Chapitre 3. Cinq heure du matin
— Bah ça me fait strictement rien ton truc, aucun intérêt.
— Attends cinq minutes, lui dis-je.
J'avais pas beaucoup chargé, pas envie que ça me retombe dessus.
— Pourquoi t'as pas de meuf Deen ? Je veux dire, de relation sérieuse.
Mais.
D'où elle posait des questions comme ça ?
Elle s'allongea sur l'herbe à coté de moi, je regardais droit devant moi pour éviter de voir sa poitrine se soulever par intermittence lorsqu'elle respirait.
Bordel mais qu'est-ce qui me prenait à être un dalleux comme ça, sans doute un effet de l'absolue nullité de cette journée.
Savoir que Clem passait sa nuit de noces avec le Fenek.
— Qu'est-ce qui te fait dire que j'ai pas de meuf ?
Un petit rire lui échappa.
— T'es venu tout seul à ce mariage. Si t'avais une relation vraiment sérieuse tu l'aurais ramenée. Surtout à trente piges, t'aurais voulu prouver que toi aussi t'étais capable de te caser.
Un point pour la mioche.
Je pris pas la peine de lui répondre, j'aimais pas quand les autres avaient raison.
— Pourquoi tu me colles au lieu de faire la ouf sur la piste de danse comme les gamines de ton âge ?
Elle se redressa brusquement et me sourit de toutes ses dents en posant sa main sur mon épaule.
— Je fais preuve d'altruisme et tiens compagnie aux personnes âgées, elles sont souvent laissées seules dans les mariages comme elles ne peuvent pas danser.
Je ricanai, elle avait pas froid aux yeux cette petite, ou peut-être que c'était juste l'effet de l'alcool et du spliff.
— T'es une rigolote toi, grognai-je.
— Tu l'es pas du tout ce soir, alors j'essaie d'être drôle pour deux.
Étais-je un mec drôle en temps normal ? Ouais peut-être, mais je pouvais aussi être un bon gros connard aigri quand je voulais.
Là, j'étais plus dans le délire aigri.
— Tu veux pas venir danser grand-père ? Je commence à me les geler.
— Plutôt crever. Ils doivent tous être pétés à la mort dedans en plus. Ou alors l'ambiance est en train de virer mariage rebeu et franchement, j'suis pas dans le mood. Mais vas-y, tu t'amuseras plus qu'ici.
— Il y a personne de mon âge... soupira-t-elle, à part un cousin de Nek, mais il a essayé de m'embrasser alors que je lui demandais simplement ce qu'il faisait dans la vie.
Sans blague. À l'âge du gars j'aurais forcé à la mort.
Sauf que moi, elle m'aurait pécho, parce que j'avais quand même beaucoup plus de charisme que ce jeune puceau.
— Y'a personne de ton âge alors tu viens casser les couilles du Papy. Effectivement c'est logique.
Violette rit, mais son rire ne s'arrêta pas. Elle partait dans un fou rire incontrôlable.
Je lui lançai un regard surpris pendant qu'elle se renversait de nouveau par terre en se tenant les côtes.
Elle était vraiment bonne.
Pas mon genre, j'étais plus branché brunes à forte poitrine et yeux de biche, mais fallait avouer que cette petite nana était vraiment attirante.
Je me giflai à nouveau mentalement, putain mais qu'est-ce qui tournait pas rond chez moi ?
Elle avait vingt ans, j'avais jamais été le genre de dalleux qui fantasme sur les petites étudiantes. En plus si je voulais vraiment pécho ce soir, j'étais certain de trouver une meuf de mon âge tout à fait ouverte à la chose, parmi les invitées du mariage.
— Arrête de golri comme une grosse niaise là, t'es ridicule.
Ridiculement bonne.
Bon, Papy, il était temps d'aller au lit.
— J'a.... j'arrive p-pas à m'a...m'arrêter p-putain.
Elle hoquetait et pleurait littéralement de rire.
Bon, gamine, il était temps d'aller au lit.
Je me levai et l'attrapai sous les aisselles pour la forcer à se lever.
— Il est l'heure de pioncer, la mioche. C'est quoi ton numéro de chambre ?
Elle rigola encore plus fort et j'eus envie de lui coller une baffe. Putain elle me rappelait Clem défoncée, j'avais eu tort de la faire fumer.
— Tu te calmes oui ? fis-je en la secouant brusquement.
Son rire s'arrêta instantanément, ses lèvres se refermèrent et ses yeux s'écarquillèrent face aux miens. Je la sentis mal à l'aise.
— T'es vraiment pas drôle comme mec, chuchota-t-elle.
— C'est ça, toi t'es foncedée, c'est quoi ton numéro de chambre ?
Elle haussa les épaules, l'air soudainement stressée.
— Je sais plus, je devais dormir avec euh... Je sais plus. Une fille mais je me souviens plus comment elle s'appelle.
— Fais un effort bordel !
Elle me cassait les couilles, de façon assez intense. Une ombre passa dans ses yeux.
— S'il te plaît... me crie pas dessus. Je... Ça me fait peur.
Soudain tout se connecta dans ma tête et je me rappelai que Clem m'avait expliqué que le daron de Violette était un homme violent qui avait été condamné pour avoir battu sa mère.
Merde, putain de bordel de merde. J'avais aucune envie de traumatiser une gamine.
— Désolé, soufflai-je en lui lâchant les épaules, je vais te filer ma chambre, j'irai dormir avec Jehk.
Elle hocha la tête. L'air un peu moins tendue.
— Allez viens, va.
La petite blonde se baissa pour récupérer ses vans et son petit sac.
Bon, si elle pouvait arrêter de me montrer son cul, peut-être que je serais un peu moins chiant avec elle.
Elle me suivit sans rien dire pendant que je la guidai vers ma chambre.
— C'est là, dis-je en ouvrant la porte.
— Merci, répondit-elle.
Je me fis la réflexion que finalement, même si elle m'avait bien tapé sur le système, elle avait au moins eu le mérite de me changer les idées.
— Tu permets que je récupère mes affaires ?
Elle hocha la tête et j'entrai à sa suite dans la pièce.
— Elles sont où les tiennes, gamine ?
Son haussement d'épaule m'indiqua qu'elle ne savait pas plus où était son sac.
— T'as perdu ta langue ?
Si bavarde quelques minutes plutôt, la tipeu était devenue totalement mutique.
— J'suis fatiguée je crois, chuchota-t-elle.
Mon sac sur l'épaule, je m'approchai d'elle.
— Ça va aller ?
Je l'avais faite fumer, fallait quand même que je vérifie derrière que ça allait pas la foutre mal.
— Oui oui.
Les lèvres entrouvertes, elle semblait me détailler sans me voir.
— T'as pas l'air d'être un mec très heureux Deen.
Ah, en fait c'était peut-être mieux quand elle se taisait.
— Chut, fis-je, c'est l'heure de dormir.
— Je me demande pourquoi, t'as du talent, t'es charismatique, t'as toutes les meufs à tes pieds, des potes en or. Tu dois toujours vouloir avoir des trucs que tu peux pas avoir et être persuadé que ton bonheur dépend que de ça.
Ok, plus jamais je la ferais fumer celle là.
— Tu sais pas ce que tu dis, ma belle. Allez, vas dormir.
— Je suis persuadée que j'ai raison. T'es un insatisfait chronique. Dès que tu comprends qu'un truc t'est interdit, tu le veux.
Mais putain, ta gueule.
— Tu sais comment je le sais ?
Ah pour le coup, je voulais bien le savoir, comment je pouvais être cramé à ce point ?
— Parce que t'as eu envie de moi toute la soirée, alors que je suis trop jeune pour toi et que Clem te crucifierait si elle apprenait que tu n'avais ne serait-ce que posé tes lèvres sur les miennes.
Ah ouais, pire que cramé.
Violette se rapprocha de moi et se plaça juste sous mon nez.
— Mais tu sais, elle est pas obligée de le savoir.
Cette petite allumeuse.
Mes yeux étaient sans cesse appelés par ses jolies lèvres sur lesquelles restaient les vestiges d'un rouge à lèvre un peu trop criard.
Il était cinq heure du mat', tout le monde devait être en train d'aller se coucher. J'étais dans ma chambre.
Quel était le risque ?
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