Chapitre 35. Tempête
Hello tout le monde !
Alors ce chapitre est un peu particulier parce que je me suis lancée dans un texte de rap. Clairement je suis pas une pro, donc il y a sûrement des tonnes de choses qui ne vont pas, soyez indulgents. Je remercie d'ailleurs Cath_astrophe et LucieG14 qui m'ont à la fois aidée et inspirée pour ce texte.
Voilà, plein de bisous, je vous kiffe !
❤️
——Violette——
Il était minuit, plein milieu du mois d'août, j'étais rentrée chez ma mère pour une semaine. Mathieu dormait à côté de moi, on avait passé la journée à se baigner dans le lac Léman et à visiter Genève. Il n'était là que pour deux jours et je profitais de sa présence avant qu'il ne reparte en festival.
Mais l'album de Deen venait de sortir. Si j'avais eu la chance d'entendre une grosse partie des pistes de l'album quand nous passions du temps ensemble, parmi elles, deux m'étaient complètement inconnues « 12h » et « Codéine ». Il ne m'en avait pas du tout parlé et j'étais curieuse de les découvrir.
Je soupirai en pensant que je ne pourrais même pas lui envoyer un message pour le féliciter, vu la façon dont il m'avait repoussée la dernière fois que nous nous étions vus.
Quel gâchis, pensai-je en me remémorant nos bons moments ensemble.
Mais j'étais avec Mathieu maintenant et, même si au début nous étions tous les deux dans un délire de « on tente et on voit ce qu'il se passe », je m'étais très vite attachée à lui. Nous nous comprenions sur beaucoup de points, il avait aussi une famille compliqué, on s'entendait bien. Mathieu n'avait que deux ans de plus que moi et finalement, je me rendais compte qu'être avec quelqu'un de son âge était quand même bien plus facile. Il ne passait pas son temps à me traiter d'enfant et je n'avais pas cette peur chronique de ne pas être à la hauteur.
La seule ombre au tableau, c'était le fait que très peu de personnes valident cette relation. Ken en tête, Hakim, Maya... Même Clem avait émis des réserves. Heureusement je pouvais compter sur le soutien indéfectible de Lucie qui me supportait quoi que je fasse.
J'avais eu mon année, par l'opération du Saint Esprit, clairement, mais je l'avais eu. Alors ma mère avait accepté de se porter garante pour que je prenne un studio à Paris dès le mois de septembre. C'était une grosse victoire, j'allais pouvoir me rapprocher de mon école et surtout, être chez moi. J'avais passé le mois de juin à moitié chez Idriss, à moitié chez Mathieu, c'était vraiment pas idéal.
Ce dernier se retourna soudainement vers moi et son bras attrapa ma taille pour me ramener contre lui.
— T'as pas envie de dormir ? grogna-t-il.
— Non, soufflai-je, y a le dernier album de Deen qui vient de sortir. Je crois que je vais l'écouter.
Math entrouvrit les yeux, pour me détailler avec surprise.
— Tu veux pas attendre demain ?
Je ris devant sa petite tête toute endormie.
— Je dirai ça quand le tien sortira, plaisantai-je.
Il fronça les sourcils et me pinça la hanche.
— Déjà, t'as entendu la moitié des sons. Et en plus moi c'est pas pareil, j'suis ton mec. Pas juste un pote de Nek.
Si seulement Deen était juste un pote de Ken. Mais quoi qu'il en soit, lui et moi avions vécu quelque chose cette année, même si ça avait été bref, même si le fait de se tenir à distance avait réduit mes sentiments pour lui, le fait de n'avoir jamais pu s'expliquer clairement, m'empêchait de totalement tourner la page.
Et j'espérais que son album m'aiderait. Parce que je voulais aller de l'avant, j'étais vraiment bien avec Mathieu et parfois j'avais envie de me coller des baffes quand je me surprenais à penser à Deen.
Dieu merci avec Math, nous n'en étions pas encore à nous promettre des choses et à nous dire « je t'aime », mais si je voulais un jour franchir ces étapes avec lui, il fallait que j'enterre une bonne fois pour toutes le souvenir de Deen.
— Je vais aller fumer et prendre l'air en l'écoutant, je reviens après d'accord ? dis-je à mon copain en écartant les draps.
Il poussa un grognement protestataire et je frottai affectueusement ses cheveux blonds avant de me pencher vers lui pour embrasser brièvement ses lèvres.
— J'aime pas quand t'es pas là quand j'dors, murmura-t-il.
— Je reviens après, répétai-je.
Prenant par précaution un sweat, je dédaignais mes nouvelles Vans pour mes Nike un peu usée par les trop nombreuses sessions de skate.
Mais ces pompes, je les aimais beaucoup trop.
Je quittai la chambre, mon casque déjà posé sur les oreilles, pour rejoindre le jardin. Après avoir lancé la première piste, je décidai de me rouler une clope pour encaisser tout ça. Je ris en reconnaissant les gimmick préférés de Deen. Il y avait des feat vraiment chouettes, avec Jazzy Bazz, Doums, Caballero, Jehkyl, Eff et Nemir, évidemment, mais aussi avec des artistes que je connaissais moins.
J'aimais bien ces sons qui, même si ça restait du Deen tout craché, apportaient une vraie nouveauté par rapport à ses anciens projets.
Quand le morceau 12h arriva, j'eus un petit hoquet de rire en me rendant compte qu'il avait pour thème le temps qui passe. Je lui avais pourtant dit que ce n'était pas original.
Nouveau sourire au moment du pont :
Y'a que 12h dans une journée, pour ça qu'on vit la nuit,
Le temps c'est de l'argent, pour ça qu'nos montres sont hors de prix.
Je prenais un réel plaisir à écouter cet album, à retrouver cette voix inimitable, ses références à la bouffe et son egotrip humoristique et décomplexé. Mais il y avait quelque chose de nouveau, Deen se livrait plus, même si ça restait toujours assez subtil. Cet album était beaucoup plus intime.
Il parlait beaucoup de son décalage par rapport à tous ses frères qui construisaient leur vie tandis que lui peinait à se poser.
Mais je n'étais vraiment pas au bout de mes surprises. Quand les premières paroles de Codéine arrivèrent dans mes oreilles, je dus remettre au début, tandis que mes mains se mettaient à trembler de façon incontrôlable.
J'me suis fait avoir salement.
J'voulais plus qu'elle, seulement,
Je ne suis pas lui, elle n'est pas mienne
Je l'ai sauvée, Il l'a épousée et elle est sienne
Et maudit soit l'amour à sens unique
Pathétique, on perd vite le sens de l'éthique
Dur de pas penser à son corps squelettique.
Et toi t'es arrivée avec tes putain d'vans au pieds
Pour chasser l'fantôme qui n'cessait d'me hanter
Un peu trop bourrée et les cuisses dénudées
T'aimais pas les robes, j'étais du genre à les enlever
Et t'as ri et moi j'ai succombé
Malheureusement j'ai jamais su tomber
Tu m'as demandé un joint mais c'est moi qu't'as allumé
Violette, comme codéine
Violette, comme codéine
J'ai l'air d'un grand-père mais j'suis un gamin
Égoïste, immature,
Pour m'en sortir sans point de suture
Faut qu'tes baisers soignent mes blessures
Violette, comme codéine
Violette, comme codéine
Si j'pars en overdose ce s'ra sûrement
Pour être le seul à consommer.
Trois mois
C'est le temps qu't'as mis pour tout savoir de moi
Que j'étais pas un bon skateur
Que j'agissais parfois comme un stalkeur
Mais j'suis qu'un sale menteur, et t'as découvert qu'avant toi,
Une de tes sœurs me faisait tourner la tête.
Que j'étais pas attaché qu'à la verte
T'as pensé être ma poupée vaudoue,
Pourtant avec tes mots doux,
Tu m'as envoûté, pourtant t'étais honnête,
T'as rien d'une sorcière,
T'es pas non plus une héroïne,
Nan, t'es douce comme un verre de lean,
Tu m'as endormi comme un somnifère.
Violette, comme codéine
Violette, comme codéine
Plus j'la prends plus j'oublie le temps qui passe et nous sépare
J'arrête quand j'veux, j'maitrise et pourtant,
Addictive, tu me consoles
Positive, tu m'attires
Violette, comme codéine
Violette, comme codéine
J'suis l'pôle inverse et ton sourire,
C'est mon virus, c'est mon remède.
Pas d'règles, c'était la seule règle fixée
T'étais pas susceptible, c'était pas facile de t'vexer
J'me suis dit « parfait, j'suis libre »
Mais au fond j'savais bien que j'commençais à m'attacher
Et pour me désarmer, t'avais pas besoin d'calibre
Car un seul de tes souvenirs suffisait à me calmer,
T'aimais pas les cris, t'avais peur des coups,
J'aimais plus la vie, j'avais besoin qu'on m'shoot
Maintenant j'suis sobre, mais j'l'ai pas choisi
J'recommence demain, si on m'tend une dose
Cure de désintox, ce s'ra pas ici
J'peux caner serein, dans les bras d'ma dope.
Violette comme codéine
Violette comme codéine
J'ai l'air d'un grand-père, mais j'suis un gamin,
Égoïste, immature
On aurait pu s'aimer sans rature,
Sans poison, sans rupture
Violette comme codéine
Violette comme codéine
On aurait pu être deux gamins
Car après tout, dix ans, c'est rien
J'eus la sensation qu'un message d'erreur s'était affiché dans mon cerveau, lorsque j'éclatai d'un rire nerveux.
C'était peut-être une erreur, ça ne me concernait pas. Je me faisais des films.
Mais les dizaines de messages qui arrivaient sur mon téléphone écartèrent bien vite cette hypothèse.
Ken : appelle moi, de suite.
Clem : Je sais ce que tu vis, appelle moi si tu as besoin ma belle.
Idriss : DIS MOI QUE C'EST PAS TOI VIOLETTE.
Lucie : Oh putain.
Maya : Alors ?
Deen : Pardonne moi.
J'avais envie de lancer mon portable très loin et partir en courant.
Et puis je me rendis compte que Clem avait raison, c'était la meilleure personne à appeler.
Elle décrocha aussitôt.
— Violette... Comment tu te sens ? Je sais pas ce qui lui a pris ! Deen n'a jamais fait ça ! Enfin cet album est différent mais... Putain !
— Je... soufflai-je.
Il m'était très compliqué de rassembler mes esprits.
— J'ai l'impression qu'une photo de moi en sous-vêtements vient d'être placardée dans toute la France.
Et encore, il parlait pas de sexe dans la chanson, sans doute parce qu'il tenait un minimum à la vie.
— Je vois très bien ce que tu veux dire... murmura-t-elle, Quand Ken a sorti Galatée, je ne l'ai pas très bien pris. Et en plus... Deen parle de moi aussi... C'est très gênant.
Ken allait le tuer, réellement, Dieu merci la tournée des festivals n'était pas complètement finie et le S n'était pas à Paris.
— Putain, fis-je, J'ai toujours rêvé qu'un mec m'écrive une chanson. Si on m'avait dit quand j'étais ado que Deen Burbigo écrirait un morceau sur moi je... Et maintenant que c'est le cas...
Je lui en voulais terriblement, parce qu'il avait choisi délibérément de révéler à tout le monde quelque chose qui ne concernait que nous, sans même me prévenir.
— Il aurait au moins pu changer le prénom ! Je sais pas, ce sont pas les noms ridicules qui manquent.
— Je crois qu'il tenait à sa métaphore avec la lean, me répondit Clem.
On se retrouvait toutes les deux dans le même panier, alors que quelques mois plus tôt je la considérais presque comme une rivale.
— Et au delà du fait qu'il ait balancé tout ça sur vous, est-ce que... ça te fait ressentir quelque chose pour lui ou...
C'était une bonne question, évidemment, sachant que je croyais être le cadet de ses soucis, apprendre qu'il avait fait un son entier sur moi, pas juste deux phrases au détour d'un morceau, ça me faisait quelque chose. Jamais un homme n'avait parlé de moi de cette façon.
Et puis il avait renversé la différence d'âge, de sorte à ce que ce soit lui qui apparaisse comme un gamin. Quelqu'un qui ne connaissait pas la situation pouvait très bien penser que c'était moi qui avait dix ans de plus.
Ça, venant de lui, c'était touchant.
— Je pensais pas qu'il était attaché à moi à ce point, admis-je, Il m'a jamais dit ce genre de chose... enfin si... Il m'a dit une fois que j'étais arrivée comme une piqure de morphine au moment où il souffrait le plus. Mais... c'était pas comme ça tu vois... Je sais pas quoi en penser à vrai dire. Et je lui en veux tellement, ça va foutre le bordel...
Clem soupira dans le téléphone et je l'imitai. Ken allait littéralement exploser. Mon portable ne cessait de vibrer depuis le début de la communication et je savais très bien qui me harcelait.
— Il va falloir que je rentre à Paris, pour empêcher la troisième guerre mondiale quand Ken va rentrer, soufflai-je.
— Et comment tu vas expliquer tout ça à Mathieu. Parce que tôt ou tard il va finir par être au courant.
Oh putain.
Deen je te déteste si fort, pensai-je.
— Il va péter un câble.
Math était vraiment impulsif et je ne lui avait pas spécialement parlé de ma relation avec Deen. Non seulement il allait m'en vouloir à mort de lui avoir caché ça, mais en plus il allait vouloir régler ça avec le principal concerné.
— Il faut que tu lui en parles la première, tout de suite, me dit Clem, rappelle moi après si besoin.
J'acquiesçai avant de raccrocher. Me préparant mentalement à tout raconter à Mathieu. Je décidai de fumer une dernière clope et d'éteindre mon portable, Clem allait sûrement appeler son mari pour le calmer.
Cinq minutes plus tard, je m'apprêtai à remonter quand la voix de mon copain retentit derrière moi.
— Violette.
Je me retournai brusquement, il tenait son portable dans la main.
— Ken veut te parler, dit-il d'une voix glaciale.
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