, souffla-t-elle, je suis pas venue pour te faire des câlins.

Sans blague.

— Viens, fis-je, on rentre.

Essuyant ses dernières larmes, elle me suivit à l'intérieur, j'enfilai un t-shirt et ce fut avec une certaine satisfaction que je constatais que son regard se perdait sur mon torse.

Je lui plaisais toujours, c'était déjà ça.

— Tu veux boire un truc ? demandai-je.

— Pourquoi t'as fait ça Deen ?

Ses yeux noirs étaient teintés de colère et d'incompréhension.

— Bah je sais pas, t'as peut-être soif...

Je jouais au con mais je voulais savoir exactement quel était son reproche.

— Ne fais pas semblant, tu sais très bien de quoi je parle ! Cette chanson... Mon Dieu mais comment peux-tu être aussi zen ! Tout le monde est au courant !

Un haussement de sourcils, un sourire amusé, c'était toujours assez drôle de voir quelqu'un qui s'énervait rarement péter un câble.

— C'est vraiment ce qui te dérange le plus dans ce morceau ? Que tout le monde sache ? demandai-je en me préparant un café.

— Non mais tu t'entends parler ? Tu sors une chanson où mon prénom apparaît une bonne quinzaine de fois, sans me demander mon avis, et tu penses que je vais bien le prendre ? Putain Deen ! C'est pas comme si je m'appelais Clémence, Clara, Marie ou je ne sais quel prénom porté par la moitié de la France !

Effectivement.

— Douze, corrigeai-je.

Violette fronça les sourcils, ne voyant pas où je voulais en venir.

— Ton prénom apparaît douze fois.

— Et ça devrait me rassurer ? Genre quinze c'est trop, mais douze, ça va, ça passe ?

Elle ne comprenait pas, pourtant je savais qu'elle était intelligente.

— Douze fois, répétai-je.

Soudain ses yeux s'écarquillèrent, et elle secoua la tête au ralentis comme si elle venait de nouveau d'entendre le morceau pour la première fois.

— Putain je te déteste, lâcha-t-elle finalement, je crois que je t'ai pas assez dit à quel point je te déteste. Pourquoi tu me fais ça maintenant ? Au moment où je commence quelque chose de nouveau, ou j'arrive à être bien. Tu me balances un morceau pareil, alors que quatre mois auparavant j'avais l'impression d'être ton bouche trou !

Alors que quatre mois auparavant elle se taillait de l'anniversaire de Nek avec ce crétin de PLK. Je voulais bien avoir un peu abusé sur le morceau, mais elle avait ses torts dans l'histoire, il fallait aussi qu'elle les reconnaisse.

— C'est toi qui est partie, trois fois, lui dis-je.

Violette ramena ses mains sur son front, comme une daronne excédée, j'avais l'impression d'être dans un dialogue de sourd. Et visiblement elle aussi.

— Mais pourquoi je suis partie Deen ? Tu n'as aucune idée de l'état dans lequel j'étais pendant les trois semaines où tu t'es tiré chez ta mère, de ce que j'ai ressenti en te voyant à l'anniversaire de Nek, tu ne sais même pas par quoi je suis passée ces quatre derniers mois. Tu n'as pas le monopole de la souffrance Deen ! Rentre toi ça dans le crâne, t'es fixé sur ce que les autres te font, mais tu te venges sur les gens qui t'aiment et tu le vois même pas !

Ça pour le coup c'était vrai, je n'avais aucune idée de ce qu'elle avait ressenti. Je me vengeais aussi, clairement j'avais eu envie de blesser Ken et Clem comme un gamin en sortant Codéine. Un grand moment de silence emplit la pièce, je savais pas quoi dire, j'avais envie de lui poser un milliard de question, Qu'est-ce que t'as ressenti ? Pourquoi t'es partie ? Pourquoi tu t'es mise avec Mathieu ? Pourquoi t'es là ? Mais aucune d'entre elles ne sortait de ma bouche.

Et puis soudain elle se laissa tomber dans le canapé, rassembla ses cheveux en queue de cheval à l'arrière de son crâne. Je remarquai un nouveau piercing sur son oreille. Putain, c'était pas le moment de faire attention à ce genre de détails. Pendant de longues secondes elle se roula une clope sans rien dire, puis quand elle l'eut allumée, elle releva les yeux vers moi.

— J'ai mis plus de cinq ans à apprendre à être heureuse, à me réjouir des petites choses du quotidien, à apprécier ma vie comme elle était. C'est pas inné chez moi Deen, parfois il faut se forcer. Mais je dirais qu'avec le temps, j'ai réussi à devenir quelqu'un d'assez solide. Tu t'en es rendu compte, pour m'abattre, faut y aller. Ma seule faiblesse, c'est ma confiance en moi, j'en suis parfaitement consciente, je passe mon temps à me comparer à des femmes qui sont pour moi des modèles de réussite, de féminité ou de beauté. Clem fait partie de ces personnes. C'est pas vraiment ta faute au fond, mais t'as tapé en plein dans mon point sensible.

J'avais aucune envie de partir dans une discussion sur Clem, après avoir passé des années à tout ramener à elle, je voulais juste plus me prendre la tête à son propos. Mais Violette n'avait pas fini.

— T'avais pas compris que j'étais tombée amoureuse de toi ?

Si on avait été dans un dessin animé, ma mâchoire se serait décrochée. Elle me sortait ça au plus grand des calmes, au passé en plus. Je savais pas si ça me donnait de l'espoir ou si ça l'éteignait complètement.

— Je... Enfin que t'étais attachée oui... Mais... Putain Violette pourquoi t'es partie ?

— À l'anniversaire de Ken, t'étais tellement distant, je... Je me suis dit que j'avais tout fait foirer en engueulant Clem, que de toutes façons tu serais toujours de son côté.

Hein ? Mais n'importe quoi ! Ok elle avait été un peu violente, mais Clem avait besoin d'entendre ce genre de choses. Et puis elle était complètement pétée et... Ah ça me revenait d'un coup.

— Mais t'es complètement idiote ou quoi ? J'ai croisé Mathieu qui m'a dit que vous aviez fait des bails ! Tu m'en as parlé ensuite sans pression, comme si c'était rien. Ça m'a vénère de ouf ! J'me suis dit que t'avais tourné la page ! Pour ça que j'étais distant. 

J'eus l'impression de lui avoir révélé le secret de la vie tant elle écarquilla les yeux, c'était trop con comme situation. Mais ça ne m'expliquait toujours pas pourquoi elle était partie, Maya m'avait dit qu'elles avaient discuté et qu'elle l'avait convaincue de venir me parler une bonne fois pour toutes.

— Mais pourquoi t'es partie ? répétai-je.

— Je suis montée pour...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Des coups répétés contre la porte et quelqu'un s'excitant sur la sonnette nous tirèrent de notre discussion.

— Deen !! Ouvre cette putain de porte ! Sinon sur la vie de ma mère, je me charge de l'explication de ton squeud de merde sur Genius !

C'était quoi cette menace pérave ?

— C'est Ken, fit Violette comme si je n'avais pas reconnue la voix cassée à l'extrême du rappeur.

Nous échangeâmes un regard, elle se leva, ayant la même idée que moi.

— Chambre, marmonnai-je.

C'était pas la peine de rendre le Fenek encore plus furieux qu'il ne l'était déjà. Violette récupéra son tabac et s'enferma dans ma chambre pendant que poussant un soupir, je me dirigeai vers la porte d'entrée.

J'ouvris pour me retrouver face à Ken et Mathieu. Parfait.

— Toujours mieux d'être à deux contre un, vous avez raison les mecs, on sait jamais.

— Vas-y ferme ta gueule.

Étonnamment, depuis que j'avais sorti mon album, j'étais parfaitement calme. Tout ce que j'avais sur le coeur était sorti, je me sentais un peu comme un condamné qui avait avoué ses péchés et qui pouvait mourir tranquille. Donc l'électricité qui se dégageait des deux rappeurs ne m'atteignait même pas.

Ils entrèrent chez moi, Ken avait pas dormi de la nuit, c'était très net, ils étaient tous les deux censé être sur scène à l'autre bout de la France le lendemain. Mais ils s'étaient payé le luxe d'un voyage à Paname pour venir me régler mon compte.

Je sentais le jeune Polak archi fébrile, il devait mourrir d'envie de m'en coller une. Mais je connaissais Ken, il allait vouloir régler ça sans baston. Déjà, il pointait un doigt menaçant vers moi.

— J'arrive pas à croire que t'aies pu me faire un truc pareil.

Concrètement, à part les deux trois phrases sur sa femme, j'avais rien fait à Ken. Mais bon il se sentait investi d'une mission de protection de Violette qui ne lui avait rien demandé.

— Tu me dégoûtes d'une force, j'te jure j'ai envie de te cracher à la gueule, j'ai l'impression de me retrouver face à Guiz et Morpion y a quelques années. Putain mais comment t'as pu faire ça !

Oh, j'attendais la comparaison avec Guizmo, la trahison était au moins au même niveau, clairement.

— T'as rien à dire ? Ou t'as trop gaspillé de salive pour parler du corps squelettique de ma femme ?

Ok, celle-là j'aurais pu m'en passer, jusqu'au dernier moment j'avais hésité. Et puis je m'étais dit "nique sa mère t'façon tout le monde est au courant".

— Tu m'as dit de fermer ma gueule, je t'obéis.

— Joue pas au con, cracha Mathieu.

Super, le maître et l'élève, en attendant il ferait moins le youvoi s'il savait où était sa meuf.

— C'est quoi exactement votre problème ? demandai-je, J'ai fait un ceaumor sur une go avec qui j'ai partagé un truc pendant quelques mois, toi t'étais pas avec elle, t'as rien à dire. Et toi Nek... Bah désolé mais t'as rien à dire non plus.

Ken poussa un ricanement amer.

— Non mais en plus tu culpabilises même pas ! Elle a vingt ans putain ! T'as même pas honte, j'arrive pas à le croire, t'es répugnant mec !

Oui, répugnant, ça je le savais depuis longtemps. Mais apparemment j'avais décidé d'assumer. Je les observais tous les deux s'exciter sur moi comme si j'avais forcé Violette à quoi que ce soit.

— On était deux, elle était consentante et en plus c'est fini, qu'est-ce que tu me casses les couilles ?! T'as le droit d'être en rogne pour le truc sur Clem, même si c'est pas comme si j'apprenais quelque chose à quelqu'un, ouais j'ai été en kiffe sur elle, mais comme je le dis dans le morceau, c'est fini aussi. Mais ta leçon de morale sur Violette tu peux te la carrer, je l'ai forcée à rien et non je regrette pas, parce que si j'ai réussi à aller de l'avant et à sortir ce putain d'album, c'est en grosse partie grâce à elle.

Ken eut un sursaut de colère et me poussa brusquement en arrière. Par contre s'il devenait violent, j'allais certainement pas rester aussi calme.

— Arrête ça, lui dis-je, tu sais qu'au fond j'ai raison, on a fait nos bails tranquilles à l'écart des autres, on en a pas parlé pour éviter ce genre de réactions excessives.

— Mais mec je m'en branle ! C'est une gamine ! Tu percutes ou pas ? Tu crois vraiment qu'elle allait réussir à te dire non ? Elle était naïve, fan de toi, t'as trente piges ! T'es le seul responsable Deen!

Je détestais qu'il me dise ça, parce qu'au fond j'avais toujours eu un peu peur que ce soit vrai. Et puis avec ce qu'elle m'avait avoué tout à l'heure...

— C'est de l'abus, enchérit Mathieu, en plus elle a des problèmes avec son daron, genre elle a du vouloir se sentir pro...

— J'arrive pas à croire ce que j'entends.

En une seconde nous avions tous trois pivoté vers Violette. Vu son regard, si quelqu'un allait niquer des mères ce soir, c'était elle. 

— Qu'est-ce que tu fous là ? s'écria Mathieu, T'es sérieuse ? Il sort un son tu rappliques chez lui ? 

Il se rapprocha de moi pour me faire face avec un air menaçant. 

— Si tu l'as touchée... 

— Violette bordel de merde, sors d'ici ! gueula Ken. 

Putain j'aurais pas aimé être à leur place, là ils avaient enchaîné les phrases qu'elle détestait entendre à propos d'elle. Et en prime, elle avait horreur qu'on crie. 

— J'étais là pour régler cette histoire, fit-elle calmement, Qui ne concerne que Deen et moi. Vous, n'avez rien à faire ici. L'un comme l'autre, je vous ai dit de ne pas vous en mêler. 

— Tu règles ça en te précipitant dans son pieu à la première occasion ? 

Mathieu avait les poings serrés, il allait péter un truc ou m'en foutre un dans la gueule, c'était plus qu'une question de timing. 

— J'arrive pas à croire que tu puisses penser une seconde que je sois ce genre de meuf, Mathieu. Si j'avais voulu me taper Deen, il m'aurait suffit de te quitter ce matin quand tu faisais ton sketch pour une histoire par laquelle tu n'es même pas concerné. Mais visiblement, vous croyez tous les deux que je suis complètement conne et écervelée. Attendez, non c'est quoi les mots que vous avez employé ? "gamine", "naïve" et j'ai des problèmes avec mon daron. Alors ça, c'est brillant comme analyse psychologique. Mon père alcoolique battait ma mère, donc forcément si je me suis intéressée à Deen c'est parce que je suis instable et que je recherche un modèle paternel. Tu réfléchis avant de parler ? Si c'était vraiment le cas, j'aurais été folle amoureuse de Ken ! Parce que niveau comportement de daron, il a quelques longueurs d'avance sur Deen. 

Violette ne criait pas, elle avait cette attitude que je lui avais vu la fois où elle avait appris pour Clem, on pouvait sentir à quel point elle était déçue de lui dans le ton de sa voix. Son mec se retourna vers elle. 

— Parfait, fit-il, si c'est vraiment fini entre vous, viens on se tire. 



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