Chapitre 32. Du sexe opposé

Bonne année tout le monde !! J'espère que vous avez passé un bon réveillon ! Pour ma part j'ai fait une petite pause dans l'écriture de Gamins mais je suis de retour ahah !!
Bonne lecture et plein de bisous 😘

« Mesdames et Messieurs notre train entre en Gare de Paris Gare de Lyon, nous espérons que vous avez passé un agréable voyage et vous souhaitons une bonne fin de journée, Paris Gare de Lyon. »

Je poussai un soupir de soulagement en quittant mon siège. Quinze jours à Toulon, je commençais sincèrement à tourner en rond. Enfin je n'étais pas de retour pour longtemps à Paris puisque deux jours plus tard je repartais pour l'anniversaire de Ken.

Plus l'échéance approchait, plus je me disais que tout compte fait, c'était peut-être une mauvaise idée. J'avais accepté sur une d'impulsion irréfléchie, et désormais je commençais à réfléchir à une excuse pour ne pas m'y rendre.

Mais après un dîner passé chez Mékra et Maya à me faire engueuler et houspiller pour que je vienne, j'avais fini par donner ma parole et n'avais d'autre choix que de me résigner à participer à ce week-end.

Heureusement, le voyage avec Eff et Maxime fut plutôt agréable. Je postai quelques stories sur Instagram au rythme des morceaux de la mif qui passaient dans la voiture. Y'avait rien de mieux qu'un voyage entre frères pour oublier la destination.

Mais lorsque la voiture franchit le portail de la propriété, la vision de l'étang et des arbres centenaires qui ornaient le parc, je sentis mon estomac se contracter. Quelle idée stupide de revenir dans cet endroit.

Il y avait déjà une bonne cinquantaine de personnes dans la salle principale où un énorme buffet était installé. Clem avait décidément vu les choses en grand. Je songeai que si c'était le même traiteur que pour leur mariage, la nourriture allait être bonne, c'était toujours ça de pris.

Après avoir checké et fait la bise à bon nombre des personnes présentes, je tombai sur Lucie et lui demandai où était Ken.

— Il vient avec 2zer, mais il sait pas encore où il va, ni pourquoi. Clem est avec lui aussi. Ils ne devraient pas tarder mais je crois qu'elle voulait être sûre qu'un maximum de personnes soient déjà là. On doit être au moins cent ce soir, et demain c'est plus tranquille, juste une trentaine.

— Super, grognai-je sans grande conviction, comment ça peut être aussi bien organisé alors que Clem n'est même pas encore arrivée ?

Tout avait l'air de fonctionner comme sur des roulettes, réglé au millimètre, pourtant celle qui était à l'origine l'événement n'était pas là.

— Ah, Violette supervise, t'aurais vu le temps qu'elle a donné pour cette fête... C'est vraiment une perle. D'ailleurs tu l'as vue ? Je me demandais justement où elle était.

Je secouai négativement la tête, ne sachant plus vraiment si j'avais envie de la voir.

Alors je décidai de rester en terrain connu, autrement dit entre mecs, pour le moment.

Mais je peinais à me concentrer sur les mots et les blagues de mes frères, jetant sans arrêt des regards autour de moi.

— T'as l'air complètement ailleurs, me fit Eff en voyant mon absence de réaction.

— Ouais désolé frère, je t'écoute.

Mais au même moment Ken et Clem arrivèrent et tout le monde se mît à gueuler pour le roi de la soirée, qui avait l'air assez ému de voir le monde réunit pour lui.

C'est là, enfin, que je repérai Violette, elle portait la même putain de robe jaune que pour le mariage. Quelle idée. Peut-être qu'elle en avait qu'une après tout. Ken la souleva un peu lorsqu'elle lui sauta au cou pour lui souhaiter un joyeux anniversaire et je vis qu'elle portait toujours les pompes que je lui avais offertes.

Sur son visage un sourire éclatant, creusait ses fossettes d'enfant. Je la vis ensuite embrasser Clem sur les deux joues et je me sentis un peu bizarre. Sans doute le fait de les voir côte à côte.

Je tentai de me désintéresser de l'image des deux sœurs pendant que Ken faisait un tour pour saluer tout le monde, et à peine deux minutes plus tard, Clem me fonçait dessus.

— Deen ! lança-t-elle, je suis si contente que tu sois venu.

Elle avait dû penser que j'allais me défiler.

— Comment tu vas ? J'ai vu que tu étais à Toulon.

— Ouais, répondis-je, vacances improvisées.

Clem me détailla de longues secondes, ayant l'air d'essayer de me décrypter. Elle n'était pas stupide et avait très bien compris que je n'étais pas parti sans raison.

— Tu me diras pas ce qu'il s'est passé, pas vrai ? demanda-t-elle.

Elle me lança un regard un peu triste, comme si elle prenait la mesure de l'éloignement qui était désormais le nôtre.

— Clem...

— Clem ! Tu viens s'il te plaît ? J'ai absolument besoin de toi pour régler un problème d'organisation.

Violette était apparue comme par magie à côté de nous.

— Oh salut Deen ! fit-elle sur un ton joyeux qui n'avait absolument rien de naturel.

Elle me tendit la main pour me checker.

Me checker.

Putain même Clem m'avait jamais friendzoné à ce point.

Négligeant sa paume, je lui lançai un regard presque méchant et me contentai d'un signe de tête.

— Ça ne peut pas attendre deux minutes ? demanda sa grande sœur, On était en train de discuter.

Mais Violette secoua négativement la tête, je la trouvai étrange elle fuyait mon regard et tirait Clem par le bras comme si il y avait une urgence absolue.

— Vas-y, marmonnai-je.

— On se reparle après, me répondit-elle l'air surprise par l'attitude de Violette.

Elles s'éclipsèrent et je rejoignis Ivan qui venait visiblement de se prendre la tête avec Camille. C'était pire qu'un running gag. Il vida son rhum d'une traite et m'invita à sortir pour griller un spliff.

— Rappelle moi pourquoi je reste avec elle ? demanda-t-il en me tendant son briquet.

La réponse était évidente.

— Parce que t'es paro d'elle et si c'était tout beau tout rose, tu te serais déjà lassé.

— Ouais, mais je crois que là, je commence à me lasser des embrouilles, des tromperies, des insultes, des crises... Je crois que je vais la quitter pour de bon, j'ai trente-et-un an, j'ai envie de construire un truc stable, elle est tellement immature, j'te jure c'est invivable.

C'était pas la première fois que j'entendais Ivan me balancer ce genre de phrases. Je poussai un soupir, repensant au comportement étrange de Violette quelques minutes plus tôt.

— Putain j'en ai archi marre des meufs, lâchai-je dans un volute de fumée, elles vont nous bouffer.

Ivan me jeta un regard entendu derrière ses lunettes teintées et sa paume se posa sur mon épaule.

— Pour ça qu'Dieu a créé les amis, mon frère.

J'opinai de la tête avant de jeter mon mégot et de retourner dans la salle qui petit à petit s'était vraiment remplie. Pendant plus d'une heure je discutais avec Némir en tentant d'éviter de jeter des regards insistants à Violette qui elle, semblait très bien s'entendre avec un jeune Polak qui avait bien céper ces derniers temps.

Mathieu de son vrai nom, PLK de son blase, était un peu le poulain des gars de Paris Sud, Flav l'avait signé sur son label et Nek multipliait les manifestations de soutien à son égard.

Je l'aimais bien, mais clairement pas en ce moment alors qu'il était en train de disquetter Violette. Cette dernière n'avait pas l'air insensible.

Et merde, nos regards venaient de se croiser.

Elle avait très bien capté que ça me faisait chier. J'eus peur que ça lui donne envie d'amplifier le rapprochement pour me gaver, alors je fis signe à Nemir que je retournais dehors.

Décidément, quand j'étais dans cet endroit je passais toujours beaucoup plus de temps à l'extérieur.

Je m'éclatai un pétard en songeant que venir ici était vraiment la pire idée du siècle. J'avais espéré pouvoir parler avec Vio, faire le forceur un peu. Mais elle avait l'air si inaccessible, et là, comme un con j'avais espéré qu'elle me suive en sortant.

Putain je redevenais vraiment un ado.

— Deen !

Super, Clem. Manquait plus que ça.

La vie se foutait vraiment de ma gueule. Un an plus tôt, c'était elle que j'attendais et c'était Violette qui était venue.

— Ouais, lâchai-je lorsqu'elle arriva à ma hauteur.

— On avait pas fini de parler.

Je me tournai vers Clem, ses cheveux tombaient en cascade sur ses épaules et elle portait une robe noire sur laquelle elle avait enfilé un trench beige. Douloureusement belle, toujours, mais plus comme avant.

Pendant plus d'une heure, je discutais avec elle. Assis par terre, adossés au mur de la maison, j'avais l'impression d'être transporté quelques années en arrière, quand tout était simple entre nous, quand je la voyais comme un peu plus comme une frangine.

Puis elle aborda le sujet que j'avais réussi à éviter durant toute notre conversation.

— Je te connais Deen, je sais qu'il y a quelque chose qui te prend la tête. C'est cette histoire de meuf ? Tout le monde disait que tu avais quelqu'un ces derniers temps. Je trouvais que t'allais mieux.

Je la détaillai quelques secondes, tirant furieusement sur mon joint. Pendant ce temps, Mathieu avait peut-être sa langue au fond de la bouche de Violette.

— Ouais, bah ça a pas marché, finis-je par dire.

— Pourquoi ? demanda Clem.

On aurait pu écrire un livre aussi épais que la Bible sur les raisons qui faisaient que ça n'avait pas fonctionné.

Mais on pouvait aussi le résumer en un mot...

— Clémentine.

Nous sursautâmes en même temps. Surpris par le ton glacial de la voix de Violette qui venait encore d'apparaître.

— Viens on rentre, fit-elle.

Mais Clem fronça les sourcils.

— Mais Violette, on est en train de discuter. Ça fait deux fois que tu nous interromps.

Je commençai à comprendre.

Putain elle était jalouse.

C'était bon signe ça.

— Vous parlez de quoi ? demanda-t-elle.

— Violette...

Mais je coupai Clem très rapidement, avant qu'elle n'ait le temps de lui dire de s'occuper de ses affaires.

— On parle du fait que ça n'a pas fonctionné entre moi et une nana. Clem me demandait pourquoi.

Violette haussa les sourcils, surprise par ma franchise.

— Je vois. Tu attises ma curiosité dis donc.

Un ricanement m'échappa, pendant qu'elle s'asseyait à côté de moi, sous les yeux ahuris de sa sœur.

— Tu as toujours été beaucoup trop curieuse, répliquai-je.

— Peut-être parce que tu caches beaucoup de secrets.

J'aurais aimé comprendre véritablement ce qu'elle ressentait à ce moment précis, parce que moi j'avais juste envie de la prendre par la main et de l'emmener très loin d'ici.

— Quelqu'un peut m'expliquer ce dialogue de sourds ? se plaignit Clem.

— Disons, fit Violette, que Deen et moi avons eu l'occasion de discuter un peu. Et figure toi, que la raison pour laquelle sa « relation » n'a pas marché avec cette fille, c'est toi.

Ok, je voulais disparaître. Le regard de Clem se braqua sur mon visage, tandis que je fixais Violette avec colère.

— Ferme-la, gamine.

— Oh non Grand-père, j'ai pas fini. Tu vois Clem, c'est de ta faute, parce que tu continues d'agir avec Deen comme s'il était ton meilleur ami gay ou asexuel. Comment tu veux qu'il passe à autre chose si tu entretiens juste ce qu'il faut de sentiments, pour qu'il ne réussisse jamais à tourner complètement la page. T'as pas été capable de lui dire en face que c'était mort, tu vois pas que ce que tout le monde lui dit depuis quatre ans, il avait besoin que ce soit toi qui lui balances ? C'est de ta faute s'il arrive pas à aller de l'avant.

Il fallait la faire taire, d'une façon ou d'une autre.

— Je gère, dis-je à Clem, rentre s'il te plaît.

— Deen...

— Rentre, dépêche toi.

Entre temps j'avais plaqué ma paume sur la bouche de Violette, très bien conscient qu'elle était complètement pétée.

— Deen, j'ai jamais voulu ça... Je t'assure je veux juste que tu sois heureux... Oh mon Dieu je suis tellement désolée...

— Clem, rentre putain de sa mère, elle est ivre, elle raconte n'importe quoi. On en reparlera demain.

Mais les yeux de la jeune femme s'embuaient, je détestais la voir pleurer, et Dieu savait qu'elle pleurait tout le temps. Alors j'employai la manière forte.

— Putain mais dégage ! m'énervai-je, Vas voir ton mari là, c'est son anniversaire ou pas ?

Elle déguerpit et poussant un soupir, je lâchai la bouche de Violette qui tentait de se débattre, pour la saisir par le bras et la faire se lever.

— Non mais ça va pas ? C'est quoi ton problème ? Pourquoi tu lui as balancé tout ça ? Tu veux qu'elle reparte en dépression pendant deux mois ?

La petite blonde me foudroya du regard. L'alcool la rendait si différente... je peinais à reconnaître ma douce Violette souriante et affectueuse.

— Parce que t'es trop faible pour lui dire toi même. On s'en tape qu'elle déprime, Clem a un mari, un enfant et des amis qui la soutiennent. Tout le monde la plaindra de toute façon !

Il y avait plein de ressentiment dans le ton de sa voix, je me sentis coupable, conscient d'avoir largement contribué à la monter contre sa sœur.

— Tu t'es inquiété pour moi ? demanda-t-elle soudainement, Tu t'es demandé si j'allais déprimer ?

Si elle savait...

Comme elle refusait d'avancer vers le bâtiment des chambres d'hôtes, je la soulevai brusquement pour la charger sur mon épaule.

Cinq minutes plus tard je la déposai sur le lit, elle était passée de la colère aux larmes.

— Fais moi plaisir, arrête de boire, lui dis-je en m'asseyant à côté d'elle, Ça te réussit pas du tout.

Contre toute attente, elle se blottit entre mes bras et l'odeur vanillée de ses cheveux blonds emplit mes narines.

— Je te déteste, souffla-t-elle.

— Je me déteste aussi chérie.

Plusieurs sanglots la secouèrent alors et je caressai doucement sa nuque. Ma chemise blanche serait sûrement couverte de taches de maquillage, mais je m'en battais les couilles.

— Tu devrais dormir, murmurai-je.

Elle hocha la tête et se dégagea de mon étreinte.

— Tes affaires sont où ? soufflai-je, je vais te les chercher.

— Dans le vestiaire, un sac The North Face bleu marine, articula-t-elle, merci.

Je déposai alors un baiser sur son front et partis chercher son sac tandis qu'elle entrait dans la salle de bain.

Sur le chemin du retour, je croisai Mathieu qui se précipita vers moi.

— Deen ! Tu sais pas où est Violette ? On m'a dit que t'étais avec elle.

— Elle est partie se coucher, grognai-je d'une voix peu sympathique, pourquoi ?

Il eut l'air un peu gêné.

— Euh bah... on va dire qu'on avait un peu commencé à faire des bails... et je sais pas c'qui s'est passé, d'un coup elle est partie en courant.

J'aurais pas dû avoir envie de lui éclater la tête.

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